Lexique 1 Racines
Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 10, Racines
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 10 " RACINES "
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CUISINIÈRE EN FONTE, GUERRE DE CRIMÉE (Racines)
1/ CUISINIÈRE EN FONTE
Depuis la nuit des temps, l'homme (au sens générique) a inventé des techniques pour élaborer de nouvelles méthodes de cuisson, tant du pain que de la soupe ou de la viande, plus pratiques et confortables.
Ainsi est-on passé de la cuisson au bois "sur le feu" à même le sol ou dans un trou creusé dans la terre emplie de braises, à la cuisson dans la cheminée de pierre. L'incontournable marmite était suspendue dans la cheminée grâce à une crémaillère de fer forgé, quand la cuisson n'était pas directement assurée sur le grill, à la broche dans l'âtre, voire dans des miches creusées.
Puis au XVIIIè l'on est passé au "potager". Oui, oui, non pas le jardinet d'à côté, mais bien un grand fourneau maçonné et décoré de carreaux de faïence, muni d'excavations et de niches que l'on emplissait de braises de bois pour cuire distinctement ou faire réchauffer les mets différents.
Un peu plus tard, on eut l'idée d'agrandir un peu les cheminées qui, d'ailleurs, étaient souvent très vastes - tant dans les châteaux que dans les chaumières puisqu'en Provence par exemple, on se regroupait presque "dedans" ce "cantou" pour la veillée - afin d'y intégrer un fourneau de fer.
L'avantage était d'utiliser le même "foyer" au coeur de la maisonnée, mais surtout d'évacuer les fumées grâce au partage de la hotte. Encore un peu plus tard, on disposa ce fourneau de fer puis de fonte, mais toujours à bois (le charbon ne viendra qu'après, mais surtout en ville) à côté ou devant la cheminée avec son propre conduit d'évacuation.
La fin du XVIIIè et tout le XIXè mirent ces fourneaux à l'honneur en les améliorant de détails pratiques et d'ustensiles indispensables, tels les cercles de fonte concentriques amovibles des trous de dessus, le ou les fours, la réserve d'eau bouillante, les tiroirs, le tamis à cendres et le cendrier, la barre de cuivre pour faire sécher les torchons, la pelle et le seau à charbon, le tisonnier et le crochet à tampons indispensable...
Encore de nos jours, on retrouve ces fameux fourneaux (appelés également pianos dans les cuisines professionnelles) qui trônent fièrement dans les cuisines des fermes en campagne, mais pas seulement, car la mode actuelle les a remis au goût du jour avec un design contemporain...
Je me souviens très bien de la cuisinière à bois de mes cousins Champenois sur laquelle se tenaient toujours une bouilloire amovible et le broc à café...
Le Cantou :
La cuisinière sur pieds, en fonte :
2/ LA GUERRE DE CRIMÉE (1853/1856)
Je ne donne ici que quelques éléments, car j'aurai l'occasion de revenir sur ce conflit.
Peu connue de nos jours (sauf par ses stations de métro * ) cette guerre fut pourtant presque mondiale et meutrière préfigurant une " ère nouvelle " laissant de côté les guerres Napoléoniennes pour leur préférer d'autres dispositions tactiques basées sur l'artillerie, le blocus prolongé et déjà... les tranchées.
Du reste, les historiens tracent un parallèle avec la Guerre de Sécession américaine (1861/1865).
La Guerre de Crimée, comme toutes les guerres serais-je tenté de dire... fut déclenchée à partir de rien, ou presque. Elle opposa les plus grandes nations/empires de l'époque (Empire de Russie, Empire Ottoman/Turquie, Empire Britannique, Empire Français ainsi que le Royaume de Sardaigne) pour une histoire invraisemblable née d'une querelle de partage de la garde de la basilique de la Natalité de Bethléem en Palestine entre moines latins et moines Grecs orthodoxes accusés de la disparition d'une étoile décorative...
Mais bien vite, la véritable nature du litige porta sur la question de l'influence et du contrôle des territoires de cette région du Monde, l'Orient, ô combien sulfureuse (déjà ?!), avec la limite des Empires, des échanges maritimes et des droits de passage (détroits des Dardanelles et du Bosphore), des Protectorats et des alliances internationales (comme en 1914...) sur fond inavoué de religion (chrétiens d'Orient, orthodoxes et musulmans).
Le Tsar, Nicolas 1er, déclencha seul les hostilités le 1er juillet 1853 tentant de tirer avantage des dissensions géographiques entre les Anglais et les Français liées au contrôle de la zone, en envahissant la Valachie et la Moldavie qui étaient alors sous contrôle Turc (l'Empire Ottoman). Il en profita au passage, pour régler ses comptes avec les Tchétchènes (déjà ?!)
" La Sublime Porte " d'Omer Pacha se vit alors contrainte de lui déclarer la guerre et par le jeu des alliances, suivie par ses alliés, l'Empire Britannique de la Reine Victoria et le nouvel Empire Français de Napoléon III.
Dès lors, les flottes anglaises et françaises se portent au secours de la malheureuse flotte Ottomane mise à mal en Crimée dans la Mer Noire par la flotte Russe.
Le Corps expéditionnaire franco-britannique - notez bien que c'était la première fois depuis 700 ans que ces deux nations hostiles trouvaient matière à s'allier - débarque en Crimée dans le but de détruire la flotte russe, mais il se heutera bien vite à la résistance héroïque des cosaques russes conduisant au Siège interminable de la ville retranchée de Sébastopol et de sa redoute de Malakoff (on parla plus tard de " Verdun avant l'heure "...).
Dès lors, la guerre de tranchées s'imposera, rythmée par des assauts souvent aussi inutiles qu'impétueux (voir le film " La charge de la brigade légère " 1968), et plusieurs batailles mettant en avant les zouaves français et la cavalerie britannique, dont l'Alma et Inkerman, laissant des dizaines milliers de morts au combat, mais davantage par la maladie (typhus, choléra).
Après la prise de Malakoff (la forteresse surplombant Sébastopol) en septembre 1855, la Russie fut vaincue, au prix des 2/3 des victimes du conflit, pour un total de 700.000 morts, dont :
- 450.000 Russes,
- 120.000 Turcs,
- 100.000 Français,
- 21.000 Britanniques et
- 2.000 Sardes.
À noter que 80 % des victimes le furent par maladie.
Le Traité de Paris signé le 30 mars 1865 mit fin à la Guerre d'Orient, dite Guerre de Crimée.
* De nombreuses stations de métro, places, pont, rues et monuments parisiens, sans oublier le fameux Zouave du Pont de l'Alma ni des rues dans des communes d'île-de-France dont la ville de Malakoff, portent le nom de lieux, batailles et officiers engagés durant la Guerre de Crimée.
Ainsi, chacun connaît ces noms :
- Boulevard de Sébastopol
- Métro Réaumur-Sébastopol
- Métro Alma-Marceau
- Statue de zouave - Pont de l'Alma
- Avenue Bosquet
- Rue Bosquet
- Avenue de Malakoff
- Avenue Mac-Mahon
- Boulevard d'Inkermann
- Rue d'Odessa
- Métro Malakoff-Plateau de Vanves
- Ville de Malakoff (92)
- Statue de chasseur à pied - Redoute de Gravelle
Le Zouave du Pont de l'Alma
Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 9, Communion
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 9 " COMMUNION "
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ÉGLISE SAINT-MARTIN-DE-BAYEL.
