La palette de Pierre

La palette de Pierre

Saison 5 Vertiges


Duel

Duel

 

 

 

 

Musique du film " Gladiator " 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Duel

 

 

 

 

 

Ils se sont avancés dans les douves sans eau,

Lavant de sang l’honneur de l’impudente offense

Dont le sort1 a tranché mieux que les tribunaux

Ce qu’il faudrait sabrer d’insultes sans défense !

 

 

Aveuglé par sa morgue à l’écume de fiel,

Le marquis2 se hâta de déverser sa haine

En chargeant Austerlitz, et jurant par le ciel,

Qu’il le ferait saigner3 en le blessant sans peine !

 

 

Les témoins du marquis se tassaient à l’écart,

Craignant que ceux de Louis ne transmettent la lèpre4,    

 Mais ils furent coincés quand l’assaut du briscard

Bouscula l’agresseur avant l’heure des vêpres5.

 

 

Les gens de ce falot avaient ruiné l’espoir

Que l’abbaye conserve un obstacle de voile

Sur le refuge d’Anne, et se mirent à croire

Qu’en forçant son abri, luirait leur bonne étoile.

 

 

Par un matin d’hiver précédant le sonneur

De l’asile paisible et pourtant si solide,

La troupe du marquis piétina son honneur

En violant le rempart des moines bien valides.

 

 

Ils étaient convaincus de briser, ces gredins,

La cavale effrontée d’Anne et de ses compères6

Quand ils ont accosté l’abbé dans le jardin,

Brusquant et molestant le vieux et noble père.

 

 

Mais ces nigauds pensaient que les moines fuiraient

Affolés et tremblants face à leur abordage,

Et qu’il se trouverait des nonnes qui cuiraient

En se pâmant d’effroi devant leur brigandage.

 

 

Lors, Austerlitz surgit, chassant ces malfaiteurs,

Crachant d’indignation, déculottant un lâche,

Poursuivant quatre couards comme un digne bretteur7,

Enfin, les pourfendant, de lutte sans relâche.

 

 

Le duel reprend ses droits quand Austerlitz se fend

D’un éclair de son sabre au marquis qui transpire,

Et le laissant saigner3, geindre comme un enfant,

En appelle à l’Empereur, à la gloire d’Empire...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Si les duels étaient interdits de longue date d’ailleurs (déjà, sous Henri IV), ils n’en comprenaient pas moins des règles strictes que devaient respecter des hommes d’honneur. Ainsi, le choix des armes (épée, sabre ou pistolet) appartenait à l’offensé, mais dans le cas d’impossibilité à reconnaître l’offensé, on tirait au sort celui qui choisirait l’heure, le lieu et les armes du duel. Ici dans mon poème, Austerlitz considère qu’il est l’offensé des spadassins du marquis qui sont entrés par effraction dans l’abbaye de Timadeuc où Anne avait trouvé refuge, en molestant l’Abbé, tandis que le marquis estime que c’est lui qui, à travers ses gens, a dû subir les assauts d’Austerlitz (Louis).

 

2 Il s’agit bien évidemment de l’infâme marquis de Tuyère, de pure fiction, apparu dans ma saga avec le poème «  contrainte ».

 

3 Le duel s’entendait « à mort » ou « au premier sang » (simple blessure), ce qui fut choisi ici.

 

4 Voir mon poème « Fracas ».

 

5 L’office religieux des vêpres, annoncé par la cloche, se tenait en fin d’après-midi ou en début de soirée (18, 19h).

 

6 Anne est accompagnée d’Antonin et de Jean. Mais Louis dit Austerlitz et même Sœur Elen (la sœur aînée d’Anne) ainsi que les parents de Jean qui demeurent à Napoléonville (toujours dans mon poème) sont considérés comme suspects aux yeux du marquis de Tuyère...

 

7 Un bretteur était celui qui aimait se battre à l’épée ou au sabre, comme ici, Louis.

 

 

 

Pierre Barjonet

Avril 2022

 

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20/09/2022
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L'adieu

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Lacrimosa du Requiem en D minor (K 626) de W.A. MOZART

 

 

 

 

 

 

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L’adieu

 

 

 

 

Le glas résonne fort au tympan1 du portail,

Torsadant les piliers de la nef qui se voûte,

Et l’orgue enfle l’écho du si frêle éventail

Tant pleure la Nation de douleur qui l’envoûte.

 

 

Décembre lui a pris son prince, son mari,

Son si bel étendard d’une flamme royale,

Le gardien de son cœur victime en barbarie

D’un funeste destin, d’une mort déloyale.

 

 

Le Prince Albert n’est plus2, et figeant le pays

De l’Empire au couchant, se blottit la souffrance

Des peuples orphelins, cloîtrant les abbayes,

Les chœurs en cathédrale, et nos amis de France.

 

 

Victoria sous le deuil en marbre de Windsor

Se répète le cri du désespoir d’Électre,

Ânonne des Ave, succombe sous le sort,

Vend ses larmes au diable en rachetant son spectre.

