Lexique 5 Vertiges
Lexique Antonin, Saison 5, Episode 10, Duel
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 5 " VERTIGES "
ÉPISODE 10 " DUEL "
Lien vers le poème : Duel
LES DUELS QUI ONT FAIT MOUCHE (Duel)
L'honneur, fors l'honneur, l'honneur toujours !
Et quelques soient les continents, les sociétés, les classes sociales, cette notion d'honneur justifie à elle seule les injures, les méfaits, les abus, les outrances, les outrages, les violences et les crimes...
Et ne croyez-pas que seuls les nobles, les riches et les nantis se préoccupaient autrefois de leur honneur. Dans les campagnes comme dans les cités, la question d'honneur l'emportait largement sur toute autre considération : que dire par exemple d'une " fille perdue " pour avoir " fauté " hors le mariage...
Alors, pour laver l'affront, punir l'offenseur, venger l'offensé et bien plus rarement la jeune femme victime d'infamie, nos siècles d'histoire ont inventé toutes sortes de parades, de rituels, de combats et de procès faisant référence à Dieu (les ordalies) dont le fameux duel.
Ce sujet est si vaste puisque dans l'antiquité déjà, la question de l'honneur était un préalable indissociable au code de bonne conduite des élites, que je m'en tiendrai à l'évocation des duels.
* * *
Le Moyen-âge avait recours aux duels chevaleresques, mais bien moins souvent qu'on ne le croit. En effet, cette manière d'en découdre afin de régler un différend nécessitait la mise en oeuvre d'une somme importante de préalables, de démarches auprès de seigneurs et suzerains successifs ainsi qu'auprès de la hiérarchie ecclésiastique.
Ainsi, la Parlement de Paris (pour l'essentiel), après avoir longtemps instruit un conflit entre deux seigneurs (car on ne parle pas du reste des sujets du roi ou de la populace), pouvait-il s'en remettre au roi comme à l'archevêque afin d'accepter le duel judiciaire " à la grâce de Dieu ".
À ce titre, je vous engage vivement à voir l'excellent film de Ridley Scott sorti en 2021 " Le dernier duel " inspiré d'un évènement réel contant le dernier " Jugement de Dieu " mettant en scène dans un duel à mort deux seigneurs, un chevalier et un écuyer afin de trancher dans une affaire de viol dénoncée avec un immense courage par l'épouse du chevalier.
Il faut savoir qu'à l'époque, l'honneur de l'épouse ne comptait pas, seul celui du mari offensé l'était. En en appelant au jugement de Dieu (l'ordalie), ce que fit l'épouse accusatrice et donc son mari demandant en 1386 le duel au roi Charles VI le bien-aimé (qui deviendra Charles VI le fou), les conséquences de cette ordalie n'étaient pas sans conséquences.
Et ce n'était là que logique judiciaire puisque ni les rencontres préalables au duel entre les seigneurs opposés, ni les tentatives de réconciliation ou d'aveux de mensonge de la femme plaignante, ni le procès engagé par le Parlement de Paris et par l'Église n'ayant abouti, ne restait plus qu'à en appeler à Dieu, lequel désignerait fatalement l'innocent sortant vainqueur du combat et le parjure qui périrait de la main de son adversaire.
Les deux combattants ayant juré à différentes reprises et à nouveau avant d'entrer en lice, trois fois à haute voix, la main sur une relique ou sur les Saintes Écritures, la vérité de sa version du différend, sous peine de perdre la vie éternelle, cela faisait forcément de l’un des deux un parjure.
En effet, le combat n'avait d'autre issue que la mort d'un des deux protagonistes. Lequel se voyait aussitôt traîné nu d'infamie par des chevaux, découpé, décapité et porté aux quatre coins de villes de France, exposé sur des ponts avant que d'être brûlé, ses titres et biens sitôt confisqués par le roi de France et sa famille bannie du royaume.
Quant à la femme accusatrice, elle se voyait enchaînée dans une sorte de cabanon de bois ancré sur des fagots et bûches dominant la lice, afin d'encourager son héros. Et s'il succombait sous les coups, la malheureuse se voyait aussitôt brûlée vive...
* * *
Pour en revenir à des duels plus récents, les 16e et 17e siècles se montrèrent carrément catastrophiques car on décompta pas moins de 10.000 duels rien que sous le règne d'Henry IV au cours desquels 5.000 duellistes auraient perdu la vie, et environ 4.000 morts pour le 17e siècle.
