La palette de Pierre

La palette de Pierre

SAISON 5 "Femmes"


Clairon

 

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Marche des tirailleurs

(N.B : Régiment de José)

 

 

 

 

 

 

 

 Rappel, n'oubliez-pas de visiter les rubriques :  "LEXIQUE" (qui donne des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques),   Lexique Saison 5 Episode 14 Clairon

 

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Avec ce dernier épisode " Clairon ", se termine la Saison 5 " Femmes ".

Elle aura traversé bien des drames, depuis le naufrage du Titanic

jusqu'à celui de l'Europe.

Laurine aura perdu Maureen.

Elle aura pris sur elle l'envie folle de se noyer dans ses larmes, guêtant le facteur, la peur nouée au ventre.

Elle s'est engagée de toute son âme auprès de Marie, l'aidant tout près du front, dans les p'tites Curie.

Elle aura retrouvé Manuel, blessé.

Et face aux destins croisés de tous ces hommes perdus, elle porte désormais au front les stigmates indélébiles de cette horreur indicible que l'on nomma :

la Grande-Guerre.

Avec José, elle n'a plus qu'une envie :

VIVRE

 

C'est ce que vous verrez

dans la Saison 6 " Valentine " 

à paraître très prochainement.

Elle m'a chargé de vous remercier pour votre fidélité

Pierre (16/10/2019)

 

 

*    *    *

 

 

 

 

 

 

Clairon

 

 

 

 

 

Et même en fin de guerre ils ont commis l’impair

D’un clairon dédoublé se morfondant en veille

Du « sept » avant qu’un « onze » en deux dates impaires

Sonne pour l’occasion la paix que l’on réveille.

 

 

José n’y croyait plus lorsqu’il se redressa

Croyant humer ces notes portées par la brise

En ce matin d’automne au sol qu’il caressa

Laissant s’ouvrir la clé de sol en sept reprises.

 

 

Puis ce fut le silence opprimant les tympans

Des poilus hébétés, des hommes incrédules

Délivrés du canon, de leur tranchée grimpant,

Tremblant de désarroi quand l’armistice ondule.

 

 

À Montmartre et partout, les cloches ont tinté,

Chauffant de leur métal l’alliage indescriptible

De la joie claironnée des poilus éreintés,

Des femmes libérées du drame imprescriptible.

 

 

Il paraît qu’un wagon de bien noble facture

Prolongea sa carrière en céleste clairière

Oubliant ses trajets, ses repas sans fracture,

Troquant ses passagers pour leur muse guerrière.

 

 

On pavoise en chantant comme il y a quatre ans,

On parade à cheval et l’on sourit aux belles,

On oublie la terreur des charognes en sang,

On trinque entre vantards loin des filles rebelles.

 

 

 Laurine et son José sont restés bien longtemps

Sans parler ni toucher leurs yeux cerclés de larmes

Se contentant du pain que leur chagrin montant

Égrenait tout en mie sous la croûte du charme.

 

 

Perclus de tremblements devant l’âtre du four,

Le fournil attisait en José sa souffrance,

D’avoir guetté la mort à chaque carrefour

De boyaux et tranchées prolongeant son errance.

 

 

Laurine s’est levée décrochant le panneau

Dont le voile masquait « Cœur-de-pain » sur la ruelle,

Puis elle a déployé sous la forme d’anneaux

Des galettes sucrées pour leur bonheur actuel.

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Août 2019

 

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16/10/2019
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Poteaux

 

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valse en ut dièse mineur opus 64 de Frédéric Chopin

 

 

 

 

 

 

La chanson de Craonne (mutineries de 1917)

 

N.B : Chanson à n'écouter qu'avant ou après avoir lu le poème,

afin de ne pas en confondre les textes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Rappel, n'oubliez-pas de visiter les rubriques :  "LEXIQUE" (qui donne des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques), Lexique Saison 5 Episode 13 Poteaux

 

 

 

 

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Poteaux

 

 

 

 

 

 

Fallait-il que les dames suivent le chemin

Foulé d’Adélaïde et de sa sœur Victoire

Balisant de bleuets le noble parchemin

Des filles de Louis quinze en quête de victoires ?