 

 

Des cités de partout couvent les mêmes voix,

Muettes du désespoir dont frémit l’Angleterre,

Comme à Canterbury3 que le chagrin convoie

Dans les travées mêlées d’un frisson qui se terre.

 

 

Les bosquets du domaine étirent leur adieu

Et les saules se plient sous la neige qui tombe,

Formant comme un chevet aux souvenirs odieux

Des moments si présents du bonheur qui se plombe.

 

 

Ils avaient honoré Green House4 en novembre :

La reine et ses enfants, le prince et puis la meute,

Piquenique en sautoir, la chasse qui se cambre

À la fougue de Sharp5 provoquant une émeute...

 

 

Albert avait sifflé devant l’élévation

De l’atelier de verre aux flèches audacieuses

Semblant offrir aux cieux l’ultime innovation

Du cristal et métal6 en fusion capricieuse.

 

 

Mais aujourd’hui le vent fait suinter les murets

Que le givre a cirés dans le froid de l’épreuve,

Et grincer les portails comme s’ils murmuraient

L’offrande de la nuit à ce gel qui l’abreuve.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Plusieurs mots du poème font référence au vocabulaire de l’architecture gothique des cathédrales et des constructions religieuses comme : tympan, portail, torsades, piliers, nef, voûte, orgue, éventail, chœur, travées, chevet, flèches

 

2 Le Prince consort du Royaume-Uni, Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819/1861) fut l’époux de la reine Victoria avec qui ils eurent neuf enfants. Décédé soudainement à 42 ans de la fièvre typhoïde le 14 décembre 1861 au château de Windsor, Victoria qui l’adorait ne s’en remit jamais.

 

3 Les obsèques du Prince Albert se déroulèrent dans la chapelle Saint-Georges du château de Windsor le 23 décembre 1861 dans une relative intimité sans pompe officielle. Mais dans tout le royaume, les cloches des églises d’Angleterre comme celles des chapelles catholiques de Londres lui rendirent hommage à la même heure en conviant les fidèles à la célébration d’un service funéraire. C’est dans cet esprit que dans mon poème « L’adieu », nos « amis français » de ma saga se rendirent à la cathédrale de Canterbury, proche de la Baronnie d’Antonin (Green House) sise à Fordwich dans le Kent.

 

4 Green House est le domaine offert en Baronnie à Antonin par la reine Victoria (voir mes précédents poèmes).

 

5 Pour rappel, Sharp est le chien de race collie offert par Victoria à Anne dans mon poème précédent « Baronnie ».

 

6 Je fais ici allusion au fameux « Crystal Palace » conçu par le prince Albert pour la toute première exposition universelle « Great Exhibition » se tenant à Londres en 1851 (Hyde-Park), et qui fit à l’époque couler beaucoup d’encre par son architecture audacieuse faite de poutrelles de fonte et de verre.

N.B. Voir mon petit lexique correspondant dans « Verrière » (publié ultérieurement dans la saison 6).

 

  

Pierre Barjonet

Avril 2022

 

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30/07/2022
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Baronnie

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Music Country " Big river " par Johnny Cash 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exceptionnellement, il n'y a pas d'article correspondant

à ce poème dans le Lexique, car inutile,

sachant que les notes et illustrations

de bas de page de ce poème sont assez complètes.

 

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Baronnie

 

 

 

 

Dressé sur le pontage1 humant l’air matinal,

Le grand collie veillant sur sa fière maîtresse

Embarque le sillage à l’affût animal

D’un flair pistant sur l’eau les oiseaux en détresse.

 

 

Le présent de la reine offrant son noble chien

À la Maître-verrière, en œillade complice,

Combla d’Anne le goût d’aimer au quotidien

Son nouveau compagnon, Sharp2 aux tours de malice.

 

 

Ils sillonnent ensemble les bosquets du parc,

Naviguent sur la Stour3, pataugent dans la boue

Les rives détrempées du fleuve des monarques,

Et foulent à l’envi la futaie de bambous.

 

 

La Baronnie4 domine un océan de verts,

Aux rives anisées d’absinthe ou de chartreuse,

Aux parfums mentholés de trèfles bien ouverts

Et goûteux verts amande ou pomme d’amoureuse...

 

 

Le Jardin d’Angleterre5 en bienheureux Comté,

Donne au Kent la douceur des fleurs et la verdure

Éprises de Fordwich6 qu’on aime à décompter

Dans ce vallon de paix, teint d’amour qui perdure.

 

 

Antonin s’est enquis d’apprivoiser l’endroit,

« Green House4 » aux buissons préservés des poussières.

Aérant le décor au luxe maladroit,

Il ouvre les volets de cet antre glaciaire...

 

 

Jean s’est mis en devoir d’arpenter le pays,

Précédé par Décret de royale tutelle7.

Son accent de Frenchie fait qu’on lui obéit

Non sans rire narquois pour son verbe pastel.