De plus, depuis l'époque des mousquetaires sous Louis XIII, la question des duels s'était tellement invitée dans les villes qu'il n'était de places (comme celle des Vosges à Paris) qui ne s'éveillait dès l'aube au choc de ce spectacle ! Enfin, l'on comptait souvent de véritables batailles rangées car les témoins des duellistes n'hésitaient pas à tirer l'épée également.
Ce véritable fléau était tel que plusieurs monarques et ministres tentèrent sans succès de bannir les duels. Souvenons-nous du cardinal de Richelieu qui fit tout pour les prohiber, ce qui n'empochait pas leur maintien clandestin... Ainsi, sur décision du roi Louis XIII s'appuyant sur l'édit du 2 juin 1626, deux jeunes nobles, François de Montmorency-Boutteville et François de Rosmadec des Chapelles furent décapités en place de Grève, à Paris le 21 juin 1627.
C'est le roi Louis XIV qui réussit enfin à interdire ces duels responsables de cette véritable hécatombe causant la perte de la fine fleur de la noblesse française.
Ces duels ne ressemblaient guère à leurs ancêtres moyenâgeux. Hormis les témoins, puis le choix des armes, toute une série de codes se voulant traditionnels et honorables, comme le fait de se présenter en chemise ouverte, apparurent et se renforcèrent.
Ainsi, les duels étaient-ils la phase ultime d'une escalade de défis préliminaires, comme la gifle devant témoins, le jet de gants, le pli, etc. renforcés par l'idée qu'on se faisait alors de l'idéal aristocratique, du code de l'honneur et de la bravoure. Ainsi, même si le choix des armes était proposé, le recours aux pistolets était inconvenant, loin du prestige de l'arme blanche.
* * *
Enfin, aux duels à mort se substituèrent plus tard, notamment au 19e siècle, les duels " au premier sang " comme celui, incroyable à notre époque, que pratiquèrent le 21 avril 1967 Gaston Deferre et René Ribière, tous deux parlementaires, dans le parc d'un hôtel particulier de Neuilly, l'un ayant traité l'autre d'abruti...
Malgré la vive réprobation du général De Gaulle, ils croisèrent le fer et après quatre minutes de combat, trois assauts et deux estafilades, le député Ribière s'inclina vaincu et perdant quelques gouttes de sang devant la presse convoquée en catimini ! Et dire qu'il devait se marier le lendemain...
Miniature évoquant le fameux " dernier duel " entre Jean de Carrouges et Jacques Le Gris
Bande annonce du film " Le dernier duel "
Plus près de nous...
et le fameux combat d'il y a 55 ans entre Deferre et Ribière...
La vidéo de l'événement !
Lexique Antonin, Saison 5, Episode 9, L'adieu
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 5 " VERTIGES "
ÉPISODE 9 " L'ADIEU "
Lien vers le poème : L'adieu
LE DÉCÈS DU PRINCE ALBERT ET LES LARMES DE CANTERBURY (L'adieu)
La reine Victoria qui partageait avec son époux le prince consort Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819/1861) une passion débordante, avec lequel elle eut neuf enfants, ne se remit jamais de sa mort brutale survenue le 14 décembre 1861 au château de Windsor suite à une fièvre typhoïde mal soignée.
Et pourtant, leur liaison ne se fit pas sans d'incessantes querelles trouvant leur origine dans le besoin impérieux qu'avait le prince de vouloir exister par lui-même et pas seulement dans l'ombre de son épouse et reine, trois pas derrière, et la volonté impériale de la souveraine qui n'entendait pas se voir imposer sa conduite par un prince prussien, fût-il son mari...
Une anecdote éclaire ces brouilles passagères :
Lors d'un froissement d'humeur, le Prince s'étant retiré dans ses appartements, Victoria vint frapper à sa porte :
— Qui frappe ? demanda Albert.
— C'est la reine, ouvre-moi.
— Je demande mille pardons à la reine, mais je suis ici chez moi, et mon désir est d'y rester seul.
—Albert, lui dit la reine d'une voix attendrie, c'est votre femme !
La porte s'ouvrit aussitôt et le prince tomba aux genoux de sa femme.
En général, ces querelles qui pouvaient durer plusieurs jours trouvaient leur terme sur l'oreiller ; la reine étant particulièrement sensible à cette proximité intime remplaçant le froissement des esprits échauffés par celui de la soie de leur couche commune quasiment quotidienne...
