Contrainte
Richard Wagner " La chevauchée des Walkyries"
Rappel, n'oubliez-pas de visiter la rubrique LEXIQUE
donnant des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques :
Lexique Antonin, Saison 4 , Episode 10, Contrainte
ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE
Ce poème termine la saison 4 " Lueurs " de ma saga, dont la suite vous parviendra bientôt sous la saison 5 " Vertiges " comportant également 10 épisodes et précédant alors la dernière saison 6 " Lumière " non écrite à ce jour...
Contrainte
Épuisant son cheval en fureur de galop,
Anne enfourche la Lande en écumant de rage,
Ayant brisé tout net les espoirs du ballot,
De ce falot marquis aux vices pour ouvrage.
La table était dressée de couverts en vermeil,
Nacrée de porcelaine en toilette de fête,
Frissonnant de cristal, de bougeoirs en sommeil,
Et pesant de ses ors aux blasons sans défaite.
Anne ayant surmonté le froid des derniers temps,
De ses parents1 marris par ses goûts et bravades,
Accepta ce dîner de gala tout autant
Que sa raison l’emporte à son cœur qui s’évade.
On avait invité pour ce noble dessein
La branche des cousins et de riches fossiles,
L’élite du pays, le Prieur et ses saints,
Et puis ce cher notaire aux registres dociles.
Alors on annonça le marquis scandaleux,
Le noceur des soupers aux Séries de Compiègne2,
L’artisan du succès des courtisans galleux,
Visant à l’évidence un parti qu’il imprègne.
Mais quand on l’installa sur sa droite en intrus,
Débauchant l’auditoire en œillades frivoles,
Débordant ses couverts par son gilet ventru,
Anne eut des hauts de cœur et l’humeur qui s’envole.
Il se savait épié, bégayant quelques vers,
Des bons mots pharisiens pour élever sa côte,
Des propos sentencieux faisant choquer les verres,
D’un goût jubilatoire à l’esprit de cocotte3.
Lors, le maître1 exigea qu’on serve en carafons
Du champagne scellant le destin de sa fille,
Puis qu’on lève sa coupe au fabuleux greffon
Qu’Anne et que le marquis légueraient en famille.
Mais c’était compter sans l’horrible humiliation
De la Dame fuyant son père et le bellâtre,
Maudissant de dégoût cette abomination,
Puis quittant l’assemblée sous son décor de plâtre.
1 La famille historique du Duché des Rohan possédant entre autres les châteaux de Pontivy et de Josselin, à laquelle je fais allusion dans certains poèmes dont celui-ci, n’a bien évidemment rien à voir avec les différents passages poétiques de ma saga « La passion d’Antonin ». Mais ancrée dans l’Histoire, elle sert simplement de cadre à ma romance comme ici, par exemple, où Anne est leur fille en 1860, donc fictivement.
2 Les fameuses « Séries de Compiègne » correspondent à des invitations lancées à des personnalités en vogue durant le Second Empire et se déroulant à la Cour de Napoléon III au château de Compiègne. Ainsi, les heureux bénéficiaires étaient-ils conviés par « séries » d’une semaine auprès de la Cour, elle-même en villégiature durant près de deux mois à l’automne, de 1856 à 1869. Étaient aussi bien invités au nombre d’une centaine à chaque fois, des artistes, acteurs, danseuses, musiciens, savants, photographes (comme Nadar), industriels (notamment du chemin de fer), architectes (comme Violet le duc) écrivains et poètes, auteurs, etc. que des princes, ambassadeurs, ministres, hauts gradés militaires et différents officiels (comme le Baron Haussmann).
Voir mon petit lexique correspondant : " Les fameuses Séries de Compiègne " ICI
3 Les « cocottes » dans le jargon populaire, étaient des demi-mondaines ou des courtisanes frivoles appelées également « horizontales » comme la Comtesse Virginia de Castiglione maîtresse de Napoléon III précédant d’ailleurs la Bellanger, ou Caroline Otéro, Liane de Pougy, Émilienne d’Alençon sans oublier la richissime Païva dont l’hôtel particulier borde toujours les Champs-Élysées.
Voir ici l'hôtel particulier de "la Païva"
Pierre Barjonet
Décembre 2021
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