Printanière
Printanière
Ne pouvant résister à l’éveil du printemps,
Violette dès l’aurore, embrumée de bouclettes,
S’étire en maugréant son lever éreintant,
Puis s’accorde un café dopant sa bicyclette.
Elle sait qu’aujourd’hui le soleil sera vif,
Que le chemin d’hier aux ornières féroces
Se pliera sans la pluie ni scrupule agressif
Et livrera son dos à son humble carrosse.
Elle tousse en songeant aux effrontés pollens
Qui lui raclent la gorge excitant ses papilles,
Mais ignorant l’assaut, elle embrasse la plaine
Et surprend son vélo qu’elle lance en torpille.
Las, un lièvre fripon s’invite en son parcours,
Puis la serrant de près bouscule la distraite
Qui verse échevelée sans le moindre recours
Et plonge estomaquée sans espoir de retraite.
Son bain de pâquerettes au goût de piment
Mouille sa bonne humeur de rosée de jonquilles,
De narcisses vexés par l’odieux châtiment,
Et de myosotis en bleu qui la maquillent.
Couchée, lorgnant la plaie qui pointe son museau
Sur sa cuisse écorchée de roses fanfreluches
Violette se surprend à sourire à l’oiseau
Qui vient de se poser tout près sur une ruche.
Puis ce sont les abeilles cernant ce festin
D’arômes culbutés à l’attirant sillage,
Qui butinent déjà le souffle clandestin
D’étamines ambrées d’un nectar gribouillage.
Un sifflement joyeux s’approche en trottinant
d'un bel inconnu blond taquinant l’étourdie
Qui, sortant son mouchoir se baisse en piétinant
Le parterre fleuri de la belle engourdie.
Ses yeux se font calice à l’iris de ses sens,
Accompagnant ses gestes rinçant ses blessures,
Et l’ayant relevée doucement en décence,
Il s’éloigne en mimant un espoir qui rassure.
Pierre Barjonet
Septembre 2022
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