Victoria n'aimait pas les enfants et pourtant elle en eut neuf ! Elle qualifiait les bébés d'êtres laids ressemblant à des crapauds ou à des grenouilles...
Et pourtant, avec Albert, ils formèrent une famille nettement plus affectueuse que dans bien des cours européennes. Il est vrai que Victoria avait vite compris l'importance que pouvait revêtir auprès de son peuple, toutes classes sociales confondues, la modélisation familiale qu'elle représentait et dont elle chargea des peintres portraitistes de " banaliser " en quelque sorte cette félicité domestique, à travers des imageries populaires reprenant des tableaux officiels. Ainsi, chaque famille pouvait-elle se prévaloir de l'exemple de la souveraine et de son prince consort.
Le Prince Albert était un homme "simple", fort aimable et bénéficiant d'une intelligence pragmatique qui le distinguait de ses concitoyens, en avance sur son temps, débordant d'enthousiasme pour le progrès, la science, l'agriculture, l'industrie, les arts et lettres, les techniques et l'audace de la nouveauté. Il adorait également les Beaux-Arts dont il était le protecteur attitré.
On le vit se passionner pour le tout nouveau chemin de fer. Il imagina, créa et conçut la toute première Exposition universelle de 1851 à Londres dans un bâtiment remarquable fait de fonte et de verre " le Crystal Palace " dont je parlerai ultérieurement.
Malgré les réticences de la Cour pour " cet étranger " qui s'en venait à tout juste vingt ans épouser leur reine, les Britanniques se prirent rapidement d'intérêt puis d'estime et d'affection pour ce jeune prince élégant, séduisant et intelligent. Du reste, la presse anglaise (déjà...) eût tôt fait de vanter son charme auprès des femmes de toutes conditions...
Son décès fit l'effet d'une bombe et l'Angleterre tout entière, pardon, l'Empire britannique pleura ce prince charmant dans un hommage unanime rendu par tout un peuple malgré la volonté d'absence de pompe par des funérailles relativement discrètes à Windsor.
Comme déjà dit, la reine Victoria (1819/1901) inconsolable porta son deuil jusqu'à sa mort, soit durant quarante années...
* * *
Comme je l'indique dans mon poème (l'adieu), toutes les églises d'Angleterre et même les chapelles catholiques de Londres se firent l'écho de cette immense affliction populaire. C'est donc à CANTERBURY dont dépend Fordwich et la Baronnie d'Antonin à Green House, que nos amis, héros de ma saga romancée, se rendirent pour assister à l'Office funèbre spécial et rendre hommage à leur royal " ami récent ".
La magnifique cathédrale de Canterbury servit de cadre tout autant fastueux que d'une simplicité authentique faite de pierre et de verre rendant ainsi un hommage lumineux à la mémoire du prince.
Cet ensemble sacré bâti sur d'anciennes fondations comprend outre la cathédrale qui s'impose comme l'une des plus anciennes d'Angleterre, l'église Saint-Martin de Canterbury et l'abbaye Saint-Augustin de Canterbury.
Et l'histoire témoigne toujours du prestige des lieux ayant accueilli selon les siècles :
- des moines bénédictins venus évangéliser l'Angleterre auprès de Saint-Augustin en 597,
- l'abbé Lanfranc (théologien réputé) nommé en 1070 archevêque par le puissant Guillaume-le-conquérant (Duc de Normandie ayant vaincu les Anglais à la bataille d'Hastings, couronné ensuite roi d'Angleterre)
- et surtout l'assassinat de l'archevêque Thomas Becket dans sa propre cathédrale en 1170 (où repose son gisant) donnant lieu dès lors à un pèlerinage où se bousculèrent pour y faire pénitence :
- les rois de France comme Philippe-Auguste,
- le souverain du Saint-Empire-Romain-Germanique avec le célèbre Charles Quint
- et naturellement les rois d'Angleterre d'Angleterre tels Henry II, Richard II ou Henri VIII...
Aujourd'hui encore, d'autres gisants célèbres comme le roi Henri IV d'Angleterre (1367/1413) et Jeanne de Navarre ou l'impitoyable Édouard de Woodstock dit le Prince-Noir qui repose sous la cathédrale dans son cercueil de cuivre doré scellé de telle façon qu'il résiste au temps, rappellent l'héritage fameux de ces princes de l'église et du monde...
