La palette de Pierre

La palette de Pierre

SAISON 6 "Valentine"


Guernica

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"Guernica" par Pablo Picasso - 1937 -

 

 

"La force du destin" Ouverture - Giuseppe Verdi

 

 

 

 

 

 

 

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Guernica

 

 

 

 

Plombant le Champ-de-Mars la Tour lesta ses fers

Apercevant Laurine en secousses de larmes

Quand les canons à eau mouillèrent les enfers

Qu’augurent les bourreaux des peuples qui s’alarment.

 

 

Ah que de souvenirs en ce Trocadéro

Blessent au cœur Laurine en songeant à l’époque

Que l’on jurait bénie, portée par des hérauts

Annonçant le progrès du Siècle qu’elle invoque !

 

 

Mais entre la fureur de l’aigle revanchard

Et le dieu moissonnant les Soviets en kolkhozes

L’assourdissant Neptune écume sur son char,

Défigurant l’Espagne en bombes qui l’arrosent.

 

 

Pablo1 leur a dépeint l’œuvre de ces condors2

Piquant des cieux cruels en aveuglant la ville,

Pétrifiant la douleur de l’enfant qu’on adore

En un fracas sanglant décimant les civils.

 

 

Prostré devant sa toile étrangère aux couleurs,

José serre Laurine étreignant son supplice

En lui contant la fin de Manuel en douleur

Et le sort de Nathan de ténèbres complices.

 

 

Brisée, Laurine entend le tumulte des jets

S’égouttant dans la mort que vient refléter l’onde,

Puis redressant la tête elle surprend un geai

Nichant au cimetière, à Passy loin du Monde.

 

 

 Tous deux s’en sont allés, confiant leur « Cœur-de-pain »,

S’éloignant de Paris, léguant à Valentine

Leur amour de la Butte et la joie des copains,

S’embarquant pour Dublin en songeant à Maureen.

 

 

La Lande leur sourit dans l’Irlande des lacs

En retraite du bruit qui s’éloigne et se courbe

Aux côtes d’émeraude en chardons qui se laquent

Par le Connemara que réchauffe la tourbe.

 

 

Mais le Mont Saint-Patrick aux murets escarpés

Ravive en souvenir Irena que fuguèrent

Les époux assommés par l’exil écharpé,

Condamnés aux regrets quand s’amorça la guerre…

 

 

 

1 Pablo Picasso

2 La Légion Condor (nazie) qui a bombardé Guernica

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Mars 2020

 

 

 

Ainsi se termine la... ma Romance de Laurine.

Elle n'ira plus partager vos écrans ni combler vos heures de confinement, mais

 

lorsqu'à nouveau vos pas vous transporteront sur ceux de sa génération qui se blottirent auprès d'elle tout contre la Butte et battirent sa légende, là-haut, là-bas, bien avant notre propre destin, alors, peut-être aurez-vous une pensée émue pour...

 

Laurine

 

Quant à moi, j'ai eu un vif plaisir à vous faire partager les aventures de mon héroïne traversant la Belle époque et les Années folles au rythme de vos lectures assidues, chaleureuses et si souvent complices.

 

Je conserverai comme un trésor intime vos innombrables commentaires.

Alors, merci du fond du coeur.

 

Pierre, ce 14 avril 2020

 

 

 

 

 

FIN

 

 

 


14/04/2020
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L'espoir

 

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Photo prise par Gerda Taro

 

 

 

Concerto de Aranjuez - Adagio -

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’espoir

 

 

 

 

 

L’émotion se répand en étreignant l’espoir

De combattre la haine en lâchant des colombes,

Mais ce fut Alberto1 sculptant le désespoir

Qui façonna l’Horus réincarnant la tombe.

 

 

Laurine et ses amis s’en sont venus nombreux

Témoigner leur estime à l’aimée photographe,

La vaillante Gerda2 brisée d’un sort affreux

Au soleil espagnol que ses clichés dégrafent.

 

 

L’icône polonaise avait fui les nazis

S’exilant à Paris, écumant Montparnasse,

Captant Robert Capa3 de focale choisie,

Dotée d’un Léica4 n’obturant les menaces.

