Lexique Antonin, Saison 4, Episode 10, Contrainte
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 4 " LUEURS "
ÉPISODE 10 " CONTRAINTE "
Lien vers le poème : Contrainte
LES FAMEUSES SÉRIES DE COMPIÈGNE (Contrainte)
S'il est un rituel étonnant du Second Empire qui se reproduira chaque année de 1856 à 1869, c'est bien celui des " Séries de Compiègne " se déroulant au Palais de Compiègne dans l'Oise.
De fait, l'Empereur Napoléon III ayant fortement apprécié le château de Compiègne dès 1849, alors en tant que Prince-Président inaugurant la ligne de chemin de fer Compiègne/Noyon, il y retournera régulièrement en tant qu'Empereur.
Ainsi, en décembre 1852, il attachera une attention toute particulière à celle qui deviendra sa femme, Mlle de Montijo, comtesse de Teba, venue en compagnie de sa mère à la réception d'une centaine de personnalités.
Par la suite, elle témoignera de son attachement sentimental à ce lieu déjà marqué cinquante ans plus tôt par l'Impératrice Joséphine de Beauharnais puis Marie-Louise d'Autriche et Napoléon 1er, comme en veut l'anecdote de la broche. Émerveillée par l'effet de gouttes de rosée sur un trèfle lors d'une promenade dans le parc du château, elle s’en ouvrit à l'Empereur qui lui offrit le lendemain une broche sertie de diamants et d'émeraudes qu'elle portera fidèlement.
Bénéficiant d'un allègement de l'Étiquette attachée au palais des Tuileries, la Cour se rendra chaque année (ou presque) au Palais de Compiègne pour y séjourner durant quatre à six semaines à l'automne.
De fait, les monarques aimaient bien fréquenter un lieu moins rigoriste que leur palais où ils pouvaient s'amuser et se divertir plus librement, ce qui était déjà le cas autrefois, notamment sous Louis XV et Louis XVI avec le petit Trianon.
Dans cet esprit sont apparues les " Séries ".
Il s'agissait alors d'inviter durant une semaine, auprès de la Cour réunie au Palais de Compiègne, une centaine d'invités de marque pour leur témoigner l'intérêt reconnaissant de l'Empereur et de l'Impératrice.
Inutile de dire qu'enthousiastes, ceux-ci se répandaient à leur retour en compliments émerveillés sur l'Empereur et sa suite !
On imagine aisément la difficulté d'organisation et la complexité diplomatique des choses tant il n'est pas évident de rassembler et de faire cohabiter des personnalités fort différentes de milieux aussi distincts que les mondes de l'art, de la science, de la religion, de la littérature, des armes, du théâtre et de la danse, de la musique, ou de l'industrie, sans parler des têtes couronnées, des princes et de leurs ambassadeurs... Et c'est justement l'Impératrice Eugénie qui s'en chargea.
L'idée était bien que tous ces invités se divertissent presque librement à Compiègne, fassent connaissance dans une sorte de brassage moderne des classes sociales, aisées certes, mais justement pas uniquement aristocratiques. On parlerait de " société civile " aujourd'hui...
Après avoir reçu une invitation signée du Grand Chambellan, complétée de tous les détails de leur voyage en train de la gare du Nord jusqu'à Compiègne puis en char à banc jusqu'à leur petit appartement réservé dans le domaine, chaque heureux bénéficiaire allait être présenté au couple impérial, puis déjeunerait à sa table, profiterait de la salle de bal, de la chasse à courre ou "à tir", ainsi qu'à toutes sortes de divertissements.
Citons par exemple, de nombreux loisirs plus ou moins futiles pour agrémenter leur séjour tels des jeux de cartes, jeux de palet et billard japonais, des spectacles diurnes et nocturnes, promenades dans le parc et en forêt, jeux de croquet, représentations théâtrales conduites par des troupes célèbres, "tableaux vivants" réalisés comme "acteurs" par les invités eux-mêmes, jeux de charade et devinettes littéraires, danse amusante au son d'un piano mécanique, farandoles, feux d'artifice, ou bien encore un manège de chevaux de bois, etc.
Enfin, la fête de l'Impératrice servait de prétexte le 15 novembre à des festivités supplémentaires et dans un autre ordre d'idées, l'impératrice faisait profiter les invitées de sa passion pour la tapisserie quand l'empereur se prenait à faire visiter des sites archéologiques.
Et pour couronner le tout, le couple impérial emmenait tout ce petit monde visiter le château de Pierrefonds voisin sous la conduite du grand architecte Viollet-Le-Duc, chargé de sa restauration. Cette dernière attraction aurait été qualifiée aujourd'hui de " must " !
Autant dire que ces " séries " étaient fort enviées et jalousées, car c'était une réelle faveur et un honneur reconnu que d'en faire partie.
Au total, ce furent pas moins de 5.000 invités qui marquèrent de leur présence les séries de Compiègne. Et parmi elles :
- les architectes Lefuel, Hittorf et Garnier ; les sculpteurs Cavelier, Carpeaux, Schoenewerke, Dubois et Bartholdi,
- les peintres Winterhalter, Isabey, H. Vernet, Couture, Delacroix, Gudin, Cabanel, Baudry, Meissonnier, H. Flandrin, Bida, Hébert, Gérôme, Jadin, Pils, Cogniet, Boulanger, Doré, Amaury-Duval, Fromentin, Protais, Th. Rousseau, J.-N. Robert-Fleury, Lami,
- les musiciens Auber, Meyerbeer, Verdi, Ambroise Thomas, Félicien David,
- les écrivains et poètes Vigny, Sandeau, Feuillet, Augier, Gozlan, Paul de Musset, Gautier, Sainte-Beuve, Ponsard, Dumas fils, Flaubert, Caro, Nisard, About, Féval, Sardou,
- les savants Claude Bernard, Cuvier, Pasteur, Le Verrier, Chevreul, Milne-Edwards.
Le Palais de Compiègne
Le salon des Dames d'honneur
et les Dames d'honneur de l'Impératrice
(tableau de Winterhalter)
Le salon de musique
La salle à manger de l'Empereur
La salle de bal
La chambre de l'Impératrice
La chambre de l'Empereur
La Cour Impériale (24 juin 1860)
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