La palette de Pierre

La palette de Pierre

Lexique 2 Lumière d'Orient


Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 10, La charge

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "

ÉPISODE 10 " LA CHARGE " 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème : La charge

 

 

 

 

 

 

 

LA CHARGE DE LA BRIGADE LÉGÈRE, LES HUSSARDS BERCHENY (La charge)

 

 

 

 

 

1/ LA CHARGE DE LA BRIGADE LÉGÈRE

 

 

 

Il s'agit d'un épisode tragique de la guerre de Crimée au cours de la bataille de la Balaklava le 25 octobre 1854 où une Brigade de cavalerie légère anglaise composée de hussards et de lanciers fut littéralement décimée.

 

Le titre du poème de Tennyson publié dans le journal britannique The Examiner en décembre 1854 et glorifiant cette charge de cavalerie insensée, fut ensuite repris sous la houlette cinématographique hollywoodienne. D'abord en 1936 avec Michael Curtis, Errol Flynn, Olivia de Havilland et David Niven, puis en 1968 par Tony Richardson avec John Gielgud et Trevor Howard.

 

Cette charge resta célèbre pour la futilité dramatique de son emploi mal préparé et réalisé contre toutes les règles de la tactique militaire, en conséquence d'une morgue insolente du Haut-Commandement Britannique, lui-même victime de ses propres dissensions ! 

 

Voulant empêcher les Russes de récupérer des batteries d'artillerie anglaises suite à un déplacement d'infanterie, Lord Cardigan lança, comme à la parade  sur un kilomètre au fond de la vallée, ses 673 cavaliers à l'assaut d'artilleurs qui les pilonnaient du haut de leurs positions frontales et sur les flancs en sommet de collines. 

 

Le courage éperdu comme la vaillance magnifique (au dire du général français Pierre Bosquet) dont ces hommes firent preuve ne servit qu'à précipiter leur perte face à un déluge de feu et de boulets d'artillerie. Au total, on dénombra 118 tués, 127 blessés et 362 chevaux mis hors de combat.

 

Par la suite, cette charge désastreuse fut au coeur de controverses politico-militaires, de polémiques et de réflexions philosophiques et poétiques sur les limites de l'absurdité de la guerre lorsque la bravoure ne sert que le sacrifice. 

 

 

 

 

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La " vallée de la mort " aujourd'hui

 

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Mémorial de la bataille de Balakclava

 

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2/ LES HUSSARDS BERCHENY

 

 

 

L'actuel 1er Régiment de Hussards Parachutistes (1er RHP) dont la presse s'est fait récemment l'écho suite à ses pertes humaines lors de combats au Mali, est l'héritier direct du " 1er Hussard " engagé avec le 2ème Hussard durant la guerre de Crimée.

 

Enfin, pour les besoins de ma romance, j'ai quelque peu modifié les choses en lui faisant prendre la place de " la Brigade légère " anglaise, alors qu'en fait il participa à des missions de reconnaissance (déjà) ainsi qu'au siège de Sébastopol (inscription sur son étendard).

 

Ce régiment de cavalerie prestigieux fut créé sous la Révolution française en s'appuyant sur des troupes de l'Ancien-Régime levées en 1719 et constituées de " houzards " devenus " hussards du Roi " par le Comte Lanislas de Bercheny, Hongrois en conflit avec les Habsbourg. 

 

Par la suite, il s'illustra en de maintes occasions, comme en témoignent les mentions portées sur son étendard (voir illustration). Voici ce que Napoléon 1er en disait : " « ce régiment n'a cessé de combattre soit en totalité, soit en partie. Il a été renouvelé presque jusqu'à cinq ou six fois, mais une vérité digne d'être affirmée par les Généraux, c'est qu'officiers, sous-officiers et hussards ont tous fait leur devoir. De 1792 à 1801, il a assisté à 37 batailles, 168 combats, 1310 affaires et fait pendant le même temps 26 300 prisonniers, pris 40 drapeaux, 303 bouches à feu. »

 

C'est le régiment de reconnaissance de la 11ème Division parachutiste. Actuellement basé au Quartier(1) Larrey(2) de Tarbes (65), il est doté de véhicules dits de " cavalerie légère blindée aéroportée " (véhicules blindés légers de l'avant-reconnaissance et missiles Milan anti-chars, canons de 90). Fort d'un millier d'hommes, il se compose de 6 escadrons de combat plus un.

 

(1) un Quartier est pour la cavalerie une caserne de fantassins.

(2) Dominique-Jean Larrey fut le chirurgien et médecin en chef des armées Napoléonniennes du 1er Empire, fondateur de la médecine d'urgence.

 

P.S. J'y ai servi lors de mon Service militaire avec la 77/08...

 

 

Un 1er Hussard

 

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Chef d'escadron au 1er Hussard

 

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Colonel d'Empire du 1er Hussard

 

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Un hussard en 1813...

 

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... Et aujourd'hui avec sa célèbre Fanfare en costumes d'époque

 

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avec Madame Raymond Barre en 1977, marraine du Régiment, Hongroise d'origine,

venue aux festivités du bicentenaire

 

 

mme Barre

 

 

 

 

une sabretache

 

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insigne réglementaire du 1er RHP doublé des armoiries de Bercheny

 

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et de la fameuse " Hongroise " rappelant les brandebourgs, cousue sur le béret

(seule exception autorisée en sus de l'insigne parachutiste)

 

 

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L'étendard du 1er RHP

 

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et en guise de souvenirs personnels...

 

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09/03/2021
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Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 9, Chaume

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "

ÉPISODE 9 " CHAUME " 

 

 

 

 

 

Désolé mes chères et chers ami-e-s de vous imposer ce lexique assez long constitué de trois parties à lire à votre rythme, mais " le jeu en valait la chandelle " tant le passé historique de Paris mérite qu'on s'y arrête.

Prenez votre temps, rien ne presse...

 

Avec ma reconnaissance pour votre fidélité

Pierre

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème : Chaume

 

 

 

 

 

 

 

LE QUARTIER DU TEMPLE DANS LE MARAIS, LE CIMETIÈRE DES SAINT-INNOCENTS, LES RECLUSOIRS (Chaume)

 

 

 

 

 

1/ LE QUARTIER DU TEMPLE DANS LE MARAIS

 

 

 

La rue du Chaume ouverte à la fin du XIIIè siècle avec les rues du Grand Chantier et des Enfants Rouges formaient autrefois un ensemble appelé différemment au fil des ans, mais bien connu en tant que rue Neuve-du-Temple ou rue du Chantier du Temple, rue de La Merci, ou rue de la Porte du Chaume...

 

El le 54 rue des Archives, actuel - qui abrite à l'automne 1974 dans mon poème le nouvel atelier de Valentine, mère d'Irena (voir La romance de Laurine) - se tient précisément à l'emplacement de la Porte (ou poterne) du Chaume ouverte en 1288 : l'une des cinq portes de l'enceinte de Philippe-Auguste qui ceinturait "Paris".

 

Ainsi, la rue principale qui s'ouvrait sur cette porte, traversait-elle le Quartier de La Ville-Neuve-du-Temple, véritable ville dans la ville bâtie par l'Ordre des Templiers jusqu'à ce que l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem dit "des Hospitaliers" ne lui succède après sa dissolution par le roi Philippe IV-le-Bel en 1312.

 

Au coeur de cet "enclos" lui-même protégé par une enceinte fortifiée, se tenait la "Maison du Temple", véritable forteresse médiévale avec son donjon "La Tour du Temple", servant de principale Commanderie de France de l'Ordre des Templiers.

 

L'Ordre du Temple fut créé lors du fameux Concile de Troyes en 1129. Et ses "pauvres chevaliers du Christ" des débuts ne tardèrent pas à s'enrichir grâce aux croisades et à des privilèges incluant des exonérations d'impôts. Ils créèrent dans toute l'Europe des "monastères" ou "Commanderies", aux richesses incomparables, gardant des trésors royaux et prêtant aux rois... Aujourd'hui encore, perdure la légende du ou des trésors des Templiers.

 

Sa chute fut bien évidemment politique en rapport aux luttes intestines des papautés (Avignon) et du roi de France Philippe-le-Bel. Après un simulacre de procès en hérésie, ses chevaliers furent transférés dans d'autres ordres religieux ou condamnés et torturés à mort. Leur Grand Maître Jacques de Molay et le Commandeur de l'Ordre Hugues de Pairaud furent brûlés vifs à Paris à l'emplacement actuel du "Vert Galant", petit square en bordure du Pont Neuf, réunissant plusieurs îlots autrefois dont " l'Île aux Juifs ".

 

Il faudra attendre 1667 pour que l'enceinte du Temple soit démolie et que ne la remplacent de nombreux hôtels particuliers débordant largement ce qu'on appelle aujourd'hui "le Quartier du Marais". Notre Paris du XXIè siècle compte environ 400 hôtels particuliers sur les 2.000 que l'on trouvait encore au XVIIIè, XIXè siècle. La Place des Vosges, ancienne Place Royale, abrite toujours face à face " le pavillon du Roi" "et " le pavillon de la Reine " qui restent les deux seuls hôtels particuliers de cette place qui en comptait trente-six.

