Anne
Pontivy (Napoléonville dans mon poème)
" Notre-Dame-de-la-joie " en sa basilique du même nom
Charles Gounod " Ave Maria " d'après J.S. Bach
Exceptionnellement, il n'y a pas d'article correspondant
à ce poème dans le Lexique, car inutile
Sinon, n'oubliez-pas de visiter :
la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé" :
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE :
Anne
Quittant la malle-poste1 aux relents d’inconfort
Antonin surprend Jean dans la brume légère
Qui dissipe l’écho des malheurs du Bosphore,
Puis l’étreint brusquement, offusquant les mégères.
Ah, qu’ils se sont manqué ces complices de sang,
Frères d’armes meurtris, parangons intrépides,
Subissant chaque nuit les fantômes dansants
De visions éventrées de soldats qu’on lapide !
Les embruns de Bretagne offrent au revenant
Des flocons attachants caressant sa pelisse2
Comme un signe des cieux tranquille et prévenant
Gommant la solitude au loin du temps qui glisse.
La ville3 attend Noël dans la paix, dans la joie,
Et les parents de Jean, guettant ce « fils » prodige
Dont ils savent combien de la mort il se joua,
Ouvrent leur gîte en cœur à l’ami qui s’oblige.
Minuit sonne déjà Notre-Dame-de-Joie4
Et c’est en procession que la lueur des fidèles
Embrase leur église en échauffant leur foi
Puis en saluant Marie, ravive leurs chandelles.
Recueillis côte à côte, Antonin comme Jean
Prient la Vierge dorée par sa lampe éternelle5,
Et vibrent tout à coup quand l’étoile-d’argent
Semble figer la paix comme un bien fraternel.
L’orgue éblouit l’envol des prières du chœur,
Puis après un silence annonçant la chorale,
Les « Filles de Jésus6 » bénissent les vainqueurs
En chantant le pardon7 pour tout le littoral.
Sœur Elen8 a poussé sa sœur Anne devant,
Exalter de sa voix d’une portée céleste
Un Ave9 si troublant que le vitrail levant
Vint colorer l’autel des péchés qu’on déleste.
Antonin s’est figé, pétrifié, foudroyé,
N’ayant d’yeux que pour Anne et son teint angélique.
S’affolant sous le feu de sa candeur broyée
Par l’assaut de son cœur, il devient sa relique.
1 La malle-poste était une grosse diligence, cependant plus rapide grâce au « privilège du galop », transportant en sus du courrier, des passagers.
2 La pelisse d’Antonin est le manteau d’hermine que lui offrit en Crimée le Grand-Duc Nicolaï (voir mon poème « Le manteau »).
3 « Napoléonville » (Pontivy)
4 « Notre-Dame-de (ou de la) Joie » est l’une des plus anciennes églises de Pontivy (Morbihan). Actuellement Basilique, elle fut édifiée dès 1533.
5 « La lampe éternelle » correspond à une lampe d’argent offerte par les paroissiens en 1696 dans la chapelle consacrée à Saint-Ivy, pour remercier la Sainte-Vierge, patronne de la ville (Notre-Dame-de-la-Joie) qui stoppa la grande épidémie de peste et de dysenterie qui sévissait alors.
6 « Les Filles de Jésus » ou « Sœurs de Kermaria » composaient une congrégation religieuse hébergée dans le « château des Rohan » dont je parle dans mon poème précédent « Napoléonville ».
7 Le Pardon ou Grand-Pardon de Notre-Dame-de-la-Joie a tenu sa 325ème édition le 11 septembre 2021. Fondé sur un vœu fait à la Vierge Marie en 1696, il trouve ses origines dans la grande épidémie de peste noire de 1695.
8 « Sœur Elen » de la congrégation des « Filles de Jésus » visite les parents de Jean (voir mon poème Napoléonville). Âgée de 27 ans en 1857, elle a pour jeune sœur, Anne (21 ans, comme Antonin).
9 Le musicien Charles GOUNOD a écrit son célèbre « Ave Maria » en 1859 (deux ans après mon poème...) en se fondant sur une partition du 1er prélude du « Clavecin bien tempéré » de Jean-Sébastien BACH.
Pierre Barjonet
Juillet 2021
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 27 autres membres