Lexique saison 3
Lexique Saison 3 Episode 9 LA NOCE
- VENDANGES, BAL DU MOULIN DE LA GALETTE, LES " GRANDES BAIGNEUSES " (La noce)
1/ VENDANGES à Montmartre, comme déjà mentionné dans un article précédent : voir ci-avant, presque au début de ce petit lexique, à CLOS-MONTMARTRE
2/ BAL DU MOULIN DE LA GALETTE Cette grande toile (1m31 x 1m75) est à bien des égards, considérée comme le chef d'oeuvre d'Auguste RENOIR. Peinte en 1876, elle est actuellement exposée au musée d'Orsay, suite à un leg du collectionneur Gustave Caillebotte. J'y situe mon repas de noce dans ce restaurant qui pris la place de la fameuse guinguette où se donnaient des bals populaires au pied du moulin.
Mais au fait, saviez-vous que ce moulin connut bien des déboires ?
Il reste actuellement le seul moulin de la Butte Montmartre à peu près en état de marche, du moins pour l'état de ses pièces mécaniques, sur les quinze moulins qui brassaient l'air de la crête de la Butte. Ces moulins donnaient de la farine de blé, mais pas uniquement, servant également à moudre d'autres céréales, à presser les vendanges locales et à concasser les matériaux des manufactures voisines.
Ce moulin, constitué à l'origine de deux moulins mentionnés en 1622, fut acquis par la famille Debray (les ancêtres de Régis Debray) en 1809.
Mais en mars 1814, alors que l'armée impériale russe en prise avec Napoléon 1er était à Paris, et que suite à des pourparlers de paix Montmartre n'était plus défendue (elle était célèbre par ses canons placés en hauteur), se trouvait malgré tout un petit groupe de "résistants" français dont les Debray, meuniers en famille, décidant de contrer l'envahisseur cosaque. Faisant feu au canon contre eux, ils tuèrent de nombreux assaillants, mais l'aîné fut blessé puis finalement abattu. Son fils fut transpercé par une lance, mais il s'en tirera et on lui doit ce moulin/guinguette sous la Restauration. Las, les russes furieux, découpèrent le corps du père en quatre morceaux qu'ils fixèrent sur les ailes du moulin !
Par la suite donc, en 1834, le fils survivant y rajouta une guinguette doublée d'un bal portant dès lors le nom du " Moulin de la Galette " en référence aux galettes qu'on y déguste sur place accompagnées du petit vin aigrelet cultivé sur les coteaux de la Butte. Son succès quasi immédiat, ne se démentit pas par la suite.
Outre Pierre-Auguste RENOIR installé à Montmartre dominant les vignobles, de nombreux peintres et impressionnistes immortalisèrent ce moulin. Parmi lesquels on trouve Vincent VAN GOGH, Henry de TOULOUSE-LAUTREC, Maurice UTRILLO, Rymond CASAS, Pablo PICASSO...
AUGUSTE RENOIR
EUGÈNE CICERI
HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC
VINCENT VAN-GOGH
MAURICE UTRILLO
3/ LES GRANDES BAIGNEUSES de Renoir peinte entre 1884 et 1887. Cette toile fit scandale lorsqu'Auguste Renoir l'exposa à l'Exposition internationale de 1887. À son retour d'Italie, traversé par des doutes, Renoir se cherchait alors en tentant de s'écarter des impressionnistes. À part Claude MONET ou Marcel PROUST, les critiques furent dans l'ensemble fortement négatives.
Notons que son modèle devenu sa femme (au 2ème plan avec la serviette), Aline Charigot est Maureen dans mon poème... qu'il épouse donc !
Lexique Saison 3 Episode 8 LA BLANCHISSEUSE
- LAVANDIÈRES & BLANCHISSEUSES, HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC (La blanchisseuse)
1/ LAVANDIÈRES & BLANCHISSEUSES : Il n'est pas vieux ce temps où la lessive était une grande affaire qui tenaient éveillées toutes les femmes d'un village durant plusieurs jours, deux fois l'an : au printemps avant les Rameaux et à l'automne avant la Toussaint.
