Lexique Antonin, Saison 4, Episode 2, Charité
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 4 " LUEURS "
ÉPISODE 2 " CHARITÉ "
Lien vers le poème : Charité
1/ LES SUITES DE L'ATTENTAT D'ORSINI (Charité)
En ce soir du 14 janvier 1858, alors que Napoléon III et l'impératrice Eugénie venaient tout juste d'arriver à l'Académie Impériale de musique (Opéra) se tenant alors au numéro 12 de la rue Le Peletier à Paris 9ème, trois explosions assourdissantes retentirent provoquant un carnage alentours.
Les trois bombes ou grenades lancées par des terroristes ont littéralement soufflé l'escorte impériale dont les lanciers, les badauds, les policiers en faction, les chevaux et attelages, les vitres des immeubles et becs de gaz, creusant même un cratère sous la voiture impériale couchée sur le côté, mais préservée par son blindage (déjà...). En effet, la berline était protégée par des plaques de fer placées jusque sous le plancher !
De fait, le couple impérial en sortit indemne malgré les 76 impacts décomptés ensuite sur leur voiture. En revanche, les chevaux furent euthanasiés et l'on compta pas moins de 12 victimes décédées suite à leurs blessures parmi les 156 blessés par ces trois "machines infernales" lancées successivement à côté et dessous la voiture impériale.
Afin de ne pas inquiéter l'opinion publique et dans un esprit fait de sang froid que ne renierait pas l'étiquette de nos voisins britanniques, le couple impérial assista malgré tout au concert exceptionnel donné à l'opéra avant que de se retirer à minuit...
L'enquête de police aussitôt diligentée permit d'arrêter dans la nuit même trois conspirateurs complices et auteurs de l'attentat, se dénonçant d'ailleurs mutuellement, ainsi que leur chef au petit matin, qui se faisait passer pour un ressortissant britannique, mais était en réalité un jeune comte italien de 35 ans dénommé Felice ORSINI. (1819/1858).
Tous les quatre reconnurent et revendiquèrent leur rôle dans cet attentat commis en tant " qu'acte politique " s'insurgeant contre la trahison à leurs yeux de l'idéal de jeunesse de Louis-Napoléon Bonaparte soutenant alors, avant que de devenir empereur, la cause des républicains italiens. Orsini était militant d'une organisation secrète " La jeune Italie " qui, après avoir lutté contre les troupes autrichiennes lors de la 1ère guerre d'indépendance italienne en 1848 combatit auprès de Garibaldi les troupes françaises venues réinstaurer le pape Pie XI en 1849 (chassé par une émeute populaire) contre la jeune République romaine de 1848 dont il était devenu député aux côtés de Giussepe Mazzini.
La justice fut rapide comme on le devine et condamna à mort Orsini et Pieri qui furent guillotinés le 13 mars 1858 Place de la Roquette à Paris, tandis que leurs deux autres complices Rudio et Gomez furent envoyés au bagne en travaux forcés à perpétuité.
Orsini écrivit à Napoléon III deux lettres dont celle-ci, la veille de son exécution :
« J’adjure votre Majesté de rendre à l’Italie l’indépendance que ses enfants ont perdue en 1849, par le fait des Français (…). Que votre Majesté se rappelle que les Italiens, au milieu desquels était mon père, ont versé leur sang pour Napoléon le Grand, partout où il lui plut de les conduire ; qu’elle se rappelle que, tant que l’Italie ne sera pas indépendante, la tranquillité de l’Europe et celle de votre Majesté ne seront qu’une chimère : que votre Majesté ne repousse pas le vœu suprême d’un patriote sur les marches de l’échafaud ; qu’elle délivre ma patrie, et les bénédictions de 25 millions de citoyens la suivront dans la postérité. »
Le plus étonnant est que l'Empereur, sans pour autant grâcier Orsini, fut ébranlé par leur contenu qui, du reste, atteignirent leur but puisque Napoléon III recevra secrétement les 20 & 21 juillet 1848 CAVOUR, premier ministre du Piémont-Sardaigne, à Plombières (Vosges) en s'accordant contre l'Autriche.
Napoléon promet d'engager les troupes françaises aux côtés des Piémontais au cas où l'Autriche " provoquerait un geste agressif " (d'où mon allusion à la guerre qui menace, dans mon poème "Charité"). Ainsi, il volerait au secours du Piémont en libérant la Lombardie et la Vénétie ainsi que les Principautés de Parme, Modène et de Toscane. Cet échange de bons procédés permettant le rattachement sur le dos de l'Autriche de ces terres au royaume de Piémont-Sardaigne, serait payé de retour par la remise à la France de Nice et de la Savoie...
Outre ces relents de guerre, l'attentat d'Orsini eut trois autres conséquences :
- D'abord, une répression autoritaire musclée dont Napoléon III ne se priva pas, nommant le rigide général Espinasse (1815/1859) à la tête du Ministère de l'Intérieur et diligentant une loi de sûreté générale anticipant sans procès des mesures d'arrestation, d'emprisonnement, d'exil et de déportation !
- Ensuite, un grand " déplacement populaire " de l'Empereur et de l'Impératrice en Normandie et en Bretagne afin de se rapprocher des populations en galvanisant la ferveur du peuple. N.B. J'y reviendrai dans ma saga...
- Enfin, la construction d'un nouvel opéra à Paris (Place de l'Opéra Paris 9ème) en sus de cet opéra Le Peletier (d'ailleurs détruit par un incendie en 1873), le Palais Garnier que nous connaissons aujourd'hui, favorisant entre autre l'accès intérieur direct et protégé des voitures à cheval de l'Empereur. Charles GARNIER (1825/1898) remporta le concours de sa construction dans le cadre des grands aménagements parisiens menés par le préfet HAUSSMANN (1809/1891).
L'attentat d'Orsini devant l'opéra
Une des bombes/grenades
L'ancien opéra Le Peletier
Felice ORSINI
L'exécution d'Orsini après celle de son complice Pieri
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