Il n'est de village, de bourg ou de hameau qui ne possède de trésors insoupçonnés... Et c'est le cas à Bayel, petite commune de 772 âmes dont la fameuse Manufacture royale de Champagne (verrerie) a fait la réputation.
Mais aussi, de façon plus discrète et néanmoins surprenante, par son église du XIIIè ou plus exactement par son contenu...
Elle possède deux véritables trésors. Deux oeuvres inestimables :
- une vierge à l'enfant sculptée dans du calcaire polychrome et doré,
- une vierge de Pitié émanant du Maître de Chaource (célèbre sculpteur champennois du XVIè).
Ces deux oeuvres majeures de la statuaire médiévale et de l'école Troyenne sont régulièrement présentées lors d'expositions nationales et internationales. D'ailleurs, la vierge du Maître de chaource a été reproduite par l'Atelier National des Moulages, visible au Palais de Chaillot de Paris.
La vierge à l'enfant (Notre-Dame de Belroy)
La vierge de pitié du Maître de Chaource
Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 8, Caisses de Bar
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 8 " CAISSES DE BAR "
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TROYES ET LE TEXTILE, LES CAISSES DE BAR (Caisses de Bar)
1/TROYES ET LE TEXTILE ou la rencontre entre la bonneterie d'hier et la production d'articles en tricot, bas, chaussettes, sous-vêtements, coiffures... Troyes en effet, a longtemps été la capitale du textile français avec pas moins de 25.000 ouvriers dans les années florissantes de 1970 que se partagent Irena et Florence.
De grandes marques telles Lacoste, Petit-bateau ou Devanlay y figuraient en bonne place, mais avec l'ouverture au marché chinois et la délocalisation, les années 80 marquèrent son déclin. Avec ses "magasins d'usine", Troyes a su miraculeusement se maintenir en employant aujourd'hui environ 3.500 emplois.
À l'époque d'Antonin, la ville rendue célèbre par sa bonetterie qui avait supplanté le tissage, comptait pas moins de 10.800 métiers à tricoter. La ville recueillit d'ailleurs de nombreuses distinctions et médailles lors des foires et des expositions internationales.
En fait, c'est au 12è siècle que s'installèrent à Troyes petit à petit, des tisserands, drapiers et teinturiers avant que de s'ouvrir au tricot de bonnets, de coiffures et de bas au 16è siècle. Et comme toujours pour ces professions reconnues par les souverains, on est tisserand de père en fils, comme de mère en fille d'ailleurs (les femmes représentaient 61 % des ouvriers en 1921). La renommée de Troyes offrit des bas au roi Henri II en 1559 tout comme à la reine d'Angleterre, Victoria (1819/1901).
Ainsi s'étoffa la renommée de la capitale de la maille dont l'enrichissement provenait non seulement de sa production textile, mais aussi de ses taxes et droits de péage perçus depuis le Moyen-Âge, sans oublier la fabrication de machines à tisser, à tricoter et d'aiguilles dans des temps plus récents.
Enfin, saluons le couronnement de la Reine de la Bonneterie, Mlle René Kuntz, le 12 septembre 1909...
et la Reine de la Bonneterie...
2/ LES CAISSES DE BAR sont de succulentes pâtisseries locales présentées avec leur collerette de papier dans de petites caisses cartonnées.
Réalisées à Bar-sur-Aube par une ou deux confiseries, elles se présentent comme des petites meringues très légères faites à base de blanc d'oeuf, de sucre, de vanille, de zestes de citron et d'amandes effilées onctueuses en leur coeur lui conférant son goût si caractéristique.
Vraiment délicieuses, ces "caisses" avaient été inventées par un pâtissier Aubois cherchant à accompagner du champagne, un peu comme les biscuits roses de la Maison Fossier.
J'en ai goûté à plusieurs reprises, à chaque fois que je me rendais à Bayel, et je puis vous assurer que c'est un délice exquis ! En revanche, je ne sais s'il en existe encore aujourd'hui, sachant que c'est la boulangerie Carroy qui s'en était faite une spécialité.
Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 7, Colporteur
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 7 " COLPORTEUR "
Lien vers le poème : Colporteur
LES COLPORTEURS DANS LES CAMPAGNES, LA RÉPRESSION QUI SUIVIT LE COUP D'ÉTAT DE LOUIS NAPOLÉON BONAPARTE (Colporteur)
1/LES COLPORTEURS DANS LES CAMPAGNES avaient un rôle allant bien au delà leur simple commerce itinérant. Parcourant les campagnes depuis leur Savoie natale pour la plupart, ils traversaient les provinces en apportant aux villages davantage que leurs marchandises (tissus, étoffes, rubans et dentelles, articles de mercerie, colifichets, images pieuses, livres de cantiques, almanachs, bibelots, objets du quotidien et de cuisine, etc.) puisqu'ils relayaient l'information des "pays" (c'est ainsi qu'on désignait autrefois les bourgs).
Ces colporteurs ou " Porte-balle " prenaient le chemin à pied, avec pour les plus riches un âne ou une charrette à bras accompagnée d'un chien, mais le plus souvent portant sur le dos leur " marmotte " composée de caisses de bois emboîtables et leur corne pour annoncer leur arrivée.
Autant dire que les populations attendaient avec impatience leur passage, deux à trois fois l'an. En fait, dans les campagnes isolées comme dans les vallées reculées, d'autres personnes tenaient également ce rôle de "colporter des informations". Il s'agissait des mendiants ou d'hommes de peine à la journée n'ayant plus d'emploi, qui s'en venaient quêter de ferme en ferme un peu de soupe au lard et un quignon de pain près du feu en attendant de dormir une nuit à l'étable, contre de précieuses informations et renseignements divers glanés au fil de leurs déplacements.
Ainsi, en sus des propos rapportés par les colporteurs, des ragots du lavoir ou des dernières nouvelles du marché au bestiaux, les populations agricoles avaient-elles quelque idée sur leur environnement proche, cantonal, régional voire national. Cette communication de bouche à oreilles étaient indispensable, ne serait-ce que pour mieux jalouser l'achat de terres et de bêtes des voisins..., les noces à venir ou les décès du Canton.
Présent au Moyen-Âge, c'est sous l'Ancien Régime que le colportage connut sa prériode d'or. À l'origine, il s'agissait de jeunes gens quittant leurs montagnes l'hiver du fait de la double nécessité de glâner quelques sous sur les chemins à la période creuse et de retirer à leur famille une bouche à nourrir. Ainsi, ils partaient vendre en sus de leur camelote habituelle, des objets réalisés lors des veillées, comme les jouets du Queyras (Voir Laurine...), par exemple.
De véritables réseaux se constituèrent avec de plus en plus souvent, au XVIIIè siècle, l'octroi d'une autre spécialité accompagnant leur colportage comme celle de remouleur, châtreur d'animaux, rempailleurs, lecteur d'ouvrages pieux et de journaux (pour les plus instruits), chanteur, marchand de vin (avec charrette), ou tailleur. Suivant un édit royal de 1723, ils savaient lire, écrire et payaient taxe ! Mais leur grande majorité passait outre, devenant dès lors des "trafiquants" ou des camelots.