Cependant, je ne vais pas vous conter par le menu cette grande histoire du linge lavé, mais plutôt vous convier à ouvrir ce LIEN vers un site remarquable qui raconte de façon claire et très bien documentée cette " histoire des femmes " (du nom du site)
site : http://dona-martin.blogg.org/histoire-des-lavandieres-et-de-la-lessive-a127710660
Juste pour information, il convient de distinguer les lavandières des blanchisseuses. Les premières exerçaient une corvée ou un métier aussi pénible qu'éprouvant à laver agenouillée dans l'eau glacée le gros linge et le linge très sale deux fois par an (...) puis à s'ébouillanter au grand cuvier, sans oublier toutes les étapes du tri, du rinçage, de l'essorage et de l'étendage...
Les blanchisseuses quant à elles bénéficiaient d'un plus grand "confort" car elles s'occupaient du linge fin et brodé et surtout, travaillaient généralement à leur compte. D'où la " promotion " de Victorine entrant au service de Laurine dans mon poème (La blanchisseuse).
2/ HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC : a peint les gens simples qu'il fréquentait à Montmartre comme sur le Boulevard : Clichy, Rochechouart, Pigalle, Place Blanche, et... à son domicile 19, rue Pierre Fontaine (voir mon poème).
Et pourtant, il était issu de la noblesse illustre et ancienne des Comtes de Toulouse. Handicapé, infirme et souffrant d'une maladie atteignant les os, il s'installait dans les cabarets, bars et salles de spectacle, sans oublier les maisons closes lui permettant alors non seulement d'assouvir ses besoins, mais surtout de croquer, esquisser, peindre et dessiner sur le vif non pas des modèles figés, mais des personnes bien vivantes s'animant dans leur décor. Les prostituées par exemple lui paraissaient bien plus aptes à se mouvoir naturellement nues que des modèles.
Il s'est rendu célèbre par ses toiles et affiches représentant tout ce petit peuple de Montmartre et de sa vie nocturne faite notamment des danseurs et danseuses du French-cancan du Moulin-rouge. Mort très tôt, à 36 ans des suites de l'alcoolisme (il possédait une canne creuse remplie d'alcool), de sa passion pour l'absinthe et de la syphilis, il nous reste de lui ses oeuvres aussi remarquables qu'éphémères par les sujets visités.
Dans mon poème, il tombe amoureux de Victorine la blanchisseuse. Il aurait tout autant pu la peindre (voir ci-après) comme l'un de ses modèles préférés : Jane Avril, la chanteuse Yvette Guilbert ou Louise Weber dite " La goulue ".
Personnellement, j'ai un faible pour cette toile " La blanchisseuse "
Aristide Bruant par Toulouse-Lautrec
Lexique Saison 3 Episode 7 LA GRENOUILLÈRE
- " LA GRENOUILLÈRE " avec les toiles de RENOIR, MONET... LES BAINS et L'ABSINTHE... (La Grenouillère)
L'île de Croissy ou de la Chaussée ou bien de la Grenouillère se tient dans les Yvelines entre Rueil-Malmaison proche de Paris et Bougival un peu plus loin sur la Seine. Pour la petite histoire, les Vikings y débarquèrent avant de s'en prendre à Paris en 845 ! Plus près de nous, avec la mode du canotage sous le Second Empire, de nombreux parisiens s'y rendirent régulièrement tant cette petite île de 2,5 km de long offrait une végétation luxuriante ; on la surnommait alors " la Madagascar de la Seine ", d'autant que de nombreux hommes s'y baignaient... nus !
C'est une cabaretière locale qui eut l'idée d'établir sur une petite plage de l'île, un bateau/ponton servant de salle de bal, de restauration et de location de canots, sans oublier une vaste péniche également accostée proposant des cabines de bain hommes (il était interdit de se baigner nu) et femmes. Ce site eut à l'époque un tel succès que Napoléon III et l'impératrice Eugénie y firent un jour escale !
Mais cette atmosphère populaire, vulgaire aussi et même en marge de la légalité par ses fréquentations parfois peu recommandables (les fameux Apaches), ne fut pas toujours du goût de tous.
