La palette de Pierre

La palette de Pierre

Saison 4 Lueurs


Contrainte

 

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Richard Wagner " La chevauchée des Walkyries"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ce poème termine la saison 4 " Lueurs " de ma saga, dont la suite vous parviendra bientôt sous la saison 5 " Vertiges " comportant également 10 épisodes et précédant alors la dernière saison 6 " Lumière " non écrite à ce jour...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Contrainte

 

 

 

 

Épuisant son cheval en fureur de galop,

Anne enfourche la Lande en écumant de rage,

Ayant brisé tout net les espoirs du ballot,

De ce falot marquis aux vices pour ouvrage.

 

 

La table était dressée de couverts en vermeil,

 Nacrée de porcelaine en toilette de fête,

Frissonnant de cristal, de bougeoirs en sommeil,

Et pesant de ses ors aux blasons sans défaite.

 

 

Anne ayant surmonté le froid des derniers temps,

De ses parents1 marris par ses goûts et bravades,

Accepta ce dîner de gala tout autant

Que sa raison l’emporte à son cœur qui s’évade.

 

 

On avait invité pour ce noble dessein

La branche des cousins et de riches fossiles,

L’élite du pays, le Prieur et ses saints,

Et puis ce cher notaire aux registres dociles.

 

 

Alors on annonça le marquis scandaleux,

Le noceur des soupers aux Séries de Compiègne2,

L’artisan du succès des courtisans galleux,

 Visant à l’évidence un parti qu’il imprègne.

 

 

Mais quand on l’installa sur sa droite en intrus,

Débauchant l’auditoire en œillades frivoles,

Débordant ses couverts par son gilet ventru,

Anne eut des hauts de cœur et l’humeur qui s’envole.

 

 

Il se savait épié, bégayant quelques vers,

Des bons mots pharisiens pour élever sa côte,

Des propos sentencieux faisant choquer les verres,

D’un goût jubilatoire à l’esprit de cocotte3.

 

 

Lors, le maître1 exigea qu’on serve en carafons

Du champagne scellant le destin de sa fille,

Puis qu’on lève sa coupe au fabuleux greffon

Qu’Anne et que le marquis légueraient en famille.

 

 

Mais c’était compter sans l’horrible humiliation

De la Dame fuyant son père et le bellâtre,

Maudissant de dégoût cette abomination,

Puis quittant l’assemblée sous son décor de plâtre.

 

 

 

 

 

 

 

 

1 La famille historique du Duché des Rohan possédant entre autres les châteaux de Pontivy et de Josselin, à laquelle je fais allusion dans certains poèmes dont celui-ci, n’a bien évidemment rien à voir avec les différents passages poétiques de ma saga « La passion d’Antonin ». Mais ancrée dans l’Histoire, elle sert simplement de cadre à ma romance comme ici, par exemple, où Anne est leur fille en 1860, donc fictivement.

 

2 Les fameuses « Séries de Compiègne » correspondent à des invitations lancées à des personnalités en vogue durant le Second Empire et se déroulant à la Cour de Napoléon III au château de Compiègne. Ainsi, les heureux bénéficiaires étaient-ils conviés par « séries » d’une semaine auprès de la Cour, elle-même en villégiature durant près de deux mois à l’automne, de 1856 à 1869. Étaient aussi bien invités au nombre d’une centaine à chaque fois, des artistes, acteurs, danseuses, musiciens, savants, photographes (comme Nadar), industriels (notamment du chemin de fer), architectes (comme Violet le duc) écrivains et poètes, auteurs, etc. que des princes, ambassadeurs, ministres, hauts gradés militaires et différents officiels (comme le Baron Haussmann).

 

Voir mon petit lexique correspondant : " Les fameuses Séries de Compiègne " ICI

 

 

3 Les « cocottes » dans le jargon populaire, étaient des demi-mondaines ou des courtisanes frivoles appelées également « horizontales » comme la Comtesse Virginia de Castiglione maîtresse de Napoléon III précédant d’ailleurs la Bellanger, ou Caroline Otéro, Liane de Pougy, Émilienne d’Alençon sans oublier la richissime Païva dont l’hôtel particulier borde toujours les Champs-Élysées.

 

Voir ici l'hôtel particulier de "la Païva" 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Décembre 2021

 

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15/03/2022
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Aboyeuses

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Vitrail de la baie n°15 de la basilique Notre-Dame-Du-Roncier à Josselin

" Le miracle de la guérison des enfants de Camors "

 

 

 

Frédéric Chopin "Étude opus 10 n° 4 in C minor"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Aboyeuses1

 

 

 

 

Sa cognée s’abattant sur le bois qui gémit,

Austerlitz n’a de cesse à garnir sa fortune

Qu’en chargeant le bûcher2 dont la corde2 frémit

Tant l’ardeur le réjouit de sa place opportune.

 

 

L’atelier l’adopta triomphant du passé,

Et ses pognes enflées sont une aide précieuse

À ses maîtres verriers cherchant à surpasser

Par un vitrail fameux une scène audacieuse.

