PAS À PAS
Ici, je publie mes créations picturales (dans un premier temps) au fur et à mesure de leur progression.
Ce n'est pas du direct, mais presque...
L'intérêt est de vous montrer, par ce partage au sens large du terme, l'évolution d'une réalisation, de son tout premier projet, à son aboutissement.
Les commentaires sont également fort appréciés car me servant de repères, ils jalonnent ce chemin vers l'inconnu...
Alors, bonne visite !
Flambée d'automne
Flambée d'automne
* * *
" LEs feuilles mortes - Yves Montand "
Nouvelle toile en cours de réalisation
Je renoue avec ce type d'article (voir " Les glaciers " - voir l'onglet "Pas à pas" à droite de la page d'accueil, sur le bandeau vertical) par lequel je livre la situation " en direct " d'une toile que je suis en train de peindre. Notez qu'il ne s'agit nullement d'un cours, seulement d'indications propres à l'itinéraire de cette création.
Présentement, j'ai commencé il y a deux jours, cette "flambée d'automne" déroulant les forêts de ce paysage montagneux sous ciel d'orage...
Je vous souhaite d'y prendre plaisir, mais vous remercie pour votre patience, donc votre indulgence - la toile n'étant pas achevée - avant que je ne vous en livre la peinture (à l'huile) terminée.
Mon atelier, toile de lin " 20 Figure (73 x 60 cm) "
J'avais une idée bien en tête : composer un paysage contrasté de montagnes imaginaires, mais correspondant aux massifs d'Auvergne, sous un ciel chargé, à la fois sombre et lumineux, laissant se dérouler au premier plan une "mer" de forêt d'arbres flambant leurs couleurs d'automne.
- 1 -
23/09/2019
Je trace au pinceau les contours du paysage (ocre)
24/09/2019
Puis, je brosse très largement ce ciel chargé. Je n'utilise que quelques mélanges à base de... à vous de deviner (ci-après, photo de ma palette). Je dilue ces couleurs avec un "mélange sec" de ma composition fait d'essence de térébenthine, de très peu d'huile de lin, d'huile essentielle de pétrole et d'un soupçon de siccatif de Courtrai.
- 3 -
24/09/2019
Je reprends ce ciel en "lissant" les coups de brosse (soies de porc), mais sans m'intéresser pour l'instant aus premiers plans. En revanche, j'indique la "ligne d'horizon" de mes montagnes.
Au départ, j'avais prévu de délayer un "jus" colorant de façon diluée les grands "à plat" des zones, puis, pris par mon rythme d'exécution doublé d'impatience à "mettre de la couleur", j'ai continué de brosser énergiquement la toile.
En revanche, j'ai chargé ma palette comme j'aime à le faire, d'une large gamme de couleurs. Oui, je sais bien qu'on peut aisément se contenter de quelques teintes primaires, basiques, mais je suis un peu comme un tisserand qui éprouve le besoin de contempler ses milliers de fils avant que d'en choisir seulement quelques-uns... On ne se refait pas !
J'emploie toujours (à ce stade de l'ébauche) des brosses assez larges (12, 14, 16) de soies de porc, donc assez dures que je divise en deux catégories (sur ma table) : claires et sombres.
- 4 -
25/09/2019
Je couvre toute la toile en plaçant les volumes des montagnes et des falaises, les forêts tout juste suggérées, mais livrées avec leurs couleurs d'automne et formant donc le relief de l'ensemble avec les prairies du premier plan.
À ce stade, la "peinture sèche", sèche ;-)
Il me faut attendre demain ou après demain pour reprendre dans sa quasi totalité la toile en m'appuyant sur ce "jus de luxe" afin de lui délivrer mes couleurs définitives, en deux ou trois passages alternés, de redessiner les reliefs faits d'ombres et de clartés, puis en prenant du recul, de privilégier les principales zones d'impact sur le regard.
Pour ce faire, j'opte pour un "mélange gras" à base d'huile de lin et d'oeillette, d'essence de térébenthine et d'un fond (très vieux) de médium Flamand. Ce qui me permettra de travailler au fur et à mesure sans que les pigments ne sèchent trop vite, voire de donner à certaines teintes sombres, une sorte de glacis.
