Automnale
Automnale
Tandis que se ressent le déclin de l’été
Dans les nuances poivrées du festin de l’automne,
L’horizon rafraîchit, se figeant d’anxiété,
Et le temps se replie d’un souffle métronome.
L’herbe mord le regain des brumes de chaleur
Songeant à se vêtir à l’ocre des châtaignes
Quand l’ondée transparente aux frissons de pâleur
Semble lui murmurer d’attendre qu’elle saigne.
Le vent chagrin bifurque aux vapeurs des rivières,
Fracasse le repli des insectes graciles,
Éclabousse la mousse à l’orée des gravières
Et vient fouetter le roc d’une empreinte fossile.
Les bois sont recouverts du sillage dément
Des fougères dorées brunissant la palette,
De jaunes orangés, de carmins moins cléments,
Et quand l’ombre survient, de violine en voilette.
Le velours capiteux de l’humus trop sucré
Rassure les mulots qui bruissent de délice
Quand la terre se meuble en des sillons nacrés
S’amendant au labour de généreux complices.
De loin revient l’écho des villages d’antan
Qui puise au souvenir du bois que l’on amasse
Et rappelle aux anciens qu’il devient bien tentant
D’aller aux champignons, aux cèpes qu’on ramasse.
Plus haut quand le regard s’attarde en contrebas
Balayant l’arc-en-ciel de teintes éphémères
Qui cloîtrent la vallée d’écarlates ébats,
On se dit que l’automne a le feu des chimères.
Rompant là l’harmonie du précieux chevalet
Planté dans l’univers de la liesse automnale,
Des corbeaux audacieux provoquent en ballet
Des moutons affolés face à leurs diagonales.
Le séduisant décor du sursaut des couleurs
Avant que ne s’éteignent les ors de l’automne
Laisse à l’hiver le choix de ravir sans douleur
Ces teintes innocentes d’un blanc qui détonne.
Pierre Barjonet
Septembre 2022
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