La palette de Pierre

La palette de Pierre

Lexique Antonin, Saison 1 , Episode 3, Privilège

 

LEXIQUE LA PASSION D'ANTONIN

SAISON 1 " RACINES "

ÉPISODE 3 " PRIVILÈGE " 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le poème " Privilège "

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MAÎTRES VERRIERS " GENTILSHOMMES NOBLES ", CRISTAL DE BOHÈME ET PÂTE DES DIEUX, DÉCLIN DE LA MANUFACTURE ROYALE EN CRISTAUX DE BAYEL, L'ABBAYE DE CLAIRVAUX, LA PRISON DE CLAIRVAUX (Privilège)

 

 

 

1/ MAÎTRES VERRIERS " GENTILSHOMMES NOBLES "

 

On nommait ainsi les maîtres verriers car ils jouissaient d'une respectabilité hors du commun liée à l'exercice difficile de leur art très prisé par les têtes couronnées, mais surtout au fait que les nobles avaient le droit de pratiquer ce métier. Or, par définition, la noblesse ne pouvait ni exercer la profession du travail de la terre, ni celle du commerce, ni non plus celle de l'artisanat, hormis l'exception de la verrerie.

 

Ainsi nommés gentilshommes verriers, ceux-ci soutenaient que leur état privilégié avait été reconnu par le roi Louis IX (Saint-Louis). Au départ (Moyen-Âge), il s'agissait bien de nobles autorisés à souffler le verre, mais par la suite, des artisans verriers roturiers se virent de facto assimilés à la noblesse voire anoblis.

 

De plus, leurs privilèges étaient conséquents : pouvoir d'établir et de gérer des verreries, dispense d'impôts et du logement des gens de guerre, libre circulation non taxée de leurs marchandises, droit de coupe et de taille de bois, faibles redevances immobilières, droit de chasse avec chiens, droit de laisser paître des porcs en forêt, etc.

 

 

 

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2/ CRISTAL DE BOHÈME ET PÂTE DES DIEUX

 

Le cristal de Bohême a suivi un parcours comparable à celui de Bayel avait huit siècles d'existence et une célébrité émergeant au XVIIIè siècle de fait de l'émigration en Europe de l'Ouest de nombre d'artisans verriers. 

 

La pureté de son cristal à 24% de plomb lui confère une irisation et un éclat reconnus dans le Monde entier. Il a décoré les plus belles tables avec des pièces rehaussées d'or fin quand elles n'étaient pas tout simplement colorées de vert, bleu, cobalt, rouge ou ambre.

 

Quant à la "pâte des dieux", celle du verre, elle est connue depuis la haute antiquité, il y a plus de 3000 ans, et principalement en Égypte. Le verre y fut découvert un peu par hasard, à l'occasion de la cuisson de jarres à bière en terre, mais qui contenaient en sus du sable (silice) mélangé à la terre, du cobalt et de manganèse produisant lors de la cuisson à très haute température dans des fours ingénieusement ventilés, une sorte de pâte vtreuse, vitrifiée et bleutée ayant incité les artisans à confectionner des bijoux "de verre".

 

À l'origine, la pâte de verre n'était composée que de silice ou de quartz (vitrifiant) et de chaux ou potasse (fondant). Par la suite, y furent adjoints des silicates, colorants, du cristallin, du plomb (cristal), des stabilisants, voire du pyrex.

 

Toute la difficulté du travail du verre réside dans l'art de le fondre puis de le recuire en maîtrisant les périodes de refroidissement afin de pouvoir le travailler sans le casser.

 

Ce sont les Vénitiens qui passèrent maîtres dans l'art de la verrerie, à tel point que Louis XIV fit venir comme déjà dit (voir Lexique 2 Florence) une célébrité du genre : Jean-Baptiste Mazzolay pour développer la verrerie de Bayel.

 

 

 

Verres en cristal de Bohème de ma collection personnelle

 

 

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3/ DÉCLIN DE LA MANUFACTURE ROYALE EN CRISTAUX DE BAYEL

 

Il y en eut plusieurs, dont une période difficile en 1850 due à la concurrence rude avec les productions étrangères de Venise, d'Angleterre, d'Allemagne ou de Bohème (Tchéquie actuelle) - voir mon poème "Privilège".

 

Mais c'est surtout à l'époque contemporaine que nombre de cristalleries françaises et étrangères (comme celle du Val Saint-Lambert en Belgique) cessèrent leur production, dont la manufacture de Bayel définitivement fermée, après des soubressauts, en 2016. Et pourtant, elle avait fonctionné avec plus de mille ouvriers/artisans dans les années 1960/70 !