 

 

L’héroïne pionnière armée de liberté

Mitraillait les combats endeuillant les mantilles

Et fixait l’infini d’une noble fierté

En révélant les crimes des sombres Bastilles.

 

 

Au son de l’harmonie, mais sans se départir

Du linceul esseulé des villes qu’on bombarde

À Guadalajara, Guernica la martyre,

La foule se soutient tant le Monde s’embarde.

 

 

Elle est venue clamer au Mur des Fédérés

Son refus des bourreaux aux croisades brutales

Pressentant que le sort des peuples sidérés

Déborderait l’Espagne en la peur qui s’installe.

 

 

Lors, Pablo Neruda chantant la floraison

Des peuples dénonçant les ignobles vermines,

Pleure avec Aragon déclamant l’oraison

 De l’ombre de Capa que la mort élimine.

 

 

Laurine étreint José, s’imaginant Manuel

Et Nathan recouverts de la terre jalouse,

Ne sachant que penser du partage d’écuelle

Entre les Brigadistes5 et les Andalouses.

 

 

Au Salon6 Valentine a rencontré Malraux

Qui noircissait d’espoir la jeune République,

Lui donnant pour levain du pain fait de héros

Partageant l’idéal d’une Europe sans cliques.

 

 

 

 

1 Alberto Giacometti, sculpteur & peintre renommé

2 Gerda Taro, photographe morte le 25/07/1937 à Brunete en couvrant les combats de la Guerre Civile.

 

3 Robert Capa, photographe correspondant de guerre et compagnon de Gerda Taro.

4 Appareil photo allemand.

5 Brigades internationales, 6 Le Salon « Cœur-de-pain » de Laurine

 

 

Pierre Barjonet

Mars 2020

 

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05/04/2020
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Volailles

 

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Affiche de propagande

de la Guerre d'Espagne

 

 

 

 

Chant de la Guerre d'Espagne

"El paso del Ebro" ou "Ay, Carmela"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Volailles

 

 

 

 

 

 

La chaleur des pavés donne aux lampions du bal

La troublante impression d’ombres qui se déplacent

Recouvrant à midi les mets que l’on déballe

Et passant en revue les tréteaux de la place.

 

 

Ce soir on dansera, cédant au palpitant1

De ces « congés payés »2  la liesse populaire

Au Tertre de la Butte, à ce point crépitant

Des volailles rôties, qu’on dirait insulaire.

 

 

Valentine et Laurine en plumant les poulets

S’épongent du soleil et se poussent du coude

Quand l’œil du rémouleur se prend à roucouler,

Meulant son compliment aux belles qui le boudent.

 

 

Elles rient de bon cœur, repoussant les tourments

D’un Monde qui s’enflamme à l’astre des ténèbres

Des Ligues et Partis de dictateurs gourmands

Découpant l’univers en galette funèbre.

 

 

En cette fin juillet, l’illusion du Grand Soir

S’en vient mouiller de larmes le sable des grèves

Des arènes d’Espagne à la Prusse en sautoir

Et du cuir sibérien des bottes loin des rêves.

 

 

Regardant Irena jouant avec le duvet

Tapissant la chaussée, leur sourire se fige ;

Un présage mauvais réchauffant l’étuvée

De la guerre en ragoût, brusquement les afflige.

 

 

On a su que Manuel avait rejoint Madrid

En moissonnant « 36 » et ses villes taurines,

Alors que Paris chante en cette année torride

« La marquise3 » insouciante, exaspérant Laurine.

 

 

José s’écarte seul, pleurant sur l’Aragon,

Et sur les tirailleurs que l’on réquisitionne

Contre Mère-Patrie, transformant en dragons

Ses poilus de quatorze en tueurs que l’on missionne.   

 

 

La fête bat son plein brocardant rondement

L’ouvrier des faubourgs tatoué de certitudes,

Le bourgeois parisien boursier sans rendement,

D’une époque sombrant sous d’autres latitudes.