 

C'est dans ce donjon transformé ensuite en prison "La Prison du Temple" que le roi Louis XVI, sa femme Marie-Antoinette et leurs enfants, furent enfermés en 1792. Il sera détruit par Napoléon 1er.

 

Je vous recommande la lecture des "Rois Maudits" de Maurice Druon et, ou la remarquable série télévisée de 1972/73 avec Jean Piat.

 

 

 

 

La rue des Archives aujourd'hui 

 

 

rue des archives

 

 

 

 

L'Hôtel de Clisson,  rue des Archives

 

 

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Le n° 54 de la rue des Archives, aujourd'hui

(dans lequel habite Valentine - dans mon poème -

avec son atelier de sculpture dans la cour)

 

 

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son emplacement (n°54 sur l'étoile bleue)

 

carte du marais

 

 

 

et la Porte du Chaume au même endroit, hier...

 

rue de Chaume

 

 

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Le Temple en 1450

 

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 et en 1770

 

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Maquette de l'Enclos du Temple (Musée Carnavalet)

 

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Commanderies des Templiers au XIIIè siècle en Europe !

 

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L'emplacement du bûcher de Jacques de Molay au "Vert-Galant" 

 

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Vidéo reconstituant le Donjon du Temple dit de " la Grosse Tour " 

dans lequel furent enfermé Louis XVI et sa famille.

Publication de l'association "Temple de Paris" :

https://www.templedeparis.fr

 

 

 

La Tour du Temple reconstituée à son emplacement...

par l'association "Temple de Paris"

 

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La Place des Vosges, ancienne Place Royale

en 1709

 

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et aujourd'hui (evec les deux pavillons du Roi et de la Reine qui se font face

 

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Vosges-panoramica

 

 

 

 

 

 

 

2/ LE CIMETIÈRE DES SAINT-INNOCENTS

 

 

Ce cimetière tenant son nom de l'église disparue des " Saint Innocents ", se situait dans le quartier anciennement des Halles de Paris, non loin du quartier Beaubourg ni de fait, du Marais (Paris 1er). Aujourd'hui, il n'en reste rien, sauf la Fontaine des Innocents, construite en 1260, mais reconstruite et maintes fois déplacée pour être au coeur de l'actuelle place Joachim-du-Bellay.

 

Très ancien et connu depuis les Mérovingiens, il rassembla durant six siècles les dépouilles de 22 paroisses parisiennes pour en devenir le plus important cimetière de la capitale avec près de deux millions de corps au total de son utilisation jusqu'au XVIIIe siècle ! À l'origine il se tenait à l'extérieur du Paris intra muros, mais rapidement il prit une telle ampleur que désormais dans la ville, il fallut bientôt le fermer de murs et de remparts pour limiter les pestilences qui s'en dégageaient...

 

Dites-vous bien que ce cimetière Moyenâgeux ne "fonctionnait" pas selon nos habitudes traditionnelles. D'une part, il a évolué au fil des siècles en répondant aux nécessités de son emploi comme aux coutumes des époques traversées. D'autre part, il se vit être au coeur de la vie parisienne en tant qu'adaptation parallèle à sa vocation première d'ensevelir les morts, pour avoir deux reclusoirs (voir ci-après), une fontaine, un ossuaire monumental, un marché - oui, un marché - et servant même de terre d'asile aux vagabonds et brigands !

 

Sur son vaste terrain meuble dont on disait que la terre " mangeait un cadavre en neuf jours ! " se trouvait une fosse commune pour les pauvres, pouvant recevoir 1.500 cadavres ainsi qu'une autre pour les nantis bénéficiant de cercueils de bois. Il n'y avait pas de tombes comme on se les représente avec des dalles de pierre, sauf quelques-unes de noble extraction.

 

Et pour libérer les fosses communes, on y récupérait les ossements encore frais (...) que l'on disposait tout autour du cimetière ainsi bordé de bâtiments dans d'immenses charniers ; lesquels étaient entreposés à claire-voie dans les étages supérieurs et sous les combles de ces constructions ouvertes à tout vent... En rez-de-chaussée, les immeubles reposaient sur des galeries à colonnades servant d'étals pour un marché permanent très fréquenté !

 

Au départ, ces colonnades étaient agrémentées de fresques lugubres et de bas-reliefs mortuaires montrant la vanité humaine illusoire, mais très vite des boutiques de modistes, de luthiers, de ferroniers et de lingères occupèrent l'espace avec en prime des amuseurs de foire, des jongleurs et autres charlatans et même... des prostituées ! Il est vrai que l'Église ayant loué sans scrupules cet espace, elle n'y voyait que des avantages.

 

Mais c'est la nuit que ce cimetière prenait des airs de fête démoniaque où l'on dansait et chantait en jouant les acteurs improvisés non sans que des miséreux se réchauffent l'hiver en brûlant des ossements, au grand dam les anathèmes inutiles lancés par l'évêque !

 

Au Moyen-Âge, il était impossible de le traverser seul, surtout la nuit car il servait également de repère à des bandes de brigands, ainsi protégés des gens d'armes et de la maréchaussée, tout comme dans les églises, par le Clergé et le Roi.

 

Au XVIIIè il était de bon ton de s'y retrouver en galante compagnie dans cet enclos fort couru du " tout Paris " et de s'y faire écrire des lettres d'amour et billets galants sous les vapeurs fétides et cadavéreuses des ossements en putréfaction des étages au dessus... !

 

En 1669, en élargissant la rue de la Ferronnerie, on détruisit l'un des principaux charniers pour le remplacer par une immense immeuble à arcades de 120 mètres de long. Plus tard, des caves s'écroulèrent sous le poids des ossements du bâtiment et décision fut prise en 1786 de le " déménager " aux catacombes (sous la " Tombe-Issoire " dans le 14ème arrondissement) où s'y trouvent toujours aujourd'hui ces ossements historiques : certains remontant au massacre de la Saint-Barthélémie (24 août 1572).

 

 

 

 

En rouge l'emplacement de la Fontaine et de l'ancien cimetière des Innocents,

en bleu les anciennes Halles et en vert Beaubourg.

 

 

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Le cimetière des Innocents au Moyen-Âge

 

 

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son charnier...

 

 

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La Fontaine des Innocents à l'emplacement de l'ancien cimetière

devenu un marché en 1822

 

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et en 1850

 

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La fontaine aujourd'hui

 

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3/ LES RECLUSOIRS

 

 

Quant aux reclusoirs, il s'agissait d'une tradition bien ancrée au Moyen-Âge qui voulait que des jeunes femmes s'enferment à vie volontairement dans une sorte de maisonnette minuscule d'à peine 10 m2 située à proximité d'une église et sur un cimetière où elles étaient emmurées vivante.

 

Certaines y ont vécu de très nombreuses années jusqu'à leur mort, voire des décennies comme Alix La Burgotte, religieuse, morte en 1466, quarante-six ans après son emmurement dans le reclusoir bâti pour elle dans le cimetière des Innocents.

 

Pour bien comprendre cette incroyable tradition en vogue dans toute l'Europe du XIe au XVIe siècle, concernant environ 300 recluses simultanément au total des villes, il faut se mettre " dans la peau " du Moyen-Âge où l'on cohabitait en permanence avec la mort (espérance de vie de 30 ans), où les épidémies comme la peste frappaient, où la famine, les pillages des bandes de brigands et les guerres étaient lot quotidien, où l'on mourait en couche et en bas âge, etc. 

 

Dès lors, le statut de recluse emmurée vivante après que l'évêque ait agréé la postulante volontaire puis lui avoir administré l'extrême-onction lors d'une cérémonie rituelle était une solution vertueuse recherchée pour échapper à la faim et la misère tout en bénéficiant de l'assurance d'être pardonnée de ses péchés par Dieu et ses anges dans ce lieu sacré.

 

D'une manière générale, ces postulantes à l'enfermement irréversible étaient des " filles perdues " en grande détresse bien souvent victimes de viols, ayant la foi chevillée au corps, des prostituées repentantes en référence à Marie-Madeleine convertie par le Christ, mais aussi des religieuses, voire des Dames de haute extraction.

 

Le suicide étant interdit par l'Église et voué aux enfers, la réclusion pouvait aussi apparaître comme un sacrifice de sa vie légitimement absous.

 

Alors que toutes ces malheureuses n'étaient nullement préparées à une telle condition de recluse, comme d'ailleurs les laïcs à la différence des religieux habitués au silence et à l'isolement des cellules monastiques, elles s'en remirent à l'Église pour se charger de leur enfermement matériel et spirituel dont la seule issue était celle du ciel.

 

En effet, les villes les considéraient presque comme des saintes et leur offraient    à vie la charité (nourriture, " vêtements ", chauffage, crucifix, une table, une chaise, une paillasse et... un toit) par cette minuscule maison fermée, avec seulement une petite ouverture pour leur nourriture et une autre pour évacuer leurs excréments.

 

Elles pouvaient assister au culte, car ces réclusoirs étaient la plupart du temps adossés à une église, avec une lucarne grillagée attenante. En contrepartie (!) de leur réclusion, elles devaient prier constamment pour le salut de la  communauté, consoler de plus démunis qu'elles (!), faire état de leurs visions spirituelles, conseiller les chrétiens qui les visitaient à travers leur minuscule fenestrelle infranchissable et même faire l'aumône à des nuées d'enfants affamés...