Ah oui, j'ai "tapé" dans mes couleurs, mais je nettoie toujours mes "outils" en fin de séance. Il est bien loi le temps du folklore des Beaux-Arts où ma blouse (je n'en porte plus, ne me salis pas et ne met des gants jetables que pour nettoyer ainsi que du papier jetable et non plus des chiffons, sauf un, pour le côté vintage), où ma blouse donc tenait debout toute seule ! Je laisse mes pinceaux tremper (mais essuyés) dans du white spirit coupé de térébenthine (quand j'aurai terminé, je les laverai à l'eau et avec une pierre savonneuse spéciale).
À suivre, donc...
- 5 -
26/09/2019
J'ai repris mes pinceaux ce matin (seulement) en travaillant le ciel afin de mieux en cibler l'origine de la trouée lumineuse, tout en accentuant ja couleur sombre à gauche et peaufinant les nuances intermédiaires, lui donnant davantage de mouvement, mais avec des coups de brosse moins marqués.
J'ai également corrigé la perspective des lignes de crête, puis j'ai repris (en à plat pour l'instant), les teintes bleu/rosé des 3 montagnes de droite filant vers l'horizon. enfin, j'ai corrigé le volume de la montagne/falaise de droite.
à suivre si possible demain (27/09/2019)...
- 6 -
27/09/2019
La peinture ayant séché davantage que je ne le voulais, me voici contraint de reprendre plus largement le cours de ma peinture.
Ainsi, je m'attaque au côté droit, mais les résultats ne sont pas à la hauteur de mes attentes.
J'ai voulu alléger la ligne atmosphérique, mais du même coup, j'ai raté ses définitions de lignes et teintes...
J'ai voulu donner du corps à la 1ère montagne qui devance en haut à droite la ligne atmosphérique, mais son résultat de "falaise à plateaux" est décevant...
En revanche, je me contente de la transformation de la prairie d'alpages en pente douce du premier plan de droite, en un relief mieux étagé tombant sur une sorte de "route" dominant des gorges profondes. Et dans la foulée, je reprends les deux montagnes centrales plus leur plateau d'arbres rougeoyants en vue de donner le pendant "sur terre" à la trouée du ciel, et donc à l'ensemble des perspectives.
- 7 -
28/09/2019
Énervé par mon travail de la veille, je redonne de la cohérence à ma perspective atmosphérique ainsi qu'au premier plan de "sa montagne" de droite.
J'en profite pour "bleuir" légèrement la 3ème montagne (à droite en partant de la gauche) afin d'annoncer la perspective atmosphérique.
Puis, j'adosse mieux "la route", tout en "gommant" les murets ratés de sa colline de droite. Et par la même occasion, je travaille à son tour la montagne de gauche en lui dessinant des falaises dans les mêmes tons que ceux de la route. J'en profite pour affiner les crètes et leurs nuages respectifs en accentuant les ombres sombres et touches de clarté du ciel comme des montagnes à contre-jour.
Ma palette à ce stade :
N.B : dans le 3ème godet, j'ai ajouté du médium Vénitien pour donner davantage de lustrant aux couleurs.
- 8 -
30/09/2019
Je peaufine à nouveau, mais sans grand enthousiasme, la perpective atmosphérique, mais parviens à mieux cerner la forme (imaginée) de "sa" première montagne de droite ouvrant sur un défilé, après les gorges du 1er plan.
J'améliore le premier plan de droite en donnant un meilleur relief à sa pente, bien que sa perspective me pose problème... à corriger, donc plus tard !
Du coup, je reprends tout le premier plan de gauche en fixant les couleurs des forêts quand flambe l'automne en novembre. Et je termine correctement les lignes de fuite descendantes des colinnes à forêts rousses de gauche, vers les gorges.
Et je consolide la montagne de gauche en soulignant les différents volumes roux.
- 9 -
2/10/2019
Je m'en tiens au premier plan de droite ainsi qu'à des touches rectificatives de ci de là, pour une courte séance, du fait de la peinture encore trop grasse (pas suffisamment sèche pour peindre sans trop se diluer).
