Frissons
" Deux guitares " Folklore traditionnel Russe "
N.D.L.R. Il m'a semblé que cette mélodie s'accordait parfaitement à nos deux tourtereaux...
Rappel, n'oubliez-pas de visiter la rubrique LEXIQUE
donnant des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques :
Lexique Antonin, Saison 4 , Episode 3, Frissons
ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE
Frissons
En ces jours de Carême Elen n’est que ferveur,
Consacrant ses journées à l’éveil des élèves,
Leur enseignant l’effort, la foi dans le Sauveur,
Sans rationner l’amour d’assurer la relève.
Et les parents d’Aubin1 voient enfin leur douleur
S’éloigner doucement estompant son visage,
Un peu plus chaque fois que prennent des couleurs
Les petiots d’Antonin2 que leur cœur dévisage.
Elen a ressenti le trouble de sa sœur
La tenant en alerte en entrouvrant sa porte,
Quand avec Antonin lui portant des douceurs,
Elle occulte agitée son art qui la transporte.
C’est qu’Anne est sa fierté rutilante aux yeux pers,
À la joie distillée par sa voix peu commune
Qui berce ses cheveux quand le zéphyr s’y perd
Laissant comme un frisson souffler ses mèches brunes.
Et lorsqu’elle s’esclaffe éveillant son corset,
C’est le velours des fruits qui pêche d’impudence,
Éclaboussant sa sœur qui n’ose trop forcer
Leur fou rire gourmand choquant la providence.
Quand derrière un vitrail se dessine en contours
L’angélique silhouette au sillage gracile,
Il n’est de fantaisie soulignant sans détours
Le jeu de ce buisson, charmant bien que facile.
Laissant poindre le temps de rythmer son élan,
La voici débusquant au rubis de ses lèvres
Le vermillon d’un fard que l’on dirait mêlant
Un pigment de pudeur au travail d’un orfèvre.
Elle pousse le verre en fixant cet ami,
Ce compagnon vertueux, si beau, chevaleresque,
Dont le regard profond perce enfin le tamis
De l’étoffe des sens à l’alchimie dantesque.
Mais jalouse est la feuille3 en entaillant sa main,
La piégeant dans un cri révélant ses fossettes !
Lors, devançant Elen rivée sur son chemin,
Antonin brise net la vilaine lancette.
1 Aubin est dans ma romance le frère cadet de Jean, mort noyé lors du naufrage de la Sémillante trois ans plus tôt, en 1855 (voir mon poème « Naufrages »).
2 Il s’agit des deux orphelins Rose et Cédric, maintes fois évoqués.
3 Feuille de verre selon les termes du vitrailliste.
Pierre Barjonet
Juillet 2021
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