Aboyeuses
Vitrail de la baie n°15 de la basilique Notre-Dame-Du-Roncier à Josselin
" Le miracle de la guérison des enfants de Camors "
Frédéric Chopin "Étude opus 10 n° 4 in C minor"
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Lexique Antonin, Saison 4 , Episode 9, Aboyeuses
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Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE
Aboyeuses1
Sa cognée s’abattant sur le bois qui gémit,
Austerlitz n’a de cesse à garnir sa fortune
Qu’en chargeant le bûcher2 dont la corde2 frémit
Tant l’ardeur le réjouit de sa place opportune.
L’atelier l’adopta triomphant du passé,
Et ses pognes enflées sont une aide précieuse
À ses maîtres verriers cherchant à surpasser
Par un vitrail fameux une scène audacieuse.
Cette fresque en couleur prend vie sous leurs efforts.
Offerte aux pèlerins, elle éclaire en lumière
Les prodigieux miracles puisés au renfort
De la vierge Marie parue sur la rivière3.
Venue chercher l’aumône en mendiante au lavoir,
Le mépris et le chien d’infâmes lavandières
L’ont chassée sans détour insultant leur devoir,
Se gaussant de la vieille en lui jetant des pierres.
Mais sitôt la pauvresse en reine étincela,
Dévêtant ses haillons, rayonnante de gloire
En maudissant l’affront, puis les ensorcela,
Leur muselant la voix indigne de mémoire.
Désormais condamnées aux jappements de chiens
Comme leur descendance, à moins qu’en pénitence
Elles prient leur pardon dans l’église de bien4,
Josselin chaque année, suppliant sa clémence.
Depuis dans le pays, des femmes, des enfants
Aboient furieusement en se tordant par terre,
Mais l’eau de la fontaine5 aux ronces s’échauffant
En la sainte relique6 apaise leur calvaire.
Par le vitrail tableau7 saluant la guérison
Des enfants de Camors8 déments en « aboyeuses »,
Anne élève l’honneur d’illustrer l’horizon
Du miracle aux couleurs des ronces rocailleuses.
Et le jour du Pardon1 l’heureuse procession
Vit Austerlitz prier le salut de son âme
Et « ses » enfants pleurer en humble intercession
Pour que l’amour enfin, gagne l’or de leur flamme.
1 Les « aboyeuses » étaient des femmes prises de transe, d’illumination convulsive, voire selon l’interprétation médicale qui en fut donnée d’hystérie collective, à l’occasion du Pardon de Notre-Dame-du-Roncier de Josselin (Morbihan) se déroulant autrefois à la Pentecôte, mais que je situe dans mon poème à l’automne, comme c’est le cas du pèlerinage aujourd’hui.
N.B. Voir mon petit lexique afférent : ICI.
2 Vocabulaire du bûcheron.
3 La légende raconte qu’en l’an 808, un paysan accompagné de sa fille aveugle qui aurait malgré tout été éblouie par une lueur intense, aurait dégagé un buisson de ronces en mettant à jour une statuette en bois lumineuse et représentant la Sainte-Vierge. La lui présentant, sa fille aurait aussitôt recouvré la vue. D’autres évènements et apparitions miraculeuses ont également donné lieu à la légende des aboyeuses (voir au § 1). Lesquels sont à l’origine de la basilique Notre-Dame-du-Roncier et du Pardon de Josselin.
4 La basilique mineure Notre-Dame-du-Roncier sise à Josselin.
5 La fontaine miraculeuse de Josselin qui vit des aboyeuses recouvrer parole et raison après s’y être désaltérées, épongeant leurs convulsions. Elle est réputée guérir l’épilepsie. Elle fait l’objet du Pardon de Josselin qui se tient désormais le 8 septembre.
6 La statue en bois d’origine le la Vierge ayant été détruite (brûlée) pendant la Révolution et son église profanée, un fragment en a été sauvé, placé dans son reliquaire en la basilique actuelle, ainsi qu’une nouvelle statue couronnée en 1868 au nom du pape Pie XI lors d’une procession réunissant alors 25.000 fidèles, ce qui à l’époque était considérable. C’est cette relique que les aboyeuses doivent baiser le jour du Pardon.
7 Un « vitrail tableau » représente comme son nom l’indique une scène conséquente et imposante avec l’emploi de verres déjà colorés, mais décorés notamment pour les portraits « au jaune », « à l’argent », « à l’émail » et « à la grisaille » par des peintres verriers.
8 Le miracle des enfants de Camors se rapporte au Pardon du 25 mai 1728 comme en atteste le procès-verbal paroissial détaillé. Ces trois enfants âgés de 6 à 12 ans (2 filles et 1 garçon) étaient atteints de convulsions et de crises multi quotidiennes au cours desquelles ils hurlaient comme les aboyeuses. Conduits à la fontaine miraculeuse puis à l’église de Josselin, ils furent aussitôt guéris.
Le vitrail de la baie n°15 de la basilique représente cet épisode « La guérison des trois enfants de Camors en 1728 » par la fabrique de vitraux du Carmel du Mans et Ferdinand Hucher (Maître-verrier 1814/1889).
N.B. C’est ce vitrail que j’évoque dans mon poème en attribuant sa paternité à Anne et Antonin aidés de Louis (Austerlitz).
Pierre Barjonet
Novembre 2021
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