La palette de Pierre

La palette de Pierre

La charge

Detaille_-_Vive_L\\\'Empereur

 

 

 

Charge de cavalerie (trompette et fanfare)

 

 

 

 

 

 

 

 Rappel, n'oubliez-pas de visiter la rubrique LEXIQUE 

donnant des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques :

Lexique Antonin, Saison 2 , Episode 10, La charge

 

ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"

Sommaire de La passion d'Antonin

 

et la rubrique CHRONOLOGIE

Chronologie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La charge

 

 

 

 

 

L’escadron1 d’Antonin vient d’allonger le trot,

Soulevant la poussière en gerbes irisées,

Se taillant dans la plaine une charge de trop,

Mais fier de sacrifier son cœur martyrisé.

 

 

Les Hussards Bercheny2 savent que cet assaut

Contre l’artillerie paiera le grand voyage

Pour le Styx3 infernal, mais les pleutres vassaux

Du Tsar et des Boyards subiront leur broyage.

 

 

Enfin, changeant d’allure en ordre fourrageur4,

C’est chaque peloton1 qui fait luire ses sabres

Au contact « botte à botte » au cliquetis rageur,

Dressant les sabretaches5 au vent qui se cabre.

 

 

Galopant à l’appel du Trompette6 soufflant

 L’assaut dans la mêlée sous le feu qui décharge,

Éperonnés, meurtris, le sang giclant des flancs,

Les chevaux exaltés foulent de mort la charge.

 

 

Le soleil fait briller les shakos7 des hussards

Et la poudre bruisser leurs dolmans8 et pelisses8

Tandis que les chevaux piétinant les froussards

Écument sur leur mors9 à nul autre délice.

 

 

Les hommes sont en transe et sèment la terreur,

Secouant les brandebourgs10 sur leur poitrine en fièvre,

Se moquant des boulets, criant : « Vive l’Empereur ! »,

Pourchassant les moujiks qui fuient comme des lièvres.

 

 

Mais c’était compter sans l’orage des canons

Tonnant de fer et bronze en mitraille et déluge,

Fauchant nos étendards, l’honneur que nous glanons,

Troussant la vie des corps privés de tout refuge.

 

 

Vidant les étriers, Antonin vient sombrer

Dans les vapeurs poivrées de la steppe insalubre,

S’abandonnant aux bras de naïades ambrées

Qui le veillent bientôt sous la lune lugubre.

 

 

L’aube aux parfums d’acier se charge des vainqueurs

Qui délaissent les corps des valeurs et des armes,

Et se guidant aux cris des blessés qui font chœur,

Empoignent Antonin, désarçonnant ses larmes...

 

 

 

 

 

 

N.B. Ce poème comprend de nombreux mots et termes empruntés au vocabulaire militaire de la cavalerie dont je donne ci-après quelques définitions, pour en faciliter la lecture :

 

1 Un Escadron divisé en cinq Pelotons1 se dit d’une troupe à cheval ou de gendarmes et comprend 120 hommes, à la différence de l’infanterie (à pied) qui comprend des Compagnies subdivisées en Sections.

 

2 « Bercheny », du nom du Conte Hongrois Ignace de Bercheny qui fonda un régiment de hussards levé en Alsace-Lorraine en 1720, devenant en 1791 le 1er Régiment de Hussards puis depuis 1946, le 1er Régiment de Hussards Parachutistes.

 

3 « Le Styx » en mythologie était le fleuve des Enfers que les âmes des damnés devaient traverser pour atteindre le tribunal des morts en versant à Charon, le sinistre passeur, son obole (placée sous la langue du défunt) payant la traversée.

 

4 « Fourrageur » correspondant à un ordre de bataille en ligne de la cavalerie.

 

5 La « sabretache » était une sacoche de cuir décorée que les officiers de cavalerie, principalement les Hussards, portaient au ceinturon.

 

6 Ne pas confondre entre « le Trompette » pour le cavalier sonnant les ordres à la « trompette de cavalerie » et « le Clairon » les jouant au clairon, à pied.

 

7 Le « Shako » est une coiffe militaire (des Hussards ou actuellement des Saint-cyriens), surmontée d’un plumet appelé casoar (en référence à un grand oiseau Indonésien).

 

8 Le « Dolman » était une courte veste militaire habillant notamment les Hussards, et largement décorée de tresses, de brandebourgs10, de boutons de cuivre ou d’argent et de galons, elle-même recouverte partiellement d’une pelisse8 brodée et fourrée.

 

9 Le « mors » que l’on place dans la bouche du cheval est une pièce de son harnachement servant à le guider.

 

10 Les « brandebourgs » sont des passements constitués de nœuds qui décoraient les vestes et gilets des tenues réservées autrefois aux officiers de cavalerie, principalement.

 

 

 

Pierre Barjonet

Décembre 2020

 

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09/03/2021
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