 

 

Il cherche des maçons, menuisiers et couvreurs,

Artisans du bonheur à l’atelier de verre

Que d’un élan joyeux dans leur folle ferveur

Tous trois veulent bâtir en devançant l’hiver.

 

 

La terrasse résonne aux aboiements curieux

De Sharp qui se faufile entre chaque attelage,

Bousculant les livreurs malgré leur air furieux,

Et flairant le fatras de leur grand déballage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Il s’agit de l’avant d’une barque en forme de banc.

 

2 J’ai nommé dans ma romance Sharp, le royal collie offert par Victoria à Anne, en hommage au véritablement nom d’un collie réellement possédé par la reine Victoria.

 

3 La Stour est un fleuve côtier anglais traversant le Comté du Kent, prenant sa source près d’Aschford, passant par Canterbury et se jetant dans la mer du Nord, au sud-est de l’Angleterre.

 

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4 « Green House » est le domaine offert en Baronnie de pairie (noblesse de Grande-Bretagne héréditaire siégeant à la Chambre des Lords) à Antonin par la reine Victoria (dans ma saga, of course !).

 

5 On appelle « Jardin d’Angleterre » le Comté du Kent, pour être un véritable joyau du Sud-Est connu pour ses jardins fleuris et verdoyants, ses châteaux aux parcs vallonnés et ses côtes aux falaises spectaculaires.

 

Capture d’écran 2022-03-31 à 11

 

 

6 Fordwich est une charmante petite commune anglaise de 300 âmes où je situe dans mon poème la Baronnie d’Antonin « Green House ». Elle se tient dans le Kent, en bordure de la Stour, au Nord-Est de Canterbury.

 

Capture d’écran 2022-03-31 à 11

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7 N’oublions pas que la Reine Victoria vient de faire d’Antonin un Lord, Baron de Scutari possédant Green House (voir mon poème « Collie »).

 

 

Pierre Barjonet

Mars 2022

 

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06/07/2022
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Collie

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" Chirpy Chirpy cheep cheep " by " Middle of the road "

Nostalgie des seventies...

 

 

 

 

 

 

 

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Collie

 

 

 

 

Au chenil de la Reine1, Anne marqua le pas,

Souriant au grand collie débordant d’élégance,

Semblant lui rappeler comme elle rattrapa

Sa posture bancale en pleine révérence.

 

 

C’était hier à Windsor face au grand escalier,

Quand Victoria surgit, précédée de sa meute

De bassets, de terriers et d’un King Cavalier2,

Mais surtout d’un collie semblant mener l’émeute.

 

 

Victoria divertie par ce charmant ballet

De son chien bousculant d’Anne le self-control

S’était précipitée devançant ses valets,

En grondant l’animal aux jappements si drôles.

 

 

Aujourd’hui l’émotion des fastes de la cour,

Des honneurs fascinants doublés de gratitude

Pour Antonin, pour Jean, Florence et leur parcours

S’estompe en visitant le parc en solitude.

 

 

Elle les a reçus dans son Ordre Royal3,

Les a congratulés en mentionnant la France,

Puis Antonin figé sous l’étreinte loyale

Reçut l’adoubement pour sa persévérance.

 

 

Baron de Scutari4, le voilà Lord anglais,

Disposant dans le Kent d’une terre ancestrale,

De prairies et bosquets, de talus étranglés

Par les voûtes dorées de futaies magistrales.

 

 

En retour il offrit son bestiaire en cristal,

À la Reine flattée puis à Florence ensuite,

Laissant luire les feux rappelant l’hôpital

Quand l’aube s’éveillait dans sa course-poursuite.

 

 

Victoria se saisit de la rose des vents

De ce vase admirable au vernis de licorne,

Et caressant le lion5, songeant aux survivants,

D’un signe elle ordonna que l’on danse sans borne.

 

 

Ce matin la Tamise encercle le château

Sous son voile d’automne en robe chatoyante,

Et le chenil flairant l’invitée du plateau

S’incline apprivoisé d’Anne la flamboyante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Il s’agit de la Reine Victoria, dont j’ai maintes fois parlé, bien sûr...

 

2 On dit normalement « Cavalier King Charles » pour cet adorable petit chien de la famille des épagneuls, tenant son nom du roi Charles II d’Angleterre (XVIIe).

 

3 « L’Ordre Royal de Victoria » figurant parmi les titres honorifiques britanniques, fut en fait créé par la Reine Victoria plus tard que dans mon poème, en 1896.  

 

4 La pairie de Grande-Bretagne qui correspond aux pairs siégeant à la chambre des Lords, comprend la noblesse britannique (du rang le plus élevé au plus bas : Duc, Marquis, Comte, Vicomte et Baron). Les barons (Très honorable) ne jouissent pas nécessairement du rattachement d’un fief (Barony ou Baronnie en France).

 

5 Le lion est l’un des quatre animaux sculptés par Antonin pour son bestiaire en forme de vase de cristal surmonté donc d’une rose des vents faite d’un lion (anglais), d’un aigle (français), d’un ours (russe) et d’une colombe de paix...