 

 

Les tranchées du chemin se bercent de coteaux

Laissant voir la trouée sacrifiée de la gloire.

 Les fossés du sentier se bordent de poteaux

Retenant les maudits au sinistre étrangloir.

 

 

Longeant d’ombre l’orage en terre mise à nu,

Des poteaux se déploient et bornent les cratères,

Ravinant l’horizon déchiré par les nues,

Décimant les bannis marmonnant leur Pater.

 

 

Il fallait les briser ces quatre caporaux

Comme il fallait crever les mutins en colère,

Punis d’avoir contré de vieux chefs tumoraux

Méprisant les valeurs humaines qu’ils violèrent.

 

 

Combattantes de l’ombre adulées au pays

Qui portent la terreur bien au-delà des lignes,

Mais vomies comme lave étouffant Pompéi

Quand traîtresses se font d’une image maligne !

 

 

Refusant le diktat des bottes d’oppression,

Louise de Bettignies piégea de bleu la Prusse.

Ses messages codés d’un réseau sous pression

Pointaient le Kaiser, Verdun sans qu’ils la crussent.

 

 

Mais la mort l’attendait près des rats au cachot ;

La « Jeanne d’Arc du Nord » repose en Dame blanche.

Effeuillant son terrain qui se découvre à chaud,

Mata la courtisane ondule et se déhanche.

 

 

Éprise d’un beau Russe on l’accuse bientôt

D’espionnage insensé la menant à Vincennes.

L’aube lui façonnant des éclats de pointeau,

Laurine en l’apprenant s’insurgea de la scène.

 

 

Fallait-il que le drame fige le destin

De fières héroïnes s’offrant à la France

Ou traîtresses longeant leur parcours clandestin

Unissant dans la mort leur bouquet de souffrance ?

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Juillet 2019

 

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26/09/2019
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Gardiennes

 

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La chanson de Lara - Docteur Jivago (au piano)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Gardiennes

 

 

 

 

 

Et les femmes aussi font aux tranchées l’écho

Par l’acier des charrues venant fouiller la croûte

Des craies de la Champagne en versant leur écot

À la France orpheline en guerre sans déroute.

 

 

Conductrices de trams, d’autochirs ou de trains,

Jeunes munitionnettes d’obus non poudrés,

Bûcheronnes parfois en boulange et pétrin,

 Troquant de leur chagrin, l’amour qu’on recoudrait.

 

 

Gardiennes du limon déversant tant d’espoir,

Les femmes ont repris la semence fertile

Désaccouplant la peur, fertilisant la gloire

En un élan superbe et que nul ne mutile.

 

 

Le cliquetis roulant d’usines déversant

Des myriades de clous ou bien de l’aspirine

N’apaise nullement la rage renversant

L’orage des tranchées par la foi de Laurine.

 

 

Et la Docteur Nicole embrassant par ferveur

La chirurgie de guerre à Verdun que bétonne

Le refus fait aux femmes d’un talent serveur,

Blessée puis Capitaine, ouvre un temps qui détonne.

 

 

La Duchesse d’Uzès a créé l’atelier,

Usinant sans piston d’utiles ambulances,

Quand Marie déployait en un beau râtelier

Ses rayons salvateurs en géniale opulence.

 

 

« Fiancée du danger », Marie Marvingt conduit

Des autos, des avions, se déguisant en homme

Réfutant le refus d’obtenir sauf-conduit

Pour honorer le Front de la Meuse à la Somme.

 

 

Petite vitrière aux mains coupées souvent

Rejoint sœur en prière aux bras saillants de veines

 Sous le poids tant rougi des charpies du couvent

 Fermant les yeux vitreux de poilus en déveine.