 

 

 

 

1 Le « palpitant » ou le cœur ;

2 salariés bénéficiant des tout nouveaux congés payés de 1936 ;

3 chanson de 1935 « Tout va très bien, madame la marquise »

 

Pierre Barjonet

Mars 2020

 

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28/03/2020
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Peluches

 

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Chansons d'enfants : La girafe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Peluches

 

 

 

 

 

 

 

La petite frétille en prenant son élan

Pour entraîner sitôt ses parents qui lambinent

Alors qu’ici les cris des lions et des élans

Percent les ouistitis en vrillant leur bobine.

 

 

Ah, qu’il est chou, maman, ce gentil petit ours !

Oh, qu’il est beau, papa, ce drôle d’oiseau rose !

Et ces grosses tortues qui vont faire la course

 Pour être les premières que le garde arrose !

 

 

Comme des lianes tendres s’étirant en grimpant

Ses menottes enserrent le pain des girafes

Pioché dans son panier tout de jaune pimpant

Que Mamine a tressé de rubans et d’agrafes.

 

 

Mais soudain la clochette d’un gentil Guignol

Affole les gendarmes nichés aux tilleuls

 Et tire du sommeil le chant du rossignol

Déclenchant les bravos des enfants et filleuls.

 

 

Irena ne sait plus ce qu’il faut regarder,

Le kiosque et ses chevaux, le jaguar ou les zèbres,

Sa glace qui se rend au soleil sans tarder,

Les tâches sur sa robe ou les pandas célèbres ?

 

 

À l’ombre du Rocher dominant tout le Parc,

Mamine lui sourit quand maman la sermonne,

Redresse son chapeau, ses nattes qu’on remarque,

Et l’invite à rincer ses mains qu’elle savonne.

 

 

Un perroquet savant qui se penche coquet,

Vers l’enfant qui le singe en grimaces friponnes

Lui fait don d’une plume à donner le hoquet

Quand imitant Mamine, à son nez se pomponne.

 

 

Puis elle a vu le loup au détour d’un chemin,

Ne souffrant nulle peur de ses vilains yeux jaunes,

Blottie contre José, serrant trop fort sa main,

Mais piaillant de fierté en désertant la faune.

 

 

Le soir en s’endormant, elle rêve du zoo

En caressant nounours, lui soufflant à l’oreille

Qu’elle l’aime encore plus depuis que son museau

Lui a fait un bisou qui s’envole en sommeil.

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Février 2020

 

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23/03/2020
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Mamine

 

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"La victoire est à nous" Musique militaire d'Empire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mamine

 

 

 

 

Valentine s’amuse au goûter d’Irena

Léchant le chocolat recouvrant ses mimines

Puis mouillant un bisou de sucre qu’égrena

Son élan malicieux vers le cou de Mamine.

 

 

Laurine est sa Mamine aux parfums épatants

De croissants briochés, de bonbons et sucettes,

De délicieux trésors tentant le cœur battant

Du regard d’Irena débordant ses fossettes.

 

 

Valentine repart en chantant son bonheur,

Sculpté dans ce décor d’amour et belle ouvrage

En l’habile projet de petits ramoneurs

Escaladant le marbre en statue de courage.

 

 

Iréna se fait fort d’éblouir les garçons

Du haut de ses quatre ans qu’elle clame, enfin presque,

Distribuant à l’envi de ces petits oursons

Décollés du chaudron si profond, gigantesque !

 

 

Elle donne la main, dévorant son faubourg,

Dédaignant sa poussette en se hissant bien fière

Au-devant de Mamine, avec son beau tambour

Offert à la « Maison d’aigles » qui nidifièrent.

 

 

C’est là que le monsieur joue aux petits soldats,

Oui c’est vrai, commandant, que Mamine l’appelle,

Mais sa maison fait peur avec son blanc dada,

Et l’épée, les chapeaux d’Em-pe-reur qu’elle épelle.

 

 

Puis elle dit bonjour aux passants de la rue,

Et merci tout sourire aux marchandes charmées

D’offrir un sucre d’orge à la jolie recrue

Arborant son tambour en parade d’armée.