 

 

 

Pierre Barjonet

Février 2022

 

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26/06/2022
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Retrouvailles

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Vitrail représentant Florence Nightingale 

au " Florence Nightingale Museum of London "

 

Voir : ICI

 

 

 

Frédéric Chopin - Mazurkas opus 68 n°2 in A minor

 

 

 

 

 

 

 

Exceptionnellement, il n'y a pas d'article correspondant

à ce poème dans le Lexique, car inutile,

sachant que les notes de bas de page de ce poème sont assez complètes.

 

Mais vous pouvez vous reporter au  petit lexique

relatif à l'infirmière Florence Nightingale,

déjà publié, à partir de mon poème " Victoria "

 

ici : 

Lexique Antonin, Saison 3, Episode 3, Victoria

 

 

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Retrouvailles

 

 

 

 

 

Les brumes de l’automne ont le suif des moutons

Dont la laine se graisse entre deux éclaircies,

Chauffant le ciel anglais piégé par des boutons

De trèfle ou de chardons se piquant d’inertie.

 

 

La pluie n’a pas cessé quand paraît l’hôpital

Dont Saint-Thomas1 soutient l’école de Florence2,

Et les lits qu’elle offrit, couchant le capital

Du collège fameux, combattant l’ignorance.

 

 

Surgissant dans le soir comme aux lueurs de l’Orient,

C’est en tablier blanc qu’elle embrasse Antonin,

Qu’elle enlace son Jean, puis sanglote en souriant,

Ravivant la Crimée, la guerre et son venin.

 

 

Une surprise attend nos Français maladroits,

Empêtrés de chapeaux, cannes et redingotes,

Lorsqu’en l’amphithéâtre un vacarme foudroie

Leur accent trop frileux en clameurs de gargote.

 

 

Plus tard à la taverne, ils ont chanté le sort,

Ils ont bu l’horizon trinquant sous l’accolade

Des regards admirant ces vainqueurs de la mort

Aux pintes débordant de couplets de ballades...

 

 

La pluie du lendemain qu’éponge le brouillard

Retrouve Anne noyée sous l’étreinte des nurses,

Suffoquant de douceurs, de thés loin des gaillards,

Et de menthe salée traduisant d’autres mœurs.

 

 

Leur hôtel a tenu leur offrir le présent

De visites courtoises dressant leur éloge

En ses salons cossus briqués comme à présent,

D’aquarelles soignées, de velours et d’horloges.

 

 

La rue n’est que folie d’attelages au trot,

Sectionnant les frimas en coupes éphémères,

Dominant la piétaille en mépris théâtraux,

 Et frayant leur chemin entre Lords et commères.

 

 

Nos trois Français sont muets, interdits et songeurs,

Tant la cité navigue en des flots d’opulence,

De fange ou de misère aux étranges faveurs

Réservées à ses hôtes aimés de Florence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 C’est au Saint-Thomas’ Hospital de Londres que Florence Nightingale, la célèbre infirmière britannique, fonda en juillet 1860 la Nightingale Training School, 1re école d’infirmières et de sages-femmes qui fait partie aujourd’hui du King’s College de Londres (Florence Nightingale School of Nursing and Midwifery).

 

2 Florence Nightingale (1820/1910) fut une célèbre infirmière britannique qui, après son retour glorieux de la guerre de Crimée où elle exerça en le réaménageant totalement, à l’hôpital de Scutari à Constantinople (Istanbul aujourd’hui), fonda à Londres à son retour, la première école véritable d’infirmières. Elle intervint sur la scène internationale, notamment durant la guerre de Sécession aux États-Unis d’Amérique, comme pionnière des soins infirmiers modernes. Sa popularité est toujours aussi grande que celle de la reine Victoria.

 

 

N.D.L.R. Je l’évoque à différentes reprises dans ma saga, car on la découvre avec Antonin et Jean à l’hôpital de Scutari en Crimée.

 

Voir notamment les poèmes :  "Naufrages"   et "Victoria"

 

Ainsi que le petit lexique : Lexique Antonin, Saison 3, Episode 3, Victoria

 

 

 

Pierre Barjonet

Février 2022

 

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07/06/2022
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Windsor

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" Victoria " musique de film

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Windsor

 

 

 

 

 

Londres s’est délaissée de la liesse à regret,

Laissant un goût de gin aux flots de la Tamise,

Carillonnant Big Ben à dix lieues du progrès

Moussant sous l’Union Jack1 de la bière permise.

 

 

Les clameurs de la veille éveillent la saveur

De l’écrin de Windsor s’ouvrant sur quelque preuve

Laissée par Antonin méritant les faveurs

De l’illustre monarque2 au donjon sur le fleuve.

 

 

Des verrières ornées de vitraux au blason

D’un baron distingué surplombent la façade

Du cloître3 du château qui se joue des saisons

Quand le soleil s’invite aux croisées en torsade.

 

 

Ce doit être Antonin qui fixa ces vitraux

Racontant la Crimée d’une simple infirmière,

Mais les pigments parfaits sur les panneaux centraux

Sont signés d’une Dame en Maître de lumière ?

