Chaume
Hôtel de Guise ou de Clisson au 58, rue des Archives à Paris 3è
G. Brassens chante " La ballade des Dames du temps jadis "
N.B. veiller à ne pas écouter la chanson simultanément à la lecture du poème
pour ne pas en altérer la perception..
Rappel, n'oubliez-pas de visiter la rubrique LEXIQUE
donnant des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques :
Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 9, Chaume
ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE
Chaume
Glissant sur les pavés que le gel polirait,
Irena s’arcboute au portail vert olive
Du bel immeuble en pierre aux escaliers cirés
Sis au cinquante-quatre en la rue des Archives1.
C’est là que ses parents au charme ont succombé,
Prolongeant dans la cour l’atelier de sculpture2
De Valentine2 offrant ses cheveux retombés
Blanchis par ses ciseaux taillant des sépultures3.
Nicolas4 maintenant, vernit du bois doré
Servant à rénover les lambris des Folies5,
Des hôtels du Marais6 aux reflets mordorés
Que l’histoire a dépeints avec mélancolie.
Ici, le temps s’apaise au regain du passé,
Laissant percer l’écho de la Porte du Chaume1
En ce quartier du Temple aux Maîtres trépassés,
Croisés d’éternité, d’innocents7 sous leur heaume.
Sentant chanter son pas crissant de neige au sol,
Valentine irradie sa fille d’un sourire
Qui lui porte un panier de fleurs de tournesol,
Et fruits confits glacés d’un plaisir à mourir.
Dans le décor désuet de l’atelier somptueux
Taillé dans le miroir aux reflets de croisades,
Les deux femmes échangent leurs travaux fastueux
Ourlés de parchemins de nobles ambassades.
Complices toutes deux s’attachant à Bayel,
Elles goûtent de thé, grignotent des meringues
Et renversent du lait en rattrapant le miel,
Puis rient de leur déveine en contemplant leurs fringues !
Ouvrant son secrétaire engorgé des trésors
Glanés sur Antonin lors de sa propre quête
Valentine brandit son trophée de Windsor :
« La Reine Victoria8 ratifiant sa requête ! »
La trouvaille sera pour Florence un présent
Doublé d’un petit buste au lyrisme à débattre,
Offerts par Valentine accompagnant l’absent
Aux rives de l’amour pour l’Antonin d’albâtre.
1 À l’emplacement actuel du 54 de la rue des Archives, se tenait l’ancienne rue du Chaume (où demeurent les parents d’Irena dans mon poème) ouverte au XIIIème siècle par l’Ordre des Templiers dans l’enceinte de Philippe-Auguste à Paris.
2 Valentine, âgée de 73 ans, fille adoptive de Laurine (cf/La romance de Laurine) est la mère d’Irena. Auparavant, elle avait un atelier de sculpture à Montmartre.
3 Valentine (voir « La romance de Laurine ») est maintenant « presque » à la retraite, elle qui débuta la sculpture en concevant des monuments funéraires au titre de la statuaire féminine, au lendemain de la Grande-Guerre.
4 Nicolas, conjoint de Valentine, est le père d’Irena.
5 Les « Folies » étaient de vastes demeures de villégiatures d’aristocrates ou de bourgeois fortunés, construites dès le XIVe et très en vogue au XIXe.
6 Les hôtels particuliers du Marais, construits depuis le Moyen-Âge, la Renaissance et surtout le Grand-Siècle sont encore nombreux et certains sont très célèbres comme l’hôtel des Tournelles de Catherine de Médicis ou l’hôtel Sully Place Royale (devenue la Place des Vosges).
7 Le « cimetière des Saint-Innocents », se trouvait à l’emplacement des Halles.
8 La Reine Alexandrina Victoria (1819/1901) fut la grande reine qui laissa son nom à la postérité, comme Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande (de 1837 à son décès en 1901), Reine du Canada, Impératrice des Indes et Reine d’Australie.
Pierre Barjonet
Décembre 2020
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