- 10 -
3/10/2019
J'affine tout ce qui peut l'être, aussi bien en ajustant les formes par une accentuation des ombres, qu'en donnant plus d'éclat aux couleurs.
Mais cette profusion de rouges (ocre jaune, jaune de naples, jaune cadmium, terre de sienne, violet de mars et rouge vermillon) me gêne un peu : à reprendre...
- 11 -
5/10/2019
Ce matin
J'ai pour ainsi dire terminé... Attention, comme l'on dit " Le mieux est l'ennemi du bien "
Je reprends assez largement formes et tons des forêts, avec une "tranchée" verte de résineux (suggérés bien entendu, davantage que dessinés...).
Je reprends pour la éniemme fois la ligne atmosphérique, qui maintenant, me convient... se "noyant" mieux dans la percée blanche.
N.B : Ici, on perçoit mal la réalité des couleurs, compte tenu du temps pluvieux qui rend très difficile de bonnes conditions photographiques, mais quand j'aurai achevé ma toile, je la photographierai correctement (en reflex 24/36 sur pied avec 2 lampes couleur jour à parapluies indirects)
En fait, je laisse "flamboyer" mes couleurs - c'est l'idée même de ma toile en hommage à l'automne - mais en réajustant l'harmonie des ocres, jaunes et rouges orangés rompus par les verts tendre et violets.
J'ai redomné un tant soit peu de "peps" à l'ensemble, notamment en ajustant l'optique des reliefs traversés par des tranchées ou des trouées.
ou (photo en différence de lumière)
Demain, si tout va bien, je donnerai peut-être encore un ou deux coups de pinceaux, puis je signerai.
Je la mettrai en ligne (mieux photographiée).
Plus tard, dans trois mois environ, je vernirai la toile.
Mais peut-être qu'avant, j'irai m'y promener...
Ma palette à ce stade :
Très belle fin de journée
Pierre
- 12 -
7/10/2019
Dernier galop d'essai avant d'achever cette promenade entre deux averses...
J'ai recomposé le premier plan de droite en changeant la base des tons, davantage ocrés pour mieux s'intégrer dans l'harmonie rousse et orange fauve de gauche. Ainsi, j'ai assombri son pan de colline, là encore, pour mieux préfigurer la perspective des gorges ; lesquelles ont également fait l'objet d'une reprise plus verticale au fond, se fondant entre le bleu et le parme indigo, surplombé par la 3ème montagne de droite un peu plus estompée.
Puis, j'ai repris l'avancée de ma 1ère montagne de gauche en insérant à son pied, des cailloux et rochers figurés dans les mêmes coloris que le plan de droite de la toile : question d'équilibre du nuancier. J'ai rendu un peu plus flou tout le plan de cette première montagne afin que celui de la colinne de droite, nettement plus net, accroche le regard en direction des gorges.
C'est tout le sens de la composition que de vous inviter à plonger dans des gorges que l'on ne voit pas, tout en suivant leur parcours suggéré par les perspectives de la trouée du ciel, des crètes montagneuses, et des gorges elles-mêmes prolongées par la perspective de l'horizon atmosphérique des montagnes bleues du lointain. J'ai vraiment voulu "faire tourner" ces reliefs en jouant sur les volumes !
Enfin, j'ai redonné quelques touches de peinture vive et contrastée en jouant sur l'intensité des couleurs, les valeurs, les contrastes, les couleurs chaudes qui s'opposent aux pigments froids du ciel, les dégradés d'ombres portées et la distinction entre les volumes nets ou flous.
Puis, comme j'aime à le faire souvent, j'ai employé un médium de ma composition à partir de médium Vénitien, de médium Flamand (en tube) et d'huile d'oeillette, passé assez largement sur les zones sèches de la toile (les autres y aurons droit dans deux à trois jours), dans le but de donner une sorte de presque glacis sublimant les couleurs comme la transparence de ces additions de teintes posées jour après jour avec un liant de plus en plus gras.
Puis... j'ai signé la toile, mais son "vernissage" n'interviendra que dans 5 à 6 mois, compte tenu des médiums.
Un dernier point : le GROS problème des photos, tellement difficiles à prendre tant elles s'écartent presque toujours de la réalité.