 

 

Et la Femme de France, Émilienne Moreau,

L’Héroïne de Loos au courage admirable,

A mérité la Croix s’attaquant au taureau,

Foulant son casque à pointe aux fers indésirables.

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Juillet 2019

 

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13/09/2019
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Rayons

 

Capture d’écran 2019-06-27 à 12

 

Une "petite curie"

 

 

 

 

" Mission impossible " au piano

 

 

 

 

 

 

 

 

 Rappel, n'oubliez-pas de visiter les rubriques :  "LEXIQUE" (qui donne des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques), Lexique Saison 5 Épisode 11 Rayons

 

 

 

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Où Laurine près de Marie retrouve Manuel...

 

 

 

 

 

 

Rayons

 

 

 

 

 

 

Relisant son courrier mûri dernièrement,

Laurine a résolu d’accompagner Marie,

La suivant motivée, s’offrant entièrement,

Écartant à la lettre la moindre avarie.

 

 

Destination Verdun, la Meuse et ses tourments,

Elle regagne enfin les « Petites Curie ».

Marie l’avait choisie sachant son teint gourmand

Pour distribuer du pain, l’aider dans l’incurie.

 

 

Incroyable Marie, concevant des engins

Déboulant près du Front bien que s’atomisèrent

Les forces des poilus n’ayant pour seul frangin

Qu’un Lebel astiqué dont l’âme est en misère.

 

 

Avec Irène ensemble elles mènent combat

Brisant cette impuissance à soigner les victimes

Faute de repérer quand l’acier les plomba

Où se niche l’éclat qui leur ronge l’intime.

 

 

Laurine à corps perdu se jette dans l’action,

Conduisant à son tour une auto médicale

Rayonnant chaque jour sans craindre la traction

De ces soldats sauvés par Marie, radicale !

 

 

Mais la faux détournée par ces puissants rayons

Transporte le typhus en Champagne pouilleuse

Que Laurine et Marie biffent de leurs crayons

Récoltant des succès contre la magouilleuse.

 

 

L’ambulance attardée se presse en invoquant

La déesse Culasse en cliquetis sans gêne

Déroulant la torpeur de Manuel suffoquant,

Blessé par sa culasse enrayée pathogène.

 

 

Transpirant d’émotion, Laurine à son brancard

Rayonne de bonheur contrant pompe funèbre,

Griffonnant sous dictée les soins sur un encart

Portant radiographie traversant les ténèbres.

 

 

Le soir entre les sœurs et poilus qu’on rehausse

Frissonne l’ovation pour ces femmes splendides

À l’image d’une autre, « Héroïne de Loos »

Ayant connu le feu d’un courage candide.

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Juillet 2019

 

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07/09/2019
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Marraines

 

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Musique patriotique de poilus en 1916 " quand Madelon "

 

Cliquer pour écouter cette musique,

mais avant ou après lecture du poème afin de ne pas brouiller les paroles...

 

 

 

 

 

 

 

 

 Rappel, n'oubliez-pas de visiter les rubriques :  "LEXIQUE" (qui donne des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques),  Lexique Saison 5 Episode 10 Marraines

 

 

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Marraines

 

 

 

 

 

Ne verra plus Maureen, la Demoiselle en pleurs.

L’automne a désarmé les oliviers de Nice,

Auguste tremble encore en déroulant l’ampleur

De sa muse partie sans que l’art n’en ternisse.

 

 

Et la guerre toujours, terrible et si lugubre

N’a pourtant pas éteint les couleurs des « Collettes »

Ne sombrant de sépia qu’en tranchées insalubres

À l’Est où le soleil ne luit qu’en épaulettes.

 

 

La Maison Cœur-de-pain vient chérir ses filleuls

Orphelins de courriers en s’offrant pour marraine

Écrivant sans relâche, leur donnant de l’aïeul

Et tricotant des gants pour ramper dans l’arène.

