La palette de Pierre

La palette de Pierre

Trésor

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" Pétrifiés "

Illustration originale de Pierre Barjonet - Septembre 2024 - 40/30 -  

Crayons de couleur, fusain et pastel gras

 

N.B. Cliquer sur la photo pour l'agrandir

(comme d'ailleurs, pour toutes les illustrations)

 

Carl Orff ; " Carmina Burana " (Fortuna Imperativ Mundi)

 

à écouter en lisant le poème 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conseils pour mieux suivre le déroulement de votre saga :

 

N'oubliez-pas de visiter la rubrique du sommaire

avec un "résumé" de l'épisode en cours :

SOMMAIRE

 

ainsi que la rubrique chronologique :

CHRONOLOGIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trésor

 

 

 

 

La chance enfin sourit en offrant un traîneau

À nos trois rescapés de la rivière affreuse1.

Traversant un bivouac d’éclaireurs2 marginaux,

Le destin leur offrit une surprise heureuse.

 

 

Il n’est de survivants parmi ces cavaliers

Vitrifiés par le froid ayant soudé la terre.

Leurs chevaux, bien que morts, sont figés par paliers,

Et semblent contempler leur maintien militaire.

 

 

Personne n’est venu détrousser ces chasseurs2,

Ni non plus dépecer la robe des montures,

Ni même les voler au compte de passeurs ;

Laissant ainsi dormir un trésor en nature.

 

 

À l’écart des chemins, c’est d’un abri discret

Que ces Français2 planquèrent en attendant l’ordre,

Mais il ne survint pas, enfouissant le secret

De leur gîte fatal quand le froid vint les mordre.

 

 

Natacha danse et rit tout en frappant des mains.

Il y a là des fusils, de l’or et puis des sabres,

De chauds portemanteaux3 que montre l’examen

Des bagages précieux de l’escadron2 macabre.

 

 

Mais Livreur a flairé des gourdes d’eau-de-vie,

Du sel, un pain de sucre, un sac empli de fèves,

De la graisse et du riz, des briquets4, à l’envi,

Des pelisses roulées sur un traîneau de rêve...

 

 

Se mettant à la tâche, aidées de Nicolas,

Les deux femmes5 ravies contemplent leur prouesse

D’avoir sanglé Livreur aux liens qu’il bricola,

Puis chargé le traîneau sans perdre leur adresse.

 

 

Il tranche un cheval pie6 puis allume le feu.

Elles puisent de l’eau, non loin près d’une source.

Puis il dresse une toile en restant silencieux,

Songeant aux disparus sans la moindre ressource.

 

 

Leur souper fut empreint de moins de désespoir.

Ils trinquèrent aux morts qui leur firent cortège,

Et quand s’en vint la nuit sous des sapins bien noirs,

Ils prièrent fervents, qu’un ange les protège...

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Avril 2024

 

 

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Saga poétique romancée « Le carnet gelé » créée par Pierre BARJONET

a/c janvier 2023

Saison 4 « Féroce », Poème 3 « Trésor » (Avril 2024)

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En ce début décembre 1812, Napoléon, qui a franchi la Bérézina n’a plus de nouvelles des traînards abandonnés et perdus sans avoir pu franchir les ponts détruits. Il cherche à rejoindre la France le plus vite possible et a confié à ses maréchaux le soin de préserver ce qu’il reste de l’armée en bon ordre de marche. Il a constitué le fameux « Escadron sacré » composé de fidèles parmi les fidèles, mais surtout de son État-major et de gradés s’étant répartis les rôles de la troupe. Ainsi, il se composait de 300 officiers ayant encore leur monture, placés sous les ordres selon le cas du prince maréchal Joachim Murat, du maréchal Emmanuel de Grouchy et du général Gabriel Rambourgt. Dans cet « Escadron sacré » surprenant s’il en fut, les généraux servaient comme... capitaines, les colonels comme lieutenant, et les chefs d’escadrons, capitaines et lieutenants exécutaient les ordres comme... de simples cavaliers.

 

Le maréchal Ney, surnommé « le brave des braves », héros de la retraite de Russie, fermait la marche à la tête de l’arrière-garde de la Grande-Armée. Le sort donc, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants de différentes nationalités qui composaient ou suivaient les armées impériales fut celui de victimes mortes les armes à la main sous les coups des cosaques, blessées ou gisant dans le froid, achevées dans des conditions horribles par les cosaques, les Russes et même par des paysans. Et quand ces malheureuses victimes ne furent pas tuées, elles furent faites prisonnières et déportées vers la Sibérie ou mieux, vers l’Oural et le Caucase. D’autres, portées au nombre des déserteurs, ou plutôt abandonnées à leur sort, ont cherché à se faire recueillir par des paysans, surtout lorsqu’elles étaient accompagnées de femmes moscovites qui les avaient suivies...

 

À ce stade de ma saga poétique romancée, nos trois amis, Liouba, Natacha et Rose, accompagnés de leur chien-loup Livreur, ont quitté la rive infranchissable désormais, de la Bérézina, et ont pris la direction du sud, sud-est, s’enfonçant hors des « routes » à travers les bois. Comme déjà dit, Liouba est une aristocrate russe et Natacha, une jeune orpheline russe également. Quant à Nicolas, il vient de déserter son unité de tambours, mais il n’a que douze ans et il est pupille d’Empire... Liouba qui les a pris sous sa coupe entend bien franchir les barrages de cosaques en se faisant passer avec eux, pour des victimes des Français...

 

 

 

 

NOTES DE LECTURE ET DE SITUATION HISTORIQUE

 

 

 

1 La Bérézina

 

2 Un peloton d’éclaireurs est une petite unité de cavaliers relevant d’un escadron. En l’occurrence ici, une formation d’une vingtaine de Chasseurs à cheval français.

 

3 Les portemanteaux - qui n’ont rien à voir avec des cintres - étaient une sorte de bagage roulé à l’arrière de la selle du cavalier (un peu comme un duvet enroulé sur un sac à dos aujourd’hui) lui permettant d’y ranger un petit manteau, d’où son nom, une couverture, et plus généralement des effets personnels de toilette et autre.

 

4 Le briquet permettait de faire du feu (à ne pas confondre avec « le sabre-briquet ») tout comme aujourd’hui, mais de façon bien plus rustique. On frappait avec une pièce de métal sur un morceau de silex sur lequel on maintenait du chanvre ou de l’étoupe ou de l’amidon. Le tout étant rangé dans une pochette de cuir.

 

Voir cette vidéo sur la façon d’allumer un briquet ancien :

 

 

 

5 J’évoque deux « femmes » pour des raisons de tournure poétique, mais en réalité seule Liouba en est une, d’ailleurs veuve de son mari « incendiaire » à Moscou, fusillé par les Français (voir mon poème « Liouba »). Dans mes derniers poèmes, Natacha, recueillie par Rose (voir mon poème « L’océan ») n’a que douze ans, tout comme Nicolas.

 

6 Un cheval pie possède une robe marquée de plusieurs taches blanches séparées par une autre couleur plus foncée, généralement brune.

 

 

 

QUELQUES ILLUSTRATIONS

 

 

N.B. Photos tirées en partie du site " Russia Beyond " qui retrace entre autres, et à mon avis de façon fort objective, l'histoire de la Russie.

Voir le site en suivant ce lien : Russia Beyond français

 

 

 

" L'Escadron sacré " composé uniquement d'officiers

 

 

Escadron sacré

 

 

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Des portemanteaux

 

 

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Un briquet de cavalier dans son étui

 

 

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Cheval pie

 

 

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13/09/2024
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