Celle-ci est relativement fidèle à l'unité de tons de la toile, mais montre le phénomène classique des distorsions dues au grand angle de 32mm (que j'ai corrigé en post traitement avec le recadrage obligatoire de la toile), et ne restitue pas l'intégralité des nuances du ciel du fait des reflets d'éclairage. Les couleurs sont un peu trop "colorées", mais à peine (je ne les ai pas retouchées, ayant réglé la balance des blancs sur un gris neutre).
J'avais pourtant employé un réflex 24x36, avec optique zoom de 32mm, 200 ASA, ouverture à 5-6, pose de 1/6, profil de couleur en sRGB pour une image de 6,1 Mo et placé bien évidemment mon appareil sur pied, face au chevalet parfaitement horizontal, avec l'appui de deux oranges (spots lumière du jour) parapluie indirectes à 45°...
Merci de m'avoir suivi tout au long de ce pas à pas !
Bises
Pierre
Les glaciers
LES GLACIERS
(Nouvelle toile, en cours de réalisation)
photo 8 de la toile terminée ; voir ci-après § 8
Suivre le déroulement chronologique décrit ci-dessous
Galerie
Suite au conseil avisé d'Aquarella, j'ai ajouté cette Galerie photos qui vous permettra plus facilement de comparer les étapes de ma toile (non encore terminée).
Vous pouvez cliquer sur la flèche qui lance le diaporama ou au choix avancer photo après photo, en avant comme en arrière, et même grâce à l'onglet en croix, en grand écran !
Les photos sont numérotées avec un rapide commentaire et renvoient à mes descriptions mises en ligne dans cet article, au bas duquel vous trouverez tous vos commentaires et mes réponses.
1 - Esquisse
Je sens bien ce paysage au ciel de feu brûlant la neige, tout droit sorti de mon imaginaire...
Ce qui me tente, c'est de composer un paysage à partir d'un croisement de lignes de perspectives croisées.
à suivre donc !
2 - Ciel mis en peinture
Dur, dur, la reprise (après quelques mois d'interruption)...
Bon, jamais je ne fais ça : dévoiler mon travail en cours d'exécution.
Mais pour vous, je vais faire une exception.
Alors voici la 1ère suite de l'esquisse, avec mon sentiment :
Je me suis attaché au ciel (pas fini), sans pour l'instant, reprendre de couleurs dans le reste de la toile (je connais ma palette), histoire de mieux me pénétrer de ce ciel d'orage.
Il va m'aider à dévoiler les contours de ce paysage que j'imagine vu depuis un promontoire assez haut.
Peut-être y mettrai-je une rivière au coeur de la vallée, histoire de rappeler les zébrures du ciel ?
J'hésite encore sur le style à adopter : largement brossé ou plus fin ?
A suivre...
3 - Reprise de reliefs avec création d'une colline boisée
Difficile de configurer plus précisément ce paysage, mais je pense y être...
Après 3 essais de mise en peinture, je reprends le dessin en optant pour cette rivière qui semble s'écouler en bordure de rivages recouverts de neige.
A suivre...
4 - suite de la mise en peinture des plans de droite
Bon, ce matin, ça n'a pas trop mal marché.
Je continue cette "publication" grâce à vos commentaires enthousiastes.
A suivre...
5 - Changement de thème avec l'introduction d'un premier glacier (à gauche)
Ça commence à prendre forme ! (Mais ne pas trop se fier à la colorimétrie générale car photographié en lumière artificielle "chaude". La toile est plus froide).
Cette fois, j'ai placé mes couleurs partout mais il me reste encore à les affiner, notamment en travaillant mieux les ombres (et lumières) et en reprenant peut-être certains tons.
En fait, je suis parti vers un lac gelé laissant passer la rivière dans son lit d'origine, en débouché de gorges mais à l'aplomb d'un glacier (à gauche).
J'ai une idée de nom pour la toile : Glacier ? ou Glaciers ?
J'ai juste un problème avec mes premiers plans froids (neige et glace) contre le second plan plus chaud, alors qu'en principe, c'est l'inverse. Mais l'imagination est parfois dissidente...