Il n'est qu'à lire par exemple la description qu'en fit Guy de Maupassant :
" On sent là, à pleines narines, toute l'écume du monde, toute la crapulerie distinguée, toute la moisissure de la société parisienne : mélange de calicots, de cabotins, d'infimes journalistes, de gentilshommes en curatelle, de boursicotiers véreux, de noceurs tarés, de vieux viveurs pourris ; cohue interlope de tous les êtres suspects, à moitié connus, à moitié perdus, à moitié salués, à moitié déshonorés, filous, fripons, procureurs de femmes, chevaliers d'industrie à l'allure digne, à l'air matamore qui semble dire : “ Le premier qui me traite de gredin, je le crève.” Ce lieu sue la bêtise, pue la canaillerie et la galanterie de bazar. Mâles et femelles s'y valent. Il y flotte une odeur d'amour, et l'on s'y bat pour un oui ou pour un non, afin de soutenir des réputations vermoulues que les coups d'épée et les balles de pistolet ne font que crever davantage. Quelques habitants des environs y passent en curieux, chaque dimanche ; quelques jeunes gens, très jeunes, y apparaissent chaque année, apprenant à vivre. Des promeneurs, flânant, s'y montrent ; quelques naïfs s'y égarent. " (« La femme de Paul », La Maison Tellier, 1881.)
Claude MONET et Auguste RENOIR s'y rendirent souvent en donnant à la postérité ces toiles de canotage, de buvette et de bains légers que Renoir d'ailleurs traduisit avec la délicatesse transparente de sa " période nacrée ".
Quant à l'absinthe (ou absinthe), c'était une boisson fort à la mode au XIXè mais réellement dangereuse et interdite depuis 1915 (contenant du méthanol, substance neurotoxique). Emile Zola l'évoque dans " l'Assommoir ". Plusieurs artistes en furent victime (Toulouse-Lautrec, Van-Gogh, etc.).
Claude Monet " Bain à la Grenouillère "
Auguste Renoir " La Grenouillère "
Auguste Renoir " Les grandes baigneuses " pour illustrer mon poème (La Grenouillère) in situ car tel n'était pas le cas de cette toile
Lexique Saison 3 Episode 6 GLISSE
- LES PATINEURS " SKATING-RINKS " & LE " PALAIS DE GLACE " (Glisse)
Mon amie de la plateforme " Blog4ever ", Françoise, a consacré un article sur cette mode qui fit fureur à la Belle Époque, constituée par le création de nombreuses pistes de patin à glace et, ou à roulettes (les fameux Skating-Rinks) , en rapport avec ce nouvel engouement des parisiens, mais pas seulement, y compris à l'étranger, pour la glisse.
Je n'en dirai pas plus, vous laissant le soin de vous rendre sur le blog de Françoise, ici (https://www.monatelierdepeintre.com)
et plus précisément sur son article : " LE SKATING " ici (https://www.monatelierdepeintre.com/le-skating)
Néanmoins, j'ai choisi dans mon poème ( Glisse ) de vous parler du " Palais de glace " - et je dis bien " de glace " et non " DES Glaces " (différent), qui fut créé le 23 décembre 1893 à Paris au Rond Point des Champs-Elysées dans un bâtiment circulaire. Il fonctionna jusqu'en 1980/81 se transformant dès lors en théâtre. Il disposait d'une piste circulaire glacée de 420 m2 placée au centre de la rotonde, laquelle s'entourait d'un promenoir disposant de buvettes et de miroirs, avec à l'étage une galerie complétée par un orchestre de 50 musiciens !
En 1981, il devint le " Théâtre du Rond-Point " (qui fonctionne toujours maintenant) dévolu à la Compagnie Renaud-Barrault (photo ci-dessous, la dernière).
N.B. Je me souviens y avoir patiné dans les années 1970...
Ci-dessous le grand patineur Axel Paulsen qui donna son nom au fameux saut, l'Axel qui, à la différence de tous les sauts de patinage artistique s'exécutant eux en arrière, se lance en avant pour une réception arrière, soit pour un simple Axel : 1 tour 1/2 et pour un triple Axel, 3 tours 1/2, d'où sa plus grande difficulté (+ 1/2 tour).