 

Certaines recluses forcèrent l'admiration de leur époque telles Juette de Huy mariée de force à 13 ans et  veuve à 18 ans avec trois enfants que sa famille lui retira pour son refus de se remarier, ou Alix la Burgotte dont le Roi Louis XI, admiratif et reconnaissant pour sa dévotion puisqu'il la consultait à l'occasion, lui offrit sa sépulture en marbre dans l'église des Innocents ! 

 

Et d'une certaine façon, Victor Hugo leur rendit hommage en évoquant le reclusoir construit par madame Rolande dans la muraille de sa propre maison suite au deuil de son père parti en croisade, dans " Notre-Dame-de-Paris "...

 

Aujourd'hui, la réclusion ne s'apparente plus à un voeu de perfection divine, mais à une peine punitive imposée par la loi aux condamnés.

 

 

 

Le reclusoir des Saints-Innocents 

 

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La cérémonie d'enfermement sous la bénédiction de l'évêque

 

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Le chevalier Perceval se rendant à la recluserie (reclusoir)

 

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20/02/2021
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Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 8, Les brèches

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "

ÉPISODE 8 " LES BRÈCHES " 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème : Les brèches

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE PLATEAU BEAUBOURG ET LE CENTRE POMPIDOU, LES HALLES ET LES PAVILLONS BALTARD (Les brèches)

 

 

 

Paris n'a jamais cessé de se transformer pour donner vie à de nouvelles constructions en tirant plus ou moins un trait sur le passé. Par exemple, on ne comptait pas moins de 7 " îlots insalubres " et 4.500 immeubles malsains dans le Paris du XXè siècle.

 

Ainsi, le Carreau des Halles avec ses douze pavillons édifiés de 1852 à 1870  par Victor Baltard (1805/1874) fut détruit en 1969, tandis qu'à son tour, le Plateau Beaubourg où s'élevait autrefois le cimetière des Innocents (dont je parlerai dans un prochain lexique) fut rasé pour voir s'édifier une construction incroyable d'Art moderne dans tous les sens du terme, bâtiment y compris, à compter du printemps 1972.

 

 

 

 

1/ LE PLATEAU BEAUBOURG ET LE CENTRE POMPIDOU

 

 

 

 

BEAUBOURG, c'est d'abord une vision, celle d'André Malraux, ministre de la Culture du Général de Gaulle qui, dès 1962, envisagea la création d'un grand Musée du XXe siècle. Mais ce fut le Président Georges Pompidou qui en concrétisa l'idée en lançant en décembre 1969 un concours international d'architecture pour créer ce Centre culturel voué aux expressions artistiques contemporaines et à la lecture publique (bibliothèques).

 

Pour l'édifier, on rasa - dans le prolongement d'ailleurs des larges "percées" du Baron Hausmann du Second Empire - les rues, ruelles, impasses et les allées bordées encore de maisons du Moyen-Âge de cet " îlot vétuste "dans ce qui est devenu le très chic " Quartier de l'Horloge " avec sa place (Piazza) attenante au " Centre Pompidou ". Ainsi les rues historiques telles la rue Brantôme (mon poème), la rue Brisemiches, la rue des Lombards, la rue de La Reynie ou la rue du Renard du quartier Saint-Merri (Paris 4e) furent-elles démolies ou modifiées. 

 

Inauguré après la mort de Georges Pompidou en 1977, par Valéry Giscard d'Estaing ce Centre National d'Art et de Culture Georges Pompidou - C.N.A.C. entraîna des modifications structurelles historiques bouleversant largement le plateau Beaubourg sous l'emprise des travaux titanesques d'excavation puis d'élévation rendus nécessaires.

 

L'impact sur la population et la circulation parisienne de cet édifice ultra moderne en plein coeur de Paris fut énorme ! 

 

Au fur et à mesure de la construction, lorsque surgirent des poutrelles apparentes dressées en évidences, des escaliers extérieurs, des colonnes métalliques ainsi que des conduits, tuyaux, gaines de ventilation et canalisations énormes visiblement laissés volontairement en bordure extérieure du bâtiment, les cheveux se dressèrent sur la tête des curieux et les langues ironiques, sceptiques et critiques se délièrent ! Il y avait les " pour " et les " contre " (voir mon poème).

 

Et que dire des avis furieux quand les artisans peintres se mirent de la partie avec du rouge vif (escalators), du vert (eau), du bleu (air climatisé), du jaune (électricité) et du blanc sur ces espèces de manches-à-air d'un " vaisseau échoué là, lamentablement " ou de cette " raffinerie de pétrole "  !  

 

Mais il faut savoir que les architectes Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini avaient conçu cet immense bâtiment de plus de 103.000 m2 dédié au public en consacrant volontairement le maximum de sa surface au musée, et en rejetant donc à l'extérieur et sous terre les aspects techniques des canalisations et autres dispositions logistiques et de services.

 

Certains pourtant, se disaient qu'il ne s'agissait que d'échafaudages provisoires que l'on retirerait bientôt... En fait, on eut là, le même débat polémique et virulent que lors de la construction de la Tour Eiffel, ou plus près de nous, de la flèche de Notre-Dame...

 

 

 

Le parking Pompidou avant... en 1970

 

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la rue Brisemiche...

 

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La " couleur logique "

 

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La " Piazza " actuelle 

 

 

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2/ LES HALLES ET LES PAVILLONS BALTARD

 

 

Quant au " Trou des Halles ", autre " brèche " remarquable du XXème siècle, il survint suite à la décision prise en 1969 de supprimer les halles alimentaires du coeur de Paris pour les déporter en banlieue à Rungis (94) et à la Villette. Les besoins alimentaires de la capitale avaient explosé depuis la création des pavillons Baltard près d'un siècle auparavant...

 

La destruction des pavillons ne se fit pas non plus sans problème, mais le Président Pompidou se montra intraitable et confirma cette décision prise depuis 1960 par Michel Debré alors premier ministre.

 

De tous temps, Paris avait bénéficié d'un marché dans cet espace vivant et très recherché de la rive droite, au Marais, près du Châtelet et du Temple, et ce, depuis le Roi Philippe Auguste qui, chassant les Juifs de Paris, fit élever à leur emplacement un marché dans le quartier des Champeaux.

 

Cet ancien marché du Moyen-Âge jouxtait littéralement le fameux cimetière des Innocents. Et malgré les épouvantables problèmes de circulation, d'hygiène et de manque d'espace occasionnés par ces marchés alimentaires au coeur de la ville, jamais auparavant il n'avait été question de s'en séparer.

 

Victor Baltard, architecte réputé, avait déjà construit un imposant bâtiment de pierre en 1851 pour remplacer les anciens marchés obsolètes, incommodes et manquant d'hygiène. Mais Napoléon III n'aimait pas cette construction trop massive vite surnommée " Le fort des Halles ".

 

Influencé par la toute nouvelle Gare de l'Est faite de métal et de verre, et naturellement par les goûts modernes de son épouse l'Impératrice Eugénie fascinée par l'incroyable " Crystal Palace " de l'Exposition Universelle de Londres, l'Empereur fit stopper ces travaux et demanda aux préfets Haussmann et Rambuteau d'élaborer un nouveau projet.

 

Victor Baltard remporta le concours d'architecture lancé en 1848 (Coucou, Antonin !) pour un réaménagement complet de ce secteur des halles, et conçut entre 1852 et 1870 douze pavillons révolutionnaires car propres, hygiéniques, spatieux, cohérents et très lumineux !

 

Faits entièrement de fer et de colonnettes en fonte ainsi que de verre, dont des lames horizontales astucieuses de ventilation,  l'agencement des pavillons était rectiligne et séparé par une allée centrale adossée à l'église Saint-Eustache. La nouvelle surface de 34.817m2 quadruplait la précédente de 8.860 m2, mais pour ce faire, de nombreux immeubles furent détruits ainsi que des rues supprimées ou transformées imposant des expropriations...

 

Ces pavillons s'organisaient selon le principe d'une distribution de marchandises affectée globalement par genre et par pavillon. Ainsi, l'on trouvait en 1892 le pavillon 3 qui recevait la viande, le 4 la volaille et le gibier, le 5 la triperie, le 6 les fruits et légumes, grains et farines, le 7 les fruits au détail et fleurs coupées, le 8 les gros légumes, le 9 la viande en gros et les poissons d'eau douce et la marée, le 10 le beurre et les oeufs, le 11 la volaille au détail, les primeurs et la viande cuite, et le 12 les fromages et les huitres.

 

Le fameux roman d'Émile Zola, " Le ventre de Paris " laissa à la postérité l'expression de " ventre de Paris ". Mais le sort des halles devenues comme déjà dit, tout à la fois obsolètes, insuffisantes pour nourrir une population passant de 1.500.000 habitants en 1860 à 2.900.000 avant la guerre de 1914 (2.300.000 en 1975), et manquant d'hygiène, fut scellé avec son déplacement vers le nouveau " Marché d'Intérêt National " de Rungis.

 

Le transfert des Halles fut qualifié de " déménagement du siècle " car il mettait en oeuvre pas moins de 20.000 intervenants, 1.000 entreprises, 10.000 m3 de matériel, 5.000 tonnes de marchandises et 1.500 camions ! De plus, craignant que des rats n'investissent les rues à la recherche de cette manne que constituait la nourriture disparue, on déversa dix tonnes d'aliments empoisonnés sur le terrain abandonné, occasionnant la mort de 20.000 rongeurs...

