Le bal 
« La valse »
Illustration originale de Pierre Barjonet
Mai 2025 - 40/30 - Crayon et pastel gras
N.B. Cliquer sur la photo pour l'agrandir
(comme d'ailleurs, pour toutes les illustrations)
Johann Strauss II " Kaiserwalzer ou valse de l'Empereur "
N.B. Composée en 1889 donc bien après le bal de mon poème, mais... je n'ai pas pu résister !
Conseils pour mieux suivre le déroulement de votre saga :
N'oubliez-pas de visiter la rubrique du sommaire
avec un "résumé" de l'épisode en cours :
ainsi que la rubrique chronologique :
Le bal
Le banquet de gala tout juste desservi,
S’étire en procession guidée par l’étiquette
La chaîne d’invités, d’élégants asservis
Aux manières guindées 1 stimulant leurs conquêtes.
Tandis que la musique annonce en grand fracas
Que le tempo s’accorde en danse polonaise 2,
Chacun force à loisir l’enjeu de son tracas,
Grimant ses intentions d’estampes japonaises.
Et les nobles ladies cachant leur poudrier
Rivalisent de jeux, brassant leur éventail 3,
Sans Liouba qui se force à devoir oublier
Ces regards appuyés, copies d’épouvantails.
Délaissant son carnet 4 d’éminents soupirants,
De galants et d’anciens éconduits en vadrouille,
Liouba boude la danse et tache en soupirant
D’abriter Natacha des chasseurs 5 en patrouille.
Elle est si jeune encore et manque de tomber
Sous la coupe d’affreux et vieux Boyards cupides,
Comme au piège certain la faisant succomber
Sous le charme courtois d’officiers intrépides.
Alors elle accentue l’alerte de ses sens,
L’autorise aux menuets, limite les quadrilles 6,
Laisse la polonaise 2 entraîner l’innocence,
Mais interdit la valse aux remous d’escadrilles.
Quand le silence enfin, laisse place au galop 7
Des cadets enchantés d’entourer leur idole,
La cour sait qu’il est temps de vernir le tableau
D’un Joseph décoré comme un heureux symbole.
Lors, s’écartant du cercle il fixe son regard
Vers la piste d’argent rivalisant de charme
Avec Liouba saisie d’une joie qui l’égare
Au point qu’elle en frissonne d’un émoi sans larmes.
Mais les « Hurrah ! » saluent l’artifice des feux 8
Embrasant les jardins comme autant de promesses,
Alors que dans les bras d’un Joseph lumineux
Liouba valse, vaincue d’une infinie tendresse...
Pierre Barjonet
Avril 2025
Saga poétique romancée « Le carnet gelé » créée par Pierre BARJONET
a/c janvier 2023
Saison 5 « Miséricorde », Poème 10 « Le bal » (Avril 2025)
La situation historique mettant en scène Napoléon 1er face aux troupes coalisées contre lui est la même que dans mon poème précédent « Banquet » puisque ce bal s’ouvre à la fin du banquet donné.
NOTES DE LECTURE ET DE SITUATION HISTORIQUE
1 L’étiquette à la cour du tsar, de ses princes et vassaux, comme d’ailleurs dans toutes les cours européennes, était de rigueur !
2 Il était alors d’usage d’introduire le bal faisant suite au banquet de gala, par une Polonaise jouée par l’orchestre placé en hauteur ou à peine dissimulé sur une estrade.
3 Ah, l’usage codé de l’éventail ! Cet élégant accessoire de mode qui servait bien évidemment à se rafraîchir lors des longues soirées surchauffées (à tous points de vue) d’été aura fait couler beaucoup d’encre. En effet, suite à des quiproquos, coups de pub (déjà) d’éditeur anglais inspiré ayant publié un fascicule sur son langage codé, légendes et autres interprétations fantasmées, cet éventail s’est vu attribuer des vertus exceptionnelles devant faciliter l’approche et le flirt lors des bals Victoriens... Mais l’utilisation de l’éventail en tant que code établi à la cour relève davantage de l’imagination que de la réalité historique.
Lire à ce propos l’excellent article écrit par Lise Antunes Simoes sur son excellent blog consacré à l’époque victorienne et à la vie au XIXe siècle :
4 Il s’agit naturellement d’un carnet de bal sur lequel les dames inscrivaient le nom de leurs cavaliers, mais il n’est apparu, lui-même comme accessoire de mode précieusement enrichi de pierres précieuses, qu’à partir de 1820. Au début, les dames notaient le nom des prétendants danseurs au dos de leur éventail.