Lexique Saison 3 Episode 5 VAPEURS
- SAINT-LAZARE, MONET & RENOIR À BOUGIVAL, CARTON (Vapeurs)
1/ LA GARE SAINT-LAZARE fonctionnait déjà à plein régime, enfumée par les locomotives à vapeur à la fin du XIXè. La ligne Saint-Lazare/Saint-Germain en Laye fut inaugurée en 1837 en présence de la famille royale et de la Reine Marie-Amélie. La ligne pour Saint-Cloud et Saint-Nom-la-Bretèche (qui nous concerne) a été inaugurée en 1884, desservant depuis Paris/St-Lazare, St-Cloud, Garches Marne-la-coquette, Vaucresson, La Celle-St-Cloud, Bougival, Louveciennes, Marly-le-Roi, L'Étang-la-Ville, St Nom-la-Bretèche.
Claude MONET a fréquenté cette ligne pour se rendre à Louveciennes ou à Bougival (en haut de la colline distante de la Seine, mais à proximité de la forêt de Louceciennes/Versailles) mais aussi celle du Tramway à vapeur de Paris (Place de l'Étoile !) à Saint-Germain (Château) qui longeait la Seine, donc en passant par Le Peck et Bougival en bas, bord de Seine.
Il a peint plusieurs toiles de chemins de fer arrivant en gare (à Bougival) et de la gare Saint-Lazare (ci-après)
N.B : À titre personnel, j'adore ces toiles et, jeune élève aux Beaux-Arts, j'avais copié celle du "Train dans la neige" (ci-dessous) de Monet. J'ai habité durant toute mon adolescence en haut de Bougival, à proximité de cette gare, allant aux Beaux-Arts de Versailles à mobylette et au Lycée de Saint-Cloud par ce même train en longeant à pied la rue Claude Monet, mais à son époque, il y avait encore de nombreux vergers en bordure de forêt...
2/ MONET & RENOIR À BOUGIVAL, CARTON. Ils se sont vus, mais plus tôt que dans mon poème (Vapeurs). Monet s'est installé à Bougival en 1869. Il a peint notamment l'établissement de bains/guinguette de La Grenouillère sur l'île de Croissy-sur-Seine en compagnie de Renoir (mon poème prochain : " La Grenouillère ").
Ci-dessous par Monet " Glaçons sur la Seine " puis " effets de neige sur la route de Louveciennes "
Un "carton" est un carton entoilé bien moins coûteux qu'une toile de Lin (elle-même plus chère, mais sans aucune mesure de qualité avec les cadres entoilés actuels en coton).
Lexique Saison 3 Episode 4 FESTIN
- " LE CAFÉ ANGLAIS" , PAUL-DURAND RUEL, " LE FESTIN DE BABETTE " (Festin)
1/ " LE CAFÉ ANGLAIS " situé à Paris au 13 boulevard des Italiens, était un restaurant fameux construit en 1802 et qui connut ses heures de gloire à la Belle Époque.
De nombreux artistes l'ont fréquenté dans la réalité : Stendhal (qui en disait " Trois soupers par semaine au Café Anglais et je suis au courant de ce qui se dit à Paris "), Alfred de Musset, Alexandre Dumas, Eugène Sue, etc. Dans la fiction également, ils furent nombreux à le mettre en scène : Honoré de Balzac (dans le Père Goriot), Flaubert, R. Quéneau, Karen Blixen, Marcel Proust, Guy de Maupassant, Émile Zola, etc. Des rois, princes, aristocrates, dirigeants, bourgeois de France et d'Europe en ont également fait l'une de leurs tables préférées, parmi les 22 salons et cabinets particuliers réservés. Ainsi, il servit le fameux dîner des trois empereurs réunissant le Tsar Alexandre II, le Tsarévitch, le roi de Prusse Guillaume 1er et Bismarck lors de l'Exposition universelle de Paris en 1867.