 

Et même si ce que les Pouvoirs Publics de l'époque qualifiaient de " cancer de Paris " décidant avec responsabilité le transfert justifié des Halles parisiennes, il n'en demeure pas moins que la destruction purement et simplement du joyau architectural constitué par les douze pavillons Baltard restera dans l'histoire comme une erreur insigne.

 

Les riverains, les parisiens et toute une partie de la population manifestèrent avec force leur opposition à cette décision, parfois réprimée avec fermeté.

 

Seul un pavillon fut sauvé, pour être démonté puis remonté à Nogent-sur-Marne le 6 janvier 1976, le n° 8 qui abritait les oeufs et la volaille (au XXè siècle). Devenu depuis, " Le Pavillon Baltard ", classé Monument historique en 1982, il accueille toutes sortes d'expositions culturelles et artistiques ainsi que des émissions de télévision, des spectacles et des concerts. Cerise sur le gâteau : il accueille en son sein depuis 1980 le grand orgue Christie du cinéma Gaumont-Palace fermé en 1972.

 

L'espace libéré par les Halles devint tout d'abord en 1979 le " Trou des Halles " révélant une  excavation énorme sidérant les riverains, puis le " Forum des Halles " abritant le nouveau R.E.R. et un centre commercial de 190 enseignes réparties sur quatre niveaux, plutôt mal conçu et fort laid.

 

Trente ans après, face à son déclin architectural de " ruine fissurée " et sa mauvaise réputation de lieu de débauche, d'insécurité et de drogue, un nouveau projet de remplacement fut lancé en 2004 pour être finalement inauguré en 2016 avec la démolition de bâtiments de béton et la création d'une structure aérienne en verre " la canopée " jouxtant un jardin et coiffant un patio central végétalisé, et accueillant une médiathèque, un conservatoire et un centre culturel hip-hop pour un budget initial de... 760 millions d'euros !

 

 

 

Les Halles en 1830 :

 

 

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Le plan de Baltard en 1852 :

 

 

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Les Halles en 1866

 

 

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Les Halles à la Belle Époque

 

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Les Halles en 1967, 1969

 

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de nuit...

 

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Destruction des pavillons Baltard

 

 

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Les Halles puis leur démolition

(N.B : la démolition se situe plutôt en fin de vidéo)

 

 

 

 

Le " trou des Halles " 

 

 

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Le Pavillon Baltard :

 

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Le Forum des Halles :

 

 

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avec la canopée :

 

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10/02/2021
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Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 7, La nasse

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "

ÉPISODE 7 " LA NASSE " 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème : La nasse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CAMP DE VARNA ET LE CHOLÉRA, LÉGENDES DU DANUBE (La nasse)

 

 

 

 

 

1/ LE CAMP DE VARNA ET LE CHOLÉRA

 

 

Dans un premier temps, en mars/avril 1854, l'expédition franco-Britannique a  débarqué à Gallipoli * dans l'importante base turque située à l'extrémité de la péninsule du même nom dans le Détroit des Dardanelles, donc en bordure de la mer Égée.

 

* Et l'histoire se répétant, bien plus tard durant le 1er conflit mondial, la guerre fit rage également dans ces eaux ainsi que dans le Pachalik de l'archipel, après un autre débarquement franco-Britannique en 1915...

 

Puis les troupes réembarquèrent en mai/juin 1854 pour Varna (en Bulgarie actuelle donc en bordure Ouest de la Mer Noire) plus au Nord, servant de base générale des opérations militaires alliées contre la Russie.

 

Le camp militaire franco-Britannique s'éleva en juillet 1854 à 50.000 Français, 26.000 Anglais et 6.000 Ottomans.

 

Dès juillet, des opérations de reconnaissance armées furent engagées dans la Dobroudja : région conflictuelle s'il en fut à travers les siècles et que se partagent actuellement la Roumanie au Nord avec le Delta du Danube et la Bulgarie au Sud.

 

Avec une telle concentration d'hommes en Dobrodjée et plus particulièrement à Varna, il devenait évident que les maladies s'en mêleraient. Ainsi, le scorbut, le typhus et la dysentrie firent bien vite leur apparition, mais ce fut surtout le choléra qui s'imposa, dévastant les troupes franco-britanniques, turques et russes.

 

Contrairement à des idées reçues, le choléra n'était pas l'apanage de ces contrées reculées, bien qu'il trouve son origine endémique en Inde, dans le Delta du Gange. Non, il fut amené par les troupes d'infanterie française depuis Toulon (la 5ème division de l'armée française basée dans le Sud de la France) !

 

Inutile de préciser avec quelle facilité le choléra a-t-il pu se diffuser durant les 3.000 km de la traversée de la Méditerranée dans le confinement des navires à voile !

 

Mais le plus malheureux fut que les premiers cas signalés dans le navire Alexandre furent débarqués à Messine (Italie) et dûment signalés par le Vice-Consul de France qui signala le danger d'une diffusion massive de l'épidémie « Dieu veuille surtout que ce malheureux navire n’aille point porter la contagion tant aux armées alliées qu’aux populations de l’Orient ! ». Lequel, ne fut point entendu par les autorités sanitaires d'Orient ayant confondu de simples "accidents cholériformes" à leurs yeux, avec le choléra épidémique !

 

L'histoire, hélas, se ressemble cruellement sous nos propres latitudes actuelles ! N.D.L.R.

 

La France pourtant, connaissait alors en 1854 sa 3ème pandémie de choléra faisant 143.000 morts en métropole...

 

Sur place, à Varna, le choléra s'invita donc à partir du 9 juillet 1854 et faucha très rapidement des dizaines de milliers d'hommes, d'autant que malades et blessés revenant du front, lors des batailles de l'Alma, de Balaklava, d'Inkerman et de Sébastopol, étaient rapatriés puis  "hospitalisés" dans le camp de Varna.

 

Au total, on déplora 11.196 morts français du choléra sur 20.400 cas et 4.512 morts anglais sur 7.575 cas à Varna.

 

Le bilan de cette guerre de Crimée fut effroyable en pertes humaines, avec pour la seule France, sur un contingent de corps expéditionnaire de 309.268 soldats et marins partis entre 1854 et 1856, 95.615 tués, morts de maladies ou disparus, représentant plus du tiers des effectifs. 

 

Et sur ces 95.615 disparitions, "seulement" 10. 740 furent tués sur le champ de bataille, ce qui démontre combien les maladies firent des ravages à hauteur de près de 90 % des morts.

 

 

 

La péninsule de Gallipoli

 

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Varna en Dobroudja

 

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Le choléra en Russie

 

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Varna et son monument aux morts français

 

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2/ LÉGENDES DU DANUBE

 

 

Les "Bouches du Danube" qui se répartissent en de nombreux lacs et marais servent de refuge à une faune et une flore incomparable : plus de 300 espèces d'oiseaux pour plusieurs millions y migrant de différents continents, des poissons à profusion dont des esturgeons (et donc du caviar) pesant parfois près d'une tonne, et plus de 1200 variétés de végétations les plus diverses.

 

Dans un tel milieu fait d'eau, d'animaux, de végétation, de brumes et de populations et d'ethnies si variées à travers les siècles, ne pouvaient s'ensuivre que des légendes et des superstitions effrayantes...

 

Chaque peuplade du Delta a donc incrusté sa mémoire de ses propres contes et légendes mettant en exergue l'aventure que représentait la traversée du Delta avec les innombrables dangers du fleuve et des pièges de ses eaux.

 

Ainsi, de nombreuses "divinités", généralement maléfiques, puisent-elles leur source, si je puis dire, dans ce milieu aquatique si particulier :

 

  • " Filipca ", fille de pêcheur, qui pousse " Baba Yaga " dans son four, alors qu'il voulait la dévorer,
  • le dépôt d'objets de métal dans le berceau des bébés, que l'on fait de façon incantatoire pour stigmatiser le mal apparaissant sous les traits de " La Samca ", cette maladie due à l'atmosphère humide qui frappe les nourrissons,
  • les drôles de sirènes qui hantent le Delta et qui se prénomment " Faraon et Faraoanca ", annonçant la noyade prochaine d'un quidam en pénitence de la prise dans des filets de Faraon au grand désespoir de Faraonca,
  • et cette curieuse histoire des sacs de glands jetés par dessus bord d'un voilier grec en perdition, pour l'alléger, qui après son naufrage, donna naissance à une forêt prénommée Letea en mémoire de Lete l'épouse du marin perdu, d'où le " bois de letea ".
  • attention à ne pas prendre le quatrième bain du sauna réservé traditionnellement au " Bannik " car il se vengerait de méchante façon !
  • Et les " Roussalki " enfin, dont je parle dans mon poème, qui sont les esprits des jeunes filles noyées dans le Danube. Leurs forces sont décuplées le jour de la Saint-Jean ! Et si l'on ose se baigner dans le Delta le 24 juin, elles vous entraîneront dans les tourments d'une mort humide sans fond. Leur provenance diffère selon la culture slave ou Roumaine. Selon le cas, il s'agirait de jeunes filles mortes de mort naturelle s'étant perdues puis noyées accidentellement, ou de suicidées ne méritant pas de bénédiction, ou de mortes durant la semaine de la Sainte-Trinité, ou bien encore de fillettes mortes avant leur baptême, ou pire de tout jeunes enfants volés par le diable...
  • De plus, les Roussalki sont aidées par leurs compagnons d'infortune, " les Urpis " qui s'en reviennent de nuit visiter les songes des vivants pour mieux les tourmenter. Mais eux, sévissent plutôt à la Saint-André, le 30 novembre. Et seul de l'aïl abondamment disposé aux fenêtres peut les bloquer... Cette dernière légende ne vous rappelle-t-elle rien ? N.D.L.R.