 

 

Cette fresque en couleur prend vie sous leurs efforts.

Offerte aux pèlerins, elle éclaire en lumière

Les prodigieux miracles puisés au renfort

De la vierge Marie parue sur la rivière3.

 

 

Venue chercher l’aumône en mendiante au lavoir,

Le mépris et le chien d’infâmes lavandières

L’ont chassée sans détour insultant leur devoir,

Se gaussant de la vieille en lui jetant des pierres.

 

 

Mais sitôt la pauvresse en reine étincela,

Dévêtant ses haillons, rayonnante de gloire

En maudissant l’affront, puis les ensorcela,

Leur muselant la voix indigne de mémoire.

 

 

Désormais condamnées aux jappements de chiens

Comme leur descendance, à moins qu’en pénitence

Elles prient leur pardon dans l’église de bien4,

Josselin chaque année, suppliant sa clémence.

 

 

Depuis dans le pays, des femmes, des enfants

Aboient furieusement en se tordant par terre,

Mais l’eau de la fontaine5 aux ronces s’échauffant

En la sainte relique6 apaise leur calvaire.

 

 

Par le vitrail tableau7 saluant la guérison

Des enfants de Camors8 déments en « aboyeuses »,

Anne élève l’honneur d’illustrer l’horizon

Du miracle aux couleurs des ronces rocailleuses.

 

 

Et le jour du Pardon1 l’heureuse procession

Vit Austerlitz prier le salut de son âme

Et « ses » enfants pleurer en humble intercession

Pour que l’amour enfin, gagne l’or de leur flamme.

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Les « aboyeuses » étaient des femmes prises de transe, d’illumination convulsive, voire selon l’interprétation médicale qui en fut donnée d’hystérie collective, à l’occasion du Pardon de Notre-Dame-du-Roncier de Josselin (Morbihan) se déroulant autrefois à la Pentecôte, mais que je situe dans mon poème à l’automne, comme c’est le cas du pèlerinage aujourd’hui.

 

N.B. Voir mon petit lexique afférent : ICI.

 

 

2 Vocabulaire du bûcheron.

 

3 La légende raconte qu’en l’an 808, un paysan accompagné de sa fille aveugle qui aurait malgré tout été éblouie par une lueur intense, aurait dégagé un buisson de ronces en mettant à jour une statuette en bois lumineuse et représentant la Sainte-Vierge. La lui présentant, sa fille aurait aussitôt recouvré la vue. D’autres évènements et apparitions miraculeuses ont également donné lieu à la légende des aboyeuses (voir au § 1). Lesquels sont à l’origine de la basilique Notre-Dame-du-Roncier et du Pardon de Josselin.

 

4 La basilique mineure Notre-Dame-du-Roncier sise à Josselin.

 

5 La fontaine miraculeuse de Josselin qui vit des aboyeuses recouvrer parole et raison après s’y être désaltérées, épongeant leurs convulsions. Elle est réputée guérir l’épilepsie. Elle fait l’objet du Pardon de Josselin qui se tient désormais le 8 septembre.

 

6 La statue en bois d’origine le la Vierge ayant été détruite (brûlée) pendant la Révolution et son église profanée, un fragment en a été sauvé, placé dans son reliquaire en la basilique actuelle, ainsi qu’une nouvelle statue couronnée en 1868 au nom du pape Pie XI lors d’une procession réunissant alors 25.000 fidèles, ce qui à l’époque était considérable. C’est cette relique que les aboyeuses doivent baiser le jour du Pardon.

 

7 Un « vitrail tableau » représente comme son nom l’indique une scène conséquente et imposante avec l’emploi de verres déjà colorés, mais décorés notamment pour les portraits « au jaune », « à l’argent », « à l’émail » et « à la grisaille » par des peintres verriers.

 

8 Le miracle des enfants de Camors se rapporte au Pardon du 25 mai 1728 comme en atteste le procès-verbal paroissial détaillé. Ces trois enfants âgés de 6 à 12 ans (2 filles et 1 garçon) étaient atteints de convulsions et de crises multi quotidiennes au cours desquelles ils hurlaient comme les aboyeuses. Conduits à la fontaine miraculeuse puis à l’église de Josselin, ils furent aussitôt guéris.

 

Le vitrail de la baie n°15 de la basilique représente cet épisode « La guérison des trois enfants de Camors en 1728 » par la fabrique de vitraux du Carmel du Mans et Ferdinand Hucher (Maître-verrier 1814/1889).

N.B. C’est ce vitrail que j’évoque dans mon poème en attribuant sa paternité à Anne et Antonin aidés de Louis (Austerlitz).

 

 

Pierre Barjonet

Novembre 2021

 

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01/03/2022
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Chorégraphie

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Vitrail de la basilique " Notre-Dame du Roncier " à Josselin

 

 

" Tannhaüser " (ouverture) de Richard Wagner

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exceptionnellement, il n'y a pas d'article correspondant

à ce poème dans le Lexique, car inutile, sachant que les notes de bas de page de ce poème sont assez complètes.