 

 

Songeant à Joséphine4, aux trésors de Bayel,

Comme aux lettres patentes5 et décrets d’Empire

Que détient Valentine6 en pactole officiel,

Irena noue le temps du lieu qui les inspire.

 

 

Florence est sous le choc des vitraux novateurs

Dont la couleur dilue les larmes des victoires

Par l’habile illusion pour un observateur

Du fardeau des combats dans la paix de l’histoire.

 

 

Il semble qu’Antonin n’ait brossé du conflit

Décimant la Crimée que la douleur des spasmes

Pavoisant l’hôpital7 aux armes du délit,

Troquant les munitions contre des cataplasmes.

 

 

La chapelle Saint George8 abrite en conquérant

Un bestiaire en cristal9 dont la taille s’évase

Rappelant de Bayel son plan considérant

Les nobles animaux qui dominent ce vase9.

 

 

« C’est celui d’Antonin ! » confirme leur regard,

 S’attardant sur la rose aux quatre vents primaires,

Mais la mention gravée d’un baron les égare

Comme ici le brouillard recouvre les chimères...

 

 

 

 

 

 

 

 

1 L’Union Jack est le drapeau national du Royaume-Uni. Voici ce qu’en dit le Larousse : « Créé en 1606, il unit sur fond bleu la croix de Saint-George anglaise, rouge avec liséré blanc, et la croix de Saint-André écossaise, blanche. La croix de Saint-Patrick, irlandaise, fut ajoutée en 1800, lors de l'union avec l'Irlande. »

 

2 Il s’agit de la reine Victoria dont le château de Windsor était (l’un de) son palais.

 

3 Le « Cloître en fer à cheval » (Horseshoe Cloister) du château de Windsor se tient à son extrémité occidentale en partie dite basse. Il a été érigé en 1480 près de la chapelle afin d’y loger son clergé et fut totalement rénové sous le règne de Victoria en 1871.

 

4 Rappelez-vous de Joséphine dans ma saga, la bonne nounou de Florence enfant, l’ayant élevée à Bayel.

 

5 Des « lettres patentes » étaient, sous l’ancien Régime, des documents officiels signés et scellés « de par le roi », signifiant sa décision.

 

6 Rappelez-vous de Valentine, la mère d’Irena (voir la romance de Laurine) que l’on retrouve aussi au XXe siècle dans mon poème « Chaume ».

 

7 Il s’agit bien sûr de l’hôpital de Scutari en Crimée, maintes fois évoqué.

 

8 La « chapelle Saint-George » (15e au 19e siècle) se tient également dans la partie basse du château de Windsor, mais à son côté nord. C’est une œuvre remarquable de l’architecture gothique anglaise où se tient toujours le siège de « l’Ordre de la Jarretière ».

 

9 Il s’agit du fameux vase de cristal surmonté d’une rose des sables disposant quatre animaux en croix (un lion, un aigle, un ours et une colombe) qu’Antonin souffla, sculpta puis grava en doubles exemplaires : l’un pour la reine Victoria, l’autre pour son amie et sœur d’armes rencontrée en Crimée à l’hôpital de Scutari.

 

 

Pierre Barjonet

Janvier 2022

 

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26/05/2022
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Jubilé

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Musique du 1er Bataillon de Grenadiers de la Garde Royale

Trooping the Colour

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Jubilé

 

 

 

 

 

Qu’elle est drôle la vie se demande Irena1,

Mâchonnant sans complexe un feuillet du programme,

En pensant au week-end qu’un temps elle refréna

Quand Florence2 excitée lui en brossa la trame :

 

 

« Ce serait l’occasion de prolonger les pas

De ce cher Antonin dont l’empreinte fascine

En dissipant la brume qui l’enveloppa

Quand il prit son essor bien loin de ses racines ? »

 

 

Adossées au ferry laissant filer Calais,

Les deux femmes s’imprègnent du ciel peint de mouettes

Songeant au compagnon rejoignant le palais

D’une autre reine alors3, dont l’horizon les fouette.

 

 

Puis s’extrayant du Tube4 en vue de Victoria4,

Les voici traversées par la foule qui grouille,

Les happant dans sa houle aux vapeurs de norias

Dégorgeant ses badauds cernés par les patrouilles.

 

 

La parade royale évente la rumeur

De la reine à cheval dressant en amazone

La liesse populaire aux accents sans humeur

D’un peuple qui jubile en fêtant son icône.

 

 

La fanfare est partout martelant ses tambours,

Dévastant les tympans au vent des cornemuses,

Débusquant ses clairons jusque dans les faubourgs,

Et crissant du pipeau quand les enfants s’amusent.

 

 

Le Jubilé d’argent5 se déverse en torrents

D’uniformes carmin comme un fard qui crayonne,

Grimant l’humble touriste impatient, explorant

Les reliefs d’un passé dont la gloire rayonne.