Leur profession péréclita au XIXè avec le développement urbain, le déploiement industriel des usines et l'arrivée du chemin de fer. Vers la fin des années 1880, ce furent des enfants de huit à douze ans et des vieillards qui prirent le chemin des hommes d'hier fiers et robustes, avant que l'on n'accuse les colporteurs restants de tous les maux de la terre à l'instar des gitans et des bohémiens.
Peinture de Charles Robert Leslie (1794/1859)
La "marmotte"
Photo personnelle prise au Musée Chasal Lento de Mont-de-Lans (intérieur à la veillée dans l'Oisans)
2/ LA RÉPRESSION QUI SUIVIT LE COUP D'ÉTAT DE LOUIS NAPOLÉON BONAPARTE fut très dure et marqua les esprits pour longtemps...
En complément de mon précédent lexique consacré au coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte (voir ICI), disons quelques mots sur la répression qui s'abattit sur les députés et opposants républicains à ce coup de force armé du 2 décembre 1851.
Déjà, des parlementaires de renom tels Thiers, Lamoricière, Cavaillac ou Changarnier furent interpellés et emprisonnés en pleine nuit. Puis dès le lendemain, Victor Schoelcher et Victor Hugo ainsi que 220 députés réunis dans la mairie du Xè et tentant en vain d'ameuter le peuple, furent arrêtés sans ménagement.
Des barricades furent alors érigées dans les quartiers populaires de l'Est parisien où le député Alphonse Baudin trouva la mort. Puis sur les Grands Boulevards où s'exacerbent les passions sous les cris de jeunes bourgeois et de "gants jaunes" lors d'affrontements violents, la troupe tira sur la foule y faisant 200 morts ! Ce désastre hantera longtemps Louis Napoléon qui aurait préféré un coup d'État pacifique...
En fait, le principal instigateur de cette répression brutale fut le Duc de Morny (petit fils de Talleyrand) qui organisa l'arrestation dans les mois qui suivirent de 30.000 opposants et de 10.000 déportations en Algérie et en Guyanne. Au total, ce furent 400 morts et 26.000 arrestations qui ternirent aussitôt la crédibilité du future Napoléon III.
On compte enfin 80 députés exilés au premier rang desquels... Victor Hugo !
Mais le peuple consulté au suffrage universel masculin (bien entendu...) approuva très largement ce coup d'État, donnant carte blanche à Louis Napoléon Bonaparte pour promulguer une nouvelle Constitution, laquelle instaurera dans un premier temps une apparence de démocratie républicaine, celle du " Prince Président ".
Arpentant durant quatre mois les provinces en quête d'opinion populaire favorable, tout en muselant la Presse (Décret de février 1852 limitant la liberté de la Presse), il orienta le peuple et les Sénateurs vers le retour à la monarchie faite pour lui, sur mesure. Ainsi, un nouveau plébiscite restaura l'Empire par 7.390.000 "oui" contre 253.000 "non" le 20 novembre 1852 au titre " du rétablissement de la dignité impériale en la personne de Louis-Napoléon ".
Il sera couronné Empereur le 2 décembre 1852, jour anniversaire su Sacre de Napoléon 1er, de la victoire d'Austerlitz et... de son coup d'État, devenant " Empereur des Français sous le nom de Napoléon III ".
Victor Hugo, proscrit et banni pour s'être opposé avec virulence contre ce coup d'État, voua ensuite, toute sa vie, une haine implacable contre Napoléon III.
Il fut exilé puis s'exila de lui-même à Bruxelles, à Jersey puis à Guernesey durant... vingt ans ! Il mit tout son talent au service de sa fureur contre celui qu'il nomma " Napoléon le Petit ". Il lui consacra trois livres et plusieurs pamphlets.Et dans l'un de ses célèbres poèmes des Châtiments, "l'Expiation", il écrit que " Le plus terrible châtiment infligé par Dieu à la dynastie des Bonaparte est de lui avoir donné Louis-Napoléon comme héritier ! "
Napoléon III
Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 6, L'Empereur
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 6 " L'EMPEREUR "
Lien vers le poème : L'Empereur
LE COUP D'ÉTAT DE LOUIS NAPOLÉON BONAPARTE (L'empereur)...
... se déroula le 2 décembre 1851, jour anniversaire de la bataille d'Austerlitz comme du sacre de l'oncle de Louis Napoléon Bonaparte, le grand Napoléon 1er., à l'occasion d'un grand bal faisant diversion...
Ainsi, le futur Napoléon III* vient-il de mettre un terme à la 2ème République dont il était le prince-Président, en s'appuyant sur ses amis et fidèles, hostiles aux républicains et parlementaires refusant qu'il prolonge son mandat de Président.
En effet, élu le 10 décembre 1848 comme premier président de la deuxième République, il ne pouvait pas se représenter au delà de son mandat après mars 1852, suite à un projet de révision constitutionnelle qu'il n'emporta pas. Mais surtout, il s'agissait pour lui de prendre de court les monarchistes soutenus par Thiers qui se seraient bien vu remettre en selle un roi, et les républicains qui lui étaient hostiles.
- * Il faudra attendre le plébiscite demandé par le Sénat du 20 novembre 1852 restaurant l'Empire et le proclamant " Empereur des Français sous le nom de Napoléon III " voté par 7.390.000 "oui" contre 253.000 "non".
Petit rappel :
Louis Napoléon Bonaparte était le neveu de Napoléon 1er, fils en effet de Louis, frère cadet de Napoléon, 1er marié à Hortense de Beauharnais (la fille de la première épouse de Napoléon : Joséphine de Beauharnais).
Après la mort du seul héritier légitime de Napoléon 1er, Napoléon II (François Joseph Charles) surnommé l'Aiglon en 1832, les Bonapartistes encore largement présents étaient déterminés au retour de l'Empire, notamment après "le retour des cendres" en grande pompe à Paris de l'Empereur (restitution du corps de Napoléon 1er depuis Sainte-Hélène par les anglais le 15 décembre 1840). Ils virent donc en la personne de Louis Napoléon Bonaparte un prétendant naturel au trône impérial récupéré.
Louis Napoléon bonaparte, ayant déjà tenté en vain, de prendre le pouvoir en 1840 fut condamné à la prison à vie au fort de Ham, dont il s'échappa rejoignant l'Angleterre (un comble pour un Bonaparte...!) dans des conditions rocambolesques en 1846. Ne pouvant cependant revenir en France, il se présente à la Députation de la toute nouvelle 2ème République et est élu dans plusieurs départements ! Puis le suffrage universel le porte à la Présidence de la République en décembre 1848 (Décembre est vraiment "son mois" NDLR).
Il s'oppose au Général Cavaignac qui réprima brutalement les émeutiers ouvriers de 1848, puis se pose en défenseur des faibles et protecteur du petit peuple. Il s'oppose radicalement au Parti de l'ordre des députés royalistes et construit petit à petit sa réputation en se forgeant une image populaire et sociale, notamment en se déplaçant en province durant quatre mois en 1850, ce qui à l'époque, n'était pas banal ! Il tente alors en vain, de convaincre l'Assemblée Nationale de modifier la Constitution afin de briguer un deuxième mandat de Président.