 

 

Laurine dont le cœur teinte leur horizon

D’un espoir maternel adoptant leurs souffrances

Leur ouvre à cinquante ans sa chaleur de vison

Prolongeant sa photo sous les armes de France.

 

 

Elle a lu ce manuel pour panser les secours

Que Marie lui porta songeant aux infirmières

Envisageant leur sort et leur prochain parcours

Au chevet des blessés aveuglés sans lumière.

 

 

 Les journaux font écho de femmes d’exception

Se portant en soutien du théâtre aux Armées

Comme Sarah Bernhardt fuyant les réceptions

Et déclamant l’Aiglon pour les troupes charmées.

 

 

Comme l’aigle elle vole embrassant les clochers

Du chant patriotique des coqs et des cloches

Jouant « les Cathédrales » meurtries, talochées,

Comme à Reims et Strasbourg sous d’odieuses galoches.

 

 

Remplaçant les piécettes de soldats troupiers

Sarah donne à l’instant la dimension du rêve,

Portée pauvre amputée, mais ne perdant pas pied

Au milieu des poilus pour une courte trêve.

 

 

Et quand le rideau tombe en clameurs d’ovation

C’est l’amour de Pâris et de la belle Hélène

Qui se prend d’enthousiasme pour l’innovation

Mêlant de comédie les tragédies d’Hellènes.

 

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Juin 2019

 

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09/08/2019
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Faust

 

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Mon grand-père, alors Capitaine et commandant une Compagnie de Tirailleurs, trouva sur le corps d'un officier allemand, "pris au combat",

ce petit livre du Faust de Goethe (édité en 1912 à Leipzig)

ainsi que sa Croix de Fer.

 

 

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Faust - Opéra de Charles Gounod

Gloire Immortelle De Nos Aïeux (Chœur des Soldats)

Choeurs de l'Armée Rouge

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Faust

 

 

 

 

 

 

José prit du galon d’avoir suivi par choix

La croix de son devoir en donnant à la France

L’honneur des compagnons pour son drapeau qu’il choie,

Le hissant dans son cœur, surplombant la souffrance.

 

 

Devenu Lieutenant, au Capitaine adjoint

Chargé des tirailleurs progressant près des Zouaves,

Souffrant avec ses hommes que le sort rejoint,

Si fier de leurs chéchias que jamais ne déçoivent.

 

 

C’est à Quennevières qu’il rencontra Faust

Au combat si terrible non loin de la ferme

Sentant la betterave aux couleurs d’échafaud,

Tremblant de frénésie brûlant sous l’épiderme.

 

 

Puis retentit l’assaut des soldats en haillons

Chargeant sans les canons, mordant vermine en terre,

Plongeant sous des remparts bloquant le bataillon

De position frisée dont les lueurs les hantèrent.

 

 

Progressant dans la nuit hors des terriers infects,

Manquant de godillots, ne chaussant que sandales

Et rampant en riant car rien ne les affecte,

Ils aiment leur « José », pas l’un de ces vandales !

 

 

Les sauvages d’ici ne sont pas sur le Front…

Et l’allemand d’en bas n’est pas toujours pirate,

Couteaux entre les dents, vengeant le moindre affront,

Dévorant vos enfants, l’air que vous respirâtes.

 

 

En perçant un boyau régurgitant l’enfer,

José se retrouva couché sur un cadavre.

C’était un officier portant la Croix de Fer

Et dont la main figée serrait toile de poivre.

 

 

Déroulant le tissu revêche et terrasseux,

Soudain lui apparut un minuscule livre :

« La tragédie de Faust », en cet instant poisseux,

Sublime appel de Goethe à la vie qui se givre.

 

 

Cet homme a-t-il vendu son âme à Méphisto ?

Fallait-il que sa vie ne tourmente sa reine

Et que dans les tranchées son maintien d’aristo

Froisse sa Marguerite en effeuillant sa peine ?

