Noël
" Sainte nuit "
Illustration originale de Pierre Barjonet - Novembre 2024 - 40/30 -
Fusain, pastel gras et touche d'acrylique
N.B. Cliquer sur la photo pour l'agrandir
(comme d'ailleurs, pour toutes les illustrations)
" Рождество Христово. Эта ночь святая " (Noël, Sainte nuit)
Chant interprété par la chorale de l'église Saint-Nicolas de Zayaitsky
à regarder d'abord, pour se mettre dans l'ambiance,
puis à écouter en lisant le poème
Conseils pour mieux suivre le déroulement de votre saga :
N'oubliez-pas de visiter la rubrique du sommaire
avec un "résumé" de l'épisode en cours :
ainsi que la rubrique chronologique :
Noël
Et la nuit se fit tendre en l’alchimie du ciel
Coiffant les grands sapins de voûte scintillante,
Donnant son plein écho d’amour providentiel
Aux amis pénétrés de grâce pétillante.
Nos jeunes survivants, tels de simples bergers
Ont célébré Noël 1, au creux de leur refuge
En chantant leur ferveur à défaut de clergé
Et bénissant l’instant d’une paix sans déluge.
Hors l’écho de la guerre et bien loin des combats,
La forêt s’est courbée dessous l’immense voûte,
Semant un peu de neige au sol qui succomba
Sous des monceaux de glace à l’azur qui envoûte.
Ils n’ont guère jeûné 2, rompant la tradition,
Nos quatre réfugiés et leur chien peu farouche,
Car ils ont oublié la sinistre addition
De la peur et du froid, de la faim qui vous couche.
Vania s’est mis en quatre en préparant les mets :
Douze plats savoureux 3 honorant les apôtres,
Dans un décor de fête en l’encens qui fumait,
Tout en rompant le pain de farine d’épeautre 4,
De la bouillie sucrée, du riz nappé de miel,
Des noix pour la koutia 5 et puis du lait de chèvre ;
La chèvre de Vania trouvée sous l’arc-en-ciel
Coiffant une clairière un jour de chasse au lièvre.
Puis en s’accompagnant de balalaïka,
Chacun courut joyeux, contournant leur demeure 6,
Singeant des animaux, des lutins délicats,
Chantant des koliadki 7 dans une belle humeur.
Et Vania leur ouvrit, leur offrant des douceurs,
En fêtant Sviatki 6, comme il est de coutume,
Surprenant Nicolas, mais pas vraiment « sa sœur 8 ».
Et Livreur aboya, mordillant leurs costumes 6.
Le bonheur est enfin, l’hôte de la maison,
Servi par un bon feu que n’essoufflent les braises,
Du thé, de la vodka, des chants en oraison,
Et la paix d’un instant sans la guerre française.
Pierre Barjonet
Octobre 2024
Saga poétique romancée « Le carnet gelé » créée par Pierre BARJONET
a/c janvier 2023
Saison 4 « Féroce », Poème 9 « Noël » (Octobre 2024)
Le 26 décembre 1812, tout ce qui restait de la Grande-Armée fut expulsé de Russie, bien que les combats se poursuivirent au-delà des frontières. Cette guerre qui fut ensuite appelée par les Russes « La guerre patriotique » fut en définitive gagnée par la Russie puisque les troupes françaises se retirèrent en abandonnant le terrain et en perdant la quasi-totalité de leur « Grande-Armée ». Certes, le froid terrible du « Général Hiver » doublé par la famine, les maladies et les assauts incessants des cosaques y contribuèrent largement, malgré les tentatives de Koutousov qui perdit ses batailles contre Napoléon, mais les Russes ont aussitôt considéré qu’ils devaient leur succès à la Providence Divine.
Ainsi, le tsar Alexandre 1er ordonna-t-il le 25 décembre 1812 depuis la ville de Vilno (Vilnius), la construction à Moscou d’une cathédrale afin de témoigner de sa gratitude envers la providence divine, d’où son nom de « Cathédrale du Christ Sauveur ». Cette cathédrale connut bien des déboires. Elle changea d’emplacement avec de nombreux projets qui s’allongèrent avec des architectes et des empereurs différents, pour être finalement achevée bien plus tard, en 1883 ! Par la suite, Staline la fit dynamiter en 1931 pour construire à sa place un Palais des Soviets disposant du plus haut gratte-ciel du monde, mais impossible à bâtir cependant, sur cet emplacement trop fragile n’autorisant pas des fondations trop profondes. Le site restera vide et traversera la dernière guerre mondiale, puis il donnera naissance à son tour sur l’ordre de Nikita Khrouchtchev en 1958 à.… une piscine, la plus grande des piscines à ciel ouvert ! Ce n’est qu’en 1994 que Boris Eltsine autorisera la reconstruction à l’identique de la cathédrale qui fut donc consacrée en 2000.
Napoléon, qui est rentré à Paris le 18 décembre 1812, multiplie les audiences aux Tuileries comme les parades militaires pour rassurer le peuple en cette presque veille de Noël. Il s’empresse de consulter ses généraux, ses ministres et ses fonctionnaires afin de réorganiser l’armée, en toute priorité. Ce qui ne l’empêche pas de chasser dans le parc de Marly ou dans les bois de Versailles. Pendant ce temps, le maréchal Murat installe son État-Major à Elbing, en Prusse occidentale, avec ce qu’il reste de la Grande-Armée, afin de résister à la poussée de l’armée russe. Et le 7 janvier, se met en place une médiation autrichienne pour tenter de résoudre le conflit franco-russe...