Alors, laissons la nef en gothique perpendiculaire de l'imposante cathédrale, ses voûtes en étoiles ou en éventail de sa Tour haute de 72 m dont la cloche sonne toujours les cent coups du couvre-feu de la ville à 20h55, ses croisées d'ogives à liernes et tiercerons, ses chœurs aux nombreuses travées, sa centaine de verrières portant des vitraux légendaires, ses cryptes à colonnes et chapiteaux aux gisants célèbres, ses fondations romanes sacrées, ses arcs-boutants, son chevet-Est ou bien encore les voûtes de son cloître éclairer l'histoire en paix...
Le Prince Albert
En famille...
Les obsèques du Prince Albert dans la chapelle Saint-George du château de Windsor
Veuve... La reine Victoria ne portait plus que du noir
La cathédrale de Canterbury
Vue du cloître
Un ensemble aussi impressionnant que saisissant
Les anciens vestiges romans de la crypte
Saint-Augustin de Canterbury
Vitrail de Saint Thomas Becket de Canterbury (avec une épée qui lui traverse la tête)
son assassinat par quatre hommes...
Guillaume le conquérant
Les gisants d'Henry IV d'Angleterre et de Jeanne de Navarre
Le cercueil hermétiquement clos du Prince-Noir
Lexique Antonin, Saison 5, Episode 7, Collie
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 5 " VERTIGES "
ÉPISODE 7 " COLLIE "
Lien vers le poème : Collie
LES CHIENS DE VICTORIA (Collie)
Qu'il s'agisse aujourd'hui de la reine Élisabeth II ou hier de l'impératrice Victoria, ces souveraines britanniques ont toujours adoré les chiens, que dire : des meutes de chiens !
C'est à 13 ans que la future reine Victoria se vit offrir un adorable King Charles nain de la famille des épagneuls, nommé Dash (1830/1840).
Elle l'adorait tellement que le soir même de son couronnement, elle n'eut d'autre volonté que de le retrouver pour le baigner puis... de prendre le thé avec lui et son Premier ministre !
Il est vrai que ces petits chiens possèdent leurs lettres de noblesse depuis le XVIIe avec même, le privilège d'entrer au Parlement à la suite de leur premier grand admirateur, le roi Charles II d'Angleterre, d'où leur nom de " King Charles ".
Dash suivait sa maîtresse partout en affectionnant tout particulièrement les salons privés de ses palais, voire son lit royal. De fait, le futur époux de Victoria dut passer avec succès le test d'être accepté par l'auguste toutou qui mourut d'ailleurs la même année que leur mariage, fin 1840, rendant sa maîtresse inconsolable...
Inhumé dans le parc même du château de Windsor (sa tombe existe toujours), son épitaphe rédigée par Victoria rappelle :
Here lies DASH
The favourite spaniel of Her Majesty Queen Victoria
In his 10th year.
* His attachment was without selfishness
His playfulness without malice
His fidelity without deceit
READER,
If you would be beloved and die regretted
Profit by the example of
DASH"
* Son attachement était sans égoïsme, son espièglerie sans malice, sa fidélité sans tromperie. Si vous voulez vivre aimé et mourir regretté, profitez de l'exemple de Dash.
Par la suite Victoria eut de nombreux chiens, beaucoup de chiens de diverses races, une centaine environ ! Ainsi, il fut conçu à Home-Park, dans le parc de Windsor, un chenil tout spécialement aménagé, entretenu et tenu par des serviteurs compétents sous la direction du capitaine des chenils de la reine : Hugh Brown.
Hugh Brown était le fils du fidèle serviteur de Victoria, l'écossais David Brown. Il dirigea ce modèle de chenil coquet fait de briques rouges, disposant de 60 niches rouges ou bleues, aérées et chauffées l'hiver, s'ouvrant d'une part sur des pelouses, d'autre part sur une cour pavée traversée par des petits ruisselets d'eau fraîche ainsi que d'un bassin pour se baigner et d'une véranda abritant leurs ébats. Au chenil étaient adjoints un hôpital avec deux vétérinaires. Et lorsque venait le temps de partir gambader sur les pelouses éternelles, un cimetière avec des mausolées attendait les toutous.