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Juillet 2019

 

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03/08/2019
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Lettres

 

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Suite pour violoncelle n°1 de J.S. Bach

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 N.B. Je fais suivre ce poème " Lettres "  d'un autre, " Lettre " distinct de la romance de Laurine, alors composé en novembre 2014 en hommage aux veuves de la Grande-Guerre et du texte qui s'en inspirait lors d'un concours organisé par Blog4Ever en 2015, auquel j'avais participé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lettres

 

 

 

 

 

 

 

À ma très chère épouse… Ton José t’aime tant…

Ô ma tendre adorée… Ton mari qui t’espère…

À ma douce Laurine… Ta chaleur que j’attends…

Ô toi ma bien-aimée dont je me désespère.

 

 

En brodant son supplice à guetter le facteur,

Laurine se surprend à regretter le timbre

De la porte qui s’ouvre sur ses chers acteurs

De cette tragédie réduite à quelques timbres.

 

 

Et voici que Maureen ayant visité Jean,

Son fils blessé par balle après que ce fut Pierre,

Lui décrit sa douleur, sa colère enrageant

Contre l’absurdité submergeant ses paupières.

 

 

Ils voulaient l’amputer, son beau chasseur alpin,

Mais s’il se sortira du frisson des bourrasques

C’est Maureen qui se plaint du séjour transalpin

Aggravant son diabète en l’aveuglant d’un masque.

 

 

Faut-il que le destin se montre bien odieux

Pour empêcher Maureen de sombrer sous les glaces

Et vienne maintenant la rapprocher de Dieu

La menant au naufrage en son âme si lasse !

 

 

La guerre offrait son lot de nouvelles de plomb,

Quand vint une autre carte en franchise postale

De Roland dénonçant avec un bel aplomb

Ces croix de bois dressées dans la mort qui s’installe.

 

 

Blessé, ce bel ami loin des joies du « Lapin »,

Contant ses camarades enfouis sous les marnes

  Disant combien Maurice en voulait à Scapin

De cette comédie qui s’embourbe et s’acharne.

 

 

« Ceux de quatorze » ont vu se trancher les boyaux

Des copains dévastés pleurant de nuit leur mère,

Quand ceux de quinze voient que les enfants loyaux

Succombent sacrifiés pour d’obscures chimères.

 

 

Accablée, mais voulant accomplir son devoir,

Enfouissant ses courriers dans sa boîte de nacre,

Mademoiselle entend soigner et recevoir

Les veuves du quartier malgré du thé bien âcre.

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Mai 2019

 

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En novembre 2014, rendant hommage aux veuves de la Grande-Guerre, j'avais écrit ce poème " Lettre " (Lien ICI)

 

 

 

 

 

Lettre

 

 

 

L’encre à jamais te blesse pauvre amour meurtri

De toi, ma plume est sèche en ton destin brisé

J’ai fleuri les épis fanés par la patrie

Et cueilli les bleuets qui t’avaient tant grisé

 

Ma souffrance est rebelle Ô mon soldat figé

Je porte ton anneau, notre enfant, l’horizon

Je vibre du remords, sentiment mitigé 

De ne t’avoir gardé, passée ta guérison

 

Tu ne savais combler l’absence de mitraille

T’enfouissant dans la laine en chaudes voluptés

Laissant le temps fiévreux avant qu’il ne tiraille

Ces parfums de sursis que nous pensions dompter

 

Tes yeux ne me parlaient, mais pouvaient me pleurer

La détresse infinie dont tu faisais moisson

Blottis dans le passé d’un bonheur effleuré

Nous goûtions le silence aux vapeurs de boisson

 

Pour toi j’avais choisi de planter un lilas

Priant pour que la terre un jour ne te renverse

Et que par son parfum, la paix se profilât

Mais c’était compter sans la misérable averse

 