En même temps, le rouge et le vert sont des couleurs complémentaires.
Mais peut-être me faudra-t-il "bleuir" un peu plus mon glacier tout en lui donnant des reflets dorés ?? Ne serait-ce que pour mieux le distinguer de ma colline boisée de conifères (à droite), ou l'inverse
(moins de vert et plus d'ocre sur celle ci ?)
Étant sur un ciel teinté des lueurs du coucher, je vais peut-être allonger mes ombres sur la neige avec des reflets orangés coupés de bleu, mais il me faut attendre que la peinture sèche (brossée épaisse). Et puis, je donnerai davantage de "peps" au ciel.
Pas si simple, vous ne trouvez pas ?
À+ pour la suite
6 - " Les Glaciers " Transformation de la rivière en fjord et création d'un 2ème glacier (droite)
Et bien voilà, j'ai pour ainsi dire terminé.
Encore quelques retouches de contraste et netteté, voire de volumes peaufinés, demain ou après-demain, dès que la peinture aura assez séché (mais surtout pas trop).
Finalement...
Je suis parti tout en haut, au Nord, près des glaciers qui débouchent sur des fjords, au pays des Trolls qui vivent toujours près des cascades que j'ai suggérées...
Et mon imagination (entière ; aucune photo) a fait le reste.
Je suis content d'avoir dépassé mon problème technique de teintes qui s'opposaient.
Voici quelques explications :
Avec ces deux glaciers bleus (gauche et droit) séparés par un bras de fjord gelé, charriant d'énormes blocs de glace ; le tout convergeant vers un ancien glacier (au centre et au fond) qui suggère des cascades, mais donc aux teintes ocrées, tandis qu'un quatrième glacier (plus loin, à gauche), déverse ses cascades en liant les bleus et l'ocre, j'ai résolu mon problème de couleurs. D'autant que j'ai supprimé, pour la transformer, ma colline de résineux (à droite).
De fait, dans la neige de premier plan en bas, je rappelle le jaune orangé du ciel mais sans pour autant rompre l'harmonie blanc/bleutée de ma "banquise".
J'ai mis ici 2 photos : l'une prise avec la lumière de mon atelier (très, trop chaude), l'autre à travers la fenêtre en lumière du jour (trop froide car il ne faisait plus vraiment jour)
=> la vérité est entre les deux. Mais je vais m'équiper (parapluies, oranges spots) pour prendre des photos plus fidèles.
La toile n'est pas terminée : j'ai plusieurs idées rapprochées de vos remarques, donc à suivre demain
A très bientôt avec la toile terminée (en espérant que le réchauffement de la planète ne la fera pas fondre ;-)
7 - " Les Glaciers " Reprise des crêtes, de détails, du glacier (droite) et de la couleur du double fjords (foncée)
Bon, la séance me convient assez ; ce qui n'est pas si mal.
Ce qui est extraordinaire, c'est que quand je nettoie mes pinceaux et que je jette un dernier coup d'oeil à ma toile, je me dis que c'est quasiment terminé. Mais devant mon ordinateur, rédigeant ces commentaires, j'entrevois aussitôt ce qu'il me faut encore faire pour corriger ceci, pour rectifier cela, etc.
Enfin, il me faudra bien (comme à chaque fois) ARRÊTER en choisissant l'instant de ma signature (je ne retouche jamais une toile après) et en me disant que "le mieux est l'ennemi du bien".
Qu'ai je fait aujourd'hui ?
Suivant les conseils d'Aquarella, j'ai repris toute ma ligne de crêtes (mais bien plus visible que sur la photo) en lui donnant les teintes violacées qui lui faisaient défaut. Françoise avait bien raison : la toile gagne en profondeur.
J'ai totalement repris les teintes du fjord, en le redevenant (au fond) légèrement, et surtout en l'assombrissant au fond afin de lui donner (sans jeu de mots) de la profondeur et donc du mouvement. De plus, l'opposition des teintes renforce son aspect mystérieux, voire inquiétant.
J'ai également refait le glacier de droite afin qu'il tranche moins avec celui de gauche, et tant que j'y étais, j'ai annexé quelques pans de montagne à droite !