 

Sinon, n'oubliez-pas de visiter : 

 

la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé" : 

Sommaire de La passion d'Antonin

 

et la rubrique CHRONOLOGIE : 

Chronologie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chorégraphie

 

 

 

 

Dans l’atelier fiévreux que dispute Antonin

À celle qui foudroie des éclairs de lumière,

Crépite un feu de braises en l’âtre léonin

Rugissant de concert aux flammes coutumières.

 

 

Il guide le tempo du ballet près du four

Émergeant de sa gueule une pâte de verre

Qu’épouse en la fournaise sa canne1 d’amour

Saisissant la fusion sans le moindre revers.

 

 

Anne chasse ses pas enivrés des vapeurs

Des oxydes de cuivre et cobalt métalliques,

Et vise en transparence un regard de trappeur

Sur la feuille2 affûtée de pointes italiques.

 

 

 Il enchaîne les tours au rythme du cueilleur

Puis roule sur le marbre3 un cylindre et sa bulle4

Se jouant des soubresauts et du chahut rieur

Que la mailloche5 souffle au verre qui fabule.

 

 

Anne a choisi la baie6 du vitrail en projet

Puis a couché le lit du calibre7 en ses calques7

Invitant Antonin à ne point déroger

Aux mesures du bal pour leur art qui décalque.

 

 

Attisant la rancœur de la Corporation

La verrière8 a séduit l’Antonin par l’ouvrage,

Orchestrant leur passion par l’incorporation

De la danse du sable et du feu sans barrage.

 

 

Il n’est dans ces contrées d’exemple plus furieux

Qu’un passeur de lumière9 aux ordres d’une femme

Fusionne avec éclat leurs médaillons10 glorieux

En repoussant dans l’ombre les ragots infâmes.

 

 

Mais les prélats heureux de la manne des dons

D’Anne et de l’Antonin servant leur basilique11

Condamnent ces rumeurs en encensant leur don

Qui rayonne en vitraux aux pourtours idylliques.

 

 

Les maîtres des couleurs offrent aux châtelains

L’horizon pigmenté de leurs nobles racines

Éblouissant l’aplomb du ciel de Josselin

Par l’arabesque enjouée d’un talent qui fascine.

 

 

 

 

 

 

 

 

J’évoque dans ce poème aussi bien le travail du souffleur de verre que l’art du vitrail avec en évidence « leur vocabulaire spécifique », dont voici quelques indications :

 

 

1 C’est avec une « canne » constituée d’un long tube de métal creux que le souffleur de verre « cueille » dans le four la « paraison », en l’espèce une boule de verre en fusion (1110 à 1160°) faite de pâte de verre « la fritte » constituée d’un mélange de sable et de soude.

 

2 La « feuille » de verre est une pièce plate (vitre) qu’utilise le vitrailliste.

 

3 Le « marbre » est une table (en acier plutôt qu’en marbre) placée à côté du four sur laquelle le verrier pose en le faisant rouler au bout de sa canne, le « ballon » en fusion tout juste sorti du four, afin de commencer à lui donner une forme cylindrique régulière. On dit qu’on « marbre le verre ».

 

4 Le verrier souffle à travers sa canne creuse dans la paraison une 1re bulle d’air qu’il emprisonne aussitôt en bouchant avec son pouce l’orifice de la canne dans laquelle il vient de souffler ; laquelle va se dilater sous l’effet de la chaleur et créer une « bulle » s’intégrant au centre du verre fondu.

 

5 La « mailloche » est un outil du verrier, en bois de forme creuse ressemblant à une louche, lui permettant d’arrondir la masse de verre ou de cristal sortie du four.

 

6 La « baie » est donc une large ouverture pratiquée dans le mur d’une des galeries hautes de l’église dans laquelle selon sa forme va s’incruster le vitrail de forme oblongue ou en « rosace » ajourée (à ne pas confondre avec la « rose » qui est le vitrail lui-même installé dans la « rosace »). Les « lancettes » sont les grandes verrières ou rosaces des baies. Il y a aussi les « médaillons ». De grandes barres verticales et horizontales plates soutiennent le vitrail dans sa baie ; ce sont les « barlotières » ou des « clavettes » plus petites (chevillettes de fer plat).

 

7 Le « calibre » est un gabarit fait de papier fort épais servant donc de patron pour la découpe du verre. Son « tracé » méthodique est réalisé à partir d’une « maquette » avec des « calques » du dessin original. Notons qu’on aura préalablement retiré la valeur de « l’âme du plomb » séparant les « feuilles » de vitrail à l’aide de « ciseaux à calibrer » (à 3 lames).

 

8 La « verrière » ici, n’est pas la baie vitrée, mais bien la maîtresse-verrière telle dans mon poème « Chorégraphie », Anne. La distinction de ce vocabulaire habituellement masculin, n’est pas facile, car il s’applique tout autant aux « vitraillistes » chargés des vitraux qu’aux maîtres verriers souffleurs et graveurs de verre, tel ici Antonin...