Il y avait maintes dispositions protégeant les chiens du soleil ou de la pluie, du froid ou de la chaleur, avec des espaces pour courir sans se quereller comme " la cour des collies " ou " la cour des parapluies ", régulièrement visités par Victoria qui y recevait parfois des courtisans au thé-time, et pouvait évidemment nommer chacun de ses chiens sans se tromper. Du reste, lorsqu'on voulait faire plaisir à sa gracieuse majesté, il était de bon ton, au retour d'un voyage à l'étranger, de lui offrir un chien reproducteur (de Prusse, du Japon, d'Italie ou même de chez les esquimaux).
Contrairement aux idées reçues, Victoria se préoccupait davantage des bonnes conditions de vie de ses chiens, de leur confort et de leur santé que des standards de leur race. Elle s'était par exemple opposée fermement aux mutilations de queues ou d'oreilles ou aux pénibles muselières.
Elle lutta énergiquement contre la maltraitance animale telle la noyade de chiots, et fonda la Société de prévention contre la cruauté envers les animaux " Society for the Prevention of Cruelty to Animals ".
Et son rôle précurseur de défense de ces animaux domestiques fit rapidement tache d'huile. Elle lança la mode des portraits canins " en famille " influençant jusqu'aux classes moyennes, et relayée par de nouveaux peintres animaliers, à la différence des traditionnelles reproductions de scènes de chasse avec des chiens racés.
Cela dit, ses toutous préférés l'accompagnaient en sus du parc dans ses appartements privés. C'est ainsi que mon poème " Collie " évoque l'un de ses collies bousculant sans vergogne les invités royaux au grand dam des serviteurs, mais à la joie complice de Victoria... du moins, dans ma saga !
Quoique... Je me suis inspiré de Jack, un petit terrier irlandais, chien préféré d'Édouard 7, fils de Victoria, qui devait être à bonne école...
Imaginez plutôt. Accompagnant son maître, ce chien n'hésitait pas à sauter brusquement sur les visiteurs qui s'approchaient trop près du roi, à son goût ! Sans jamais mordre, il prenait néanmoins un malin plaisir à mordiller et à trouer les pantalons des illustres invités, le bas des habits à queue de pie ou même les robes en crinoline des Ladies ! De quoi se refaire une beauté lors des banquets et des bals...
Pour en revenir à Victoria, épagneuls et King-Charles, collies, loulous de Poméranie, teckels et tant d'autres compagnons à quatre pattes égayèrent à n'en point douter la souveraine, toujours en deuil de son cher et regretté mari, le prince consort Albert.
Elle eut d'ailleurs un fort chagrin à chaque départ de ses petits protégés comme à celui de Dandie, un Skye-Terrier qui vécut 19 ans ou Dacko, son teckel qui gardait jalousement sa chambre, sans oublier le collie Sharp au caractère plutôt dominateur et jaloux de ses prérogatives. N'écrivait-elle pas à propos de " ses élèves " et donc de lui, en 1873 :
" Mon Collie, favori préféré, est toujours en bas quand nous prenons nos repas, et il est toujours très sage. Brown le fait monter sur une chaise ou sur mon canapé et il ne lui est jamais arrivé de descendre sans ma permission ; et même il tient un morceau de gâteau dans sa bouche, sans le manger jusqu'à ce qu'on lui dise qu'il peut le faire. C'est le chien le plus facile à commander que j'aie jamais vu, et il est si affectueux et si bon ! S'il pense qu'on n'est pas content de lui, il donne la patte et fait le beau si gentiment ! "
La réputation de la reine Victoria portant une véritable passion pour ses chiens était telle que lors de sa visite d'État en France, invitée par l'Empereur Napoléon III à Saint-Cloud qui s'était inquiété de son confort * et à qui elle avait répondu que tout était exquis, mais qu'il lui manquait son chien favori pour vraiment se sentir chez elle, elle eut la surprise trois jours plus tard d'y trouver son loulou de Poméranie !
* N.B. L'Impératrice Eugénie avait, outre cette courtoisie impériale, fait expressément aménager ses appartements de Saint-Cloud " à l'anglaise ".
Quant à l'actuelle souveraine britannique, chacun sait (et voit) que la reine Élisabeth II est toujours entourée de nombreux corgis (jusqu'à 9 en même temps, dont quatorze générations élevées par elle) bénéficiant de privilèges royaux, de vaisselle d'argent, d'un chef cuisinier, de chambres individuelles, et tout, et toutous... Tradition oblige, of course !