J'ai retravaillé mes deux "banquises" ainsi que quelques reflets d'eau, brumes de cascades...
Bon, c'est pas tout ça, j'ai un petit creux mais je crois qu'il me reste du fjord au frigo ;-)
A suivre...
P.S : Suivant également les conseils de Françoise (pas la même), j'ai créé une catégorie appelée "PAS À PAS" dans laquelle on trouve une sous rubrique "Peinture en cours de réalisation", puis le présent article. Car si cet exercice vous plaît, j'en referai d'autres. Enfin, on verra...
8 - " Les Glaciers " Toile terminée
(format : 15P soit : 15 Paysage = 65 x 50 cm)
Eh bien voilà, j'ai terminé, du moins ai-je décidé que c'était fini.
J'ai rectifié la ligne d'horizon et repris les crêtes en accentuant les teintes violacées, tout en affinant les nuances opposées du ciel afin de mieux détacher les crêtes.
J'ai repris également la montagne de face et plus légèrement ses soeurs jumelles, en lui donnant un côté romantique avec ses cascades dont on devine l'origine en plaque de neige.
J'ai peaufiné les ombres et les lumières des reliefs, notamment les "projections" jaune/orangé du ciel en autant de rappels de ce "croissant de ciel".
J'ai élargi le fjord de droite en réduisant d'autant la montagne de droite qui... ressemblait à une tortue ! Du même coup, j'ai assombri reliefs et bras de fjord afin de donner davantage de profondeur.
J'ai donné plus de relief au glacier de droite.
J'ai rectifié la tonalité générale des fjords (plus verte, moins bleue) afin de favoriser les reflets en accord avec la glace, donner de la profondeur au fond mais surtout, mieux s'accorder avec mes tons violacés et orangés.
J'ai largement rectifié ma suite de "banquises", notamment au fond, que l'on devine à peine, afin de donner plus de profondeur.
J'ai signé...
Mais il me faudra encore lui redonner une légère couche de médium flamand pour accentuer brillance et transparence de certains tons, puis dans quelques mois, définitivement sèche, de la vernir.
Puis, il me restera à placer une photo de cette toile dans mes galeries habituelles de photos de toiles (huile) MAIS après avoir nettement amélioré mon système de prise de vues ! Donc, en lumière jour, sans reflets, sans trapèze, etc.
Merci infiniment de m'avoir suivi dans ce "pas à pas".
Palette volcanique
Palette volcanique...
...ou comment en suis-je arrivé
à jouer (cliquer sur la musique)
cette
Anse du volcan perdu
J'avais trouvé une photo sur le Net qui me parlait assez (chut, elle n'est pas à moi).
J'aimais bien cette vue plongeante sur une baie maritime mouillée de la houle et du ressac.
J'appréciais ces colonies de nuages en partance vers d'autres cieux.
J'étais attiré par ces teintes successives de l'eau qui vient se diluer sur la grève, mais je n'appréciais pas trop l'absence de composition des terres trempées d'algues indéfinissables.
Voici la photo :
Je croquais donc rapidement cette scène * en plaçant les masses de formes modifiées en rapport avec le format " assez carré " de ma toile (en fait, un 15 Figure, soit 65 x 54 cm) contre le "16/9" de la photo.
* au pinceau avec un mélange d'ocre jaune et de terre de Sienne, très dilué dans un médium sec (essence de térébenthine, peu d'huile de lin et du siccatif de Courtrai)
Et j'éclaboussais de teintes couvrantes, le blanc de ma toile de lin blanc en autant de teintes posées d'abord les unes contre les autres, puis ajustées assez vite.
Mais déjà, m'apparaissait comme une évidence de transformer la falaise centrale en une sorte de montagne usée, de volcan probablement ? Et de rayer de la carte cette maison saugrenue.
J'aimais bien le velours bleu/vert de la mer aux accents de turquoise provoquant les bleus de Prusse, de céruléum et d'outremer qui venaient lécher les ocres bruns, terre d'ombre brûlée, ocre rouge et jaune de Naples du rivage.
Et j'avais laissé mon pinceau danser avec les nuages... folâtrant avec le duvet de l'écume en contrebas.
