Les brèches
Chanson de Georgel en 1919 " Aux halles "
N.B. veiller à ne pas écouter la chanson simultanément à la lecture du poème
pour ne pas en altérer la perception..
Rappel, n'oubliez-pas de visiter la rubrique LEXIQUE
donnant des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques :
Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 8, Les brèches
ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE
Les brèches
C’est une Toison d’or qui recouvre Paris
Croquant l’automne en feu, consumant ses cartouches
De feuilles orangées, de tickets de paris,
Et de spéculations bruissant de bouche en bouche.
La ville a deux amours qui creusent leur destin :
L’ancien Plateau Beaubourg dépouillé des toitures,
Les Halles sans étals vidées de leurs festins,
Par les rues qu’on fracasse exilant leurs voitures.
C’est le temps des chantiers et des excavateurs
Qui heurtent le passé de la Belle Endormie,
L’invitant à goûter les parfums novateurs
Des escaliers rubis et poutrelles vernies.
La culture a fendu les linteaux de Baltard1,
Débitant en tronçons les bistrots des pochardes,
Forts des Halles soupant comme malfrats bâtards,
Troquets estampillés d’opinion cabocharde2.
Les brèches se glissant dans l’antre du Marais
Percent pour Irena l’avenir de la ville,
Et fascinent Florence en balade à l’arrêt
Face à l’adversité de la foule servile.2
Même le nom des voies renonce à ce Plateau
Qualifié d’insalubre avec la rue Brantôme3,
Et pourtant c’était bien de goûter aux gâteaux
De la rue Brisemiche4 aux blancs biscuits fantômes...
Épluchant des marrons qu’on vient de lui griller,
Florence ajuste un châle en songeant que l’automne
Réchauffe son plaisir sans se faire prier
De ses tricots gaufrés, mais jamais monotones.
Une larme pourtant vient rider les faveurs
Du « Temps perdu » d’hier car c’est l’anniversaire4
« En fleur » des « Jeunes filles » soufflant la saveur
De leurs bougies fanées sous des cieux adversaires.
Mais la brèche du temps comptant la dimension
De leurs années bonheur aux rires d’étudiantes
Collectant des succès colorés de mentions5,
Fleurit leur avenir de traverse irradiante.
1 Les dix « Pavillons Baltard » du nom de leur architecte Victor BALTARD (1805/1874) furent construits aux halles de Paris de 1852 à 1870 (Époque d’Antonin !) et démolis en 1971/1972 sauf le n°8 (remonté à Nogent-sur-Marne en 1976).
2 Le public réagit vivement à la démolition des Halles de Paris et nourrit une forte polémique autour de la construction du Centre Beaubourg jugé hideux ou génial...
3 Les rues de Brantôme et de Brisemiche ont été rasées avec leur îlot Saint-Martin, donnant naissance au Quartier de l’horloge lors de la construction du Centre Beaubourg/Pompidou.
4 - N.D.L.R. Nous sommes dans mon poème en octobre 1974 et l’on fête l’anniversaire d’Irena (45 ans le 24 octobre) et de son amie Florence (30 ans depuis la fin de l’été).
5 - N.D.L.R. Irena et Florence, que nous avons rencontrées comme étudiantes salariées au C.U.E.V. de Vincennes (voir ICI le lien vers mon 1er poème : VINCENNES), ont depuis obtenu avec mentions TB leurs Licences et Maîtrises de Sociologie de l’Art, avec un mémoire commun relatif à la passion contemplative pour l’Art de Marcel Proust.
Pierre Barjonet
Décembre 2020
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