Si son entourage s'est souvent plaint de cette meute envahissante, il ne s'en trouve plus de nouveaux aujourd'hui, la reine ne souhaitant pas qu'ils lui survivent dans la peine...
Dash, le King Charles de la reine Victoria
en peinture d'époque
et dans la série "Victoria"
Victoria et ses chiens
Les chiens (une tout petite partie) de Victoria confiés ici à son serviteur écossais, confident et zélé, David Brown
Victoria (à gauche) et l'actuelle reine Élisabeth II, enfant
(à droite)
L'actuelle souveraine Britannique, Élisabeth II
l'un de ses corgis préférés
Royal, non ?
Lexique Antonin, Saison 5, Episode 5, Windsor
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 5 " VERTIGES "
ÉPISODE 5 " WINDSOR "
Lien vers le poème : Windsor
LE CHÂTEAU DE WINDSOR (Windsor)
Aussi incroyable que cela paraisse, cette ancienne forteresse construite en 1066 servit tout autant de prison témoignant des derniers instants du roi Charles 1er d'Angleterre accusé de haute trahison puis exécuté par décapitation en 1649, que de palais royal encore actuellement résidence de la famille royale britannique, rendu célèbre sous le règne de la reine Victoria.
Et dire que cet immense château servant également d'abri à la famille royale durant les bombardements aériens de la seconde guerre mondiale, et qui traversa les siècles quasiment sans entraves, dut attendre l'année 1992 qualifiée par l'actuelle souveraine d' " annus horribillis " pour subir un terrible incendie...
Il en aura vécu des drames et des passions, des souffrances et des joies, des cris et des murmures, des prestiges et des bassesses, des bals et des pas de deux, des intrigues et des serments de loyauté, des silences et des hourras, des conflits et des courtisaneries, du mépris et des cérémonies, du thé et des banquets et tant de choses de la vie, pardon, du train de vie de monarques...
Se tenant à une cinquantaine de kilomètres à l'Ouest de Londres, ce château de 1000 pièces pour 52.000 m2, domine la Tamise en abritant des souverains britanniques depuis plus de 900 ans. Dix d'entre-eux y sont d'ailleurs enterrés dont le fameux Barbe-Bleue, pardon, Henri VIII (qui eut six épouses et en fit décapiter deux)...
Il s'ancre au sommet d'une colline abrupte et si ses jardins sont réduits en partie haute du fait du terrain escarpé, ils sont relayés par le Home Park, vaste parc de 65 hectares qui s'étend à l'Est.
En l'édifiant poursuivant sa conquête de l'Angleterre au XIème siècle, Guillaume le conquérant n'imaginait pas que sa forteresse ceinte d'un donjon circulaire et de trois palissades de bois deviendrait cet incroyable palais /musée regorgeant de salles rococo, baroques et gothiques sublimes découvrant des trésors artistiques inestimables, comme des sculptures, des tapisseries des Gobelins, des bijoux, des céramiques précieuses ou des célèbres toiles de Maîtres de la Royal Collection (Rembrandt, Van Dyck, Rubens, Le Titien, Dürer, Vermeer, Raphaël, Canaletto, Gainsborough et tant d'autres, sans oublier la collection prestigieuse des dessins de Léonard de Vinci !).
Il n'aurait pas non plus songé qu'un jour des millions de touristes arpenteraient sa motte fortifiée pour admirer entre autre, la majestueuse Chapelle Saint-George ou dans un autre esprit... la Queen Mary's Dolls' House, la plus célèbre maison de poupées au monde (construite entre 1921 et 1924) devenue une attraction de premier plan, et pas seulement pour les enfants !
Et il n'aurait certainement jamais conçu qu'un accessoire de bas féminins deviendrait un Ordre royal d'une décoration convoitée (l'Ordre de la Jarretière) dont le Siège emblématique se tient justement au château de Windsor.
Dans mon poème " Windsor ", j'évoque :
- Le « Cloître en fer à cheval » (Horseshoe Cloister) du château de Windsor qui se tient à son extrémité occidentale en partie dite basse. Il a été érigé en 1480 près de la chapelle afin d’y loger son clergé et fut totalement rénové sous le règne de Victoria en 1871.
-
La « chapelle Saint-George » (15e au 19e siècle) qui se tient également dans la partie basse du château de Windsor, mais à son côté nord. C’est une œuvre remarquable de l’architecture gothique anglaise où se tient toujours le siège de « l’Ordre de la Jarretière ».