 

9 Le « passeur de lumière » est un maître verrier vitrailliste.

 

10 Le « médaillon » est un vitrail constitué d’une seule pièce de verre peint à « la grisaille » ou de diverses façons intégrant de l’argent, du jaune clair, de l’acide ou de l’émail. Ces vitraux de faibles tailles sont généralement fort clairs et représentant des portraits sacrés, des animaux, des paysages, ou des armes héraldiques complétant des pièces maîtresses. On parle de « vitraux à médaillons ».

 

11 Il s’agit dans mon poème, de la basilique Notre-Dame-du-Roncier sise à Josselin (Morbihan).

 

 

 

Pierre Barjonet

Novembre 2021

 

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02/02/2022
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Journaux

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" Bro Gozh ma Zadoù " (Vieux pays de nos pères)

Hymne national Breton adopté en 2021 par la Région Bretagne comme hymne officiel 

 

et chanté par Nolwenn Leroy :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Journaux

 

 

 

 

Chiffonnant les journaux Austerlitz se morfond,

Laissant se déverser en gargouilles de larmes

La douleur de sa faute en judas que confond

Ce négoce d’un fils exilé sous les armes1.

 

 

Et dans l’estaminet l’on rit de son état,

Brandissant les trophées encrés sur cinq colonnes

De manchettes contant le voyage d’État

De Napoléon trois2 aux succès qu’il jalonne.

 

 

Il n’est qu’à lui relire en moquant son dépit,

Que l’Empereur lui-même en grande gratitude

Décora l’Antonin qui sans aucun répit

Sauva son hôpital3 contre la multitude.

 

 

Il devrait être fier que son fils maintenant,

Soit honoré si bien par la belle Eugénie4,

Et le peuple breton aimant ce Lieutenant,

Mais sa morgue est trop vile à ce mauvais génie.

 

 

À Bayel on ripaille, on trinque à la santé,

À l’honneur d’Antonin de Napoléonville,

À celui dont l’éclat sera partout chanté,

À ce fils du pays, ce verrier d’entre mille.

 

 

Lourdement Maître Louis repart chez le curé

Lui demander pardon avouant l’infanticide,

Lui confier ses remords, précédant la curée,

Pleurer par ses regrets son cœur qui se suicide.

 

 

Le saint Clément5 comprend, sait qu’Antonin l’entend,

Lui, qui venant au monde emporta dans la tombe6

La joie de sa maman comme un présage hantant

Ses parents enchaînés à l’aigle qui retombe.

 

 

Le soleil d’Austerlitz vit poindre petit Louis,

La nuit de Waterloo offrit au jour sa Jeanne,

Et quand elle accoucha, le souvenir enfoui

De l’Empire abattu gronda pour qu’il se damne.

 

 

Confessant ses tourments, le vieux Louis à genoux

Supplie Sainte-Marie de le mettre à l’épreuve

En lui rendant son fils pour que l’amour renoue

Le fil interrompu de l’onde loin du fleuve...

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Voir mon poème « Tourments » (saison 2) où le père d’Antonin, Louis dit « Austerlitz » vendit en quelque sorte son fils en échangeant son numéro de conscrit contre 2000 francs...

 

2 Voyage de Napoléon III en Bretagne en août 1858. Parmi les journaux qui narrèrent son déplacement, citons « La Presse » particulièrement dithyrambique sur l’accueil que les bretons lui réservèrent.

 

3 Hôpital de Scutari à Constantinople (actuelle Istanbul) où dans ma saga Antonin oeuvra à sa réfection avec l’infirmière britannique (qui a existé) Florence Nightingale.

 

4 L’impératrice Eugénie

 

5 Le bon père Clément est le curé de Bayel (voir mon poème « Pitié »)

 

6 La mère d’Antonin, Jeanne, mourut en couche à sa naissance en 1836. Née en 1815, comme la défaite de Waterloo, son mari, Jean qui lui, naquit en 1805 comme la victoire d’Austerlitz, d’où son surnom, vit ce drame comme une malédiction. De fait, il voua une rancune profonde pour Antonin, qui trouva son paroxysme lorsque ce dernier défendit la cause des Républicains contre Napoléon III...

 

 

 

Pierre Barjonet

Septembre 2021

 

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15/01/2022
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Fierté

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"Marche de la Garde Consulaire à Marengo" Musique militaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Fierté

 

 

 

 

Dominant le Blavet, le fier Quartier Clisson1

Déploie son étendard2 teinté du sang des gloires,

Disposant face à lui sans aucun polisson

Une place3 encadrant un prestigieux couloir.

 

 

La foule endimanchée vénère son Empereur4

Enchaînant un ballet aux figures célèbres

En de somptueux atours et coiffes en fureur

Des sonneurs de gavotte en liesse sans vertèbres.

 

 

Anne est émerveillée sous le dais impérial

Honorant les Rohan5 placés près d’Eugénie6,

Murmurant qu’Antonin façonne un mémorial

En forme de cristal, du moins s’y ingénie.

