L'adieu
Lacrimosa du Requiem en D minor (K 626) de W.A. MOZART
Rappel, n'oubliez-pas de visiter la rubrique LEXIQUE
donnant des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques :
Lexique Antonin, Saison 5, Episode 9, L'adieu
ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE
L’adieu
Le glas résonne fort au tympan1 du portail,
Torsadant les piliers de la nef qui se voûte,
Et l’orgue enfle l’écho du si frêle éventail
Tant pleure la Nation de douleur qui l’envoûte.
Décembre lui a pris son prince, son mari,
Son si bel étendard d’une flamme royale,
Le gardien de son cœur victime en barbarie
D’un funeste destin, d’une mort déloyale.
Le Prince Albert n’est plus2, et figeant le pays
De l’Empire au couchant, se blottit la souffrance
Des peuples orphelins, cloîtrant les abbayes,
Les chœurs en cathédrale, et nos amis de France.
Victoria sous le deuil en marbre de Windsor
Se répète le cri du désespoir d’Électre,
Ânonne des Ave, succombe sous le sort,
Vend ses larmes au diable en rachetant son spectre.
Des cités de partout couvent les mêmes voix,
Muettes du désespoir dont frémit l’Angleterre,
Comme à Canterbury3 que le chagrin convoie
Dans les travées mêlées d’un frisson qui se terre.
Les bosquets du domaine étirent leur adieu
Et les saules se plient sous la neige qui tombe,
Formant comme un chevet aux souvenirs odieux
Des moments si présents du bonheur qui se plombe.
Ils avaient honoré Green House4 en novembre :
La reine et ses enfants, le prince et puis la meute,
Piquenique en sautoir, la chasse qui se cambre
À la fougue de Sharp5 provoquant une émeute...
Albert avait sifflé devant l’élévation
De l’atelier de verre aux flèches audacieuses
Semblant offrir aux cieux l’ultime innovation
Du cristal et métal6 en fusion capricieuse.
Mais aujourd’hui le vent fait suinter les murets
Que le givre a cirés dans le froid de l’épreuve,
Et grincer les portails comme s’ils murmuraient
L’offrande de la nuit à ce gel qui l’abreuve.
1 Plusieurs mots du poème font référence au vocabulaire de l’architecture gothique des cathédrales et des constructions religieuses comme : tympan, portail, torsades, piliers, nef, voûte, orgue, éventail, chœur, travées, chevet, flèches
2 Le Prince consort du Royaume-Uni, Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819/1861) fut l’époux de la reine Victoria avec qui ils eurent neuf enfants. Décédé soudainement à 42 ans de la fièvre typhoïde le 14 décembre 1861 au château de Windsor, Victoria qui l’adorait ne s’en remit jamais.
3 Les obsèques du Prince Albert se déroulèrent dans la chapelle Saint-Georges du château de Windsor le 23 décembre 1861 dans une relative intimité sans pompe officielle. Mais dans tout le royaume, les cloches des églises d’Angleterre comme celles des chapelles catholiques de Londres lui rendirent hommage à la même heure en conviant les fidèles à la célébration d’un service funéraire. C’est dans cet esprit que dans mon poème « L’adieu », nos « amis français » de ma saga se rendirent à la cathédrale de Canterbury, proche de la Baronnie d’Antonin (Green House) sise à Fordwich dans le Kent.
4 Green House est le domaine offert en Baronnie à Antonin par la reine Victoria (voir mes précédents poèmes).
5 Pour rappel, Sharp est le chien de race collie offert par Victoria à Anne dans mon poème précédent « Baronnie ».
6 Je fais ici allusion au fameux « Crystal Palace » conçu par le prince Albert pour la toute première exposition universelle « Great Exhibition » se tenant à Londres en 1851 (Hyde-Park), et qui fit à l’époque couler beaucoup d’encre par son architecture audacieuse faite de poutrelles de fonte et de verre.
N.B. Voir mon petit lexique correspondant dans « Verrière » (publié ultérieurement dans la saison 6).
Pierre Barjonet
Avril 2022
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