 

 

" La Rusalka " est un opéra d'Anton Dvorak dont voici ci-après

" Le chant à la lune " par Renée Fleming.

Le Livret conte l'histoire d'amour tragique entre une Rusalka, Ondine slave  apparaissant nue des profondeurs et séduisant un prince Russe pous son plus grand malheur...

 

 

 

 

 

Le Delta du Danube

 

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Le Delta du Danube vue par satellite

 

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Habitat sur le Delta

 

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Les Roussalki

 

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27/01/2021
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Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 6, Sabords

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "

ÉPISODE 6 " SABORDS " 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème  : Sabords

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE BRICK : NAVIRE PRÉFÉRÉ DES PIRATES ET DES CORSAIRES, LES BATAILLES NAVALES ANCIENNES (Sabords)

 

 

 

1/ LE BRICK : NAVIRE PRÉFÉRÉ DES PIRATES ET DES CORSAIRES

 

S'il est un navire qui fit l'unanimité des pirates et des corsaires, c'est bien le brick ! En effet, ce voilier léger, à deux mats uniquement et constitué de voiles carrées complétées de voiles triangulaires, était fort rapide et maniable.

 

Il était également le favori des commerçants et du cabotage au long cours. Avec un équipage expérimenté d'environ 15 marins; il filait les lourds navires de transport commercial en leur menant la chasse par vent arrière grâce à ses voiles carrées orientées perpendiculairement au vent. 

 

Au contact parallèle de sa proie, et après avoir lâché une première bordée de boulets de canons (à partir de ses 8 à 18 pièces de petit calibre souvent chargées de mitraille), il pivotait aussitôt pour éviter le tir ennemi, puis reprenait son assaut jusqu'à l'abordage à l'aide de grappins.

 

Il filait 15 noeuds (soit 27,78 km/h); ce qui était remarquable.

 

Au fait, savez-vous pourquoi en marine la vitesse se mesure en noeuds ? Eh bien, autrefois les marins jetaient à l'eau le "loch", planche lestée reliée à un cordage. Le cordage était muni de noeuds tous les 15,43 mètres (correspondant à 1/120ème de mille marin). Lorsqu'on jetait à la mer cette planche, on laissait donc filer le cordage durant le temps de l'écoulement d'un sablier de 30 secondes. On comptait tout simplement le nombre de noeuds qui défilaient jusqu'à la fin du sablier où l'on arrêtait alors le cordage.

 

 

 

 

 

 

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Brick avec ses deux mats, ses voiles carrées et sa vingtaine de pièces d'artillerie

s'ouvrant dans les sabords d'un seul pont

 

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Attaque d'un brick entre deux vaisseaux de ligne

 

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2/ LES BATAILLES NAVALES ANCIENNES

 

Parfaitement orchestrées selon une expérience codifiée à travers les siècles, ces batailles se menaient en tenant compte des paramètres propres à la mer (météo diurne ou nocturne, vent, courants, vagues, tempête, proximité des fonds marins et des esquifs, etc.) et ce, de la même façon qu'on intègre les caractéristiques du terrain à terre. Le nombre de "bâtiments", la puissance de feu des vaisseaux en rapport avec leur nombre de ponts et de mâts était bien entendu un argument de poids à considérer.

 

Selon le cas, le combat se fesait en "guerre de course" avec un nombre réduit de navires donc assez rentable ou en "guerre tactique d'escadres" plus coûteuse.

 

La guerre de course est assurée par des corsaires sur ordre du roi grâce à leurs bricks légers ; lesquels se paieront sur le tas en pillant les lourds bateaux de commerce ou les vaisseaux de ligne imprudents.

 

Quant à la guerre d'escadres où chaque partie (escadre) de la Flotte combat en "ligne de file", à l'écart des côtes, en se canonnant parallèlement, elle impose une parfaite maîtrise des manoeuvres toujours longues à réaliser compte tenu de la taille des vaisseaux. Au tout début du XIXè, la marine anglaise adopta une autre tactique plus efficace, comme le fit l'Amiral Nelson à Trafalgar, consistant à percer la ligne ennemie en l'attaquant frontalement la ligne adverse, donc perpendiculairement, pour mieux la cerner en la divisant.

 

 

Bataille de Trafalgar

 

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Il faut bien se dire que les combats, dans un espace aussi réduit que celui des navires presque au bord à bord,  justement équipés de 700 à 900 matelots et de 120 canons de gros calibre de 42 livres avaient des conséquences terribles pour leurs servants.

 

Imaginez : le silence moite qui précède le combat, le sel dispersé au sol pour ne pas glisser, les mèches allumées par les deux bouts, les sabords relevés avec le vent et les paquets de mer qui s'engoufrent, l'enfer du feu, de la poudre, du bruit, des cris, du sang, des canonnades à bout portant avec le recul fracassant des canons, des nuages de fumée noire, le danger (dans les deux sens) des boulets rouges, de la mâture qui s'écroule, des cordages qui fouettent et de la mer qui s'engoufre dans les brêches...

 

Pour se faire une idée de l'artillerie navale, à la bataille de Trafalgar, les 60 vaisseaux alignèrent pas moins de 4.000 canons, contre seulement 400 à Austerlitz !

 

Selon les protocoles employés dans les marines, on "tirait à démâter" (France) pour immobiliser l'adversaire ou "à plein bois" dans la coque (Anglais) pour détruire les batteries de l'ennemi.

 

Le "tir à boulets rouges" était une technique consistant à chauffer à rouge des petits boulets ronds dans un "four à boulets" avant que de tirer dans la coque pour incendier le navire adverse. La "caronade" s'exécutait en combat rapproché en chargeant les petites pièces d'artillerie de mitraille.

 

Quant à l'abordage, pas toujours effectué (les navires coulant avant), il consistait à s'approcher du navire adverse au plus près à se toucher, puis à lancer des grappins dans la mâture avant que de sectionner à la hâche ses cordage pour immobiliser le navire adverse tout en l'abordant à l'arme blanche et au pistolet en poussant des hurlements effrayants...

 

Le navire vaincu est selon le cas, coulé, remorqué (en le démâtant) ou réparé. Son contenu est pillé, les blessés sont achevés, à moins qu'ils ne soient faits prisonniers, mais bien souvent enlevés puis revendus aux barbaresques comme esclaves... Les morts sont jetés à la mer, dans "le meilleur des cas" enserrés ensemble dans une voile cousue lestée de boulets...

 

Quant à ses propres blessés, souffrant d'horribles plaies et mutilations causées par les boulets, la mitraille et les armes, ainsi que les débris de bois, ils vont dépendre du chirurgien du bord qui, voulant à tout prix empêcher la gangrène, va les amputer à vif (au mieux, avec du rhum)...

 

...comme en témoignent ces mémoires édifiantes d'un marin Grandvillais du XVIIIè :

 

" ... Le combat commença à midi et ne finit qu'à six heures, que nous fûmes pris, avec perte de cinquante hommes, toujours vergue à vergue. Au commencement du combat, je reçus une blessure d'une mitraille au bras gauche; sur les trois heures, une balle de fusil dans la cuisse gauche. J'étais toujours resté sur le pont. Peu avant de nous rendre, le capitaine nous l'annonça. En passant de proue à poupe, un de mes camarades et moi trouvâmes sur notre passage deux fusils encore chargés. "Tirons-les, dîmes nous, nous tuerons peut-être encore deux Anglais". Aussitôt dit que fait, je mets mon pied gauche sur la lisse pour mieux découvrir. Mon camarade mit le genou sur le tillac et fait feu avec moi sous mon bras. Un boulet-ramé nous arrive, me coupe la jambe et coupe mon camarade en deux. Le pavillon fut baissé, et les vainqueurs vinrent s'emparer de leur proie. Nous nous étions battus en chemise. La mienne, teinte de sang et de poudre, fut trouvée fine par les Anglais et enlevée. On m'en donna une de serpillière à la place. Après le quart d'heure de pillage, le calme permit au chirurgien de penser à m'opérer. Faute de tourniquet, il me plaça un ruban de fil autour de la cuisse et le tordit avec la spatule qu'il me donna à tenir et prit le couteau courbe. La scie fut employée. Cet homme ne connaissait pas de périoste. L'opération fut cruelle: point d'aiguille pour les sutures aux vaisseaux ; un Anglais lui en donna une. Enfin, après trois heures, l'opération fut finie. On me descendit et l'on me coucha sur les volets de canons. La fièvre s'empara de moi. Je fus altéré. J'en faisais le signe aux Anglais qui me donnaient alternativement pour tisane, punch, flip, en sorte que je fus presque toujours ivre pendant onze jours que nous fûmes à nous rendre en Angleterre, pendant lesquels je roulais avec mon matelas de tribord à bâbord dans les forts roulis. "

 

 

 

Bataille de Sinope (Russes contre Turques)

 

 

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Trousse de chirugien naval au XVIIIè

 

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15/01/2021
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Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 5, Jean

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "

ÉPISODE 5 " JEAN " 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème : Jean

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'EXPÉDITION MARITIME POUR LA CRIMÉE, " LE NAPOLÉON " : PREMIER NAVIRE À VOILE ET À VAPEUR CONÇU PAR HENRI DUPUY DE LÔME (Jean)

 

 

 

 

1/ L'EXPÉDITION MARITIME POUR LA CRIMÉE

 

 

S'il s'embarque à Toulon le 19 mars 1854 sur " Le Napoléon " avec l'expédition française d'Orient, Antonin n'est pas pour autant le premier parti pour la Crimée. N'oublions pas que ce conflit couvrit une large période s'étalant de 1850 à 1857, même si les actes militaires se résumèrent à des combats situés entre 1853 et 1856.