 

 

« Hello the Grenadiers, Household Cavalry6,

Petits soldats de plomb sur l’échiquier des reines,

Vous remontez le temps de la chevalerie... »

Chantonne ainsi Florence en mal de souveraine.

 

 

« God save our gracious Queen... » reprend de belle ardeur

Le peuple au garde-à-vous, les bonnets d’ours farouches6,

Qui, dans un même élan, se font l’ambassadeur

De la splendeur saluée, chantée à pleine bouche !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Rappelez-vous Irena (retour au XXe siècle), fille de Valentine (la romance de Laurine).

 

2 Rappelez-vous Florence, meilleure amie d’Irena (retour au XXe siècle).

 

3 L’ancêtre de l’actuelle reine d’Angleterre Élisabeth II, la reine Victoria (1819/1901).

 

4 On appelle « le tube » le métro londonien (underground) et la station Victoria est en correspondance avec la grande garde de Londres-Victoria .

 

5 Le « Jubilé d’argent » de la reine Élisabeth II fut fêté en 1977, correspondant à ses 25 ans de règne (succédant à son père George VI le 6 février 1952). N.B. Actuellement, en 2022, elle fête son jubilé de platine, soit 70 ans de règne, faisant d’elle la première souveraine britannique à l’atteindre.

 

6 Ces régiments d’élite font partie de la Garde Royale britannique, appelés aussi les Queen’s Guard, Household Troops ou Guard. À noter que les « grenadiers » coiffés de l’imposant bonnet noir en poils d’ours (une ourse pour les officiers), le sont depuis 1831 en mémoire de la victoire anglaise de Waterloo, comme ultime hommage à leurs troupes, mais aussi à l’admiration de la bravoure de la Garde impériale de Napoléon 1er.

 

 

 

Pierre Barjonet

Janvier 2022

 

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05/05/2022
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Providence

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" Amazing Grace " musique militaire Britannique (cornemuse)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exceptionnellement, il n'y a pas d'article correspondant

à ce poème dans le Lexique, car inutile, sachant que les notes de bas de page de ce poème sont assez complètes.

 

Sinon, n'oubliez-pas de visiter : 

 

la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé" : 

Sommaire de La passion d'Antonin

 

et la rubrique CHRONOLOGIE : 

Chronologie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Providence

 

 

 

 

Les gerbes de l’été mûrissent le nectar

De l’avoine et des blés, de la paille de seigle,

Et la terre se fend des promesses d’hectares

Que la Saint-Jean bénit dans des flammes espiègles1.

 

 

La fraîcheur des agrumes se goinfre des fruits2

Qu’Austerlitz concentré, fige en sucre de pulpe,

Démoulant l’abricot ou la prune qui bruit,

Les pommes sans les coings que les gourmets disculpent.

 

 

Le silence alentour souffle sur le berceau

De ces pâtes de fruits, dont les moines raffolent2,

Tandis que l’Antonin déroule les cerceaux

De la pâte en fusion du cristal qui s’affole.

 

 

Mais un pli vint défier la tourmente au repos

Qu’Elen décacheta, brandissant la missive

De ses parents suspects tirant de leur chapeau,

Pour Anne leur pardon, d’absoute permissive. 

 

 

Ils ne savent comment leur fille a disparu,

Ni pourquoi sœur Elen leur cache sa retraite,

Et s’en remettent fort au marquis reparu3,

Payant des gens de main la pistant d’une traite.

 

 

Il se prend pour un paon paradant sous sa roue,

Distribuant aux marmots chansons et sucres d’orge,

Offrant aux paysans des peaux de renards roux,

Cherchant Anne en payant les envieux de sa forge.

 

 

Mais un soir ce fut Jean qui tendit un billet,

Aux armes de la Reine4 en forme de supplique,

Qui se verrait en joie d’accueillir en juillet

« Ses » valeureux hussards à Windsor5, sans réplique.

 

 

Elle entend remercier Florence6 et ses Français

Pour leur aide en Crimée, fort l’honneur en bravoure.

Elle cite le froid des spectres qui dansaient

Quand des mourants souvent, s’invitaient à sa cour.

 

 

L’abbé vit un espoir en ce royal départ,

Leur confiant en présent pour cette souveraine

Un incunable7 d’or pour que nul ne dépare

La sainte providence à l’attraction sereine.

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Les feux de la Saint-Jean se tenaient au solstice d’été (21 ou 22 juin) et clôturaient la fête mi-païenne, mi-carillonnée censée protéger des orages, intempéries et des démons, les prochaines récoltes.

Voir mon petit lexique au § « Lexique la passion d’Antonin, Saison 2 Lumière d’Orient, Épisode 1 L’enclume »

 

2 Les moines de l’abbaye de Timadeuc produisent toujours des pâtes de fruits réputées vendues sur place ou par correspondance en suivant ce lien : https://divinebox.fr/categorie-produit/producteurs/abbaye-timadeuc/

 

3 Dans ma saga, il s’agit du marquis de Tuyère, personnage de pure fiction, apparu avec mon poème « Fracas ».

 

4 Il s’agit de la Reine Victoria (1819/1901) qui régna sur le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et l’Empire britannique durant plus de 63 ans (1837/1901), dont la longue durée se place désormais juste derrière l’actuelle souveraine Élisabeth II.

