Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 7, La nasse
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 2 " LUMIÈRE D'ORIENT "
ÉPISODE 7 " LA NASSE "
Lien vers le poème : La nasse
LE CAMP DE VARNA ET LE CHOLÉRA, LÉGENDES DU DANUBE (La nasse)
1/ LE CAMP DE VARNA ET LE CHOLÉRA
Dans un premier temps, en mars/avril 1854, l'expédition franco-Britannique a débarqué à Gallipoli * dans l'importante base turque située à l'extrémité de la péninsule du même nom dans le Détroit des Dardanelles, donc en bordure de la mer Égée.
* Et l'histoire se répétant, bien plus tard durant le 1er conflit mondial, la guerre fit rage également dans ces eaux ainsi que dans le Pachalik de l'archipel, après un autre débarquement franco-Britannique en 1915...
Puis les troupes réembarquèrent en mai/juin 1854 pour Varna (en Bulgarie actuelle donc en bordure Ouest de la Mer Noire) plus au Nord, servant de base générale des opérations militaires alliées contre la Russie.
Le camp militaire franco-Britannique s'éleva en juillet 1854 à 50.000 Français, 26.000 Anglais et 6.000 Ottomans.
Dès juillet, des opérations de reconnaissance armées furent engagées dans la Dobroudja : région conflictuelle s'il en fut à travers les siècles et que se partagent actuellement la Roumanie au Nord avec le Delta du Danube et la Bulgarie au Sud.
Avec une telle concentration d'hommes en Dobrodjée et plus particulièrement à Varna, il devenait évident que les maladies s'en mêleraient. Ainsi, le scorbut, le typhus et la dysentrie firent bien vite leur apparition, mais ce fut surtout le choléra qui s'imposa, dévastant les troupes franco-britanniques, turques et russes.
Contrairement à des idées reçues, le choléra n'était pas l'apanage de ces contrées reculées, bien qu'il trouve son origine endémique en Inde, dans le Delta du Gange. Non, il fut amené par les troupes d'infanterie française depuis Toulon (la 5ème division de l'armée française basée dans le Sud de la France) !
Inutile de préciser avec quelle facilité le choléra a-t-il pu se diffuser durant les 3.000 km de la traversée de la Méditerranée dans le confinement des navires à voile !
Mais le plus malheureux fut que les premiers cas signalés dans le navire Alexandre furent débarqués à Messine (Italie) et dûment signalés par le Vice-Consul de France qui signala le danger d'une diffusion massive de l'épidémie « Dieu veuille surtout que ce malheureux navire n’aille point porter la contagion tant aux armées alliées qu’aux populations de l’Orient ! ». Lequel, ne fut point entendu par les autorités sanitaires d'Orient ayant confondu de simples "accidents cholériformes" à leurs yeux, avec le choléra épidémique !
L'histoire, hélas, se ressemble cruellement sous nos propres latitudes actuelles ! N.D.L.R.
La France pourtant, connaissait alors en 1854 sa 3ème pandémie de choléra faisant 143.000 morts en métropole...
Sur place, à Varna, le choléra s'invita donc à partir du 9 juillet 1854 et faucha très rapidement des dizaines de milliers d'hommes, d'autant que malades et blessés revenant du front, lors des batailles de l'Alma, de Balaklava, d'Inkerman et de Sébastopol, étaient rapatriés puis "hospitalisés" dans le camp de Varna.
Au total, on déplora 11.196 morts français du choléra sur 20.400 cas et 4.512 morts anglais sur 7.575 cas à Varna.
Le bilan de cette guerre de Crimée fut effroyable en pertes humaines, avec pour la seule France, sur un contingent de corps expéditionnaire de 309.268 soldats et marins partis entre 1854 et 1856, 95.615 tués, morts de maladies ou disparus, représentant plus du tiers des effectifs.
Et sur ces 95.615 disparitions, "seulement" 10. 740 furent tués sur le champ de bataille, ce qui démontre combien les maladies firent des ravages à hauteur de près de 90 % des morts.
La péninsule de Gallipoli
Varna en Dobroudja
Le choléra en Russie
Varna et son monument aux morts français
2/ LÉGENDES DU DANUBE
Les "Bouches du Danube" qui se répartissent en de nombreux lacs et marais servent de refuge à une faune et une flore incomparable : plus de 300 espèces d'oiseaux pour plusieurs millions y migrant de différents continents, des poissons à profusion dont des esturgeons (et donc du caviar) pesant parfois près d'une tonne, et plus de 1200 variétés de végétations les plus diverses.
Dans un tel milieu fait d'eau, d'animaux, de végétation, de brumes et de populations et d'ethnies si variées à travers les siècles, ne pouvaient s'ensuivre que des légendes et des superstitions effrayantes...
Chaque peuplade du Delta a donc incrusté sa mémoire de ses propres contes et légendes mettant en exergue l'aventure que représentait la traversée du Delta avec les innombrables dangers du fleuve et des pièges de ses eaux.
Ainsi, de nombreuses "divinités", généralement maléfiques, puisent-elles leur source, si je puis dire, dans ce milieu aquatique si particulier :
- " Filipca ", fille de pêcheur, qui pousse " Baba Yaga " dans son four, alors qu'il voulait la dévorer,
- le dépôt d'objets de métal dans le berceau des bébés, que l'on fait de façon incantatoire pour stigmatiser le mal apparaissant sous les traits de " La Samca ", cette maladie due à l'atmosphère humide qui frappe les nourrissons,
- les drôles de sirènes qui hantent le Delta et qui se prénomment " Faraon et Faraoanca ", annonçant la noyade prochaine d'un quidam en pénitence de la prise dans des filets de Faraon au grand désespoir de Faraonca,
- et cette curieuse histoire des sacs de glands jetés par dessus bord d'un voilier grec en perdition, pour l'alléger, qui après son naufrage, donna naissance à une forêt prénommée Letea en mémoire de Lete l'épouse du marin perdu, d'où le " bois de letea ".
- attention à ne pas prendre le quatrième bain du sauna réservé traditionnellement au " Bannik " car il se vengerait de méchante façon !
- Et les " Roussalki " enfin, dont je parle dans mon poème, qui sont les esprits des jeunes filles noyées dans le Danube. Leurs forces sont décuplées le jour de la Saint-Jean ! Et si l'on ose se baigner dans le Delta le 24 juin, elles vous entraîneront dans les tourments d'une mort humide sans fond. Leur provenance diffère selon la culture slave ou Roumaine. Selon le cas, il s'agirait de jeunes filles mortes de mort naturelle s'étant perdues puis noyées accidentellement, ou de suicidées ne méritant pas de bénédiction, ou de mortes durant la semaine de la Sainte-Trinité, ou bien encore de fillettes mortes avant leur baptême, ou pire de tout jeunes enfants volés par le diable...
- De plus, les Roussalki sont aidées par leurs compagnons d'infortune, " les Urpis " qui s'en reviennent de nuit visiter les songes des vivants pour mieux les tourmenter. Mais eux, sévissent plutôt à la Saint-André, le 30 novembre. Et seul de l'aïl abondamment disposé aux fenêtres peut les bloquer... Cette dernière légende ne vous rappelle-t-elle rien ? N.D.L.R.
" La Rusalka " est un opéra d'Anton Dvorak dont voici ci-après
" Le chant à la lune " par Renée Fleming.
Le Livret conte l'histoire d'amour tragique entre une Rusalka, Ondine slave apparaissant nue des profondeurs et séduisant un prince Russe pous son plus grand malheur...
Le Delta du Danube
Le Delta du Danube vue par satellite
Habitat sur le Delta
Les Roussalki
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