 

 

Elle parle de lui comme d’un demi-dieu,

Héros d’une Odyssée, s’étant brûlé les ailes

Au brasier rougeoyant de ses combats odieux,

Mais chevauchant l’espoir que l’amour l’en dételle.

 

 

Les tambours ont cessé de battre le rappel

Des soldats décorés, des larmes de gerçures,

Et parmi ces regards, perdu dans l’archipel

Des lointaines contrées, ses yeux se font morsure.

 

 

Eugénie vient orner leur fier dolman7 de croix8,

L’Empereur leur remet leurs plaques d’épaulettes9

Et Jean comme Antonin, tenant leur sabre droit,

Ont le cœur si nerveux que leur poitrine halète.

 

 

Puis la chorale bruit un frisson d’émotions

Précédant l’encensoir enivrant la douleur

Des enfants disparus, malgré leur promotion

Par cet honneur posthume en rubans de couleur.

 

 

Anne a serré le bras sans la moindre pudeur

   D’Eugénie qui lui rend tendrement son étreinte,

Tandis qu’Elen surprend l’ardeur de sa candeur,

Pressentant son émoi se moquant des contraintes.

 

 

Au buffet de gala, puis au bal officiel,

Nos héros font trembler des Dames l’assurance,

Alors que s’éloignant d’élans superficiels

Anne hèle son cocher, testant son endurance...

 

 

 

  

 

 

 

 

1 Le Quartier Clisson est une caserne de cavalerie de Pontivy (alors, Napoléonville) inaugurée en 1811 pour donner suite à la volonté de Napoléon 1er d’en équiper ainsi « sa ville » de Napoléonville dès 1802.

 

2 L’étendard du 2e régiment de chasseurs à cheval ayant occupé cette caserne avant l’actuelle gendarmerie mobile est brodé au fil d’or des batailles de : Eylau 1807, Wagram 1809, La Moskova 1812, Solferino 1859, La Marne 1914, Mézières 1818.

N.B. Voir sa photo dans mon petit lexique.

 

3 L’actuelle place Aristide Briand fait face à la caserne dite du Quartier Clisson, séparée par la rivière du Blavet. C’est une vaste place propice aux défilés et revues militaires.

N.B. Voir sa photo dans mon petit lexique.

 

4 L’Empereur Napoléon III fit halte à Napoléonville (Pontivy) lors de son périple en Bretagne durant le mois d’août 1858.

 

5 La noble famille des Rohan possédait notamment le château de Pontivy. Dans mes poèmes, Elen « sœur des filles de Jésus » et sa sœur cadette Anne en sont les dignes héritières, filles du Duc de Rohan. Il ne s’agit là, bien évidemment, que d’une pure fiction.

 

6 Il s’agit de l’impératrice Eugénie qui accompagna avec son fils, son mari Napoléon III durant leur voyage en Bretagne. Rappelons-nous que dans ma saga, Eugénie s’est prise d’intérêt pour Antonin depuis que la Reine Victoria lui en a fait l’éloge (voir mon poème « Le souper »)

 

7 Le dolman était la veste parée de brandebourgs des hussards d’Empire.

 

8 Dans ma saga, Antonin et Jean reçoivent des mains d’Eugénie au nom de la reine d’Angleterre Victoria, la médaille de Crimée (créée en 1856), et au nom de l’Empereur, la Médaille militaire (créée en 1852 par Louis Napoléon Bonaparte) ainsi que pour Antonin, la Légion d’honneur (crée par Bonaparte alors premier Consul en 1802).

N.B. Voir leurs photos dans mon petit lexique.

 

9 Toujours dans ma saga s’agissant d’Antonin et de Jean, en leur remettant leurs épaulettes dorées (mais sans les fameuses franges, dites de « bouillons d’épinards » réservées aux officiers supérieurs), Napoléon III les élève tous deux au grade d’officiers Lieutenants « sur le front des troupes ».

 

 

 

Pierre Barjonet

Septembre 2021

 

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02/01/2022
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Rumeurs

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" La parlote " de et par Jacques Brel

 

 

Afin de ne pas entraîner de confusion avec la lecture du poème,

il est recommandé d'écouter cette chanson séparément.

 

 

 

 

 

 

 

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Rumeurs

 

 

 

 

La nouvelle a surpris le pays engourdi

Tiré d’un long hiver assoiffé de lumière,

Quand la presse engagea ses lecteurs dégourdis

À parer la cité d’attentions coutumières.

 

 

Napoléon viendrait cet été recevoir1

En garnison d’ici, les peuples de sa ville,

L’hommage des Bretons bénissant leur devoir

Et l’allégeance enfin, des notables civils.

 

 

Inaugurant de fait le canal jusqu’à Brest2,

La région se verrait pavoiser sa fortune

D’accueillir l’empereur et sa suite si preste

À parader jalouse en livrées opportunes.