Disparu en 1913, il a été remplacé par un immeuble de style Art nouveau.
Je situe mon poème "Festin" dans son cadre en référence au " Festin de Babette " dont l'héroïne du roman de Karen Blixen (et du film) exerçait en 1871 comme Chef de cuisine mondialement réputée.
2/ PAUL-DURAND RUEL (qui, dans mon poème (Festin) invite Renoir et ses amis) était un célèbre collectionneur, marchand de tableaux ayant lancé et encouragé de très nombreux peintres impressionnistes dont Pierre-Auguste Renoir. Il organisa une très grande exposition, probablement la plus célèbre du siècle, à Londres en 1905. Il acquit un nombre considérable de toiles, soit environ 12 000 tableaux dont plus de 1 000 Monet, 1 500 Renoir, 400 Degas, 400 Sisley, 800 Pissaro, 200 Manet et 400Mary Casalt !
Peint par Renoir...
3/ LE FESTIN DE BABETTE tiré de la nouvelle de Karen BLIXEN, est un film Danois (1987) avec Stéphane AUDRAN jouant le rôle de Babette.
Je vous recommande ces liens qui en font un excellent résumé : Le festin de Babette 1 et Le festin de Babette recettes
J'ai pris le parti de composer le menu du souper du Nouvel an de 1890 dans mon poème (Festin) en reprenant intégralement le menu fabuleux du film dans lequel, les scènes de la préparation en cuisine et du repas valent largement le détour ! En voici le menu : menu 1 et les recettes principales : Le festin de Babette recettes et festin
Et en cadeau, ces deux vidéos :
Lexique Saison 3 Episode 3 BROUILLARDS
- INTOLÉRANCE, LE CHÂTEAU DES BROUILLARDS, FOLIE, FONTAINE DU BUT, BIBI LA PURÉE, (Brouillards)
1/ INTOLÉRANCE (vers 8 de Brouillards) permettant d'imaginer bien avant l'heure, le petit Pablo (Picasso) frappé d'indignation, meurtri et terriblement choqué par la scène de la bombe (poème précédent : La Bombe), comme il l'aura été bien plus tard lorsque l'aviation nazie bombardera et détruira la ville de Guernica durant la guerre d'Espagne (26/04/1937).
À la demande de la République Espagnole de réaliser une peinture murale pour leur pavillon lors de l'Exposition Universelle de Paris en 1937, Picasso en fit alors sa fameuse toile cubiste et monumentale " Guernica " (1937), choisissant de dénoncer le totalitarisme fasciste par toile interposée.
Durant la seconde guerre mondiale, rencontrant dans son atelier l'ambassadeur du 3ème Reich qui, regardant une photo de sa toile, lui avait dit en colère : " C'est vous qui avez fait ça ? ", Picasso lui avait alors rétorqué : " Non, c'est vous ! "
2/ LE CHÂTEAU DES BROUILLARDS, ET LA "FOLIE", LA FONTAINE DU BUT est une villa qui existe toujours formée d'un vaste bâtiment de deux étages situé à l'angle de l'allée des brouillards et de la place Dalida à Montmartre.
C'est en 1772 qu'un avocat au Parlement de Paris, Legrand-Ducamjean, achète à Montmartre qui n'était pas encore rattaché à Paris, 7000 m2 plantés de vigne et disposant d'un moulin, d'une ferme et d'abreuvoirs, plus la fameuse fontaine miraculeuse dans laquelle Saint-Denis y aurait lavé sa tête tranchée (Voir ci-avant : Le Maquis). Ce terrain très embrumé du fait de sources avoisinantes et de vapeurs d'eau a donné nom au site des brouillards.
Faisant raser la ferme, l'avocat fait alors construire une " folie " (demeure d'aristocrates ou de bourgeois aisés servant de villégiature en périphérie des villes).
Ce "château", ou plutôt ses communs annexes, abritèrent de nombreux artistes comme Théophile Steinlen, Kees Van Dongen, Amedeo Modigliani et Pierre-Auguste Renoir avec son modèle qu'il épousa en 1890 : Aline Charigot. Leur second fils Jean Renoir y naquit en 1894.