  L’encre à jamais me laisse à tes lettres froissées

Reçues deux jours après que ma porte résonne,

Que j’ai lues, que j’ai bues, j’en frissonne angoissée

Mon pauvre amour brisé, dans la boue de l’automne

 

 

 

En hommage aux veuves de 14… 

Pierre Barjonet

Novembre 2014

 

 

 

 

Puis, en prenant appui sur ce poème, j'avais ensuite participé à un concours organisé en 2015 par la plateforme de BLOG4EVER, sur le thème de " Ma plus belle histoire " :

 

 

 

MAI 2015 : CONCOURS DU MEILLEUR TEXTE

 

 

Il s'agissait de rédiger un texte très court (moins de 1000 à 2000 caractères) narrant une histoire émouvante survenue sur la plateforme ; en fait, "sa meilleure histoire".

 

J'avais choisi de raconter tout simplement l'émotion qui m'étreignit lorsque j'avais composé un poème rendant hommage aux veuves de 14/18 dans ma Lettre (lien ICI)

 

 

 

Voici mon texte (" brut " : sans présentation particulière) :

 

- MA PLUS BELLE HISTOIRE SUR BLOG4EVER -

En ce triste novembre mouillé de froid glissant, je m’étais agrippé à l’écran de mes songes. Pris par l’anniversaire de 14/18, me revenait l’écho des repas de famille où s’invitaient les morts. Enfant, marchant dans la glaise champenoise, je m’entendais répondre pour mes souliers crottés que ce n’était pas ma faute malgré mon sobriquet de p’tit poilu. J’imaginais que la boue me happait. C’est elle aujourd’hui que fouille mon écran quand le soir venu je renverse la boîte aux trésors. Devant les photos voilées de l’aïeul, j’ai saisi mon clavier. Ployant sous la mitraille des mots que chevauchaient mes vers engloutissant l’horreur, j’ai endossé le bleu d’une encre souillant de sang la « Lettre » à mon aimée. Puis quand je l’ai postée aux lignes de l’écran, le silence se fit. Pris dans le tourbillon d’une écriture glacée, je devins la victime de l’émotion virtuelle. Mais quand le clairon des messages en rompit la torpeur, découvrant l’empathie du blog, alors tout doucement, j’ai pleuré. 

 

 

 


28/07/2019
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Fauchés

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assaut

 

 

 

 

 

"Pour nos morts, sonnez clairons" texte en diction + sonneries

 

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Fauchés

 

 

 

 

 

 

 

Se hissant du gourbi, Célestin-le-miauleur

Devine les shrapnels, les obus, la mitraille,

Déchirant en écho leur soupir enjôleur

 Avant que leur clameur n’arrache les entrailles.

 

 

Célestin reconnaît tous les chants des bourdons,

Les miaulements d’obus, la valse des abeilles,

Dans l’orage infernal du canon sans pardon,

Des grenades féroces plombant les oreilles.

 

 

« Le Grand Meaulnes » a cessé d’échapper au bonheur.

Charles Péguy non plus, gommant en orphelines

Ses pages sur la Ligne incarnée de l’honneur

D’être un épi trop mûr couché qui dodeline.

 

 

Poètes écrivains qui se rêvaient aux nues,

Revêtus d’un linceul d’encre rouge sans plumes,

De guerre sans boutons, Petits Gibus tout nus,

Se couchent sur la tranche en ultime volume.

 

 

Célestin-le-miauleur aime bien son José,

Le comprenant sans mots, comme un chat de gouttière,

Rampant couvert de boue, s’abreuvant de rosée,

Collectionnant pour lui des douilles bijoutières.

 

 

Grattant des doigts la terre ils s’en font un abri

Quand sortant des tranchées, ils se couchent, se plaquent

Comme soles dans l’eau nageant sous les débris

Laissant planer là-haut le supplice qui claque.