Le voici donc avec ses amis conjurés, dont le duc de Morny (petit fils de Talleyrand), Victor Fialin et le colonel d'Espinasse fomentant son coup d'État lancé avec pour nom de code "Rubicon" (Oui, oui, le ruisseau qu'a franchi César... !) et s'emparant des lieux stratégiques du pouvoir (Palais Bourbon, ministère de l'Intérieur...) à l'occasion d'un bal dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851.
Les arrestations, déportations et la répression qui s'ensuivirent furent impitoyables et donnèrent à Victor Hugo l'occasion en les dénonçant, de s'élever avec véhémence contre ce nouveau pouvoir absolu conduit par un dictateur ! Il faut bien considérer que là où Louis Napoléon Bonaparte s'imaginait prendre le pouvoir en douceur, il a échoué...
N.B : Je reviendrai ultérieurement sur la répression consécutive au coup d'État.
" Le retour des cendres " par Eugène Isabey
Vidéo remarquable décryptant le tableau du peintre Eugène Isabey en 1842 présentant le retour des cendres de l'Empereur depuis le navire "La Belle Poule"
Tout en haut de cet incroyable catafalque, le cercueil de l'Empereur conduit aux Invalides.
Le coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851
Les deux hommes que tout sépare...
Victor Hugo et Louis Napoléon Bonaparte
Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 5, Z...A
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 5 " Z...A "
Lien vers le poème : " Z...A "
LE FILM DE COSTA-GAVRAS " Z ", L'AVALANCHE MEUTRIÈRE DE VAL-D'ISÈRE EN 1970, MOUNA AGUIGUI, LA BIBLIOTHÈQUE SAINTE-GENEVIÈVE (Z...A)
1/LE FILM DE COSTA-GAVRAS " Z "
fit grand bruit à sa sortie le 26 février 1969 puis obtint par la suite de nombreuses récompenses internationales dont le prix du jury du Festival de Cannes.
"Z" ou Zeta en Grec, signifie "Il vit".
Ce film sortant à l'époque de la dictature des colonels est un véritable réquisitoire contre cette dictature instaurée en Grèce depuis 1967. Il se fonde sur l'assassinat du député grec Grigoris Lambrakis en 1963.
Il souleva un enthousiasme sans précédent pour défendre les libertés et s'élever contre les dictatures militaires et les régimes totalitaristes. Il est vrai que sa distribution avec des acteurs talentueux comme Jean-Louis Trintignant (dans le rôle du procureur) qui reçut le prix d'intermrétation masculine du Festivel de Cannes, d'Yves Montand (jouant le député "Z" ) ou bien encore de Jacques Perrin, Pierre Dux, Charles Denner, Bernard Fresson, François Perrier, ou Irène Papas sans oublier la voix de Jacques Monod, contribuèrent largement à son succès.
Et le choix de la musique composée par Mikis Theodorakis, lui-même emprisonné dans les geôles des dictateurs grecs, eut un retentissement mondial.
Par la suite, Costa-Gavras poursuivit son oeuvre cinématographique en dénonçant les totalitarismes avec "l'Aveu" (1970), "état de Siège" (1973), "Section spéciale" (1975) et "Missing" (1982).
La dictature des colonels dura de 1967 (21 avril) à 1974 suite à un coup d'état de la junte militaire grecque conduite par Georgios Papadopoulos et provoquant le départ du roi Constantin.
De sinistre mémoire...
Photo prise en juillet 1965 au théâtre d'Épidaure.
Des militaires entourent la scène et parcourent les gradins... Déjà !
2/ L'AVALANCHE MEUTRIÈRE DE VAL-D'ISÈRE EN 1970
fut terrible et d'une puissance inouïe, formée de neige poudreuse dévalant sur plus de mille mètres de dénivelé.
Elle s'abattit le 10 février 1970 à 8 heures du matin, non loin de l'église de Val-d'Isère en Savoie et, fracassant les vitres de la salle à manger à l'heure du petit déjeuner, ensevelit le foyer sportif de l'U.C.P.A. tuant 39 jeunes et en en blessant 37 autres parmi les 194 jeunes vacanciers du centre.
Le choc sur les populations à l'heure du développement des stations de sports d'hiver fut considérable.
Et un malheur n'arrivant jamais seul... le 16 avril 1970, un glissement de terrain effroyable emporta un chalet sur le plateau d'Assy en Savoie, faisant 76 victimes ,dont 56 enfants.
Suite à ces drames, des mesures de sécurité et de prévention des risques naturels furent prises à l'échelon national.
Qu'il me soit permis ici, d'avoir une pensée émue pour ces malheureuses victimes...
3/ MOUNA AGUIGUI,
de son vrai nom André Dupont (1911/1999) était un curieux personnage fort connu du Quartier latin dans les années 1960/70.
Cet espèce de clochard instruit aux allures de philosophe, pacifiste, non violent et libertaire, voire écologiste - ce qui à l'époque n'était pas banal - sillonnait avec sa fameuse charrette et son vélo le Paris des étudiants, ses facultés dont celle de Vincennes naturellement, et l'ensemble du Quartier latin dont la Sorbonne où il s'invitait. On le vit aussi au Festival de Cannes, à Avignon ou au Printemps de Bourges...
Sa silhouette bien connue du milieu universitaire lui donnait un air de sage révolté ayant d'ailleurs connu son heure de gloire en 1968. D'ailleurs, adepte du "Sous les pavés, la plage", il proposa que l'on prolonge le Boulevard Saint-Michel jusqu'à la mer... On peut considérer qu'à l'instar des bouffons amuseurs du Moyen-Âge, il ne se gênait pas pour haranguer les foules en les remontant contre leurs despotes !
Une anecdote résume assez bien sa réputation internationale. Ayant fondé son Club des Aguiguistes à vocation de joie universellement optimiste, et découvrant dans une publication la photo d'Albert Einstein tirant la langue, il n'hésita pas à lui écrire afin de lui proposer la Présidence d'honneur de son Club. Lequel acceptant, lui notifia : "N'hésitez pas à accrocher dans votre restaurant mon portrait qui, du reste, illustre bien mes convictions politiques."
En juillet 1984, devant le Centre Pompidou (Beaubourg)
4/ LA BIBLIOTHÈQUE SAINTE-GENEVIÈVE
est l'une des plus belles de Paris. Située Place du Panthéon à Paris 5e, elle connut une succession de transformations au fil des siècles, puisque se tenant à l'emplacement de l'ancien Collège de Montaigu créé en 1314 (de la Faculté des Arts de l'Université de Paris qui accueillit Érasme) et voisin de l'ancienne Abbaye Sainte-Geneviève de Paris.
Laquelle abbaye faisant suite à la Basilique Sainte-Geneviève fondée au VIè siècle par Clovis... devint plus tard, notamment grâce au Cardinal de La Rochefoucauld évèque de Senlis, la 3e bibliothèque d'Europe !
Son histoire fait état de ses modifications, transformations (notamment à la Révolution française) et déménagement du fait de son "partage" avec ce qu'est devenu le Lycée Henri IV, pour une reconstruction réalisée entre 1843 et 1851, à l'époque qui intéresse également ma saga d'Antonin ;-)
Son architecte, Henri Labrouste conçoit un édifice rationnel, sobre et dépouillé d'un modernisme fait d'une structure de voûtes de fonte élancées pouvant accueillir 500 étudiants pour 80.000 ouvrages au XIXe et près d'un million de volumes aujourd'hui.