- et... (uniquement pour la romance imaginée) :
le fameux vase de cristal surmonté d’une rose des sables disposant quatre animaux en croix (un lion, un aigle, un ours et une colombe) qu’Antonin souffla, sculpta puis grava en doubles exemplaires : l’un pour la reine Victoria, l’autre pour son amie et sœur d’armes rencontrée en Crimée à l’hôpital de Scutari.
Le château de Windsor par Canaletto
et par William Turner
ou Paul Sandby
Vue aérienne...
la reine Victoria à Windsor en 1898
et la reine Élisabeth 2
la chapelle Saint-George
Le cloître du fer à cheval " Horseshoe Cloister " (voir mon poème...)
Lexique Antonin, Saison 5, Episode 2, L'abbaye
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 5 " VERTIGES "
ÉPISODE 2 " L'ABBAYE "
Lien vers le poème : L'abbaye
L'ABBAYE CISTERCIENNE NOTRE-DAME DE TIMADEUC (L'abbaye)
Cette abbaye superbe s'offre au regard de celui qui, ayant longé le canal de Nantes à Brest, puis remonté une petite route à travers champs et bois, découvre soudain, ayant franchi alors la porterie de granit, cette somptueuse bâtisse habillée de vigne vierge, entourée des corps de bâtiment du domaine, de l'église conventuelle, du cloître et des ateliers.
Elle est récente puisqu'un premier prieuré fut construit par trois moines en 1840, obtenant plus tard en 1847 le statut pontifical d'abbaye et enfin, son inauguration en 1860 (précisément à l'époque de notre cher Antonin dans ma saga).
Elle est toujours en activité et ne se visite pas, hormis son parc, son église et la boutique/atelier du domaine qui propose de nombreux produits confectionnés par les moines.
C'est une abbaye Cistercienne correspondant au fameux Ordre Cistercien de l'abbaye de Citeaux, et donc répondant à la règle de Saint-Benoît des moines trappistes Bénédictins.
Pour mémoire, rappelez-vous dans ma saga, l'épisode 3 "Privilège" de ma saison 1, et son lexique afférent qui évoque l'abbaye de Clairvaux fondée par Bernard de Clairvaux venant également de l'abbaye de Citeaux.
N.B : Antonin reste de fait, protégé par les moines Bénédictins...
Elle a traversé bien des tourments :
- Déjà, en 1863 où elle fut victime d'un incendie criminel lui infligeant 200.000 francs de perte,
- Puis en 1880 avec sa fermeture et l'exclusion des moines, suite à un décret anticlérical de la 3ème République réprimant la vie en communauté et le port de l'habit religieux,
- Et en 1905 avec le départ de moines suite à la Loi sur la séparation des églises et de l'État,
- Enfin, durant la dernière guerre, car elle fut un haut lieu de résistance à l'occupant nazi par l'action héroïque des moines et de leur supérieur, le père abbé Dom Dominique Nogues, lui-même agent du réseau Pat O'Leary. Ils cachèrent des aviateurs alliés, entreposèrent des dépôts d'armes et fabriquèrent des faux-papiers. Plusieurs moines furent arrêtés dont le père Gwenaël qui mourut en déportation. Pour son engagement courageux, l'abbaye reçu la médaille de la Résistance Française en 1946. Ces pères étaient également des Bretons, fortement attachés à l'indépendance de leur pays N.D.L.R.
- Et plus près de nous hélas, elle fut également touchée par le scandale de la pédophilie à travers les agissements d'un moine...
Aujourd'hui, elle est lieu de prières, d'accueil de groupes et de travail.
Les 24 frères actuellement présents accomplissent, outre leur profession de foi consacrée à la prière et à la vie monastique, les tâches habituelles que réclame une vie de partage en communauté, mais aussi la fabrication de fromages dont le fameux " Trappe de Timadeuc ", le " Timanoix " à la liqueur de noix et des pâtes de fruits aussi fondantes que naturelles, à hauteur de 14 tonnes par an, tout de même !
L'expulsion des moines en 1880
Les moines au travail
Le magasin sur place...
Lexique Antonin, Saison 5, Episode 1, Fracas
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 5 " VERTIGES "
ÉPISODE 1 " FRACAS "
Lien vers le poème : Fracas
CACOUS ET MALPEAUDRIES (Fracas)
Les « cacous », « caquins » ou « caqueux » Bretons étaient autrefois des populations marginalisées suspectées de lèpre et donc exclues des cités, devant vivre en leur périphérie près des remparts des villes.
