La palette de Pierre

La palette de Pierre

Fable


La pomme et l'orange

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La pomme et l’orange

 

À travers cette fable, chacun reconnaîtra à n'en point douter, la chair d'une pomme canadienne dont le monde goûte la chair numérique d'outre-Atlantique tentante.

Il me semble aussi que l'on devrait retrouver l'acidité des zestes d'orange d'un grand réseau de vergers européens branchés...

J'ai voulu souligner la désespérance de tous ces internautes esseulés, abandonnés, par trop souvent paumés dans l'illusion du rêve à travers la rencontre avec l'âme soeur...

Il y a belle lurette que leurs mouchoirs ont été remplacés par des écrans dont, pour certains d'entre-eux, seul le logo d'une pomme croquée laisse encore entrevoir l'espérance d'un paradis convoité.

Mais quand surgit la panne ou le bogue, demeure l'araignée qui leur monte au cerveau.

 

Pour innover, je vous offre également une salade de fruits musicale concoctée à base de pommes et d'oranges qui égrènent les notes d'une comptine enfantine.

Recette idéale pour s'endormir après avoir coupé son... écran !

 

  

 

La pomme et l’orange

 

 

En pleurs En pleurs En pleurs 

 

Dans un jardin de pommeraie,

Où jamais ne blesse l’ouvrage,

Subsiste un droit qui gommerait

Peines de cœur par recouvrage.

 

Anciens amants inconsolés,

Dettes de larmes trop acides,

Destins d’amour déboussolés,

Perdent ici vues de suicides. 

 

La pomme osait parfum de rose,

La rose étant pudeur de lys,

Le lys égrène belle prose,

En ce verger couleur délice.

 

Des verts rivages aux fleurs d’Écosse,

 Soufflant des nuages au Canada,

Plante son fruit d’amour précoce,

À sa belle, il sérénada.

 

La Macintosh au goût de miel,

N'a de pépins sous sa pelure.

Acidulée sans aucun fiel,

Rougit du jus de sa voilure. 

 

Aux naufragés d’amour blessé,

Tisse la Toile des passions,

Offre l’écran du délaissé,

Guérit ses maux par compassion. 

 

Avare Avare Avare

  

Par la fringale intensément, 

Vint une orange prolifique.

Parant la pomme forcément,

Sanguine à souhait, sa politique. 

 

Tente l’esprit de l’héberger,

Donne le sein par effusions,

Prend les brebis de ce berger,

Noie la détresse en infusions. 

 

Mais l’orange ayant absorbé 

Vagues de pleurs du soupirant,

Pluie de soupirs non résorbés,

Trompa sans quartier l’aspirant. 

 

Par ses pépins sous sa tonsure,

Clous de girofle, acidité,

Charte de fer qui le censure,

Fleur d’oranger, l’aridité !

 

À trop vouloir saisir la grappe

Du désespoir tissant la Toile,

S’est abîmée fuyant la trappe,

Sitôt pelée, perdant l’étoile. 

 

L’orangeraie démesurée,

La pommeraie vertigineuse,

Ont, par la Toile saturée,

Changé la donne en tapineuse. 

 

Et le verger du fol espoir,

A succombé sous la mêlée.

Ses fruits gâtés devenus poires,

Par l’araignée sont emmêlés.

 

 Bouche cousue Bouche cousue Bouche cousue

 

Morale (en chanson, sur l’air du petit homme)

N'oubliez-pas de cliquer sur la musique...

 

Il était une jolie pomme, Macintoshette, Orangette,

Il était une jolie pomme, qui avait une drôle de souris, qui avait une drôle de souris.

Sa souris avait permis, Macintoshette, Orangette,

Sa souris avait permis, aux éconduits de s’contacter, aux éconduits de s’contacter.

Éconduits d’amour transi, Macintoshette, Orangette,

Éconduits d’amour transi, Nets sur la Toile avaient trouvé, nets sur la toile avaient trouvé.

Trouvé la sérénité, Macintoshette, Orangette,

Trouvé la sérénité, mais l’Orange a chamboulé, mais l’orange a chamboulé.

Chamboulé en s’incrustant, Macintoshette, Orangette,

Chamboulé en s’incrustant, en tissant sa toile d’araignée, en tissant sa toile d’araignée.

L’araignée, elle a gonflé, Macintoshette, Orangette,

L’araignée, elle a gonflé, les deux fruits les a digérés, les deux fruits les a digérés.

Digérés, mais prise au piège, Macintoshette, Orangette,

Digérés mais prise au piège, et la toile s’est déconnectée, et la toile s’est déconnectée.

Cette histoire est terminée, Macintoshette, Orangette,

Cette histoire est terminée, copier-coller recommencera, copier-coller recommencera.

 

 

 

Pierre Barjonet

Septembre 2014


23/09/2014
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L'électron libre, l'octet libéré et le pixel mort

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L’électron libre, l’octet libéré et le pixel mort

 

 

Un électron hardi noyé dessous l’ondée,

Rêvait de s’échauffer en vil rayonnement.

Un octet libéré d’une clé déchargée,

Savourait de quitter l’affreux ronronnement.

Un pixel décédé d’un coup de magnétisme,

Pleurait ses lueurs perdues en flots de pathétisme.

 

Par l’enchevêtrement de bases de données,

Nos trois sieurs se retrouvent en troublant équipage.

Diantre, ôtez-moi d’un fil, que sont ces randonnées ?

S’exclame l’électron, fâché par ce tapage.