Rattachée à l'Université de Paris (Paris 3 aujourd'hui) comme la Mazzarine (la plus ancienne de France), elle jouit d'un statut interuniversitaire à caractère public depuis 1970.
La bibliothèque Sainte-Geneviève sur l'emplacement de l'ancien Collège Montaigu
en 1859
et aujourd'hui...
La grande salle de lecture aujourd"hui
La bibliothèque "Mazzarine"
et sa grande salle de lecture
Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 4, L'apprenti
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 4 " L'APPRENTI "
Lien vers le poème : " L'apprenti "
LES HEURES CANONIALES, TECHNIQUE DU VERRE À CHAUD, LA GAMELLE PORTÉE PAR LES FEMMES (L'apprenti)
1/LES HEURES CANONIALES...
...correspondaient à la façon de rythmer le temps, faute d'horloges ni de montres, depuis l'antiquité romaine (qui divisait le jour en 12 parties égales et autant pour la nuit), mais surout depuis le Moyen-Âge grâce aux cloches des abbayes, des monastaires et surtout des églises.
Ainsi prit-on l'habitude de "découper" ce temps en prenant comme référence l'heure de midi, ralativement facile à estimer par rapport au soleil, mais avec de fait des différences selon les saisons...
Les clochers avaient cette fonction première de donner l'heure, mais surtout de rappeler l'importance des prières quotidiennes et des messes !
À compter du Moyen-Âge, on prend pour repères huit " heures canoniales " se répartissant sur 24 heures de la journée et de la nuit, toutes les 3 heures, soit depuis le lever du soleil le Prime, trois heures après la Tierce, puis la Sexte (midi), la None, les Vêpres (le soir) et pour la nuit les Complies, les Mâtines (minuit) et les Laudes (l'aurore).
Bien évidemment, seuls les moines sonnaient toutes les trois heures, les curés ou plutôt leur bedeau se contentant des principales heures canoniales, d'ailleurs bien souvent calées sur le son des cloches des villages voisins entendues au dernier moment...
Une cloche en bronze de ma collection personnelle...
2/ TECHNIQUE DU VERRE À CHAUD
Les nombreuses techniques des Maîtres verriers sont complexes et se déclinent depuis la fusion de la pâte à verre, elle-même issue de savants mélanges gardés secrets, à la taille et à la gravure des pièces de verre ou de cristal.
Sans entrer dans les détails, relevons que le façonnage des pièces - d'ailleurs à l'époque en Champagne, essentiellement des carafes et carafons de vin, mais aussi des gobelets (verres) - pouvait s'obtenir de plusieurs façons : soufflées-tourné à la bouche (par air comprimé aujourd'hui), pressées en moules, façonnées par étirement/déformation, etc. Le verrier "cueille" de la pointe de sa "canne" (pleine ou creuse si "soufflé") dans le creuset la bonne quantité de pâte en fusion pour réaliser sa pièce.
Mais ce serait une erreur de laisser refroidir complètement la pièce soufflée et "tournée" (pour rester parfaitement sur son axe, une fois posée et travaillée sur le "marbre") sans "rebrûlage" car elle se briserait. Il est donc indispensable de "recuire" la pièce dans "un arche de recuisson" afin de pouvoir la travailler en évitant un choc thermique qui lui serait fatal entre son façonnage (à chaud) et sa finition (à froid). Et ce temps de cuisson varie de 2 heures à... 24 heures.
3/ LA GAMELLE PORTÉE PAR LES FEMMES
Il était courant à la campagne de porter aux "hommes" le casse-croûte de midi. Généralement, après avoir avalé un bol de lait tirré du pis de la vache aux aurores dès la première traite, ceux-ci partaient dans les champs pour en revenir vers les dix heures et se restaurer de tartines de saindoux (comme à la mine) trempées dans un bol de bouillon. Puis ils repartaient, mais ne rentraient que le soir pour le souper. C'est une erreur de penser que le dîner se tenait le soir. On "dînait" à midi.
Leur femme ou leurs filles leurs portaient donc dans les champs leur "dîner" ainsi que leur "goûter" de quatre heures, soit une demi miche de pain "blanzé" tenant sa couleur grise du seigne, une tranche de lard, une pomme de terre chaude dans de la paille et parfois un fruit (pomme), mais cela dépendait naturellement des régions (exemple des châtaignes d'Auvergne). Ils buvaient de l'eau tirée du puit dans un carafon, parfois coupée d'un peu de vin.
Ici dans mon poème, il s'agit d'une manufacture, donc d'une sorte d'usine ne laissant guère le temps de rentrer chez soit à midi, d'où la "livraison" par les femmes de leur "gamelle" faite nécessairement de soupe grasse et de lard, de pain trempé dans la soupe, d'une patate chaude, d'un biscuit local et d'une pomme, ainsi que d'eau fraîche et de vin ou de lait pour les plus jeunes (les enfants aidaient dès 7 ans en 1850).
Le souper, donc du soir à la maison, consistait obligatoirement en une soupe épaisse de fèves, haricots, carottes ou choux parfois enrichie d'un bouillon de porc (plus rarement de volaille sauf aux fêtes) ainsi que de pommes de terre (bien que sa production chuta en 1848 du fait d'intempéries), d'oignons ou de raves. La soupe était versée sur le pain. Mais il se pouvait aussi qu'on trempe le pain dans du lait tiède ou qu'on mange une bouillie de maïs (la "gaude"). Les omelettes étaient plus rares car les oeufs étaient vendus au marché ou gardés pour le gâteau du dimanche. Parfois, on se régalait d'un morceau de tomme ou de fromage de chèvre. On buvait de l'eau et parfois du cidre, le vin étant plutôt réservé à la soupe en "faisant chabrot".
Inutile de préciser que les volailles ou "le" porc tué une fois l'an étaient réservés aux repas des baptèmes, communions, noces, enterrements et des fêtes calendaires : La Septuagénisme (11 février), Les Cendres (février), Pâques, les Rogations (en mai), l'Ascension, La Pentecôte, la Trinité (10 juin), la fête Dieu (14 juin), l'Assomption, la Toussaint, le premier dimanche de l'Avent (2 décembre) et la Noël.
Une gamelle de 1850
"Le repas des paysans" par Louis Le Nain (1593)
"La famille heureuse " par Louis Le Nain (1642)
Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 3, Privilège
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 3 " PRIVILÈGE "
Lien vers le poème " Privilège " :
MAÎTRES VERRIERS " GENTILSHOMMES NOBLES ", CRISTAL DE BOHÈME ET PÂTE DES DIEUX, DÉCLIN DE LA MANUFACTURE ROYALE EN CRISTAUX DE BAYEL, L'ABBAYE DE CLAIRVAUX, LA PRISON DE CLAIRVAUX (Privilège)
1/ MAÎTRES VERRIERS " GENTILSHOMMES NOBLES "
On nommait ainsi les maîtres verriers car ils jouissaient d'une respectabilité hors du commun liée à l'exercice difficile de leur art très prisé par les têtes couronnées, mais surtout au fait que les nobles avaient le droit de pratiquer ce métier. Or, par définition, la noblesse ne pouvait ni exercer la profession du travail de la terre, ni celle du commerce, ni non plus celle de l'artisanat, hormis l'exception de la verrerie.
