Lettre
Lettre
L’encre à jamais te blesse pauvre amour meurtri
De toi, ma plume est sèche en ton destin brisé
J’ai fleuri les épis fanés par la patrie
Et cueilli les bleuets qui t’avaient tant grisé
Ma souffrance est rebelle Ô mon soldat figé
Je porte ton anneau, notre enfant, l’horizon
Je vibre du remords, sentiment mitigé
De ne t’avoir gardé, passée ta guérison
Tu ne savais combler l’absence de mitraille
T’enfouissant dans la laine en chaudes voluptés
Laissant le temps fiévreux avant qu’il ne tiraille
Ces parfums de sursis que nous pensions dompter
Tes yeux ne me parlaient, mais pouvaient me pleurer
La détresse infinie dont tu faisais moisson
Blottis dans le passé d’un bonheur effleuré
Nous goûtions le silence aux vapeurs de boisson
Pour toi j’avais choisi de planter un lilas
Priant pour que la terre un jour ne te renverse
Et que par son parfum, la paix se profilât
Mais c’était compter sans la misérable averse
L’encre à jamais me laisse à tes lettres froissées
Reçues deux jours après que ma porte résonne,
Que j’ai lues, que j’ai bues, j’en frissonne angoissée
Mon pauvre amour brisé, dans la boue de l’automne
En hommage aux veuves de 14…
Pierre Barjonet
Novembre 2014
Ce poème m'a inspiré un texte lors d'un concours organisé en mai 2015 par la plateforme Blog4ever :
(voir également ICI)
EN MAI 2015 : CONCOURS DU MEILLEUR TEXTE
Il s'agissait de rédiger un texte très court (moins de 1000 à 2000 caractères) narrant une histoire émouvante survenue sur la plateforme ; en fait, "sa meilleure histoire".
J'ai choisi de raconter tout simplement l'émotion qui m'étreignit lorsque j'avais composé un poème rendant hommage aux veuves de 14/18 dans ma Lettre (lien ICI)
Voici mon texte (sans espaces ni présentation particulière) :
- MA PLUS BELLE HISTOIRE SUR BLOG4EVER -
En ce triste novembre mouillé de froid glissant, je m’étais agrippé à l’écran de mes songes.
Pris par l’anniversaire de 14/18, me revenait l’écho des repas de famille où s’invitaient les morts.
Enfant, marchant dans la glaise champenoise, je m’entendais répondre pour mes souliers crottés que ce n’était pas ma faute malgré mon sobriquet de p’tit poilu.
J’imaginais que la boue me happait. C’est elle aujourd’hui que fouille mon écran quand le soir venu je renverse la boîte aux trésors.
Devant les photos voilées de l’aïeul, j’ai saisi mon clavier.
Ployant sous la mitraille des mots que chevauchaient mes vers engloutissant l’horreur, j’ai endossé le bleu d’une encre souillant de sang la « Lettre » à mon aimée.
Puis quand je l’ai postée aux lignes de l’écran, le silence se fit. Pris dans le tourbillon d’une écriture glacée, je devins la victime de l’émotion virtuelle.
Mais quand le clairon des messages en rompit la torpeur, découvrant l’empathie du blog, alors tout doucement, j’ai pleuré.
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