 

 

Mais il se dit aussi que l’on rendrait honneur

Aux valeureux enfants revenant de Crimée,

Dont les vaillants hussards retrouvant le bonheur

De défiler altiers décorés et primés.

 

 

À Napoléonville on s’attable aux bistrots

Quérir de vains propos glanés de source sûre,

Et chacun de confier des ragots magistraux,

Des rumeurs de confesse en secrets qui rassurent.

 

 

Les nonnes du château pressent leur cher Recteur3

D’entreprendre en chorale un chant d’action de grâce

Auprès de leurs enfants louant leur protecteur

Et d’offrir au monarque un livret de sa trace.

 

 

La famille de Jean s’inquiète d’un tailleur

Pour habiller son fils d’un dolman4 d’élégance,

Pour vêtir Antonin non point en brétailleur,

Mais en hussard brillant, fier et sans arrogance.

 

 

Elen a entrepris de convaincre sa sœur5

D’arrêter de bouder dans son antre d’ermite

D’oublier ses vitraux au profit de douceurs

 En nouvelles toilettes brodées et sans mites.

 

 

Et partout dans la ville, à l’office, au marché,

Fleurissent en rubans des rêves de dentelles,

De la soie crinoline à ne pouvoir marcher,

Des coiffes6 ouvragées par d’humbles parentèles...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 À la suite de l’attentat d’Orsini survenu contre sa personne le 14 janvier 1858, Napoléon III entrepris de visiter la Bretagne avec l’impératrice Eugénie et leur fils le prince impérial, en août 1858. Le 16 août, ils visitèrent Napoléonville (Pontivy rebaptisée).

 

2 Le canal de Nantes à Brest qui passe par Pontivy et Josselin (où exerce Anne dans mon récit), fut inauguré par Napoléon III en 1858.

 

3 Le recteur est (ici) le supérieur des sœurs de Kermaria « Filles de Jésus », mais comme c’est le cas en Bretagne, il est également curé.

 

4 Le dolman est la veste des hussards d’Empire, brodée de brandebourgs et, elle-même rehaussée d’une pelisse.

 

5 Il s’agit d’Anne, âgée ici en 1858 de 22 ans, vitrailliste demeurant à Josselin et sœur cadette de Sœur Elen, religieuse à Napoléonville (Pontivy) âgée alors de 28 ans.

 

6 Coiffes bretonnes

 

 

 

Pierre Barjonet

Septembre 2021

 

à suivre.jpg


14/12/2021
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Frissons

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" Deux guitares " Folklore traditionnel Russe "

 

N.D.L.R. Il m'a semblé que cette mélodie s'accordait parfaitement à nos deux tourtereaux...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lexique Antonin, Saison 4 , Episode 3, Frissons

 

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et la rubrique CHRONOLOGIE

Chronologie

 

 

 

 

 

 

 

 

Frissons

 

 

 

 

 

En ces jours de Carême Elen n’est que ferveur,

Consacrant ses journées à l’éveil des élèves,

Leur enseignant l’effort, la foi dans le Sauveur,

Sans rationner l’amour d’assurer la relève.

 

 

Et les parents d’Aubin1 voient enfin leur douleur

S’éloigner doucement estompant son visage,

Un peu plus chaque fois que prennent des couleurs

Les petiots d’Antonin2 que leur cœur dévisage.

 

 

Elen a ressenti le trouble de sa sœur

La tenant en alerte en entrouvrant sa porte,

Quand avec Antonin lui portant des douceurs,

Elle occulte agitée son art qui la transporte.

 

 

C’est qu’Anne est sa fierté rutilante aux yeux pers,

À la joie distillée par sa voix peu commune

Qui berce ses cheveux quand le zéphyr s’y perd

Laissant comme un frisson souffler ses mèches brunes.

 

 

Et lorsqu’elle s’esclaffe éveillant son corset,

C’est le velours des fruits qui pêche d’impudence,

Éclaboussant sa sœur qui n’ose trop forcer

Leur fou rire gourmand choquant la providence.

 

 

Quand derrière un vitrail se dessine en contours

L’angélique silhouette au sillage gracile,

Il n’est de fantaisie soulignant sans détours

Le jeu de ce buisson, charmant bien que facile.

 

 

Laissant poindre le temps de rythmer son élan,

La voici débusquant au rubis de ses lèvres

Le vermillon d’un fard que l’on dirait mêlant

Un pigment de pudeur au travail d’un orfèvre.

 

 

Elle pousse le verre en fixant cet ami,

Ce compagnon vertueux, si beau, chevaleresque,

Dont le regard profond perce enfin le tamis

De l’étoffe des sens à l’alchimie dantesque.

 

 

Mais jalouse est la feuille3 en entaillant sa main,

La piégeant dans un cri révélant ses fossettes !

Lors, devançant Elen rivée sur son chemin,

Antonin brise net la vilaine lancette. 

 

 

 

 

 

 

 

1 Aubin est dans ma romance le frère cadet de Jean, mort noyé lors du naufrage de la Sémillante trois ans plus tôt, en 1855 (voir mon poème « Naufrages »).