Ainsi nommés gentilshommes verriers, ceux-ci soutenaient que leur état privilégié avait été reconnu par le roi Louis IX (Saint-Louis). Au départ (Moyen-Âge), il s'agissait bien de nobles autorisés à souffler le verre, mais par la suite, des artisans verriers roturiers se virent de facto assimilés à la noblesse voire anoblis.
De plus, leurs privilèges étaient conséquents : pouvoir d'établir et de gérer des verreries, dispense d'impôts et du logement des gens de guerre, libre circulation non taxée de leurs marchandises, droit de coupe et de taille de bois, faibles redevances immobilières, droit de chasse avec chiens, droit de laisser paître des porcs en forêt, etc.
2/ CRISTAL DE BOHÈME ET PÂTE DES DIEUX
Le cristal de Bohême a suivi un parcours comparable à celui de Bayel avait huit siècles d'existence et une célébrité émergeant au XVIIIè siècle de fait de l'émigration en Europe de l'Ouest de nombre d'artisans verriers.
La pureté de son cristal à 24% de plomb lui confère une irisation et un éclat reconnus dans le Monde entier. Il a décoré les plus belles tables avec des pièces rehaussées d'or fin quand elles n'étaient pas tout simplement colorées de vert, bleu, cobalt, rouge ou ambre.
Quant à la "pâte des dieux", celle du verre, elle est connue depuis la haute antiquité, il y a plus de 3000 ans, et principalement en Égypte. Le verre y fut découvert un peu par hasard, à l'occasion de la cuisson de jarres à bière en terre, mais qui contenaient en sus du sable (silice) mélangé à la terre, du cobalt et de manganèse produisant lors de la cuisson à très haute température dans des fours ingénieusement ventilés, une sorte de pâte vtreuse, vitrifiée et bleutée ayant incité les artisans à confectionner des bijoux "de verre".
À l'origine, la pâte de verre n'était composée que de silice ou de quartz (vitrifiant) et de chaux ou potasse (fondant). Par la suite, y furent adjoints des silicates, colorants, du cristallin, du plomb (cristal), des stabilisants, voire du pyrex.
Toute la difficulté du travail du verre réside dans l'art de le fondre puis de le recuire en maîtrisant les périodes de refroidissement afin de pouvoir le travailler sans le casser.
Ce sont les Vénitiens qui passèrent maîtres dans l'art de la verrerie, à tel point que Louis XIV fit venir comme déjà dit (voir Lexique 2 Florence) une célébrité du genre : Jean-Baptiste Mazzolay pour développer la verrerie de Bayel.
Verres en cristal de Bohème de ma collection personnelle
3/ DÉCLIN DE LA MANUFACTURE ROYALE EN CRISTAUX DE BAYEL
Il y en eut plusieurs, dont une période difficile en 1850 due à la concurrence rude avec les productions étrangères de Venise, d'Angleterre, d'Allemagne ou de Bohème (Tchéquie actuelle) - voir mon poème "Privilège".
Mais c'est surtout à l'époque contemporaine que nombre de cristalleries françaises et étrangères (comme celle du Val Saint-Lambert en Belgique) cessèrent leur production, dont la manufacture de Bayel définitivement fermée, après des soubressauts, en 2016. Et pourtant, elle avait fonctionné avec plus de mille ouvriers/artisans dans les années 1960/70 !
Quant à celles qui résistent encore, comme Baccarat, elles ont été rachetées avec des capitaux étrangers, par exemple à 88,8% de fonds chinois pour Baccarat en juin 2018...
Paire d'aiguières en cristal et argent
Lustre en cristal de Baccarat
4/ L'ABBAYE DE CLAIRVAUX
L'abbaye de Clairvaux " La vallée claire " (1115 à 1756) dont le sol accueillit plus tard cette prison, mais également dès le XIVè siècle la verrerie de Bayel, était quasiment la plus grande abbaye d'Europe, au XIIè siècle !
Fondée par le moine Cistercien (branche réformée des Bénédictins) Bernard de Fontaine, dit de Clairvaux (1090/1153) avec des moines venant de l'abbaye de Citeaux, il l'établit non loin de Bar-sur-Aube dans une clairière isolée en bordure de l'Aube.
Elle ne va pas cesser de s'étendre pour atteindre le chiffre vertigineux de 1771 possessions sur plusieurs départements de 1121 à 1250 (granges, moulins, fours, bois, verrerie, mines, terres...) ! L'abbaye s'étend sur 1832 hectares de bois et 355 hectares de terres en 1153, puis au XVIIè siècle, sur 12000 hectares dont 4000 hectares de terres agricoles... L'abbaye comptait également sur l'apport de 800 moines et convers.
Quant à son rayonnement, il s'étendait sur plus de 300 monastères en faisant une puissance économique de premier plan procédant comme capitale du Monde occidental en quelque sorte à l'arbitrage entre les rois et seigneurs, les papes (le pape Eugène III fut formé à Clairvaux) et les évêques...
Bernard de Clairvaux qui participa au fameux Concile de Troyes en 1129, fut canonisé en 1174 (Saint Bernard de Clairvaux) et déclaré Docteur de l'Église catholique en 1830 par le pape Pie VIII.
Après la Révolution française, l'abbaye fut vendue comme bien national en 1792, abritant dès lors des activités industrielles avant que Napoléon 1er ne la rachète en 1808 pour la transformer en prison (voir ci-après).
Le dortoir des convers
Saint Bernard de Clairvaux
pour se situer...
L'Abbaye de Clairvaux en 3D
900 ans de l'Abbaye de Clairvaux sur FR3
5/ LA PRISON DE CLAIRVAUX
Cette sinistre prison, rendue célèbre en 1971 par les détenus Buffet et Bontems qui égorgèrent sauvagement une infirmière et un surveillant, se situe à 9 km de Bayel, sur un terrain boisé fondant l'emplacement de l'abbaye de Clairvaux fondée par les moines cisterciens (voir ci-avant).
Fondée en tant que telle en 1808 elle devrait fermer en 2022 ce qui, après l'arrêt de la cristallerie de Bayel, ne devrait pas aider l'emploi local qui, traditionnellement, outre les travaux agricoles, tournait autour de la verrerie et de la maison d'arrêt.
Établie comme beaucoup d'autres après la Révolution française, dans les locaux restés vacants des abbayes suite à l'exclusion de leurs moines, mais aussi compte tenu de la nouvelle peine dite de privation de liberté instaurée par le Code Napoléon en lieu et place des peines corporelles, la prison de Clairvaux prit la place idéale des cellules monastiques au sein de bâtiments austères et solides fermés de murs d'enceinte.
Au XIXè siècle, remplaçant donc la plus grande abbaye française, cette prison deviendra la plus grande prison française avec plus de 2000 détenus. Les conditions d'enfermement étaient inhumaines, d'abord en grands dortoirs laissant part à la violence carcérale collective de la loi du plus fort, puis avec les sinistres "cages à poules" individuelles en barreaux de fer de 1m50 x 2m qui "accueilleront" en batterie, des prisonniers jusqu'en... 1971, non sans rappeler les horribles "fillettes" de Louis XI !
