L'Empereur
Buste de Napoléon III en cristal
" Marche funèbre pour les funérailles de l'Empereur " par Adolphe Adam (1803/1856)
le célèbre compositeur du ballet " Giselle "
Rappel, n'oubliez-pas de visiter la rubrique LEXIQUE
donnant des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques :
Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 6, L'Empereur
ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE
L’Empereur
Pour sûr qu’il gèle à fendre un casque de Dragon
Proféra Maître Louis en rechargeant les bûches !
Le froid vif a mordu le portail sur ses gonds
Et le levain gémit, engourdi dans sa huche
En chemin son regard embrasse des glaçons
Qui dérivent sans bruit en s’accrochant à l’Aube
Tandis que ses sabots qui se font mollassons
Glissent en culbutant leur empreinte dès l’aube.
Des corneilles enrouées saluent l’apparition
Du verrier ténébreux pénétrant dans l’usine,
Mais un profond silence et la disparition
Des ouvriers secouent son col de mélusine.
Figé face aux travées orphelines de feux,
Il ne perçoit des fours qu’un long souffle de plaintes,
Comme une armée vaincue qu’un piège à contre-feu
Aurait brisée soudain, l’aveuglant de sa feinte.
Alors Louis se redresse et fond sur Antonin
Qu’il vient d’apercevoir encadré par la porte,
Et le toisant, féroce en masque léonin,
Exige son rapport avant qu’il ne s’emporte !
Mais son fils lui sourit, et c’est sous les vivats
De tous ses compagnons qu’incrédule il regarde
Ses fidèles souffleurs, sa Garde qu’aviva
La presse nationale en phrases peu ringardes.
Pour son anniversaire, un Louis-Napoléon1,
Vida la République engluée par ses membres,
Et l’hiver d’Austerlitz ouvrant son Panthéon
Fit ressurgir la gloire en ce soir de décembre.
Et tous de s’écrier : « Que vive notre Louis,
Que vive l’Empereur ! » faisant luire une larme
Au vieux maître des lieux, à l’artisan réjoui
De ce nouveau régime en revanche de charme.
« Vitriers, à vos postes, et que donnent les fours,
Que sonne le cristal et creusets en surcharge
Sur leur diable de fer, et qu’à ce carrefour
Sur ma vie, mon honneur, de votre sort me charge ! »
1 Coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, le 2 décembre 1851
Pierre Barjonet
Avril 2020
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