 

5 Le château de Windsor situé à Windsor sur la Tamise, à 40 km à l’ouest de Londres, dont le nom fut ensuite repris comme patronyme par l’actuelle famille régnante du Royaume-Uni, est une forteresse médiévale Britannique remontant à Guillaume-le-conquérant en 1066, qui servit ensuite de palais aux rois d’Angleterre dont la reine Victoria qui en fit sa résidence royale principale.

 

6 Dans ma saga, il s’agit de l’infirmière britannique Florence Nightingale (qui a réellement existé) auprès de laquelle nos héros Antonin et Jean ont aidé au maintien de l’hôpital de Scutari en Crimée (voir mes poèmes « Naufrage, Victoria et Rencontres »).

Voir mon petit lexique au § « Lexique la passion d’Antonin, Saison 3 Espoirs, Épisode 3 Victoria »

 

7 Un incunable est un ouvrage imprimé remplaçant les manuscrits enluminés, datant des tout débuts de l’imprimerie, donc antérieurs à l’année 1500. Très recherchés, les incunables sont rares et précieux.

 

 

Pierre Barjonet

Janvier 2022

 

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27/04/2022
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L'abbaye

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"Ubi Caritas" par le Choeur des moines de l'abbaye de Timadeuc

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rappel, n'oubliez-pas de visiter la rubrique LEXIQUE 

donnant des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques :

Lexique Antonin, Saison 5 , Episode 2, L'abbaye 

 

ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"

 Sommaire de La passion d'Antonin

 

et la rubrique CHRONOLOGIE

Chronologie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’abbaye

 

 

 

 

Les pères de Cîteaux1 ne l’auraient pas renié,

Ce dessein de salut qu’en création divine,

S’offre à l’homme pêcheur, emplissant son grenier

De bonté du pardon dans l’amour qu’on devine.

 

 

L’abbaye Notre-Dame en l’ancien prieuré

S’élève à Timadeuc2 en chantant les louanges  

Du travail méditant sans jamais se leurrer

Sur la faiblesse humaine en déviance des anges.

 

 

Bénissant sœur Elen, l’abbé les a reçus,

Ouvrant aux trois bannis3 l’accueil de son asile,

Et lavant leurs péchés de la haine au-dessus,

Puis leur offrant la paix dans l’esprit de Basile4.

 

 

Ils avaient dû quitter l’atelier des lépreux3

Car la maréchaussée flairant la trace d’Anne

Les avait alarmés tels les anciens Hébreux,

Ravivant la gerçure des plaies ottomanes.

 

 

Rassemblant leurs efforts au miel de leur labeur,

 Ils ont sitôt conquis le respect de la place

En labourant la terre et démoulant du beurre,

Façonnant le fromage et les fruits qu’on remplace.5

 

 

Mais leur passion de feu fascinant le chapitre,6

Ils obtinrent l’accord de fondre la lumière,

D’écouler cette lave enflammant les pupitres

Sous des vitraux dressés comme roses trémières.

 

 

Leur nouvel atelier jouxtant comme appentis

Une simple chaumière en guise de chimère

Étincelle de joie quand l’art des repentis

Se berce de talents nourris d’ondes primaires.

 

 

 Anne y loge confiante, heureuse et sans péril,

Savourant le sillage de la paix des moines,

Et console son âme en murmures puérils

Quand frôlant Antonin son cœur ne l’en dédouane.

 

 

Travaillant sans relâche ils couvent le rituel

D’offrir à l’abbaye ses fenêtres de verre,

Reflétant le silence en couleurs spirituelles

Qui polissent la neige7 au dos d’un livre ouvert.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Les « pères de Cîteaux », au nombre de trois, furent des moines Bénédictins (rattachés à Saint-Benoît le patriarche des moines d’occident au VIe siècle) qui, ayant quitté l’abbaye de Molesme (Bourgogne) parmi 21 autres moines, fondèrent un nouveau monastère dans le « désert de Cîteaux » (Côte d’Or) sous la conduite de Saint-Robert. Le nom du lieu-dit de « Cistels » (ajoncs), devenu Cîteaux, fut donc repris par l’abbaye Notre-Dame de Cîteaux fondatrice du fameux « ordre cistercien ».

 

2 L’abbaye Notre-Dame de Timadeuc (Morbihan) fut créée en 1840 par le travail de trois moines au départ, fondant d’abord un prieuré, puis obtenant en 1847 un récrit pontifical leur octroyant le statut d’abbaye ; laquelle sera inaugurée partiellement en 1860.