Sans s'imiscer aucunement dans l'interprétation des révoltes de prisonniers, il est clair que ces conditions de détention moyennageuse en seront l'une des raisons. Du reste, c'est après l'affaire de Buffet et Bontemps de 1971 que la prison fut totalement réaménagée.
La prison connue différentes étapes historiques avec une prison de femmes dans le bâtiment des convers, des "colonies agricoles d'enfants" en tant que "fermes annexées au quartier d'éducation correctionnelle de la maison centrale de Clairvaux" en 1842 (les enfants pouvaient être incarcérés dès l'âge de 5 ans pour délit de vagabondage et de vol) avant que de devenir une Maison centrale réservée aux "longues peines" : Exemple en 2009, de 240 places pour 160 longues peines dont 48 à perpétuité.
La prison enferma des détenus célèbres comme Claude Gueux qui inspira Victor Hugo en 1834 contre la peine de mort ou Auguste Blanqui détenu de 1872 à 1877, et au XXè siècle, des détenus politiques arrêtés par les nazis avant leur déportation à Auschwitz, des hommes comme Charles Maurras ou des généraux félons au moment de l'O.A.S. tels Challe ou Zeller.
anciennes photos du XXè siècle
salle de discipline
batteries de "cages à poules"
douches
Surveillants
Lexique Antonin, Saison 1, Episode 2, Florence
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 2 " FLORENCE "
Lien vers le poème " Florence " : ICI
LE QUARTIER PARISIEN DE MAISON BLANCHE, BAYEL ET SA CRISTALLERIE, LA KENA ET LA MODE HIPPIE (Florence)
1/ LE QUARTIER PARISIEN DE MAISON BLANCHE où loge la meilleure amie d'Irena, Florence dans mon poème, est une particularité du 13ème arrondissement de Paris, situé au delà de la Place d'Italie (la barrière d'Italie comme la nommait Victor Hugo dans Les misérables) près de la station de métro "Maison blanche", non loin de la rue de Tolbiac et de l'Avenue d'Italie et convergeant vers la place de l'Abbé Henocque.
Tenant son nom d'un ancien hameau, c'est un quartier qui a beaucoup changé à travers les siècles, avec notamment le comblement de la vallée de la Bièvre (qui se jette dans la Seine) autour de laquelle se tenaient des tanneries empestant ce quartier très pauvre et insalubre, puis le déménagement des fortifications de Paris, et plus près de nous avec la construction de la ligne de chemin de fer dite de "la petite ceinture" puis du métro, et en conséquence la construction de logements pour les cadres et les ouvriers du chemin de fer.
Le paradoxe amusant réside dans le fait que les cadres bénéficièrent d'appartements neufs dans des ensembles H.B.M. (Habitations à Bon Marché) construits dans la première partie du XXè siècle en bordure des boulevards extérieurs dits des Grands-Maréchaux - vous savez, ces groupes d'immeubles faits de briques orangées - alors que les ouvriers jouissaient eux de maisonnettes accolées avec jardinets, comme dans les corons du Nord.
Imaginez un peu ces maisons qui se succèdent dans un calme absolu dans ces jolies rues que l'on dirait anglaises de style, avec leurs teintes différentes et couleur pastel dans ce quartier unique et préservé à quelques centaines de mètres à peine des tours de l'avenue d'Italie...
Aujourd'hui, ces jolies maison colorées valent une fortune !
Les I.B.M. des boulevards extérieurs
2/ BAYEL ET SA CRISTALLERIE est, ou plutôt fut une véritable institution. Créée en 1666 par Louis XIV, la " Manufacture Royale en cristaux de Bayel " fut confiée à un maître verrier réputé, Vénitien de son état, Jean-Baptiste Mazzolay. Venise était en effet au coeur du verre et sa réputation avait largement dépassé les frontières. Du reste, la transformationdu verre n'était pas une mince affaire (et ne l'est toujours pas) d'où la volonté du Roi Soleil d'obtenir coûte que coûte aussi bien en dôtant les artisans français de manufactures dignes de son nom !
Bayel qui s'était déjà spécialisée dans la verrerie depuis Philippe IV Le Bel en 1300 se prêta parfaitement à l'installation d'une manufacture royale car il y fallait du bois nécessaire à la cuisson du verre, du sable, de l'eau pure (l'Aube traverse Bayel) et un savoir faire ancestral. C'étaient les moines de l'abbaye de Clairvaux qui, détenant un moulin sur l'Aube ainsi que les bois alentours, installèrent les premiers ateliers d'une verrerie. Mais c'est en fait Colbert qui, bien plus tard, développa une véritable manufacture en faisant venir de Murano Jean-Baptiste Mazzolay et en lui accordant ce privilège par lettre patente.
C'est grâce à la qualité de la teneur en plomb supérieure à 27% de son cristal d'une pureté et d'un éclat incomparables, à sa taille profonde et brillante ainsi que par le savoir faire de ses générations d'artisans rompus au fameux "soufflé bouche, fait main" que ses articles de luxe, mais aussi ses flacons de vins plus ordinaires firent la réputation de Bayel.
Située donc à Bayel, commune située à 7 km de Bar-sur-Aube entre Troyes et Chaumont, cette cristallerie connut un essor remarquable, mais avec des hauts et des bas. Ainsi, après avoir assuré sa réputation internationale en servant les cours européennes dont la cour de France jusqu'en 1727, elle perdit ensuite de son attrait, du fait même de la concurrence avec Baccarat (créée en 1764), Saint-Louis (créée en 1767) et le verre étranger de Bohème (voir mon poème). La manufacture faillit sombrer sous la Révolution française, mais se rétablit et changeau plusieurs fois de propriétaires avec une baisse d'activité sous le règne de Napoléon III.
Plus près de nous, elle renforça sa notoriété avec une production de cristal de luxe s'illustrant sur les tables des grands de ce monde, de De Gaulle à Kennedy en passant par le roi du Maroc, ou sur le paquebot France ou bien encore l'hôtel Ritz de Paris. Ainsi, elle fit travailler près d'un millier d'artisans et d'ouvriers dans les années 1960/70.
Mais avec l'évolution du marché, la baisse d'intérêt pour les arts de la table, la perte d'attrait du grand public pour les produits de luxe, la concurrence asiatique et les coûts d'exploitation, la manufacture royale devenue "Cristallerie royale de Champagne" dans les années 1950, ferma définitivement ses portes en 2016...
N.B : J'ai visité la Manufacture à la fin des années 1970 et j'en possède, outre cette chute brute de cristal (photo ci-après) quelques pièces dont ces deux verres de mariés (photos ci-après).
3/ LA KENA ET LA MODE HIPPIE
ont largement fleuri les parvis de ces nouveaux "temples" de la jeunesse désabusée par ce qu'on lui proposait, par ces générations "qui avaient connu les guerres" et dont ils ne voulaient plus, par dix ans de Gaullisme, et par tant d'aspiration pacifique à de nouvelles valeurs en forme d'idéal...
Ainsi, rejetant en bloc "l'ancien monde" dans la foulée de mai 68, mais pas seulement, s'est-elle trouvée de nouveaux héros, de nouveaux combats, de jeunes aspirations en provenance des U.S. principalement.