 

Dès le mois de mars 1853, la flotte française est envoyée en mer Égée faisant suite à la mobilisation russe.

 

En juin, elle mouille avec la flotte Britannique à l'entrée du détroit des Dardanelles. Puis après que l'Empire Ottoman ait déclaré la guerre à l'Empire Russe le 23 octobre 1853, elle se place en attente dans le Détroit du Bosphore tandis que la flotte de la Mer Noire russe détruit la flotte ottomane (turque) à la bataille de Sinope le 30 novembre 1853. De fait, la flotte franco-britannique entre en Mer Noire le 3 janvier 1854.

 

C'est l'escalade...

 

Après de vaines sommations d'évacuer les territoires occupés par les russes, des démarches de l'Empereur Napoléon III auprès du Tsar Nicolas 1er tout aussi inutiles, l'Armée française d'Orient est constituée le 11 mars.

 

Puis le 19 mars 1854, l'armada navale française s'organise au départ de Toulon (avec notre Antonin) et fait voile vers la base navale turque de Gallipoli.

 

Mais le 23 mars les russes franchissent le Danube et le 27 mars la France et l'Angleterre déclarent la guerre à la Russie. Le 15 avril 1854, les navires de guerre franco-britanniques de la Mer Noire, arborent leur pavillon de guerre.

 

Lorsqu'on parle de l'escadre, il faut bien voir qu'elle disposait de vaisseaux dits de 1er, 2ème, 3ème et 4ème rang, de deux à trois ponts, deux et trois mats, armés de 50 à 124 canons, manoeuvrés par 300 à 900 hommes d'équipage, complétés par des frégates et des corvettes plus légères de 5ème et 6ème rang.

 

À quoi il faut ajouter les troupes embarquées (différentes des matelots, mais pouvant leur donner la main) comprenant les fusiliers marins au titre de l'infanterie de marine, les cavaliers et leurs chevaux ainsi que leurs armes, la poudre et les nombreux équipements de campagne, d'intendance et les vivres... Leurs effectifs se montaient de 100 à 400 hommes. 

 

 

 

Carte situant mieux le débarquement à Gallipoli puis ensuite à Varna, ainsi que la défaite turque par la flotte russe à la bataille de Sinope

 

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Débarquement franco-anglais le 14 septembre 1854

 

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Vaisseaux de 1er au 4ème rang

 

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Vaisseaux de 5ème au 6ème rang

 

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la flotte russe en 1846 à Sébastopol

 

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Le Valmy (Vaisseau français de 1er rang)

 

Valmy

 

 

 

 

Lien vers un article que j'ai publié

sur une maquette d'un trois mats que j'ai restaurée :

ICI

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2/ " LE NAPOLÉON " : PREMIER NAVIRE À VOILE ET À VAPEUR CONÇU PAR HENRI DUPUY DE LÔME

 

Construit par le célèbre ingénieur du génie maritime, le polytechnicien Henri Dupuy de Lôme (1816/1885), le Napoléon, construit dès 1847 fut lancé en 1850 et retiré du service en 1876.

 

Ce navire de ligne (dans lequel embarqua Antonin) participa à l'expédition française d'Orient en Mer Noire.

 

Il fut le premier vaisseau de ligne à propulsion par hélice mue grâce à la vapeur (et au charbon), en sus de son gréement traditionnel de voilure répartie sur trois mats.

 

Son armement traditionnel de 90 canons répartis sur deux ponts pour une longueur de 77,8 m, une largeur de 17 m, un tirant d'eau de 8,4 m, et 5.120 tonnes  le faisait ressembler à un vaisseau de 2ème rang traditionnel, mais le choix hybride (comme l'on dirait aujourd'hui) de lui adjoindre la puissance de la vapeur pour une vitesse remarquable de 13,8 noeuds (25,5 km/heure) le transforma en redoutable navire de guerre des "temps modernes".

 

C'est grâce à sa puissance se moquant de l'absence de vent ou des vents contraires, qu'il rendit des services insignes durant la guerre de Crimée en remorquant d'autres navires au long des Détroits des Dardanelles et du Bosphore. Il ne manqua pas d'être admiré, notamment par les anglais, pour ses prouesses durant ce conflit.

 

En 1861, l'ingénieur Dupuy de Lôme construisit le premier vaisseau cuirassé  muni d'un éperon de l'histoire de la marine fonctionnant également à la vapeur grâce à 9 chaudières et recouvert de tôles d'acier, le " Solférino ", venant parfaire l'essai du " La Gloire " lancé en 1860. 

 

Inventeur hors normes, il créa plus tard en 1870 un aérostat dirigeable, des canons de marine montés sur wagons de chemin de fer et même un sous-marin électrique, le " Gymnote " lancé après sa mort en 1888 !

 

Fait Grand-Officier de la Légion d'Honneur, Dupuy de Lôme fut également membre de l'Académie des Sciences, conseiller d'État, Député du Morbihan et Sénateur inamovible.

 

 

 

Le " Napoléon "

 

 

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Le " Solférino "

 

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L'aérostat dirigeable durant la Commune de Paris en 1870

 

 

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Le sous-marin " Le Gymnote " en 1889

 

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Buste d'Henri Dupuy de Lôme inauguré à Ploemeur

pour son bicentenaire en 2016 par le sculpteur Pierre Ogé

 

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Grand-Officier de la Légion d'Honneur

 

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05/01/2021
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Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 4, tourments

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "

ÉPISODE 4 " TOURMENTS " 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème : Tourments 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE MAUVAIS NUMÉRO TIRÉ LORS DE LA CONSCRIPTION (Tourments)

 

 

Durant la 1ère République, pour endiguer la démobilisation de soldats en 1794, le Général Jourdan obtint le vote par le Conseil des Cinq-Cents d'une Loi relative au mode de formation de l'armée de terre, le 19 fructidor, an VI de la République une et indivisible (le 5 septembre 1798).

 

Celle-ci instaurait pour la première fois la " conscription militaire universelle et  obligatoire " pour tous les Français* âgés de 20 ans d'une durée de 5 ans donc jusqu'à 25 ans. Auparavant, les armées de l'Ancien Régime étaient constituées de milices provinciales, de mercenaires et de volontaires. Notons qu'avec cette Loi Jourdan/Delbrel, le volontariat était également maintenu de 18 à 30 ans avec un certificat de bonne conduite signé du maire de la commune du jeune volontaire et du juge de paix.

 

  • Les femmes étaient également concernées, mais seuls les hommes devaient une conscription obligatoire.

 

 

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Depuis 1798, la conscription évolua, tant dans sa durée que dans son mode opératoire (tirage au sort, par exemple) ou par son intitulé devenant service militaire puis service national (1965), avant que d'être " suspendue " près de 200 ans plus tard en 1997 par le Président Jacques Chirac.

 

On imagine sans mal combien Napoléon 1er utilisa largement la conscription pour accroître et renouveler ses armées jusqu'en 1815 !

 

Durant un siècle, de 1804 à 1903, les conscrits devaient tirer un numéro d'affectation ou d'exemption puis de durée militaire. Ainsi en 1872, les numéros inférieurs sont les plus mauvais avec un service de cinq ans quand le plus élevés n'imposent qu'un an. Plus tard en 1889 la durée sera de trois ans pour tous, seule changeant l'affectation d'arme géographique.

 

 

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Pour en revenir à l'époque qui nous intéresse, Dès le Consulat, puis sous le Second Empire, il était également possible de pourvoir au remplacement d'un conscrit. Cette disposition changea selon les époques. À l'origine, c'était le conscrit lui-même ayant tiré un "mauvais numéro" (l'affectant) qui se chargeait de trouver son remplaçant, prêt à donner à sa place cinq ans de sa vie à la Nation, contre rémunération bien entendu fixée au minimum à 1200 franc et plus généralement à 2000 francs (une fortune alors).

 

Il est clair que cette disposition de remplacement n'était ni juste ni égalitaire, faisant peser sur les plus démunis le poids des armes !

 

Et comme toujours en pareil cas, une véritable "institution" de "marchands d'hommes" s'organisa. Naturellement, des contrats de remplacement étaient fixés devant notaire (car le versement des sommes était répercuté sur les cinq années de service) et outre la somme versée au remplaçant, le bénéficiaire de l'exemption devait s'acquiter des frais de notaire et de la bourse donnée au "marchand d'hommes".

