Duel
Musique du film " Gladiator "
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Lexique Antonin, Saison 5, Episode 10, Duel
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Sommaire de La passion d'Antonin
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Duel
Ils se sont avancés dans les douves sans eau,
Lavant de sang l’honneur de l’impudente offense
Dont le sort1 a tranché mieux que les tribunaux
Ce qu’il faudrait sabrer d’insultes sans défense !
Aveuglé par sa morgue à l’écume de fiel,
Le marquis2 se hâta de déverser sa haine
En chargeant Austerlitz, et jurant par le ciel,
Qu’il le ferait saigner3 en le blessant sans peine !
Les témoins du marquis se tassaient à l’écart,
Craignant que ceux de Louis ne transmettent la lèpre4,
Mais ils furent coincés quand l’assaut du briscard
Bouscula l’agresseur avant l’heure des vêpres5.
Les gens de ce falot avaient ruiné l’espoir
Que l’abbaye conserve un obstacle de voile
Sur le refuge d’Anne, et se mirent à croire
Qu’en forçant son abri, luirait leur bonne étoile.
Par un matin d’hiver précédant le sonneur
De l’asile paisible et pourtant si solide,
La troupe du marquis piétina son honneur
En violant le rempart des moines bien valides.
Ils étaient convaincus de briser, ces gredins,
La cavale effrontée d’Anne et de ses compères6
Quand ils ont accosté l’abbé dans le jardin,
Brusquant et molestant le vieux et noble père.
Mais ces nigauds pensaient que les moines fuiraient
Affolés et tremblants face à leur abordage,
Et qu’il se trouverait des nonnes qui cuiraient
En se pâmant d’effroi devant leur brigandage.
Lors, Austerlitz surgit, chassant ces malfaiteurs,
Crachant d’indignation, déculottant un lâche,
Poursuivant quatre couards comme un digne bretteur7,
Enfin, les pourfendant, de lutte sans relâche.
Le duel reprend ses droits quand Austerlitz se fend
D’un éclair de son sabre au marquis qui transpire,
Et le laissant saigner3, geindre comme un enfant,
En appelle à l’Empereur, à la gloire d’Empire...
1 Si les duels étaient interdits de longue date d’ailleurs (déjà, sous Henri IV), ils n’en comprenaient pas moins des règles strictes que devaient respecter des hommes d’honneur. Ainsi, le choix des armes (épée, sabre ou pistolet) appartenait à l’offensé, mais dans le cas d’impossibilité à reconnaître l’offensé, on tirait au sort celui qui choisirait l’heure, le lieu et les armes du duel. Ici dans mon poème, Austerlitz considère qu’il est l’offensé des spadassins du marquis qui sont entrés par effraction dans l’abbaye de Timadeuc où Anne avait trouvé refuge, en molestant l’Abbé, tandis que le marquis estime que c’est lui qui, à travers ses gens, a dû subir les assauts d’Austerlitz (Louis).
2 Il s’agit bien évidemment de l’infâme marquis de Tuyère, de pure fiction, apparu dans ma saga avec le poème « contrainte ».
3 Le duel s’entendait « à mort » ou « au premier sang » (simple blessure), ce qui fut choisi ici.
4 Voir mon poème « Fracas ».
5 L’office religieux des vêpres, annoncé par la cloche, se tenait en fin d’après-midi ou en début de soirée (18, 19h).
6 Anne est accompagnée d’Antonin et de Jean. Mais Louis dit Austerlitz et même Sœur Elen (la sœur aînée d’Anne) ainsi que les parents de Jean qui demeurent à Napoléonville (toujours dans mon poème) sont considérés comme suspects aux yeux du marquis de Tuyère...
7 Un bretteur était celui qui aimait se battre à l’épée ou au sabre, comme ici, Louis.
Pierre Barjonet
Avril 2022
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