NOTES DE LECTURE ET DE SITUATION HISTORIQUE
1 À la différence de la veillée et du jour de Noël catholique, la Noël russe se célèbre le 7 janvier selon le rite orthodoxe russe et donc le calendrier solaire Julien - du nom de Jules César qui l’établit en 46 av JC en remplacement du calendrier romain républicain - différent du calendrier Grégorien, du nom du pape Grégoire XII qui l’imposa en 1582. Ainsi, le Nouvel An russe se tient dans la nuit du 13 au 14 janvier. Il y a un écart de 13 jours entre les 2 calendriers.
Notons qu’à l’époque soviétique, il était formellement interdit de fêter Noël (décision de Staline en 1929), mais ce qui n’empêcha nullement les gens de passer outre, en secret, malgré les conséquences, voire au goulag !
Notons enfin que si Noël et le Jour de l’An sont deux fêtes très importantes en Russie, au plan religieux, Pâques en est la principale, puisqu’elle célèbre la résurrection du Christ, ainsi que se le disent les fidèles en se croisant ce jour-là : « Christ est ressuscité ».
Voir ces explications très intéressantes sur Wikipédia, ici :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Calendrier_julien
2 Le « jeûne de la nativité » est très strict chez les orthodoxes, et précède Noël durant quarante jours. Les fidèles attendent normalement la veille de Noël, l’apparition de la première étoile pour réveillonner, mais, sachant que la messe se tient à minuit, donc après, comme partout ailleurs, avec d’ailleurs un faste particulier dans la « Cathédrale du Christ Sauveur de Moscou », puisqu’elle est célébrée par « le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies ».
3 Il est d’usage de composer le menu du réveillon de Noël de douze plats en référence aux douze apôtres.
4 L’épeautre est une variété de blé rustique dont le grain adhère fortement à son enveloppe.
5 La « koutia » est une bouillie de riz ou de blé complet, additionnée de miel et de raisins secs en référence au paradis selon la coutume. Les Russes se nourrissaient principalement de bouillies, dont certaines, plus riches, accompagnées de lait, de crème, d’œufs ou de beurre, étaient réservées pour des fêtes particulières comme Noël ou pour honorer les défunts. Les bouillies étaient un peu l’équivalent de notre pain.
Lorsque commence le réveillon, après la messe de minuit, on sert les douze plats avec en premier lieu, la koutia. Viennent ensuite des crêpes, du porc, de l’oie grasse, du canard, des friandises, des tartes, des galettes et autres sucreries...
6 Toute la période de Noël qui va jusqu’à l’Épiphanie (le 19 janvier), et qui dure donc douze jours, est appelée « Sviatki ». C’est une période particulière où l’on s’amuse de façon païenne et folle, ce qui est étrange, mais qui peut s’expliquer par le fait que les Russes croyaient qu’entre la naissance du Christ et son baptême se tenait une période « sans croix ». Des rites païens offrent alors à la population de se divertir, en faisant jour et nuit des « folies » interdites habituellement à la maison comme au travail, en buvant, chantant, dansant, faisant du bruit, se grimant et se déguisant en animaux, en démons, en sonnant aux portes des maisons de son quartier en quête de friandises.
En effet, on pensait que durant cette période sans croix, le diable et ses démons étaient de sortie, d’où les friandises à « leur » offrir. Naturellement, de nombreux excès et abus couronnaient le tout, surtout lorsque des jeux impies déguisaient les filles en... juments pour permettre aux garçons d’en choisir une en l’embrassant et la faisant sauter sur leurs genoux...
Voir ces explications très intéressantes sur le site " Russia Beyond ", ici :
https://fr.rbth.com/lifestyle/79821-sviatki-traditions-nouel-russie
7 Les koliadki sont des chants particuliers accompagnés de bruit que pratiquent les participants de Sviatki durant toute cette période qui succède au Noël orthodoxe jusqu’à l’Épiphanie. Les chanteurs, donc vêtus de folle façon, de costumes de carnaval faisaient le tour des maisons et dansaient à grand renfort de tintamarre pour recevoir friandises et koutia.
8 Il est clair que Natacha, « la sœur » de Nicolas au sens où Liouba les a « adoptés » dans leur périple, étant Russe, connaît parfaitement la tradition des Koliadki, Sviatki et de la Koutia.
Voir ces explications très intéressantes sur le site " Russia Beyond ", ici :
https://fr.rbth.com/art/93008-koladki-chants-noel-russie-tradition
Et voir ci-après, ces différents enregistrements vidéo de koliatki
tirés du site " Russia Beyond "
QUELQUES ILLUSTRATIONS
N.B. Photos tirées en grande partie du site " Russia Beyond " qui retrace entre autres, et à mon avis de façon fort objective, l'histoire de la Russie.
Voir le site en suivant ce lien : Russia Beyond français
L'une des églises saintes de Moscou
la Cathédrale du Christ Sauveur à Moscou
En 1904
Son dynamitage sur ordre de Staline
Remplacée par... une piscine !
Actuellement
Plaques commémoratives de la Campagne de Russie de 1812
en hommage aux Russes
Célébration de Noël dans la Cathédrale du Christ Sauveur à Moscou
La tradition des Koliadki, Sviatki et de la Koutia
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 27 autres membres