Après deux heures de natation privée, j'étais assez content.
J'avais chaud, mais le souffle du large avait vite séché mes inquiétudes.
Puis...
Je délaisse ma toile !
Succombant au chant des naïades fêtant l'été sous les chaleurs estivales, j'oublie le vague à l'âme de mes vagues picturales pour mieux me plonger dans le (vrai) grand bleu !
Je l'oublie, je l'abandonne...
Mais elle, non !
Et durant tout ce temps, les vapeurs volcaniques chauffées à blanc grondent de rage...
Elles sèchent tant et tant ma toile qu'il devient impossible de poursuivre le travail engagé, si ce n'est en la reprenant entièrement.
Furieux, je la laisse tomber.
Seulement, le volcan n'avait pas dit son dernier mot.
L'hiver durant, à chaque fois que j'allumais un feu, les flammes et les fumeroles de ma cheminée semblaient chanter : " le volcan ! le volcan ! le volcan ! le volcan ! "
Je me disais : c'est l'hiver, un temps à ne pas mettre un basalte volcanique dehors. Encore moins une anémone de mer !
On verra plus tard...
Et je l'oublie, je la perds et...
Je la trompe !
Je laisse mon inspiration suivre le tracé des comètes.
Reprenant mes pinceaux au coeur des froidures, je commets en effet, un acte impardonnable pour la chaîne des volcans de ce bas monde :
Je peins des glaciers !
Cliquer vers ce lien => Les glaciers
Dans le magma infâme de mes sentiments disparates, je noie le peu de passion qu'il me restait pour le souffle des volcans, en leur préférant la brise glacée des fjords glacés.
E la nave va...
cliquer sur cette musique après avoir arrêté la précédente, of course :
Bientôt, le temps du muguet tintinnabule. Les prairies se couvrent de boutons multicolores joyeux. Les frondaisons d'émeraude se jouent des traits de lumière en les détournant de leur chemin.
Et la chaleur revient.
Avec elle, les piaillements d'oiseaux aperçus à la verticale des futaies semblent me crier : " le volcan ! le volcan ! le volcan ! le volcan ! "
Frénétique, je plonge sous le monceau de poussières volcaniques accumulées durant l'hiver dans mon atelier, et je la retrouve !
Elle était là, protégée des fureurs du temps par une épaisse couche de cendres parisiennes : ma toile.
Mais elle était desséchée, froide, rugueuse et mate, avec un arrière-goût de soufre s'échappant des clés de tension du châssis.
Je reprends ma palette et pour me faire pardonner, lui offre les pigments des mers du Sud.
Je la baigne, je la mouille, je détrempe ma toile afin de lui rendre la souplesse de son lin originel.
Cela passe par une reprise totale du travail à grand renfort de couches successives, d'abord relativement sèches pour ne pas trop la brusquer et surtout, pour éviter le craquèlement.
En peinture à l'huile, il est impératif de "peindre gras sur sec". C'est-à-dire que les 1ères couches ou sous-couches se doivent d'être constituées d'un liant (ou médium) sec, comme indiqué ci-devant. Puis, on graisse (huile de lin ou d'oeillette et très peu d'essence) progressivement le mélange. Sinon, dans le cas contraire, une sous-couche grasse ferait éclater la couche sèche "déjà sèche". Quant au vernis, jamais avant 6 mois (d'où l'expression "vernissage" afin de présenter en les vernissant devant son public des toiles bien sèches).
Mais en reprenant la toile, de fait, j'en modifie formes et nuances.
Rappel de l'origine :
J'ai discipliné le ciel en lui donnant les mêles tons que la mer donc avec des nuances vertes.
Je lui ai ajouté des franges dorées afin de réchauffer des nuages semblant masquer le soleil à la verticale des points de fuite de la perspective générale.
J'ai assombri deux masses nuageuses en surplomb de la mer lointaine.
Mais j'ai surtout rompu avec les couches d'eau mourant sur la grève en trois larges vagues successives, et j'ai "habillé" la côte de roches et de sable formant déjà une anse.
Puis j'affine ce qui devient maintenant un volcan, reconnaissable à sa forme et ses lignes de coulées de lave verticales.