 

Enfin, ces marchands d'hommes ayant tôt fait de flairer la bonne affaire, ils s'installèrent à proximité des casernes, à l'instar des maisons closes à soldats et des "marchands de femmes", afin de proposer à nouveau leurs services aux soldats ayant terminé leur temps, mais anxieux de reprendre sans le moindre sou vaillant la vie civile et qui, appâtés par le gain en reprenaient pour 5 à 7 ans...

 

Le remplacement des conscrits fut supprimé en 1872 sous la 3ème République, mais auparavant, des modifications furent apportées au système de remplacement. Ainsi en 1855 (juste un an après qu'Antonin fut incorporé N.D.L.R.), on ne versera plus la somme requise pour être exonéré à un remplaçant, mais à l'État ! Somme fixée entre 1800 francs et 3000 francs. Pour information, un instituteur gagnait 700 francs par an...

 

 

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Fondé sur un contingent d'appelés fixé par chaque Canton, les futurs conscrits âgés de 20 ans (correspondant à leur "classe") étaient convoqués (avec pli remis par les gendarmes, le vaguemestre ou le garde champêtre) au chef-lieu de leur Canton. Chacun tirait alors dans une urne un billet portant un numéro. De fait, il y avait moins de billets imprimés portant numéro que de conscrits potentiels et ceux qui avaient la chance (ou pas, c'est selon...) de tirer un numéro élevé se voyaient exemptés de la conscription militaire ou pour un numéro un peu plus faible affectés à la réserve ; à ne pas confondre avec les réformés physiques.

 

 

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Les conscrits retenus par leur numéro inférieur, étaient dès lors convoqués au Conseil de Révision les déclarant aptes ou inaptes après un examen médical approfondi (mis à nu) mettant notamment en évidence leur descrition physique. Comme il n'y avait pas de photos à l'époque d'Antonin, on décrivait scrupuleusement leur taille, poid, couleur des cheveux, vue et couleur des yeux, traits du visage, de la bouche et du nez, apparence des défauts physiques, dentition, pieds plats, etc. 

 

Ils défilaient tout nus devant une Commission officielle (habillée ;-) composée du Conseiller Général, des maires, d'un sous-officier de gendarmerie et d'un médecin.

 

Pour ces jeunes appelés, c'était une étape très importante de leur nouvelle " vie d'homme ", devenus " bon pour les filles " et fêtant le " passage de leur Classe " à force boissons et défilés dans leur commune, arborant la fameuse cocarde des conscrits portant leur numéro de tirage au sort ainsi que des rubans, souvent un tablier brodé  et un chapeau de reconnaissance.

 

En effet, cette étape essentielle de leur vie d'homme les séparant de l'adolescence, leur permettait, une fois leur attribution de " bon pour le Service " obtenue (avec en quelque sorte leur passeport de virilité vérifiée) d'envisager ensuite, après leur " temps sous les drapeaux " de se marier et d'exercer un métier. C'était tellement important que de véritables " Comités des fêtes " gérés par les meneurs de " leur  classe " déclarés en Préfecture et avec un Bureau se réunissaient dans une auberge durant un an (celle de leurs vingt ans) pour organiser diverses manifestations, défilés, soirées, et autres... beuveries en costume de circonstance.

 

 

 

 

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Mais les cocardes, donnaient également ça...

 

 

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20/12/2020
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Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 3, Pitié

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "

ÉPISODE 3 " PITIÉ " 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème :  Pitié 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE SORT DES ENFANTS ABANDONNÉS (Pitié)...

 

 

...était terrible. À la moitié du XIXe siècle, le sort des petits orphelins, souvent bébés abandonnés sur le parvis d'une église, les "sans famille" comme l'on disait alors, était impitoyable. Et encore, en progrès sur les siècles passés ! On estime leur nombre à trois millions en 1800 sur une population totale en France de vingt sept millions.

 

Les enfants abandonnés étaient issus de familles misérables, pauvres ou modestes, mais pas uniquement, car le rejet des "filles mères" par la société touchait toute conception d'enfant hors mariage ; aussi bien des servantes "engrossées" malgré elles par leur maître, que des domestiques séduites et abusées, que des maîtresses abandonnées ou des épouses infidèles. Les abandons d'enfants illégitimes donc hors mariage se chiffraient à 60% du total.

 

Non seulement ces enfants ne connaîtraient jamais leurs parents ni leurs origines, mais ils feraient l'objet de spéculations sur des gains potentiels obtenus par des nourrices peu scrupuleuses détournant des indemnités versées l'Administration nouvellement créée de l'Assistance publique, par des hospices, des bienfaiteurs ou même les œuvres de charité de l'Église. 

 

En effet, à chaque fois que l'État concevait des solutions pour éviter ou limiter l'abandon d'enfants, des profiteurs de toutes sortes, dont leurs propres parents   imaginaient aussitôt des subterfuges pour les contourner. 

 

Par exemple, lorsque pour réduire les abandons "sauvages" sur le parvis des églises ou devant les mairies, on supprima les fameux "tours" * tout en versant une aide financière aux filles mères, assortie souvent d'une période de placement transitoire de l'enfant pouvant être ensuite repris par sa mère, certaines familles conçurent ce moyen " d'abandon, placement transitoire, reprise " comme étant une façon facilement lucrative d'améliorer leur vie...

 

De même, pour le dédommagement détourné de fait par des familles nourricières qui firent un véritable commerce des sans famille avec dans certains cas, l'idée d'abandonner son enfant pour venir ensuite le recueillir en touchant la prime !

 

* Les "tours" (nom masculin) construits au début du XVIIIe consistaient en une sorte de cylindre pivotant placé dans les murs d'églises, de couvents ou d'hospices facilitant  ainsi le dépôt de nourrissons abandonnés dans l'anonymat absolu en le manœuvrant de l'extérieur avant qu'une Sœur ne le récupère de l'intérieur du bâtiment.

 

Face à ces problèmes de détournement d'aides, l'administration décida en 1860 d'éloigner obligatoirement ces enfants abandonnés d'au moins 150 km de l'endroit où ils furent trouvés. Malheureusement, les transports épouvantables d'enfants et de bébés entassés dans d'horribles chariots à peine bâchés sur les routes qu'on imagine à l'époque se transformèrent en hécatombe aux allures de convois funéraires...

 

Enfin, n'oublions pas qu'en ces temps durs, les enfants travaillaient très tôt ; les familles nourricières ne se gênant pas pour "échanger" un petiot non productif contre un autre auprès de l'administration ! 

 

Les enfants, dès 8 ans, étaient corvéables à merci, travaillant dans des conditions de pénibilité et d'absence totale d'hygiène et de sécurité durant 15 heures par jour au moins, pour une seule maigre soupe et au mieux un salaire de misère. Alors qu'un bon ouvrier pouvait espérer 2 francs par jour en 1850, un enfant gagnait de 45 à 75 centimes.

 

Vers 1840, on ne comptait pas moins de 140.000 enfants utilisés dans la seule industrie, dont les mines (où les wagonnets qu'ils poussaient pouvaient les écraser) et les terribles filatures (où ils se noyaient en récupérant la laine des bassins à moins qu'ils ne soient entraînés par les métiers à tisser sous lesquels ils se glissaient pour renouer des bobines de fil). 

 

Quant aux campagnes, elles multipliaient les situations périlleuses liées à leur petite taille leur permettant de se glisser aussi bien dans  les conduits étroits des mines, dans ceux des cheminées (ramoneurs) que dans la trappe de visite  des foudres de vin pour les curer, les asphyxiant trop souvent...

 

Souvenez-vous mon poème qui évoque avec Laurine, les petits ramoneurs savoyards...

 

Ce n'est pas par hasard que la littérature et les contes abordèrent largement la question des enfants exploités, dévorés, abandonnés, de prostituées ou misérables comme Le petit Poucet, la Complainte de Saint-Nicolas (ci-après), le Petit chose, Poil de carotte ou Gavroche...

 

Mais ce n'est pas tout ! Le sort des enfants fuyant leur exploitation en se sauvant pour se retrouver vagabondant sur les chemins, marodeurs mendiant leur pain dans la rue ou le volant, chapardant des poules ou braconnant, voire s'organisant en bandes écumant villes et chemins, sans parler de la prostitution, était effroyable : signalement puis chasse à l'homme et arrestation, enfermement, détention en "colonies agricoles" (comme celle de Bayel gérée par la prison de Clairvaux) ou bagne (Rochefort, Brest ou Toulon) puis Bataillons disciplinaires. Des institutions religieuses s'occupaient des filles détenues dans des asiles voués au silence.

 

 

 

LA COMPLAINTE DE SAINT-NICOLAS

Chanson recueillie par Gérard de Nerval (1842)

 


Il était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs.

S'en vont au soir chez un boucher.
« Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Entrez, entrez, petits enfants,
Il y a de la place assurément.»

Ils n'étaient pas sitôt entrés,
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en petits morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.

Saint Nicolas au bout d'sept ans,
Saint Nicolas vint dans ce champ.
Il s'en alla chez le boucher :
« Boucher, voudrais-tu me loger ? »

« Entrez, entrez, saint Nicolas,
Il y a d'la place, il n'en manque pas. »
Il n'était pas sitôt entré,
Qu'il a demandé à souper.