 

 

Au marché du parvis, elle goûte au raisin

Qu’elle crache aussitôt préférant les myrtilles

D’une tarte à Mamine au goûter des voisins,

Et surtout les tartines du miel qui scintille.

 

 

Reposant son panier et ses grappes de fruits,

Mamine hypnotisée servant sa limonade,

Se berce d’Irena qui frétille du bruit

Des bulles qui pétillent à la cantonade.

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Février 2020

 

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12/03/2020
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Irena

 

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Brahms "Berceuse" (piano)

 

 

 

 

 

 

 

 

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Irena

 

 

 

 

Au bord de l’asphyxie, Valentine a souri

Tentant d’apercevoir le cœur de sa tendresse

Qui vient de s’éveiller à l’aurore nourrie

D’un amour plein d’espoir de parents en détresse.

 

 

On leur avait prédit que leur bébé secret

Conçu sans sacrements en vogue libérale

Serait accompagné de défauts peu discrets

Tourmentant sa famille en crainte viscérale.

 

 

Du reste l’aventure au Caucase glacé

N’avait-elle déjà fragilisé sa mère

Emportant en son sein les miasmes déglacés

Du chaudron de l’Orient et de sa trace amère ?

 

 

Mais Irena surgit en aspirant la vie,

Palpitant de bonheur au Monde qu’elle goûte,

Espiègle d’un sourire à talocher d’envie

Les commères privées d’un plaisir qui dégoûte.

 

 

Plongeant dans son regard bleuté d’un jour nouveau

Laurine s’enamoure en chantant des berceuses,

Caressant le berceau sculpté de blancs chevaux

Que Nicolas coupla d’un tulle de danseuses.

 

 

Pourtant la ville tremble en vile collusion

De bourse américaine aux profits sans méfiance

Sombrant dans la folie se berçant d’illusions

D’enfanter des profits volés sur la confiance.

 

 

En automne à Montmartre, Irena voit le jour,

En octobre à Wall Street, le Monde se suicide,

Et la misère infâme affame à contre-jour

Les nantis de la veille aux banques fratricides.

 

 

Laurine préservée des croisades sans Krak*

N’a jamais escompté sur le gain de miracles

Et son argent doré ne sombre dans le krach**

Mais multiplie les pains atténuant la débâcle.

 

 

Elle a voilé de rose l’odieux « jeudi noir »

Aidant des sans-abri et chômeurs en déprime

De soupe populaire offerte au promenoir

Du prieuré voisin par les dons qu’elle exprime.

 

 

 

 

* Le Krak des chevaliers, 

** le krach boursier de 1929

 

 

Pierre Barjonet

Février 2020

 

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09/03/2020
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Maharadjah

 

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"Orient Express" Dixie E. Morricone

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Rappel, n'oubliez-pas de visiter les rubriques :  "LEXIQUE" (qui donne des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques) : Lexique Saison 6 Episode 12 Maharadjah  

 

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Maharadjah

 

 

 

 

 

Valentine grelotte en fixant le cristal

Des nymphes trop lascives que voile le givre

Paralysant la voie de ce train qui s’installe

Dans l’attente frileuse en voitures sans vivres.

 

 

Le palace sur rails a cessé de souffler

Ses entrailles de feu, prisonnier des congères,

Vaincu par le blizzard, honteux du camouflet

Qui l’endort en Orient dans la soie mensongère.

 

 

Laurine et Valentine en retour d’Istanbul,

Invitées de Lalique en veine de naïades

Que la Belle a sculptées en décors que chamboule

Le verglas sur les rails, redoutent leur noyade.

 

 

Les parois lambrissées de ronce d’acajou

Du restaurant réduit à des portions congrues

Se parent du reflet des visages sans joues

Maquillés de pâleur et jurons incongrus.

 

 

Une princesse russe a troqué ses diamants

Contre des œufs voisins de rustres du Caucase,

Et le Maharadjah s’est enquis bruyamment

D’acquérir à prix d’or des fourrures d’occase.

 

 

Pour couvrir son harem étourdi de frissons,

Il a déshabillé les étoles sur place

Offrant de réchauffer l’attente à l’unisson

De rubis et loukoums faisant fondre la glace.

