Lexique Antonin, Saison 5, Episode 9, L'adieu
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 5 " VERTIGES "
ÉPISODE 9 " L'ADIEU "
Lien vers le poème : L'adieu
LE DÉCÈS DU PRINCE ALBERT ET LES LARMES DE CANTERBURY (L'adieu)
La reine Victoria qui partageait avec son époux le prince consort Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819/1861) une passion débordante, avec lequel elle eut neuf enfants, ne se remit jamais de sa mort brutale survenue le 14 décembre 1861 au château de Windsor suite à une fièvre typhoïde mal soignée.
Et pourtant, leur liaison ne se fit pas sans d'incessantes querelles trouvant leur origine dans le besoin impérieux qu'avait le prince de vouloir exister par lui-même et pas seulement dans l'ombre de son épouse et reine, trois pas derrière, et la volonté impériale de la souveraine qui n'entendait pas se voir imposer sa conduite par un prince prussien, fût-il son mari...
Une anecdote éclaire ces brouilles passagères :
Lors d'un froissement d'humeur, le Prince s'étant retiré dans ses appartements, Victoria vint frapper à sa porte :
— Qui frappe ? demanda Albert.
— C'est la reine, ouvre-moi.
— Je demande mille pardons à la reine, mais je suis ici chez moi, et mon désir est d'y rester seul.
—Albert, lui dit la reine d'une voix attendrie, c'est votre femme !
La porte s'ouvrit aussitôt et le prince tomba aux genoux de sa femme.
En général, ces querelles qui pouvaient durer plusieurs jours trouvaient leur terme sur l'oreiller ; la reine étant particulièrement sensible à cette proximité intime remplaçant le froissement des esprits échauffés par celui de la soie de leur couche commune quasiment quotidienne...
Victoria n'aimait pas les enfants et pourtant elle en eut neuf ! Elle qualifiait les bébés d'êtres laids ressemblant à des crapauds ou à des grenouilles...
Et pourtant, avec Albert, ils formèrent une famille nettement plus affectueuse que dans bien des cours européennes. Il est vrai que Victoria avait vite compris l'importance que pouvait revêtir auprès de son peuple, toutes classes sociales confondues, la modélisation familiale qu'elle représentait et dont elle chargea des peintres portraitistes de " banaliser " en quelque sorte cette félicité domestique, à travers des imageries populaires reprenant des tableaux officiels. Ainsi, chaque famille pouvait-elle se prévaloir de l'exemple de la souveraine et de son prince consort.
Le Prince Albert était un homme "simple", fort aimable et bénéficiant d'une intelligence pragmatique qui le distinguait de ses concitoyens, en avance sur son temps, débordant d'enthousiasme pour le progrès, la science, l'agriculture, l'industrie, les arts et lettres, les techniques et l'audace de la nouveauté. Il adorait également les Beaux-Arts dont il était le protecteur attitré.
On le vit se passionner pour le tout nouveau chemin de fer. Il imagina, créa et conçut la toute première Exposition universelle de 1851 à Londres dans un bâtiment remarquable fait de fonte et de verre " le Crystal Palace " dont je parlerai ultérieurement.
Malgré les réticences de la Cour pour " cet étranger " qui s'en venait à tout juste vingt ans épouser leur reine, les Britanniques se prirent rapidement d'intérêt puis d'estime et d'affection pour ce jeune prince élégant, séduisant et intelligent. Du reste, la presse anglaise (déjà...) eût tôt fait de vanter son charme auprès des femmes de toutes conditions...
Son décès fit l'effet d'une bombe et l'Angleterre tout entière, pardon, l'Empire britannique pleura ce prince charmant dans un hommage unanime rendu par tout un peuple malgré la volonté d'absence de pompe par des funérailles relativement discrètes à Windsor.
Comme déjà dit, la reine Victoria (1819/1901) inconsolable porta son deuil jusqu'à sa mort, soit durant quarante années...
* * *
Comme je l'indique dans mon poème (l'adieu), toutes les églises d'Angleterre et même les chapelles catholiques de Londres se firent l'écho de cette immense affliction populaire. C'est donc à CANTERBURY dont dépend Fordwich et la Baronnie d'Antonin à Green House, que nos amis, héros de ma saga romancée, se rendirent pour assister à l'Office funèbre spécial et rendre hommage à leur royal " ami récent ".
La magnifique cathédrale de Canterbury servit de cadre tout autant fastueux que d'une simplicité authentique faite de pierre et de verre rendant ainsi un hommage lumineux à la mémoire du prince.
Cet ensemble sacré bâti sur d'anciennes fondations comprend outre la cathédrale qui s'impose comme l'une des plus anciennes d'Angleterre, l'église Saint-Martin de Canterbury et l'abbaye Saint-Augustin de Canterbury.
Et l'histoire témoigne toujours du prestige des lieux ayant accueilli selon les siècles :
- des moines bénédictins venus évangéliser l'Angleterre auprès de Saint-Augustin en 597,
- l'abbé Lanfranc (théologien réputé) nommé en 1070 archevêque par le puissant Guillaume-le-conquérant (Duc de Normandie ayant vaincu les Anglais à la bataille d'Hastings, couronné ensuite roi d'Angleterre)
- et surtout l'assassinat de l'archevêque Thomas Becket dans sa propre cathédrale en 1170 (où repose son gisant) donnant lieu dès lors à un pèlerinage où se bousculèrent pour y faire pénitence :
- les rois de France comme Philippe-Auguste,
- le souverain du Saint-Empire-Romain-Germanique avec le célèbre Charles Quint
- et naturellement les rois d'Angleterre d'Angleterre tels Henry II, Richard II ou Henri VIII...
Aujourd'hui encore, d'autres gisants célèbres comme le roi Henri IV d'Angleterre (1367/1413) et Jeanne de Navarre ou l'impitoyable Édouard de Woodstock dit le Prince-Noir qui repose sous la cathédrale dans son cercueil de cuivre doré scellé de telle façon qu'il résiste au temps, rappellent l'héritage fameux de ces princes de l'église et du monde...
Alors, laissons la nef en gothique perpendiculaire de l'imposante cathédrale, ses voûtes en étoiles ou en éventail de sa Tour haute de 72 m dont la cloche sonne toujours les cent coups du couvre-feu de la ville à 20h55, ses croisées d'ogives à liernes et tiercerons, ses chœurs aux nombreuses travées, sa centaine de verrières portant des vitraux légendaires, ses cryptes à colonnes et chapiteaux aux gisants célèbres, ses fondations romanes sacrées, ses arcs-boutants, son chevet-Est ou bien encore les voûtes de son cloître éclairer l'histoire en paix...
Le Prince Albert
En famille...
Les obsèques du Prince Albert dans la chapelle Saint-George du château de Windsor
Veuve... La reine Victoria ne portait plus que du noir
La cathédrale de Canterbury
Vue du cloître
Un ensemble aussi impressionnant que saisissant
Les anciens vestiges romans de la crypte
Saint-Augustin de Canterbury
Vitrail de Saint Thomas Becket de Canterbury (avec une épée qui lui traverse la tête)
son assassinat par quatre hommes...
Guillaume le conquérant
Les gisants d'Henry IV d'Angleterre et de Jeanne de Navarre
Le cercueil hermétiquement clos du Prince-Noir
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