 

 

Puis c’est l’affreux tricot des aiguilles fouillant

Les corps entremêlés d’espoir et d’affreux râles

S’enivrant du pinard d’un fritz encore bouillant,

Plongeant dans son terrier, se chauffant le moral.

 

 

C’est qu’ils ont mis les voiles, ces terreux ballots

Abandonnant totos, tord-boyaux et bibine

Délaissant leur barda, leur perlot au galop,

Déchirant aux séchoirs leurs bien tristes bobines.

 

 

Et quand survient la plainte enfouissant la terreur

Des marmites gorgées du sang rinçant la terre,

Toutes ces vies tranchées semblent clamer l’erreur

D’être enfin délivrées de ceux qui les enterrent.

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Mai 2019

 

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Exceptionnellement, pour faciliter aussitôt la compréhension du texte, je donne ci-après la « traduction » de termes et mots tirés de l’argot des poilus de 14/18 (dont nous en connaissons beaucoup, sans savoir pour autant leur origine) cités dans l’ordre des vers du poème ainsi que des notes sur les écrivains.

 

Mais le petit lexique comme son extrait  "Lexique saison 5 Episode 7 Fauchés" sont un atout précieux 

 

 

 

  • Gourbi : abri
  • Célestin-le-miauleur : surnom donné à Célestin réputé pour reconnaître les projectiles qui « miaulent » à leur son
  • Shrapnels : obus à balles ( !) allemands
  • Bourdon : bruit d’obus
  • Miaulements : d’obus des canons de 75
  • Abeilles : son des balles de fusil
  • Le Grand Meaulnes : seul roman d’Alain Fournier (1913), mort pour la France le 22/09/1914
  • Ligne : la ligne du Front des combats (être en 1èreligne, etc.)
  • « Épis trop mûr » : du poème prémonitoire de Charles Péguy, mort pour la France le 5/09/1914 à 41 ans ! « Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles (...) Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés"
  • Petit-Gibus : personnage de « La guerre des boutons », roman écrit par Louis Pergaud, également auteur des « carnets de guerre », mort pour la France le 8/04/1915 (un peu plus tard que dans mon poème…). Retenons encore, parmi les écrivains « fauchés » au champ d’honneur, Guillaume Apollinaire mort de la grippe Espagnole et des suites d’une blessure reçue en 1916, le 9/11/1918 (à 2 jours de l’armistice…)
  • Douilles bijoutières : les soldats récupéraient les douilles de cuivre pour en sculpter des objets « souvenirs »
  • Aiguilles à tricoter : la baïonnette !
  • Pinard : du vin rouge
  • Fritz : Désignation péjorative des Allemands
  • Terrier : une tranchée
  • Ballots ou Balochard : imbécile, idiot
  • Mettre les voiles : se sauver, s’en aller
  • Terreux : paysan
  • Totos : poux
  • Tord-boyaux : eau-de-vie
  • Bibine : bière de mauvaise qualité
  • Barda : l’équipement du soldat fantassin
  • Perlot : tabac
  • Bobines : visages
  • Marmites : trous ou cratères pratiqués par des obus de gros calibre

 

 

 

 


23/07/2019
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Moissons

OrdreMobilisationGenerale

 

 

Ah, c'est la guerre ! (chanson populaire d'époque)

 

Cliquer pour écouter cette musique,

mais avant ou après lecture du poème afin de ne pas brouiller les paroles...

 

 

 

 

 

 

 

 

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Moissons

 

 

 

 

 

Le blé s’est affaibli d’un soleil négligent

En cet été « quatorze » enfiévré par les miasmes

De ces rumeurs de guerre en échos affligeants

À cet assassinat sans nul autre enthousiasme.

 

 

Puis ils ont tué Jaurès, fauchant l’épi de paix

Que la colombe emporte au sombre crépuscule.

Et quand s’est mise en branle leur forge d’épées

Ne restait au pays qu’un grenier minuscule.