« Voulez-vous un morceau d'jambon ?
Je n'en veux pas, il n'est pas bon.
Voulez vous un morceau de veau ?
Je n'en veux pas, il n'est pas beau !

Du p'tit salé je veux avoir,
Qu'il y a sept ans qu'est dans l'saloir.
Quand le boucher entendit cela,
Hors de sa porte il s'enfuya.

« Boucher, boucher, ne t'enfuis pas,
Repens-toi, Dieu te pardonn'ra. »
Saint Nicolas posa trois doigts.
Dessus le bord de ce saloir :

Le premier dit: « J'ai bien dormi ! »
Le second dit: « Et moi aussi ! »
Et le troisième répondit :
« Je croyais être en paradis ! »

 

 

 

 

 

Les Tours d'abandon ou "Boîtes à bébés"...

 

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Effectifs d'enfants détenus en "colonie agricole" à la Maison d'arrêt de Clairvaux près Bayel, en 1843/1844

 

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10/12/2020
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Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 2, L'Aube

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "

ÉPISODE 2 " L'AUBE " 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème : L'Aube

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA RÉCOLTE DES FOINS, LE REBOUTEUX (L'Aube)

 

 

 

 

 

1/ LA RÉCOLTE DES FOINS

 

se pratiquait autrefois durant trois à quatre semaines à partir de la mi-mai. ou plus souvent de la mi-juin. Tout dépendait du temps. Les foins sont constitués d'herbes de prairies comme la luzerne fauchées dans de bonnes conditions de temps sec, puis conservées également dans de bonnes conditions de fourrage pour alimenter les animaux durant l'hiver. Les "foins de regain" sont ceux de septembre, notamment en montagne.

 

Autant dire que les fenaisons étaient un temps fort de la vie des campagnes et que si malheureusement l'on attendait trop longtemps pour faucher et, ou que le mauvais temps se mette de la partie, la catastrophe pouvait être au rendez-vous !

 

C'est à la faux que se pratiquait la moisson, tout comme pour les céréales. Mais selon le terrain, la faucille était également employée. De fait, un faucheur adroit pouvait abattre une vingtaine d'ares à la journée avec une faucille et jusqu'à 60 ares avec une faux !

 

Dans mon poème, la fenaison se pratique encore à la faux, mais très bientôt, vers 1860, surgiront les premières faucheuses mécaniques !

 

Les fenaisons se déroulaient en quatre temps :

  • la fauche (par les hommes surtout),
  • le fanage réservé aux femmes et aux enfants (consistant à étendre l'herbe fauchée en de longs sillons - les andains - en la retournant régulièrement à la fourche et au rateau afin de sécher au soleil)
  • le ramassage puis remisage en meule
  • avant son transport en char bien "peigné" (pour éviter de perdre du foin en route) vers le grenier à foins (le fenil) où celui-ci était bien tassé (smouté) par les enfants avant que d'être salé contre la fermentation.

 

Tout le village (et parfois alentours) s'y mettait, mais les paysans les plus riches se faisaient parfois aider par des journaliers.

 

Toutes les demi-heures, il fallait aiguiser sa faux, avec une pierre humide  (lombarde) portée à la ceinture dans un récipient de bois (coffin) rempli d'eau complétée de vinaigre.

 

Nombre de peintres ont représenté ces scènes animalières et champêtres, tels Rosa Bonheur (1822/1899), Jean-François Millet (1814/1875) ou Jules Breton (1827/1906) dont les toiles ont souvent illustré nos manuels scolaires...

 

 

 

 

Photo prise au Lac du Salagou par votre serviteur

 

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Rosa Bonheur "Labourage"

 

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Louis Breton "les glaneuses"

 

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Jean-François Millet "L'angelus"

 

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2/ LE REBOUTEUX

 

était respecté et recherché. C'était un guérisseur aux multiples dons reconnu pour les soins extraordinaires prodigués par ses mains, au fluide autant chargé de mystères que d'hérédité opaque, depuis la nuit des temps...

 

Il parcourait la campagne, tel un colporteur. Mais il était décrit comme un vagabond à l'instar des charlatan ambulans vendant des potions miraculeuses, par les médecins voyant en lui un concurrent ignare et déloyal.

 

Mais auprès des paysans, c'était bien lui qu'on appelait lors d'un accident car il connnaissait empiriquement l'anatomie et l'art de remettre une épaule en place, un membre démis, voire une vertèbre déplacée ou d'immobiliser une fracture. Il soulageait la douleur par son magnétisme et ses gestes mécaniques et physiques précis.

 

De fait, on peut considérer qu'il avait un talent réel pour la kinésithérapie, l'ostéopathie ou la chiropraxie, avant l'heure !

 

Il savait également faire "passer le feu" (d'où son surnom de passeur de feu) d'une brûlure et de ses souffrances par l'application des ses mains, qu'attestent un grand nombre de témoignages d'hier et... d'aujourd'hui !

 

Inutile d'ajouter que ses guérisons attestées devenues légendaires pour certaines lui donnaient une aura populaire attestant d'un don "venu de Dieu".

 

 

 

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29/11/2020
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Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 1, L'enclume

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "

ÉPISODE 1 " L'ENCLUME " 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème : L'enclume

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE MARÉCHAL-FERRANT DES CAMPAGNES,   LES FEUX DE LA SAINT-JEAN (L'enclume)

 

 

 

 

 

1/ LE MARÉCHAL-FERRANT DES CAMPAGNES

 

 

avait un rôle indispensable ! Il intervenait non seulement auprès des chevaux, des vaches et des boeufs, mais également dans la fabrication de nombreux outils et accessoires, ainsi que dans leur réparation.

 

Il en existait pratiquement dans chaque village. À partir de son atelier et selon le cas d'une forge mobile, il ferrait bien entendu les chevaux (principalement), mais s'occupait aussi de conseiller les paysans sur la conduite à tenir avec leurs bêtes de somme. Un peu comme le rebouteux pour les humains, il exerçait ses talents de "vétérinaire" avant l'heure.

 

À partir de sa forge, il se chargeait de la conception et de la réparation d'un grand nombre d'outils agricoles et d'instruments du jardin (attelages, charrues, socs, herses, faux, pelles, binnettes, rateaux, pics, pioches, etc.) et l'on pouvait savoir quelles étaient ses priorités en fonction des saisons (semis, serclage, labours, moissons...).

 

Mais pas seulement ! Son métier le conduisait aussi à forger les ustensiles de la vie quotidienne et de la cuisine tels les trépiers, les anses de marmites, les crémaillères, les grils, etc.

 

D'une manière générale, cet artisan, bien souvent compagnon du Devoir du Tour de France portant des boucles d'oreilles symbolisant des fers à cheval comme le voulait la coutume, faisait la joie craintive des enfants par le côté mystérieux de son antre avec le feu, l'âcre odeur de la fumée de corne brûlée, le grand soufflet et le son du marteau frappant le fer porté au rouge sur l'enclume, toujours en cadence, notamment par le travail à deux avec l'apprenti. Et quand d'aventure un marmot était plus attentif que les autres, il se voyait parfois offrir un fer à cheval portant chance...

 

On le payait deux fois l'an, mais plus souvent, on préférait échanger avec lui des victuailles, du grain ou mieux de la farine, de la marchandise, du cidre ou de la bière et du bois contre ses services. Le troc avait largement cours dans nos campagnes.

 

Sa disparition progressive s'accéléra avec l'apparition des engins agricoles dont les tracteurs, remplaçant les boeufs et les chevaux, mais il en reste encore un peu plus d'un millier aujourd'hui, itinérant de fait de haras en écuries et  de carrières en manèges.

 

 

 

 

 

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2/ LES FEUX DE LA SAINT-JEAN

 

 

sont une tradition ancestrale de nos campagnes.

 

Le 21 ou le 22 juin, au solstice d'été avec le jour le plus long de l'année, cette fête mi-païenne, mi-carrillonée (lors de la Saint-Jean en la nuit du 23 au 24 juin), "garantissait" d'ouvrir les prochaines moissons en les préservant des intempéries, des démons, des orages et de la foudre...

 

Au village, tous l'attendaient avec impatience, car elle permettait de se mettre en valeur en revêtant ses plus beaux atours (dont les fameux rubans), pour festoyer en buvant plus que de coutume, veiller tard pour les petits, danser autour du feu et pour les plus intrépides, montrer son audace en sautant par dessus les braises tard dans la soirée, alimentant de fait de prochains commentaires et ragots à la veillée, au four de village, à la meunerie ou naturellement au lavoir...

 

La légende voulait que les tourtereaux qui sauteraient ensemble par dessus le feu rencontreraient l'amour dans l'année et se marieraient avant la prochaine Saint-Jean. Les feux de la Saint-Jean offraient donc là, l'occasion de trouver fortune auprès de l'âme soeur... 

 

Dans la tradition populaire, la fête de la Saint-Jean tient une grande place en témoignage de notre héritage culturel des campagnes. Aujourd'hui, la fête de la musique l'a remplacée

 

et pour votre serviteur, son anniversaire, né un 21 juin ;-)

 

 

 

 

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19/11/2020
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