De fait, ils vivaient en communauté resserrée comme des proscrits. Mais, curieusement, la société moyenâgeuse ayant dû édicter de nombreuses règles réglant leur sort comme leur situation sociale, ils bénéficiaient aussi d'avantages rendus indispensables par leur maintien à l'extérieur des cités.
Ainsi, étant privés de terres comme des métiers afférents, mais pour ne pas mourir de faim, ni donc finir en vagabondage sur des routes qu'ils auraient pu infecter de la lèpre (dont on les croyait porteurs, bien souvent par erreur), par leur mendicité incontrôlable, il leur était permis d'exercer sous contrôle des seigneurs ou de l'église, certaines activités qui, bien vite, devinrent leur exclusivité.
Ils exerçaient généralement le métier de tonnelier, mais plus souvent celui de cordiers qui fut bientôt synonymes de lèpre, car au XVI siècle, les cordiers s'apparentaient juridiquement à cette terrible maladie. De plus, on pensait à l'époque qu'elle était héréditaire.
Devant se loger en périphérie des villes, bien souvent près des douves des châteaux, les cacous construisirent des « malpeaudries », « malpeaudreries », « caquineries » ou « maladreries » succédant aux léproseries du début, la plupart du temps dispensées des droits seigneuriaux, mis à part la "taille" annuelle collective de cette population elle-même rendue solidaire de son paiement, car c'était là matière à garantir la non-prolifération de la lèpre.
Autorisés à fabriquer des cordes de chanvre, ils commerçaient avec la marine (certains cacous firent fortune), les ports, mais aussi pour équiper les puits communaux ou ceux des châtelains ainsi que pour... les cordes des gibets de pendaison.
Au plan ecclésiastique, lorsqu'ils ne dépendaient pas du domaine royal, ils relevaient alors de l'évêque comme " serfs de l'Église ". Et dans ce dernier cas, ils devaient rente à l'évêque et licol de chanvre pour son cheval. Ils fournissaient contre rémunération en nature * les cordes des cloches d'églises paroissiales.
* Cinq charretées de bois de chauffage, un pot-de-vin et une fouace lors des mariages ou comme à Pontivy (disposant d'une malpeaudrie encore visible aujourd'hui) à l'occasion de la foire de la Toussaint, de lie de vin, d'un pain par semaine et par boulanger.
Autant dire qu'ils étaient tout à la fois craints et jalousés !
Du reste, leur métier de cordier était traditionnellement déshonorant. Quant à celui de tonnelier, il trouve son origine dans les gestes de confection de barattes à beurre, de boisseaux à blé et de tonneaux " cakouz " en Breton (caque) ainsi que par le petit tonneau " le caque " dont ils se servaient pour boire au puits ou à la rivière à l'écart des autres.
Vivant comme déjà dit, en autarcie communautaire, et rendus indispensables par leur double activité de cordiers et de tonneliers, jouissant enfin, de privilèges fortement jalousés, les cacous étaient néanmoins victimes de discriminations incessantes et de violences populaires que l'on qualifierait aujourd'hui de racismes, à l'instar du sort réservé aux juifs d'Europe au Moyen-Âge.
Interdits d'église (sauf exception grâce à une porte spécialement aménagée pour qu'ils puissent suivre la messe à l'écart), ils avaient leur propre chapelle. De même pour les cimetières et les sépultures bénies dont ils étaient exclus.
Afin d'être aussitôt repérés, ils devaient se vêtir de rouge et porter une baguette blanche (pour toucher les aliments) et agiter une crécelle pour signaler leur arrivée.
La malpeaudrie de Pontivy (Napoléonville dans ma saga et mon poème " Fracas "), est une ancienne léproserie restaurée en 1725. Se tenant en contrebas du château des Rohan, donc à l'époque hors les murs de la ville, elle devint plus tard une auberge de passage, puis une habitation populaire, un café et plus près de nous une Maison de Tourisme.
Cacous, lépreux dans leur costume d'exclus (habit rouge, baguette, crécelle)
Cordiers cacous de Bretagne
Église du Faou avec l'entrée des cacous (cercle violet)
Derrière les murs de la cité de Pontivy
La malpeaudrie de Pontivy (au second plan, le château des Rohan)
au premier plan, vestige d'une tour de prison