 

 

Mademoiselle entend pour qui sonne le glas,

Pour qui bat le tocsin de l’amour éphémère,

Pour quoi perce la peur des sens qu’on aveugla,

Pour quand tonne la mort des épouses, des mères.

 

 

José s’en est allé souriant aux aspirants

Qu’accompagne déjà cet autre tour de France

Portant de leur Devoir l’espoir en soupirant

De revenir grandis, compagnons sans souffrance.

 

 

La gare débordait de mouchoirs et vivats,

De flonflons tricolores enfouis d’embrassades

D’âcre souffle des hommes en chœur de diva

Poussant la Marseillaise en cet été maussade.

 

 

Les femmes ont rejoint leur nouvel univers

Guidées par leur instinct aux frontières des larmes

Se disant que demain ne sera plus qu’hiver

Et se voyant creuser des rides pour tout charme.

 

 

José n’a rien perdu de l’allure bon train,

Marchant de jour, de nuit, en sinueuse colonne

Ravinant les ornières d’horizon restreint,

Découvrant le saccage en canons qui pilonnent.

 

 

Et puis soudain le feu, ces premiers morts surpris,

La vie qui s’évanouit pliant sous la faucheuse,

Ces cris insupportables leur brûlant l’esprit,

Et les balles qui tondent l’herbe des rocheuses.

 

 

La ligne est derrière eux, le front s’est déplacé

La retraite s’emballe en entendant les boches

C’est un pari perdu de chevaux mal placés

Mais que Paris défend en taxis et caboches.  

 

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Mai 2019

 

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20/07/2019
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Marie

 

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Marie Skłodowska-Curie

 

 

 

 

 

 

Chopin " Polonaise opus 40 n° 1 " par Samson François

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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N.B : Il va de soit que le rapprochement entre ma Romance de Laurine et la vie de Marie Curie n'est que pure création romanesque sortie tout droit de mon imagination - Pierre

 

 

 

 

 

 

 

Marie

 

 

 

 

La neige s’est ouverte aux marchés du midi

En cet hiver « quatorze » emporté de poudreuse

Déroulant ses reflets de givre en perfidie

Scintillant en guirlandes juste filandreuses.

 

Laurine a réussi des « œufs-neige » étonnants

Vibrant d’un velouté d’atomes de banquise,

Lorsque son pas de porte s’ouvre en détonnant

Sur une frêle dame en son Salon conquise.

 

Modeste et fort discrète entourée de suédois

Qu’elle guide à Paris d’une colline à l’autre,

De Sainte-Geneviève où nul ne la soudoie

À la Butte Montmartre où nul art ne se vautre.

 

Marie qui n’est d’ici, fleurant ce « Cœur de pain »,

Se surprend comparer à son laboratoire

L’antre de ce fournil au clair Salon repeint,

L’austère précision d’un goût libératoire.

 

Elle y revient depuis, cherchant mille raisons

Qui font de la boutique un mariage homogène

Entre la science et l’art prouvant leur floraison,

Puis en souriant invente un soufflé chromogène.

 

Émerveillant Laurine en quête de vertus,

Marie l’entraîne à voir, retraversant la Seine,

Son labo, sa raison, son goût qui s’évertue

A polir les rayons d’une passion bien saine.

 

En nourrissant le corps, l’une ouvrage sa faim,

Quand explorant le cœur, l’autre atomise en fièvre

La vision que ne plombe la physique enfin,

Réussissant l’exploit de soulever des lièvres. 

 

L’alchimie des pétrins vaincus par volonté

Entre la boulangère, l’éclair bonapartiste

Se riant du génie de son Salon dompté

Et Marie la savante, éblouit les artistes.

 

Que ce Salon bouillonne en ignorant l’hiver !

Laurine est au piano jouant une Polonaise, 

Marie calcule et perce enfin son univers,

 Et rayonne du thé d’infusion japonaise…

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Mai 2019

 

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24/06/2019
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