5 Les Chasseurs en question sont des officiers d’un corps militaire de cavaliers légers, comparables aux hussards, mais que je cite ici dans mon poème, alors qu’en fait il s’agissait de chasseurs à pied ou à cheval français faisant intégralement partie de la garde impériale de Napoléon 1er et non du tsar. D’ailleurs, l’empereur aimait tellement cette unité d’élite qu’il portait la plupart du temps l’uniforme de colonel des chasseurs de la garde impériale.
6 Le quadrille était une danse de salon, fameuse et très en vogue au XIXe, qui se pratiquait en groupe de quatre couples exécutant une série de cinq figures en formation précise : le pantalon, l’été, la poule, la pastourelle et la finale (avec souvent un galop).
Lors des bals princiers en Russie impériale, les danses suivaient généralement un ordre précis, reflétant à la fois les traditions de l'époque et les règles de l'étiquette.
Voici comment cela se déroulait généralement :
- Ouverture avec une danse formelle : Le bal débutait souvent par une danse d'ouverture formelle, comme une contredanse ou une grande valse, où les invités étaient présentés.
- Valses : Les valses étaient très populaires et occupaient une place centrale dans la soirée. Les invités dansaient en couple au rythme de la musique, créant une ambiance élégante et festive.
- Quadrilles et contredanses : Ces danses de groupe, souvent en formation rectangulaire, permettaient à de nombreux couples de danser ensemble. Ces danses étaient à la fois dynamiques et permettaient des interactions entre les invités.
- Danse de la Polonaise : Parfois, une danse de la Polonaise était incluse, une danse en procession où les participants suivaient un ordre spécifique, souvent dirigé par un couple de danseurs expérimentés.
- Danses individuelles et libres : Après les danses formelles, les invités pouvaient également danser librement, choisissant leurs partenaires et dansant selon leur propre rythme.
L'ordre des danses était conçu pour offrir une variété de styles, tout en respectant les conventions sociales et en créant une atmosphère harmonieuse et festive.
7 Le Galop était une danse du XIXe ressemblant à la contredanse, précurseur de la polka, se pratiquant en quatre couples regroupés le plus souvent en quadrille, avec chassés et sauts rapides.
8 Les feux d’artifice concluaient le plus souvent des bals prestigieux afin d’offrir aux invités une gratification mémorable de la soirée ayant d’ailleurs débuté par un somptueux banquet.
QUELQUES ILLUSTRATIONS
N.B. Photos tirées en grande partie du site " Russia Beyond " devenu récemment " Fenêtre sur la Russie " qui retrace entre autres, et à mon avis de façon fort objective, l'histoire de la Russie.
Voir le site en suivant ce lien : Russia Beyond français
Quelques éventails...
Manipulation des éventails avec les fameux messages codés !
Traduction :
- Le tenir dans la main droite face au visage : Suivez-moi.
- Le tenir dans la main gauche : J’aimerais faire votre connaissance.
- Le poser contre l’oreille droite : Vous avez changé.
- Le faire tournoyer dans la main gauche : J’aimerais que vous me laissiez tranquille.
- Le glisser sur le front : On nous surveille…
- Le tenir dans la main droite : Vous êtes trop entreprenant.
- Le faire glisser dans la main : Je vous hais.
- Le faire tournoyer dans la main droite : J’aime quelqu’un d’autre.
- Le faire glisser sur la joue : Je vous aime.
- Le fermer : Il faut que je vous parle.
- Le faire glisser devant les yeux : Je suis désolée.
- Le poser immobile sur la joue droite : Oui.
- Le poser immobile sur la joue gauche : Non.
- L’ouvrir et le fermer brusquement : Vous êtes cruel.
- Le laisser tomber : Soyons amis.
- S’éventer lentement : Je suis mariée.
- S’éventer rapidement : Je suis fiancée.
- Le porter à ses lèvres : Embrassez-moi.
- Le garder fermé : Vous avez changé.
- Le garder grand ouvert : Attendez-moi.
Carnets de bal
Chasseurs de la Garde Impériale française
Chasseurs de la Garde défilant aux tuileries devant l'Empereur Napoléon 1er
Napoléon en uniforme de colonel des chasseurs de la Garde
Quadrille
Le galop
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