 

 

S’équipant pour la chasse, ils ont traqué les loups,

Broyant leur hurlement jusqu’à Constantinople

En laquant de leur sang la brume encore floue

Du linceul affamé d’un festin andrinople*.

 

 

Il a fallu six jours pour redorer le temps

Après que des servants venant à la rescousse

Du convoi s’étirant comme un arc qui se tend,

Ciblent enfin l’écho du luxe des secousses.

 

 

Laurine a protégé Valentine du froid

La sentant submergée de langueur de princesse,

La couvrant d’un vison, détournant son effroi

Quand elle a deviné son état de grossesse.

 

 

 

 

 

 

 

* De couleur rouge

 

Pierre Barjonet

Janvier 2020

 

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12/02/2020
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Clarée

 

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" Crépuscule Alpin "

Huile sur toile 20P Janvier 2020 Pierre Barjonet

Lien vers l'original : ICI

 

 

 

 

" Bella Ciao " par Yves Montand

N.B : Cette chanson remise à la mode par une série TV récente...

 

est en fait un chant patriotique italien de partisans engagés contre les allemands durant la seconde guerre mondiale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Je dédie ce poème à Émilie Carles, en hommage à l'institutrice courageuse éprise de paix, de tolérance et de fierté pour les traditions paysannes. 

 

 

 

 

 

 

Clarée

 

 

 

 

Valentine est songeuse en revoyant Nathan

Fuyant pour le Queyras, ivre de ses montagnes,

S’accrochant à Manuel, s’agrippant, se hâtant,

Ployant sous le fardeau d’un Monde sans castagne.

 

 

C’est qu’ils l’ont cogité leur circuit transalpin

Rejoignant au Piémont des copains libertaires,

Portant livres reliés par l’espoir cisalpin

De vivre enfin sans Dieux ni maîtres sur la terre.

 

 

Laurine est affolée, José fort dépité.

À force de trinquer en furieux camarades

Ces deux-là finiraient par faire crépiter

La poudre du destin qui s’enflamme et parade.

 

 

Mais la neige a bloqué les cols de Briançon,

Et les voici longeant la Clarée vers Nevache,

Délaissant La-Monta, puis taisant leurs chansons

A l’approche d’un bourg, Val-des-Près et ses vaches.

 

 

Le pinceau de la nuit surgissant des sommets

Déteint dans la vallée givrant d’ombre les hommes,

Mais la cloche d’école est la lueur qui promet

Aux passants sans logis du pain puis de la tomme.

 

 

Émilie les a vus courbés, échevelés,

Interrompant sa classe en grattant la fenêtre,

Puis les a précédés au chemin nivelé

Jusqu’à son corps de ferme en l’étable au bien-être.

 

 

 Ils se sont réchauffés de ce don d’amitié,

De la simplicité d’une soupe frugale

Et se sont étonnés que leurs inimitiés

S’accordent contre ceux d’un régime inégal.

 

 

Mademoiselle a dit sa vallée, son ardeur,

Le regain du labeur épuisé par la guerre,

Son enfance assombrie de mort et de laideur,

Puis a conté Paris et ses âmes vulgaires.

 

 

Alors ils sont restés s’essayant à trimer

En partageant sa foi pour l’école laïque,

Barricadant l’espoir d’univers non brimé

En tapissant leur vie d’azur en mosaïque.

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Janvier 2020

 

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03/02/2020
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Jeux

 

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Musique du film "Les Chariots de feu" Vangelis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Compte tenu de la double programmation des Jeux Olympiques de 1924 en France, ce poème porte à dix ses strophes contre neuf habituellement

 

 

 

 

 

 

Jeux

 

 

 

 

 « Petits gredins, fripons ! » tance-t-elle aux enfants.

Laurine a bien failli briser leur trajectoire

Croisant rue Foyatier ces garnements piaffants

Avant que d’enfourcher leur luge de victoire…

 

 

La neige a verglacé la Butte aux escaliers

Leur donnant l’illusion d’être aux Jeux Olympiques

En cette année vingt-quatre ouvrant comme un palier

Les premiers Jeux d’Hiver déteignant rue Lepic.