Enfin, je vous invite à lire ou relire le roman de Roland DORGELES " Le Château des brouillards " publié en 1932, dans lequel il conte avec le talent qu'on lui connaît, la Bohème qu'il fréquenta assidûment, notamment avec Apollinaire, Picasso, Modigliani, Mac Orlan, Carco ou Max Jacob, pour ne citer qu'eux... en évoquant bien entendu le fameux cabaret " Au lapin agile ".
Dans mon poème (Brouillards) Maureen (Aline Charigot, donc) pose pour Renoir, un peu plus tôt qu'en réalité mais en fiction romanesque...
3/ BIBI-LA-PURÉE (André-Joseph SALIS) était une figure légendaire de la Bohème de Montmartre qui fréquenta le Château des brouillards (ou le plus souvent la cuisine de Renoir, mendiant un bocal de cornichons et un litre de rouge) et les cabarets de la Butte et de Pigalle. Ce personnage pittoresque, ancien étudiant en Droit, provocateur, artiste, poète, indicateur de police, acteur, mendiant, magouilleur, ivrogne, dépravé, cireur de chaussures, voleur, et se prétendant le secrétaire et amant de Paul Verlaine, a fait l'objet de portraits par les artistes qu'il fréquentait, dont Jacques Villon, Steinlen et Picasso.
Lexique Saison 3 Episode 2 LA BOMBE
- RAVACHOL (ANARCHIE), LARIBOISIÈRE (La bombe)
1/ François Claudius Koënigstein dit RAVACHOL (1859/1892), surnommé le « Rocambole de l'anarchisme », a défrayé la chronique de l'époque par ses attentats, vols, crimes et assassinats perpétrés au nom de cet idéal relativement récent en France que fut l'anarchisme (Pierre Joseph PROUDHON s'était revendiqué le premier de l'anarchisme en 1840). Il convient cependant de noter que c'est l'affaire de Fourmies (fusillade tragique d'ouvriers grévistes par la troupe en 1891) et ses conséquences de brutalité policière qui accélérèrent son engagement anarchiste contre toute forme de pouvoir. Il utilisa des bombes faites de marmites emplies de mitraille, de clous et de cartouches de dynamite posées contre des représentants et détenteurs du pouvoir afin de le déstabiliser. Par la suite, d'autres anarchistes se rendirent tristement célèbres en France comme à l'étranger par des actes plus ou moins isolés : assassinats du Président de la République Sadi CARNOT à Lyon (1894), d'Élisabeth de Wittelsbach, dite SISSI, épouse de François-Joseph 1er de Habsbourg, d'Humberto 1er roi d'Italie en 1900, du Tsar Alexandre II en 1881, etc.
J'ai illustré dans mon poème, cette situation de terrorisme avant l'heure, afin de bien montrer la situation politique fragmentée de l'époque qui n'avait rien à envier à la nôtre, compte tenu de " l'idéal anti étatique et anti clérical " du mouvement anarchiste qui ne frappait d'ailleurs pas que des dirigeants et représentants du pouvoir, mais aussi la foule au hasard.
2/ Hôpital de LARIBOISIÈRE Cet hôpital entièrement repensé en 1846 et prenant la suite de l'hôpital du Nord (1839), Louis-Philippe (1841), de la République (1848), s'est appelé Lariboisière en 1854. Il se devait selon les voeux de la princesse Élisa de LARIBOISIÈRE (fille du Comte ROY ministre des finances à la Restauration et épouse du Comte de Lariboisière fils du Maréchal d'Empire) d'être le plus beau de Paris, grâce notamment à ses legs. Sa construction avait d'ailleurs été décidée pour combler le manque d'hôpitaux rive droite et suite à l'épidémie de choléra de 1832 ; cet hôpital s'inscrivant dans une volonté de " charité où la philanthropie, où la science et l'art soient développés avec tous les progrès du temps ".
