Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 4, L'apprenti
LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN
SAISON 1 " RACINES "
ÉPISODE 4 " L'APPRENTI "
Lien vers le poème : " L'apprenti "
LES HEURES CANONIALES, TECHNIQUE DU VERRE À CHAUD, LA GAMELLE PORTÉE PAR LES FEMMES (L'apprenti)
1/LES HEURES CANONIALES...
...correspondaient à la façon de rythmer le temps, faute d'horloges ni de montres, depuis l'antiquité romaine (qui divisait le jour en 12 parties égales et autant pour la nuit), mais surout depuis le Moyen-Âge grâce aux cloches des abbayes, des monastaires et surtout des églises.
Ainsi prit-on l'habitude de "découper" ce temps en prenant comme référence l'heure de midi, ralativement facile à estimer par rapport au soleil, mais avec de fait des différences selon les saisons...
Les clochers avaient cette fonction première de donner l'heure, mais surtout de rappeler l'importance des prières quotidiennes et des messes !
À compter du Moyen-Âge, on prend pour repères huit " heures canoniales " se répartissant sur 24 heures de la journée et de la nuit, toutes les 3 heures, soit depuis le lever du soleil le Prime, trois heures après la Tierce, puis la Sexte (midi), la None, les Vêpres (le soir) et pour la nuit les Complies, les Mâtines (minuit) et les Laudes (l'aurore).
Bien évidemment, seuls les moines sonnaient toutes les trois heures, les curés ou plutôt leur bedeau se contentant des principales heures canoniales, d'ailleurs bien souvent calées sur le son des cloches des villages voisins entendues au dernier moment...
Une cloche en bronze de ma collection personnelle...
2/ TECHNIQUE DU VERRE À CHAUD
Les nombreuses techniques des Maîtres verriers sont complexes et se déclinent depuis la fusion de la pâte à verre, elle-même issue de savants mélanges gardés secrets, à la taille et à la gravure des pièces de verre ou de cristal.
Sans entrer dans les détails, relevons que le façonnage des pièces - d'ailleurs à l'époque en Champagne, essentiellement des carafes et carafons de vin, mais aussi des gobelets (verres) - pouvait s'obtenir de plusieurs façons : soufflées-tourné à la bouche (par air comprimé aujourd'hui), pressées en moules, façonnées par étirement/déformation, etc. Le verrier "cueille" de la pointe de sa "canne" (pleine ou creuse si "soufflé") dans le creuset la bonne quantité de pâte en fusion pour réaliser sa pièce.
Mais ce serait une erreur de laisser refroidir complètement la pièce soufflée et "tournée" (pour rester parfaitement sur son axe, une fois posée et travaillée sur le "marbre") sans "rebrûlage" car elle se briserait. Il est donc indispensable de "recuire" la pièce dans "un arche de recuisson" afin de pouvoir la travailler en évitant un choc thermique qui lui serait fatal entre son façonnage (à chaud) et sa finition (à froid). Et ce temps de cuisson varie de 2 heures à... 24 heures.
3/ LA GAMELLE PORTÉE PAR LES FEMMES
Il était courant à la campagne de porter aux "hommes" le casse-croûte de midi. Généralement, après avoir avalé un bol de lait tirré du pis de la vache aux aurores dès la première traite, ceux-ci partaient dans les champs pour en revenir vers les dix heures et se restaurer de tartines de saindoux (comme à la mine) trempées dans un bol de bouillon. Puis ils repartaient, mais ne rentraient que le soir pour le souper. C'est une erreur de penser que le dîner se tenait le soir. On "dînait" à midi.
Leur femme ou leurs filles leurs portaient donc dans les champs leur "dîner" ainsi que leur "goûter" de quatre heures, soit une demi miche de pain "blanzé" tenant sa couleur grise du seigne, une tranche de lard, une pomme de terre chaude dans de la paille et parfois un fruit (pomme), mais cela dépendait naturellement des régions (exemple des châtaignes d'Auvergne). Ils buvaient de l'eau tirée du puit dans un carafon, parfois coupée d'un peu de vin.
Ici dans mon poème, il s'agit d'une manufacture, donc d'une sorte d'usine ne laissant guère le temps de rentrer chez soit à midi, d'où la "livraison" par les femmes de leur "gamelle" faite nécessairement de soupe grasse et de lard, de pain trempé dans la soupe, d'une patate chaude, d'un biscuit local et d'une pomme, ainsi que d'eau fraîche et de vin ou de lait pour les plus jeunes (les enfants aidaient dès 7 ans en 1850).
Le souper, donc du soir à la maison, consistait obligatoirement en une soupe épaisse de fèves, haricots, carottes ou choux parfois enrichie d'un bouillon de porc (plus rarement de volaille sauf aux fêtes) ainsi que de pommes de terre (bien que sa production chuta en 1848 du fait d'intempéries), d'oignons ou de raves. La soupe était versée sur le pain. Mais il se pouvait aussi qu'on trempe le pain dans du lait tiède ou qu'on mange une bouillie de maïs (la "gaude"). Les omelettes étaient plus rares car les oeufs étaient vendus au marché ou gardés pour le gâteau du dimanche. Parfois, on se régalait d'un morceau de tomme ou de fromage de chèvre. On buvait de l'eau et parfois du cidre, le vin étant plutôt réservé à la soupe en "faisant chabrot".
Inutile de préciser que les volailles ou "le" porc tué une fois l'an étaient réservés aux repas des baptèmes, communions, noces, enterrements et des fêtes calendaires : La Septuagénisme (11 février), Les Cendres (février), Pâques, les Rogations (en mai), l'Ascension, La Pentecôte, la Trinité (10 juin), la fête Dieu (14 juin), l'Assomption, la Toussaint, le premier dimanche de l'Avent (2 décembre) et la Noël.
Une gamelle de 1850
"Le repas des paysans" par Louis Le Nain (1593)
"La famille heureuse " par Louis Le Nain (1642)
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