 

 

Le tremplin de leurs jeux vient réveiller les cris

Des passants affolés par ces poulbots des neiges,

Multipliant les sauts des candidats inscrits

À risquer leur honneur en ce furieux manège.

 

 

La craie des tableaux noirs a pointé Chamonix

Accompagnant les yeux d’écoliers qui n’écartent

Les Alpes de Nathan, Maître en cérémonie

Racontant son Mont-Blanc, le soir sur sa pancarte.

 

 

Puis glissant au printemps vers les Jeux de Paris

Les petits de Montmartre, embobinant Colombes,

S’amusent aux gradins de l’audacieux pari

Visant à resquiller avant qu’il soit six plombes.

 

 

Incroyables moments couvrant leurs rêves fous

D’aller « plus vite » encore au « plus haut », toujours svelte,

Imitant leur héros, ce nageur dans le coup,

Que l’on dirait singeant les dauphins des baies Celtes.  

 

 

Et la piste cendrée rougit encore au feu

D’Abrahams et Liddell couvrant leur foi fidèle

 De leur ferveur d’athlète au « plus fort » de ces Jeux,

Accomplissant l’exploit de courir en modèle.

 

 

Laurine a pressenti les besoins d’un levain

S’enthousiasmant du sport en vagues populaires.

José lui a construit en compagnon devin

Un chalet réservé presque protocolaire.

 

 

À « l’Olympic-City » repoussant les forains,

Laurine et Valentine emballent des galettes

Et des gâteaux glacés ou des biscuits lorrains,

Des berlingots lustrés et des pains en palette.

 

 

En ce soir de juillet, Coubertin le Baron,

L’admirable inventeur des Jeux du sport moderne,

Enflamme le public croquant des macarons

Aux couleurs des anneaux d’une gloire non terne.

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Janvier 2020

 

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27/01/2020
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Violon

 

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"April in Paris" Black Jazz

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Violon

 

 

 

 

 

L’archet de Valentine aime les vibrations

Portant l’écho mongol des crinières des steppes

Crissant au vent cinglant ses élucubrations

Couvrant le récital des bourdons et des guêpes.

 

 

Rejoignant les soirées d’un cabaret de jazz,

Elle arme son violon bravant les clarinettes,

Trombones et saxos s’accordant tant qu’on jase

Sur son amie « Kiki », la reine des minettes.

 

 

« La sculpture est un art qui se joue de concert

Avec celui des corps déhanchant la biguine »,  

Souligne Valentine aux danseurs qu’annoncèrent

Trompettes et clameurs en fanfare sanguine !

 

 

Soudain la piste laisse à kiki les tiroirs

Des nuits de Montparnasse en livrée de bravades

Terrassant en œillades le tain des miroirs,

 De l’anse coloniale aux allures de rade.

 

 

S’ouvrant d’un paravent bruissant d’inclinaison

Pour ces fleurs de pavot, de liqueur ou d’absinthe,

L’actrice sort du bois, goûtant aux fenaisons

Des herbes élancées parfumées de jacinthes.

 

 

La Reine du « Bal nègre » envoûte son public

Enivré du parfum des photos à scandale

Déshabillant sans pause et pudeur bien obliques

Sa cambrure qui pose en nudité vandale.

 

 

Man Ray l’a transformée, celle qui but d’instinct

La vie d’un grand amour dans le carmin bohème

Des lèvres du plaisir faisant fi du destin ;

Surréaliste enfant, s’offrant comme un poème !

 

 

Libre était sa raison de chanter ou poser

En turban, toute nue, de compter sur son ouïe

Sondant la folle époque où son dos transposé

Se berça d’un violon fendu de noires ouïes.

 

 

Valentine n’a d’yeux que pour le chevalet

De son violon raccord à la photo céleste

Révélée par le bain d’un peintre sans valet

Plongeant dans l’harmonie des courbures bien lestes.

 

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Décembre 2019

 

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21/01/2020
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