Souvenez vous :
...l'homme sur la lune, la mini jupe et les colants, l'île de wight, la pilule, le M.L.F., Joan Baez chantant Sacco et Vanzetti, Che Guevara, la crise des missiles de Cuba, le festival de Woodstock, Les chars soviétiques à Prague, la guerre du Viet-Nam et les bombes au phosphore sur des villages, Jimmy Hendrix, bob Marley, les chemises à fleurs et les cheveux longs, les jeans unisexes, l'encens et la majiruana, les pantalons découpés, les vestes à franges, les bandanas, la FNAC qui s'ouvrait au public, la guerre du Biafra, la dictature des colonels Grecs, Robert Badinter contre la peine de mort, Alan Stivell et la harpe celtique, la flûte des Andes avec "El condor pasa" joué à la célèbre Kena, Bac et le jazz avec Jean-christian Michel, la pop music avec Led Zeppelin, les Who ou les Pinkfloyd, les Beatles et les rolling stones encore et toujours, Jacques Mesrine ennemi public n°1, Graeme Allwright, le film Délivrance, Z de Costa Gavras, Léo Ferré qui éructe, Brassens et Jacques Brel, la révolution culturelle en Chine, Belmondo, 5 colonnes à la une, Belphégor, etc.
Mais à "bonne nuit les petits" et sa rivale Chantal Goya, les jeunes préféraient déjà "faire l'amour et pas la guerre" ou aller voir l'odyssée de l'espace, Apocalypse now, Orange mécanique, Rosemary'baby ou il était une fois dans l'Ouest...
Et comme toujours, la mode précéda leur parcours qui assez vite se cala sur le rêve de pays exotiques aux antiques civilisations comme l'Inde, les Andes du Pérou, le Tibet de Katmandou et le kif du Rif du Maroc ou sur un autre continent, à cheval sur la fameuse Harley Davidson à la conquête de la mythique road 64...
Ma kena acquise en 1969...
sa particularité qui rend son jeu très difficile, elle n'a pas de sifflet ;
c'est le rapport entre le menton, la bouche et les lèvres qui le remplace !
la route 64 des bikers US...
Lexique Antonin, Saison 1, Episode 1, Vincennes
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 1 " VINCENNES "
Lien vers le poème " Vincennes " : ICI
LE C.U.E.V. DE VINCENNES (PARIS VIII) dont sa crèche, sa cafétéria, les U.E.R. et les U.V., et les gauchistes... (Vincennes)
Créé à l'automne 1968 pour une ouverture en janvier 1969 par le tout nouveau ministre de l'Education Nationale d'alors, le célèbre homme politique Edgar FAURE (1908/1988), le Centre Universitaire Expérimental de Vincennes se devait d'être, après les évènements de mai 68, une université d'un nouveau type. D'ailleurs, Edgar Faure qui avait accepté ce poste, Ô combien délicat, l'avait dôté de deux nouveautés "révolutionnaires" :
- dans un souci de démocratisation de l'accès au savoir, l'admission de non bacheliers, dès lors qu'ils satisfaisaient avec succès à des tests d'admission et qu'ils obtenaient un minimum d'Unités de Valeur (U.V.) dans l'année dans des matières dominante, sous-dominante et en langues, les autorisant dès lors à finaliser leur admission au C.U.E.V. ainsi que dans tout autre établissement d'enseignement supérieur, et devant ensuite poursuivre leur cursus vers les diplômes universitaires classiques (licence, maîtrise, doctorat, etc.).
- l'accès à des étudiants salariés grâce notamment (mais pas obligatoirement) à l'admission de non bacheliers (voir ci-dessus) et à des cours du soir programmés de 19h à 23h.
Par la suite, le C.U.E.V. conçu sur le modèle "frère" du Centre Universitaire Dauphine (devenu Université de Paris IX - Dauphine), obtint ses lettres de noblesse en devenant successivement, Centre Universitaire de Paris/Vincennes, Université de Paris/Vincennes, puis Université de Paris VIII - Vincennes, avant que d'être entièrement rasé en 1980 pour être transféré à Saint-Denis, devenant dès lors l'Université de Paris VIII - Saint-Denis.
Le C.U.E.V. offrait également la particularité de bénéficier d'un enseignement ET de recherche. D'ailleurs, ses départements s'intitulaient Unité d'Enseignement et de Recherche (U.E.R.), comme par exemple l'U.E.R. d'Arts Plastiques alors dirigée par la célèbre plasticienne Marie-José BAUDINET ou l'U.E.R. de Philosophie et Psychanalyse que dirigeait le philosophe François CHÂTELET. L'innovation et la recherche étaient au coeur de ses enseignements s'intéressant outre la connaissance à la perception des enjeux contemporains, avec d'ailleurs des secteurs d'Urbanisme ou d'études cinématographiques inédits à l'époque.
Ses enseignants, tout comme son premier Président, le professeur Raymond LAS VERGNAS, Doyen de la Sorbonne, étaient reconnus dans le monde universitaire international comme faisant référence dans leurs domaines.
Ainsi en philosophie/psychanalyse/sociologie, se côtoient des professeurs bien souvent engagés politiquement, voire dirigeant des mouvements politiques comme Henri WEBER, actuel Sénateur P.S. mais à l'époque dirigeant de la Ligue Communiste Révolutionnaire -L.C.R. trotskyste- avec Daniel BENSAID, André GLUGSMANN (de la Gauche Prolétarienne), Jean-Marc SALMON, Alain BADIOU et Jean-Claude MILNER (tous trois Maoïstes), Etienne BALIBAR (P.C.F.), Raymond CASAS (Parti Communiste Marxiste Léniniste) et d'autres intellectuels de renom comme Michel FOUCAULT, Gilles DELEUZE, François CHATELET, Jeannette COLOMBEL, Judith MILLER, René SCHERER, Jean-François LYOTARD, Jacques RANCIÈRE, François REGNAULT...
La faculté jouissait d'un vaste campus installé dans le Bois de Vincennes à l'emplacement - ce qui ne manque pas d'ironie pour un campus plutôt gauchiste - d'un camp militaire français, route de la Tourelle. Ses locaux étaient faits de préfabriqués dissiminés autour de pelouses.
De fait, l'ambiance était tout à la fois calquée sur celle des campus américains, dont d'ailleurs le système d'Unités de Valeurs (U.V.) ressemblait à celui des "crédits américains", et sur un périmètre de contestation permanente initiée par de nombreux groupuscules gauchistes de tendance maoïste, trotskyste, nihiliste, anarchosyndicaliste, parfois politique ayant pinion dur rue (P.S.U.) voire militant pour la cause des femmes (M.L.F.), les homosexuels (F.H.A.R.) etc. Inutile de dire que les locaux étaient largement tagués et recouverts d'affiches à caractère politique tandis que les locaux communs comme la cafétéria ou le restaurant du C.R.O.U.S. voyaient régulièrement des stands de propagande et de vente de documentations fleurir et... se confronter parfois violemment !
Quant à la crèche, légale mais gérée par un collectif d'étudiants, elle tenait sa raison d'être justement par l'ouverture des cours à des étudiants salariés, ayant donc besoin de confier leurs enfants.
Edgar FAURE
Le C.U.E.V. en 1969