Je précise la teinte de l'onde et structure les vagues
MAIS...
J'ai un problème !
Je ne suis pas satisfait de la perspective des vagues. Leur parallélisme me gêne, pourtant hérité de la photo d'origine.
Alors, je réfléchis, mais ne trouve pas.
Le volcan se serait-il vengé ?
Probablement ! Il a soufflé des silicates désagréables dans la chambre magmatique qui me sert d'atelier...
J'escalade les pentes abruptes du volcan en livrant un combat frénétique contre l'adversité, et je structure davantage les crêtes des vagues, j'en change la couleur, je donne davantage de mouvement en jouant sur les flous d'arrière-plan, je travaille les falaises du premier plan en leur donnant la teinte du basalte aux reflets d'obsidienne, mais rien n'y fait.
De guerre lasse, je laisse tomber.
Cet immense à plat de vagues me dérange.
Je me saisis d'un couteau à peindre et des braises de fureur animent mon regard...
Il fait chaud, très chaud !
Et soudain, le déclic !
En parcourant d'autres photos sur Internet, je comprends...
La courbure ! La COURBURE d'une anse, de l'anse, est la solution.
D'ailleurs, l'ANSE, voilà un titre valable, mais pas seul :
" L'anse du volcan éteint "...
" l'anse du volcan lointain "...
" L'anse du volcan perdu "
Eurêka ! Reste à peindre...
Je n'ai plus qu'à rectifier les lignes de crête de mes déferlantes en les courbant suivant la logique de l'anse, donc parallèlement à la rive, mais toujours en perspective face au volcan.
Et dans la foulée, je donne des teintes paille aux plateaux des falaises du premier plan.
C'est mieux, non ?
Je suis fâché avec les falaises de droite.
Je les trouve "fadasses". C'est peut-être Maître Volcan qui a remplacé la soie de mes pinceaux par des scories de pierre ponce !
Alors, Pierre, reponce-moi ça !!
Je m'exécute en ouvrant ces falaises pour laisser la mer s'engouffrer davantage. Du coup, la falaise de droite, en troisième position, gagne en force et en caractère, quand la toute première s'assouplit pour lui en laisser la vedette. Dans un premier temps, j'avais dessiné un angle oblique unique pour cette falaise puis je l'ai brisé afin de laisser cet éperon seul, coiffé de son chapeau de paille...
Reste encore à fignoler : donner du contraste, placer ça et là quelques traits de blanc de zinc ou de blanc de titane tout juste marqués de jaune de cadmium ; une ou deux touches de laque de garance ou de carmin ; et de renforcer les ombres portées des nuages sur la houle.
J'oubliais : j'ai apporté plusieurs couches de glacis (technique héritée des Maîtres Flamands), pour donner à l'eau une relative transparence d'azur et d'outremer/turquoise.
Puis, je vérifie chaque élément du "puzzle"...
Et, n'en déplaise au roi des forges, après une ultime bravade, s'abandonnant sous un panache de médium brillant,
je signe mon forfait !
Puisse l'anse du volcan perdu
vous inspirer
et
si d'aventure
vos pas vous conduisent
vers un volcan baignant ses racines
dans des coulées de lave figée par l'érosion
alors, ayez une pensée pour ma toile et sa nuée ardente
Nouvelle rubrique : PAS A PAS
PAS A PAS ?
C'est une nouvelle catégorie qui regroupera toutes mes créations en cours de réalisation.
Une sorte de "direct" si vous voulez, à travers lequel je vous exposerai, donc au fur et à mesure, l'avancée de mon travail. Cela concerne mes toiles mais pas seulement, pourquoi pas des poèmes ? À voir.
Dans l'immédiat, en repérant ce nouvel onglet "PAS A PAS" dans le bandeau à droite de ma page d'accueil, puis la sous catégorie " Peinture en cours de réalisation ", vous trouverez la toile que j'ai choisie de réaliser presque devant vous et de vous commenter à chaque fois que je repose mes pinceaux, entre deux séances.
Pour ce premier rendez-vous, cliquez sur ce lien : PAS À PAS puis comme indiqué, sur les autres liens.
A très bientôt, donc !