 

2 Il s’agit des deux orphelins Rose et Cédric, maintes fois évoqués.

 

3 Feuille de verre selon les termes du vitrailliste.

 

 

Pierre Barjonet

Juillet 2021

 

à suivre.jpg

 

 


19/11/2021
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Charité

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Château de Josselin (Morbihan)

 

 

 

"La rivière" tirée du feuilleton "La rivière espérance"

 

 

 

 

 

 

 

 

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Charité

 

 

 

 

La nouvelle effroyable a figé la Cité,

Tandis que les enfants Cédric et jolie Rose1

Ont rejoint Sœur Elen au couvent, excités,

Gommant par leur accueil la suie d’un ciel morose.

 

 

L’attentat d’Orsini foudroyant l’Opéra2

Marqua d’un teint poudré l’escalade guerrière

Entraînant la levée qu’Antonin repéra

Du rideau belliqueux des dangers qui s’allièrent.3

 

 

Bousculant le destin croquant tant d’orphelins,

Antonin s’est remis les gamins pris par l’Aube,

Et Jean les a menés aux sœurs du châtelain,

Leur confiant l’avenir en sourires dès l’aube.

 

 

Étreignant les petits aux souffrances de grands,

Antonin se fait joie de leur offrir l’école

Menée par Sœur Elen au donjon intégrant

Les Filles de Jésus à l’esprit qui décolle4.

 

 

Anne est la sœur cadette d’Elen de Rohan5,

Mais en n’embrassant pas l’appel des religieuses

Elle adopta très tôt l’art d’ignorer son sang,

Fuyant l’attrait des vœux ou noces prestigieuses.

 

 

Perturbant ses parents elle a vite obtenu

D'ouvrer comme artisane aux vitraux de lumière

Dans l’atelier longeant l’Oust6 si bien retenu

Par le canal mariant la pierre à la rivière.

 

 

Œuvrant à Josselin7 dans ce fief aux vitraux,

Anne accomplit l’exploit de découper le verre,

Soudant le plomb d’efforts comme des chapitraux

Inscrivant la vertu sur des feuillets en vers.

 

 

C’est un jeudi qu’Elen visitant rue du Fil

La famille de Jean, lança comme une invite

D’aller à Josselin voir l’art qui se faufile

Entre les mains rebelles d’Anne qu’on évite.

 

 

  S’affairant au calibre8 Anne ajuste aux ciseaux

L’âme du plomb ôté quand, retenant son souffle,

Aperçoit l’Antonin qui longe les roseaux

Cherchant la discrétion d’un regard qu’il camoufle.

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Antonin avait sauvé de la noyade dans l’Aube les enfants devenus orphelins, Rose et son frère Cédric. Puis il les  avait confiés en 1853 au Père Clément et à sa bonne Marie (voir mes poèmes « L’Aube » et « Pitié »).

 

2 « L’attentat d’Orsini » fut commis le 14 janvier 1858 au soir devant l’Académie impériale de musique (l’ancien Opéra de Paris, alors rue Le Pelletier), contre Napoléon III et son épouse l’Impératrice Eugénie. Son auteur, un comte italien Felice ORSINI reprochait à l’Empereur d’avoir trahi son idéal de jeunesse.

 

3 Curieusement, cet attentat eut entre autres conséquences d’entraîner la France dans un conflit auprès du roi de Piémont-Sardaigne contre l’Empire d’Autriche avec la victoire de Solferino le 24 juin 1859.

 

4 Voir mon poème « Napoléonville » qui mentionne le rôle des Sœurs de Kermaria dites « Filles de Jésus », et qui prirent en charge l’éducation scolaire de jeunes filles au sein du château de Rohan à Pontivy (Napoléonville à l’époque).

 

5 La Maison de Rohan est l’une des plus anciennes familles de la noblesse française, ayant possédé duchés, comtés et seigneuries illustres en Bretagne dans le Morbihan, dont les châteaux de Pontivy et de Josselin. N.B. Sœur Elen et sa sœur cadette Anne, respectivement âgées de 28 et 22 ans dans mon poème « Charité », ne sont ici que des personnages de roman sortis de mon imagination.

 

6 La rivière de l’Oust qui traverse la ville de Josselin, est incluse dans le fameux « Canal de Nantes à Brest », décidé par Napoléon 1er et inauguré pour son dernier tracé par Napoléon III en 1858.

 

7 Josselin est une commune du Morbihan proche de Ploërmel et distante à l’Est de 34 km de Pontivy (Napoléonville dans mes poèmes), célèbre par son château dominant l’Oust comptant parmi les plus beaux de Bretagne, son village médiéval de l’an mil et sa basilique Notre-Dame-du-Roncier dont j’aurai l’occasion de reparler, puisque dans ma saga, sœur Elen et Anne sont les filles du Duc de Rohan, seigneur possédant les châteaux de Pontivy et de Josselin...