Ah ! Respecteras-tu mes connexions d’argent ?

Lui répond sur le fait, le pixel divergent.

 

Parbleu je veux la clé aux LEDS numérisées

Qui me fera briller en grande société.

S’extirpant de la casse aux consoles irisées

Mort Pixel, son alias l’insulte à satiété.

Libéré depuis peu, l’octet perdait mémoire,

Laissant choir dans le noir, la clé pour son déboire.

 

Céans, s’invectivaient, bannis de la barrette,

Bataillaient, s’étripaient, juraient nos trois compères.

L’électron ce coquin, fuyant cette charrette,

Ravit la clé des champs, volant quelques ampères.

L’énergie retrouvée, honte au jeune insolent,

Le voilà qui s’enquiert d’un meilleur isolant.

 

Adieu, mes pauvres niais, par ma jolie prestance

Puissant, fort beau du Net, je m’accouple à la clé.

Dédaignant vos tracas, je fuis votre assistance.

Sombrez dans le néant, votre sort est bouclé.

Le voici chevauchant la clé de son salut

Abandonnant les preux aux mailles du chalut.

 

Ainsi va la jeunesse, assène vieil Octet.

Larrons de grand chemin, martèle le Pixel !

Gageons qu’on en finisse et pendus au bosquet,

Jurons qu’on ne se fâche avant le triple axel.

Mais par un coup du sort, s’étant raccommodés,

Les voilà requinqués, nullement démodés.

 

Un quidam en patrouille, explorateur de Toile

S’émeut de l’infortune des deux vieux binaires.

Par téléchargement, ils miroitent l’étoile

De l’hospitalité en savants séminaires.

La fusion opérant, les plonge au nirvana.

Sauvé de l’abandon, chacun se pavana.

 

Coureuse de remparts, la clé s’affaiblissait,  

Et n’allait pas tarder à payer son tribut.

Suppliant l’électron, ne se rétablissait.

Je perds mon énergie, m'éteins si près du but.

Te donner ma livrée ? Ne manque pas de zèle !

Adieu nos accordailles, m’en vais trouver donzelle.

 

Mais en ces temps lointains, les chemins sont risqués.

Jeune électron l’apprend, pour n’avoir de monture.

Une corde tendue par des brigands masqués,

Lui ôte le débit, le fiel de sa nature.

Le lien fait de métal, il se produit un arc,

Restaurant l’électron, l’exilant dans un parc.

 

  

Morale :

 

Qui suit l’insolente jeunesse,

Au fond du puits se risquera.

Qui fuit l’éprouvante vieillesse,

Seul dans la nuit se trouvera.

 

Dans la Cité,

Assurément,

Fol excité,

Devient dément.

 

Sans l’unité,

Certainement,

D’humanité

Le détriment.

 

 

 

Pierre Barjonet

Septembre 2014

 


22/09/2014
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La grue et le héron cendré

 

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La grue et le héron cendré

 

 

Un héron de prestance dorée

Gouvernait, non sans grand festival.

Une grue faisant face au borée

Se targuait d’humilier ce rival.

 

Vint à point en repli des froidures

La colonie d’oiseaux dénichés,

S’amusant des oranges bordures

Des poutrelles aux reflets affichés.

 

Flattée, la grue offrit l’avantage

De sa flèche, engageante portée.

Se disant non sans quelque chantage

Que le vent ne l’aurait déportée.

 

Le héron, délicate attention

Contourna la couronne élancée.

Puis fixa sa sombre prétention

En contre-flèche ainsi balancée.

 

Ce héron, n’en déplaise à la grue

Prétendait être seul bien-aimé.

Sa cour ne manquant pas de recrue,

Il prévint qui aurait blasphémé :

 

Ainsi, je dispose de ton sort

Et j’équilibre les destinées.

Je ne suis pas le Prince consort,

Je détruirai les plumes obstinées.

 

Ne suis-je pas ici votre roi ?

De moi seul, la lointaine épopée,

Ne résonne que si mon beffroi,

Vers les cieux, projette la flopée.

 

Respect, fidélité, oisillons !

Allégeance, jura la nichée !

Nul ne peut quitter les croisillons

De la grue dont vous êtes entichée.

 

Sitôt juré, la nuée parjure,

Priant la grue d’apporter son aide,

Et du héron, que chacun abjure

Sournoisement, interdit qu’on plaide.

 

Lors, la grue pivota doucement.

Trop d’oiseaux s’assoupirent bercés.

Altérés, fatal émoussement,

Haubanages et balancier percés.

 

La grue se délectait du spectacle.

Tourne le tourbillonnant manège.

Dorment les oisillons sans obstacle,

Vacille le héron pris au piège.

 

N’ayant d’autre refuge à la nasse,

Tournoie le héron déboussolé,

Prend son envol devant la menace,

Perd sa couronne, l’inconsolé.

 

Mais courte victoire cependant,

Dame grue n’ayant point supposé,

Que du poids l’ensemble dépendant,

Sans le héron, chute à l’opposé.

 

Mais quel avantage assurément ?

De ses poutrelles s’exposant nues,

Sans condition, au désagrément

De vendre ses charmes aux ingénues.

 

Morale :

 

Qui veut tout régenter sans partage

En s’entourant de complimenteurs,

Sera défait par le colportage,

 Des félons et des bonimenteurs. 

En politique,

Et sans nul doute,

Cela s’applique,

Quoiqu’il en coûte…

 

 

  

Pierre Barjonet

Septembre 2014


18/09/2014
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