Lexique Saison 3 Episode 1 LE PEINTRE
- FARDS, Pierre-AUGUSTE RENOIR (Le Peintre)
1/ FARDS : La mode de la fin du XIXè siècle voulait que les femmes aient le teint diaphane, presque transparent, de blancheur pâle avec des yeux soulignés de noir charbon ou de bleu foncé leur donnant ainsi un air fantomatique blafard. L'idéal de la beauté féminine consistait à avoir l'air mourant.
Le théâtre (des grands boulevards) a largement relayé cette vision de son temps parfaitement bien servie par les fards gras, puis secs créés par le comédien Joseph-Albert Ponsin, présentés dans de jolies boîtes rondes colorées. Plus tard, il lance la très célèbre poudre de riz de Java pour "éclaircir le teint et velouter la peau".
Comme c'était d'ailleurs le cas dans l'antiquité (Cléopâtre prenant des bains de lait d'ânesse pour s'éclaircir la peau), les femmes ne devaient en aucun cas avoir le teint rougeaud (synonyme de basse condition) et encore moins bronzé (indiquant un travail de paysans). Le rouge à lèvres en vogue en vogue aussi bien pour les femmes que pour les hommes aux 17è et 18è siècles, ne l'était plus vraiment, bien que Guerlain ait créé en 1880 el premier bâton de rouge à lèvres à base de cire à bougie " Ne m'oubliez pas ".
2/ Pierre-Auguste RENOIR (1841/1919) compte parmi nos plus illustres peintres impressionnistes.
Je ne vais pas ici vous conter sa biographie disponible partout (mais attention aux nombreuses erreurs sur Internet !) mais juste donner un ou deux éléments en rapport avec mes poèmes, donc selon le cas au fur et à mesure. Naturellement, dates et personnages de ma Romance de Laurine, ne correspondent que peu avec la vérité historique, mais s'en approchent du mieux possible.
À l'époque de ma romance (commencée en 1889), Renoir est un peintre connu qui a maintes fois exposé, notamment au " Salon " (qui alterne accords ou refus de ses oeuvres) puis avec les impressionnistes à plusieurs reprises (1874, 76, 77, 82), mais qui traverse régulièrement des périodes difficiles, de remous d'influence et bien entendu financiers.
Entré en 1862 dans l'atelier de Gleyre où il fréquenta Monet, sisley, Bazille, Pissaro et Cézanne, il se cherche en permanence. C'est un optimiste inconditionnel des portraits et des nus qui peint joyeusement et d'instinct sans craindre la monotonie répétitive et qui laisse libre court à sa liberté d'expression anti conformiste (comme l'on dirait aujourd'hui).
Il fréquente souvent Claude Monet, à Bougival (mon poème Brouillards) le rejoignant notamment sur l'île de la Grenouillère (mon poème La Grenouillère) où il s'adonne à la peinture de baigneuses nues sensuelles et voluptueuses en bord de Seine (période " nacrée "). Son chef d'oeuvre " Le moulin de la Galette " (mon poème "Noce"), figure parmi ses grandes oeuvres de référence.
Personnellement, j'aime beaucoup le portrait qu'il fit de Mademoiselle Irène Cahen d'Anvers peint en 1880 - en photo ci-dessous - (qui pourrait tout autant être celui de " ma Laurine toute jeune " mais non pas dans son gourbi misérable...). Voir l'histoire incroyable du devenir de cette toile : ICI
Il s'installe en 1876 dans une ancienne demeure entourée de jardins dominant le vignoble de Montmartre au 12, 14 rue Cortot, (devenant voisin de Jean, Laurine et Maureen dans mes poèmes). Cette résidence est désormais le Musée de Montmartre ayant d'ailleurs accueilli de nombreux artistes dont Émile Bernard, Raoul Dufy, Suzanne Valadon ou Maurice Utrillo.
Il résidera aussi au château des Brouillards en 1889 au pavillon 6 du 13 rue Girardon (mon poème "Brouillards").
Il épousera l'une de ses modèles, Aline Charigot (Maureen dans mes poèmes...), mère d'un de ses enfants, le fameux cinéaste Jean Renoir né au Château des brouillards.
Auguste RENOIR - Mademoiselle Irène Cahen d'Anvers
Auguste RENOIR - Le moulin de la galette