 

8 Vocabulaire du métier de Maître verrier-vitrailliste. Le calibre est un patron en papier bulle servant à reporter le tracé d’une pièce de verre composant un vitrail, avant de la découper à l’aide de différents ciseaux dont l’un, à trois lames, permettant de retirer d’un coup de découpe la valeur d’un ruban correspondant à l’âme du plomb ; et ce, pour ajuster sans erreur la totalité des vitraux assemblés malgré l’espace revenant au plomb.

 

 

 

Pierre Barjonet

Juillet 2021

 

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09/11/2021
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Anne

Pontivy_-_Basilique_Notre-Dame-de-la-Joie_20200906-25_statue_Notre-Dame_de_Joie

 

Pontivy (Napoléonville dans mon poème)

" Notre-Dame-de-la-joie " en sa basilique du même nom

 

 

 

 

Charles Gounod " Ave Maria " d'après J.S. Bach

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exceptionnellement, il n'y a pas d'article correspondant

à ce poème dans le Lexique, car inutile 

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Anne

 

 

 

 

 

Quittant la malle-poste1 aux relents d’inconfort

Antonin surprend Jean dans la brume légère

Qui dissipe l’écho des malheurs du Bosphore,

Puis l’étreint brusquement, offusquant les mégères.

 

 

Ah, qu’ils se sont manqué ces complices de sang,

Frères d’armes meurtris, parangons intrépides,

Subissant chaque nuit les fantômes dansants

 De visions éventrées de soldats qu’on lapide !

 

 

Les embruns de Bretagne offrent au revenant

Des flocons attachants caressant sa pelisse2

Comme un signe des cieux tranquille et prévenant

Gommant la solitude au loin du temps qui glisse.

 

 

La ville3 attend Noël dans la paix, dans la joie,

Et les parents de Jean, guettant ce « fils » prodige

Dont ils savent combien de la mort il se joua,

Ouvrent leur gîte en cœur à l’ami qui s’oblige.

 

 

Minuit sonne déjà Notre-Dame-de-Joie4

Et c’est en procession que la lueur des fidèles

Embrase leur église en échauffant leur foi

Puis en saluant Marie, ravive leurs chandelles.

 

 

Recueillis côte à côte, Antonin comme Jean

Prient la Vierge dorée par sa lampe éternelle5,

Et vibrent tout à coup quand l’étoile-d’argent

Semble figer la paix comme un bien fraternel.

 

 

L’orgue éblouit l’envol des prières du chœur,

Puis après un silence annonçant la chorale,

Les « Filles de Jésus6 » bénissent les vainqueurs

En chantant le pardon7 pour tout le littoral.

 

 

Sœur Elen8 a poussé sa sœur Anne devant,

Exalter de sa voix d’une portée céleste

Un Ave9 si troublant que le vitrail levant

Vint colorer l’autel des péchés qu’on déleste.

 

 

Antonin s’est figé, pétrifié, foudroyé,

N’ayant d’yeux que pour Anne et son teint angélique.

S’affolant sous le feu de sa candeur broyée

Par l’assaut de son cœur, il devient sa relique.

 

 

 

 

 

 

1 La malle-poste était une grosse diligence, cependant plus rapide grâce au « privilège du galop », transportant en sus du courrier, des passagers.

 

2 La pelisse d’Antonin est le manteau d’hermine que lui offrit en Crimée le Grand-Duc Nicolaï (voir mon poème « Le manteau »).

 

3 « Napoléonville » (Pontivy)

 

4 « Notre-Dame-de (ou de la) Joie » est l’une des plus anciennes églises de Pontivy (Morbihan). Actuellement Basilique, elle fut édifiée dès 1533.

 

5 « La lampe éternelle » correspond à une lampe d’argent offerte par les paroissiens en 1696 dans la chapelle consacrée à Saint-Ivy, pour remercier la Sainte-Vierge, patronne de la ville (Notre-Dame-de-la-Joie) qui stoppa la grande épidémie de peste et de dysenterie qui sévissait alors.

 

6 « Les Filles de Jésus » ou « Sœurs de Kermaria » composaient une congrégation religieuse hébergée dans le « château des Rohan » dont je parle dans mon poème précédent « Napoléonville ».

 

7 Le Pardon ou Grand-Pardon de Notre-Dame-de-la-Joie a tenu sa 325ème édition le 11 septembre 2021. Fondé sur un vœu fait à la Vierge Marie en 1696, il trouve ses origines dans la grande épidémie de peste noire de 1695.

 

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8 « Sœur Elen » de la congrégation des « Filles de Jésus » visite les parents de Jean (voir mon poème Napoléonville). Âgée de 27 ans en 1857, elle a pour jeune sœur, Anne (21 ans, comme Antonin).

 

9 Le musicien Charles GOUNOD a écrit son célèbre « Ave Maria » en 1859 (deux ans après mon poème...) en se fondant sur une partition du 1er prélude du « Clavecin bien tempéré » de Jean-Sébastien BACH.

 

 

Pierre Barjonet

Juillet 2021

 

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18/10/2021
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