La palette de Pierre

La palette de Pierre

Lexique Antonin, Saison 5, Episode 1, Fracas

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 5 " VERTIGES "

ÉPISODE 1 " FRACAS " 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème : Fracas

 

 

 

 

 

CACOUS ET MALPEAUDRIES  (Fracas)

 

 

 

Les « cacous », « caquins » ou « caqueux » Bretons étaient autrefois des populations marginalisées suspectées de lèpre et donc exclues des cités, devant vivre en leur périphérie près des remparts des villes. 

 

De fait, ils vivaient en communauté resserrée comme des proscrits. Mais, curieusement, la société moyenâgeuse ayant dû édicter de nombreuses règles réglant leur sort comme leur situation sociale, ils bénéficiaient aussi d'avantages rendus indispensables par leur maintien à l'extérieur des cités.

 

Ainsi, étant privés de terres comme des métiers afférents, mais pour ne pas mourir de faim, ni donc finir en vagabondage sur des routes qu'ils auraient pu infecter de la lèpre (dont on les croyait porteurs, bien souvent par erreur), par leur mendicité incontrôlable, il leur était permis d'exercer sous contrôle des seigneurs ou de l'église, certaines activités qui, bien vite, devinrent leur exclusivité.

 

Ils exerçaient généralement le métier de tonnelier, mais plus souvent celui de cordiers qui fut bientôt synonymes de lèpre, car au XVI siècle, les cordiers s'apparentaient juridiquement à cette terrible maladie. De plus, on pensait à l'époque qu'elle était héréditaire.

 

Devant se loger en périphérie des villes, bien souvent près des douves des châteaux, les cacous construisirent des « malpeaudries », « malpeaudreries », « caquineries » ou « maladreries » succédant aux léproseries du début, la plupart du temps dispensées des droits seigneuriaux, mis à part la "taille" annuelle collective de cette population elle-même rendue solidaire de son paiement, car c'était là matière à garantir la non-prolifération de la lèpre.

 

Autorisés à fabriquer des cordes de chanvre, ils commerçaient avec la marine (certains cacous firent fortune), les ports, mais aussi pour équiper les puits communaux ou ceux des châtelains ainsi que pour... les cordes des gibets de pendaison.

 

Au plan ecclésiastique, lorsqu'ils ne dépendaient pas du domaine royal, ils relevaient alors de l'évêque comme " serfs de l'Église ". Et dans ce dernier cas, ils devaient rente à l'évêque et licol de chanvre pour son cheval. Ils fournissaient contre rémunération en nature *  les cordes des cloches d'églises paroissiales.

 

* Cinq charretées de bois de chauffage, un pot-de-vin et une fouace lors des mariages ou comme à Pontivy (disposant d'une malpeaudrie encore visible aujourd'hui) à l'occasion de la foire de la Toussaint, de lie de vin, d'un pain par semaine et par boulanger.

 

Autant dire qu'ils étaient tout à la fois craints et jalousés ! 

 

Du reste, leur métier de cordier était traditionnellement déshonorant. Quant à celui de tonnelier, il trouve son origine dans les gestes de confection de barattes à beurre, de boisseaux à blé et de tonneaux " cakouz " en Breton (caque) ainsi que par le petit tonneau " le caque " dont ils se servaient pour boire au puits ou à la rivière à l'écart des autres.

 

Vivant comme déjà dit, en autarcie communautaire, et rendus indispensables par leur double activité de cordiers et de tonneliers, jouissant enfin, de privilèges fortement jalousés, les cacous étaient néanmoins victimes de discriminations incessantes et de violences populaires que l'on qualifierait aujourd'hui de racismes, à l'instar du sort réservé aux juifs d'Europe au Moyen-Âge.

 

Interdits d'église (sauf exception grâce à une porte spécialement aménagée pour qu'ils puissent suivre la messe à l'écart), ils avaient leur propre chapelle. De même pour les cimetières et les sépultures bénies dont ils étaient exclus.

 

Afin d'être aussitôt repérés, ils devaient se vêtir de rouge et porter une baguette  blanche (pour toucher les aliments) et agiter une crécelle pour signaler leur arrivée.

 

La malpeaudrie de Pontivy (Napoléonville dans ma saga et mon poème " Fracas "), est une ancienne léproserie restaurée en 1725. Se tenant en contrebas du château des Rohan, donc à l'époque hors les murs de la ville, elle devint plus tard une auberge de passage, puis une habitation populaire, un café et plus près de nous une Maison de Tourisme.

 

 

 

Cacous, lépreux dans leur costume d'exclus (habit rouge, baguette, crécelle)

 

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Cordiers cacous de Bretagne

 

 

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Église du Faou avec l'entrée des cacous (cercle violet)

 

 

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Derrière les murs de la cité de Pontivy

 

 

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La malpeaudrie de Pontivy (au second plan, le château des Rohan)

 

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au premier plan, vestige d'une tour de prison

 

 

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29/03/2022
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