La palette de Pierre

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Lexique Antonin, Saison 5, Episode 10, Duel

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 5 " VERTIGES "

ÉPISODE 10 " DUEL " 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème : Duel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES DUELS QUI ONT FAIT MOUCHE  (Duel)

 

 

 

L'honneur, fors l'honneur, l'honneur toujours !

Et quelques soient les continents, les sociétés, les classes sociales, cette notion d'honneur justifie à elle seule les injures, les méfaits, les abus, les outrances, les outrages, les violences et les crimes...

 

Et ne croyez-pas que seuls les nobles, les riches et les nantis se préoccupaient  autrefois de leur honneur. Dans les campagnes comme dans les cités, la question d'honneur l'emportait largement sur toute autre considération : que dire par exemple d'une " fille perdue " pour avoir " fauté " hors le mariage...

 

Alors, pour laver l'affront, punir l'offenseur, venger l'offensé et bien plus rarement la jeune femme victime d'infamie, nos siècles d'histoire ont inventé toutes sortes de parades, de rituels, de combats et de procès faisant référence à Dieu (les ordalies) dont le fameux duel.

 

Ce sujet est si vaste puisque dans l'antiquité déjà, la question de l'honneur était  un préalable indissociable au code de bonne conduite des élites, que je m'en tiendrai à l'évocation des duels.

 

 

 

*   *   *

 

 

Le Moyen-âge avait recours aux duels chevaleresques, mais bien moins souvent qu'on ne le croit. En effet, cette manière d'en découdre afin de régler un différend nécessitait la mise en oeuvre d'une somme importante de préalables, de démarches auprès de seigneurs et suzerains successifs ainsi qu'auprès de la hiérarchie ecclésiastique.

 

Ainsi, la Parlement de Paris (pour l'essentiel), après avoir longtemps instruit un conflit entre deux seigneurs (car on ne parle pas du reste des sujets du roi ou de la populace), pouvait-il s'en remettre au roi comme à l'archevêque afin d'accepter le duel judiciaire " à la grâce de Dieu ".

 

À ce titre, je vous engage vivement à voir l'excellent film de Ridley Scott sorti en 2021 " Le dernier duel " inspiré d'un évènement réel contant le dernier " Jugement de Dieu " mettant en scène dans un duel à mort deux seigneurs, un chevalier et un écuyer afin de trancher dans une affaire de viol dénoncée avec un immense courage par l'épouse du chevalier.

 

Il faut savoir qu'à l'époque, l'honneur de l'épouse ne comptait pas, seul celui du mari offensé l'était. En en appelant au jugement de Dieu (l'ordalie), ce que fit l'épouse accusatrice et donc son mari demandant en 1386 le duel au roi Charles VI le bien-aimé (qui deviendra Charles VI le fou), les conséquences de cette ordalie n'étaient pas sans conséquences.

 

Et ce n'était là que logique judiciaire puisque ni les rencontres préalables au duel entre les seigneurs opposés, ni les tentatives de réconciliation ou d'aveux de mensonge de la femme plaignante, ni le procès engagé par le Parlement de Paris et par l'Église n'ayant abouti, ne restait plus qu'à en appeler à Dieu, lequel désignerait fatalement l'innocent sortant vainqueur du combat et le parjure qui périrait de la main de son adversaire.

 

Les deux combattants ayant juré à différentes reprises et à nouveau avant d'entrer en lice, trois fois à haute voix, la main sur une relique ou sur les Saintes Écritures, la vérité de sa version du différend, sous peine de perdre la vie éternelle, cela faisait forcément de l’un des deux un parjure. 

 

En effet, le combat n'avait d'autre issue que la mort d'un des deux protagonistes. Lequel se voyait aussitôt traîné nu d'infamie par des chevaux, découpé, décapité et porté aux quatre coins de villes de France, exposé sur des ponts avant que d'être brûlé, ses titres et biens sitôt confisqués par le roi de France et sa famille bannie du royaume.

 

Quant à la femme accusatrice, elle se voyait enchaînée dans une sorte de cabanon de bois ancré sur des fagots et bûches dominant la lice, afin d'encourager son héros. Et s'il succombait sous les coups, la malheureuse se voyait aussitôt brûlée vive...

 

 

 

 

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Pour en revenir à des duels plus récents, les 16e et 17e siècles se montrèrent carrément catastrophiques car on décompta pas moins de 10.000 duels rien que sous le règne d'Henry IV au cours desquels 5.000 duellistes auraient perdu la vie, et environ 4.000 morts pour le 17e siècle.

 

De plus, depuis l'époque des mousquetaires sous Louis XIII, la question des duels s'était tellement invitée dans les villes qu'il n'était de places (comme celle des Vosges à Paris) qui ne s'éveillait dès l'aube au choc de ce spectacle ! Enfin, l'on comptait souvent de véritables batailles rangées car les témoins des duellistes n'hésitaient pas à tirer l'épée également.

 

Ce véritable fléau était tel que plusieurs monarques et ministres tentèrent sans succès de bannir les duels. Souvenons-nous du cardinal de Richelieu qui fit tout pour les prohiber, ce qui n'empochait pas leur maintien clandestin... Ainsi, sur décision du roi Louis XIII s'appuyant sur l'édit du 2 juin 1626, deux jeunes nobles, François de Montmorency-Boutteville et François de Rosmadec des Chapelles furent décapités en place de Grève, à Paris le 21 juin 1627.

 

C'est le roi Louis XIV qui  réussit enfin à interdire ces duels responsables de cette véritable hécatombe causant la perte de la fine fleur de la noblesse française.

 

Ces duels ne ressemblaient guère à leurs ancêtres moyenâgeux. Hormis les témoins, puis le choix des armes, toute une série de codes se voulant traditionnels et honorables, comme le fait de se présenter en chemise ouverte, apparurent et se renforcèrent.

 

Ainsi, les duels étaient-ils la phase ultime d'une escalade de défis préliminaires, comme la gifle devant témoins, le jet de gants,  le pli, etc. renforcés par l'idée qu'on se faisait alors de l'idéal aristocratique, du code de l'honneur et de la bravoure. Ainsi, même si le choix des armes était proposé, le recours aux pistolets était inconvenant, loin du prestige de l'arme blanche.

 

 

 

*   *   *

 

 

 

Enfin, aux duels à mort se substituèrent plus tard, notamment au 19e siècle, les duels " au premier sang " comme celui, incroyable à notre époque, que pratiquèrent le 21 avril 1967 Gaston Deferre et René Ribière, tous deux parlementaires, dans le parc d'un hôtel particulier de Neuilly, l'un ayant traité l'autre d'abruti...

 

Malgré la vive réprobation du général De Gaulle, ils croisèrent le fer et après quatre minutes de combat, trois assauts et deux estafilades, le député Ribière s'inclina vaincu et perdant quelques gouttes de sang devant la presse convoquée en catimini ! Et dire qu'il devait se marier le lendemain...

 

 

 

 

 

Miniature évoquant le fameux " dernier duel " entre Jean de Carrouges et Jacques Le Gris

 

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Bande annonce du film " Le dernier duel "

 

 

 

 

 

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et le fameux combat d'il y a 55 ans entre Deferre et Ribière...

 

 

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La vidéo de l'événement !

 

 

 

 

 

 

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20/09/2022
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