 

Voir mon petit lexique : « Lexique Antonin, saison 5, Épisode 2, L’abbaye »

 

3 Il s’agit là, dans ma romance, d’Anne, d’Antonin et d’Austerlitz qui, aidés d’abord par Jean, trouvèrent ce nouvel accueil grâce aux relations de sœur Elen (religieuse et sœur d’Anne). Reportez-vous à mon précédent poème « Fracas » qui conte comment nos trois amis aidés de Jean, fuyant les recherches familiales et du marquis de Tuyère « son promis imposé », se sont installés provisoirement près des remparts du château des Rohan à Napoléonville (Pontivy) dans une léproserie nommée « Malpeaudrie ». 

 

4 Saint-Basile de Césarée ou « Basile le grand » (329/379 apr. J.-C.) fut un moine, fondateur d’un monastère dans la région du Pont (Turquie actuelle) sur la mer noire (Souvenirs pour Antonin et Jean... NDLR), évêque de Césarée, reconnu comme « Docteur de l’Église » en 1568 pour ses nombreux écrits et traités théologiques dont la fameuse « règle de Saint-Basile » des moines d’Orient (vie monastique stricte, mais collective donc différente de celle des ermites) ayant ensuite inspiré la « règle de Saint-Benoît » d’Occident.

 

5 L’actuelle abbaye de Timadeuc produit des fromages réputés ainsi que des pâtes de fruits de grande qualité.

 

6 Le « chapitre » est une assemblée délibérante de religieux, en l’occurrence de moines, d’où l’expression « avoir droit au chapitre », lequel est réservé aux seuls frères titulaires.

 

7 Nous sommes en février 1861. 

 

 

 

Pierre Barjonet

Janvier 2022

 

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13/04/2022
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Fracas

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Musique de Maurice Jaubert du film de Marcel Carné " Le quai des brumes " (1938)

 

 

 

 

 

 

 

 

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Chronologie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fracas

 

 

 

 

Le murmure de l’âtre aux vapeurs de regrets

Recrache la rancœur de profonde infortune,

Et les flammes luisant d’un jeu qu’on larguerait

Semblent décourager tout exil sans fortune.

 

 

Anne touille au chaudron le bouillon du maudit,

Ce marquis de Tuyère1, en ragoût d’amertume,

Et se prend à prédire un sort qu’elle applaudit,

Rejetant ses parents et ce sot en costume. 

 

 

Funeste est son silence aux fumées du destin

Quand elle a découvert son atelier lugubre,

Ses vitraux saccagés par quelque clandestin,

Et son four tourmenté de cendres insalubres.

 

 

La grisaille2 ruisselle effaçant les couleurs,

Assombrissant l’écho des reflets de lumière,

Anesthésiant le cri des larmes de douleur,

Puis asphyxiant de plomb sa passion coutumière.

 

 

Faut-il qu’ils soient félons pour avoir fracassé

Sa tanière de joie, son port de solitude,

Sa cabane de verre aux reliefs concassés,

Sa litière sauvage en d’autres latitudes.

 

 

Jean s’est préoccupé d’ouvrir chez les cacous3

Un gîte fort discret près de la Malpeaudrie4,

Trompant la récompense espérée par beaucoup,

Piliers d’estaminet et niais en batterie.

 

 

Austerlitz a construit un four près des remparts,

Arguant de son besoin pour sa miséricorde

D’aider les malheureux dont la lèpre3 s’empare,

En forgeant leurs outils pour mieux tresser leurs cordes3.

 

 

Alors, se faufilant vite entre chiens5 et loups,

Précédant Antonin, puis Jean couvrant leur suite,

Ils éventrent le noir en semant les jaloux

Et soufflent la fusion de leur cristal en fuite.

 

 

Leur petit pavillon œuvrant près des lépreux

Rallume les étoiles de feux colorés

En ravivant l’espoir d’Anne et de ses trois preux

D’assembler un abri teint du verre éploré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Ce nouveau personnage de ma saga, « marquis de Tuyère » n’est que de pure fiction tirée de ma romance et toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite.

 

2 La grisaille en langage de vitrailliste consiste à peindre en noir ou brun le plus souvent par-dessus des verres colorés avec une préparation vitrifiable (cuite à 600°), notamment des portraits, des animaux, des blasons ou parfois des paysages.

 

3 comme je l’indique dans mon petit lexique (au § « Lexique Antonin, saison 5, Épisode 1, Fracas ») les « cacous », « caquins » ou « caqueux » Bretons étaient autrefois des populations marginalisées suspectées de lèpre et donc exclues des cités, devant vivre en leur périphérie près des remparts des villes. Ils exerçaient généralement le métier de tonnelier, mais plus souvent celui de cordiers.

 

4 Les « malpeaudries », « malpeaudreries », « caquineries » ou « maladreries » étaient à l’origine des léproseries, servant d’habitations aux cacous. À Pontivy (Napoléonville dans ma saga), il existe encore une ancienne malpeaudrie proche des remparts du château (comme c’est le cas dans ce poème).

 

5 L’expression « entre chien et loup » s’écrit normalement au singulier, mais je l’ai mise au pluriel pour éviter un hiatus poétique.

 

 

 

Pierre Barjonet

Décembre 2021

 

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29/03/2022
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