 

Quant à celles qui résistent encore, comme Baccarat, elles ont été rachetées avec des capitaux étrangers, par exemple à 88,8% de fonds chinois pour Baccarat en juin 2018...

 

 

 

 

Paire d'aiguières en cristal et argent

 

 

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Lustre en cristal de Baccarat

 

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4/ L'ABBAYE DE CLAIRVAUX

 

 

L'abbaye de Clairvaux " La vallée claire "  (1115 à 1756) dont le sol accueillit plus tard cette prison, mais également dès le XIVè siècle la verrerie de Bayel, était quasiment la plus grande abbaye d'Europe, au XIIè siècle !

 

Fondée par le moine Cistercien (branche réformée des Bénédictins) Bernard de Fontaine, dit de Clairvaux (1090/1153) avec des moines venant de l'abbaye de Citeaux, il l'établit non loin de Bar-sur-Aube dans une clairière isolée en bordure de l'Aube.

 

Elle ne va pas cesser de s'étendre pour atteindre le chiffre vertigineux de 1771 possessions sur plusieurs départements de 1121 à 1250 (granges, moulins, fours, bois, verrerie, mines, terres...) ! L'abbaye s'étend sur 1832 hectares de bois et 355 hectares de terres en 1153, puis au XVIIè siècle, sur 12000 hectares dont 4000 hectares de terres agricoles... L'abbaye comptait également sur l'apport de 800 moines et convers.

 

Quant à son rayonnement, il s'étendait sur plus de 300 monastères en faisant une puissance économique de premier plan procédant comme capitale du Monde occidental en quelque sorte à l'arbitrage entre les rois et seigneurs, les papes (le pape Eugène III fut formé à Clairvaux) et les évêques...

 

Bernard de Clairvaux qui participa au fameux Concile de Troyes en 1129, fut canonisé en 1174 (Saint Bernard de Clairvaux) et déclaré Docteur de l'Église catholique en 1830 par le pape Pie VIII.

 

Après la Révolution française, l'abbaye fut vendue comme bien national en 1792, abritant dès lors des activités industrielles avant que Napoléon 1er ne la rachète en 1808 pour la transformer en prison (voir ci-après).

 

 

 

 

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Le dortoir des convers

 

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Saint Bernard de Clairvaux

 

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pour se situer...

 

 

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L'Abbaye de Clairvaux en 3D

 

 

 

900 ans de l'Abbaye de Clairvaux sur FR3

 

 

 

 

 

5/ LA PRISON DE CLAIRVAUX 

 

 

Cette sinistre prison, rendue célèbre en 1971 par les détenus Buffet et Bontems qui égorgèrent sauvagement une infirmière et un surveillant, se situe à 9 km de Bayel, sur un terrain boisé fondant l'emplacement de l'abbaye de Clairvaux fondée par les moines cisterciens (voir ci-avant).

 

Fondée en tant que telle en 1808 elle devrait fermer en 2022 ce qui, après l'arrêt de la cristallerie de Bayel, ne devrait pas aider l'emploi local qui, traditionnellement, outre les travaux agricoles, tournait autour de la verrerie et de la maison d'arrêt.

 

Établie comme beaucoup d'autres après la Révolution française, dans les locaux restés vacants des abbayes suite à l'exclusion de leurs moines, mais aussi compte tenu de la nouvelle peine dite de privation de liberté instaurée par le Code Napoléon en lieu et place des peines corporelles, la prison de Clairvaux prit la place idéale des cellules monastiques au sein de bâtiments austères et solides fermés de murs d'enceinte.

 

Au XIXè siècle, remplaçant donc la plus grande abbaye française, cette prison deviendra la plus grande prison française avec plus de 2000 détenus. Les conditions d'enfermement étaient inhumaines, d'abord en grands dortoirs laissant part à la violence carcérale collective de la loi du plus fort, puis avec les sinistres "cages à poules" individuelles en barreaux de fer de 1m50 x 2m qui "accueilleront" en batterie, des prisonniers jusqu'en... 1971, non sans rappeler les horribles "fillettes" de Louis XI !

 

Sans s'imiscer aucunement dans l'interprétation des révoltes de prisonniers, il est clair que ces conditions de détention moyennageuse en seront l'une des raisons. Du reste, c'est après l'affaire de Buffet et Bontemps de 1971 que la prison fut totalement réaménagée.

 

La prison connue différentes étapes historiques avec une prison de femmes dans le bâtiment des convers, des "colonies agricoles d'enfants"  en tant que "fermes annexées au quartier d'éducation correctionnelle de la maison centrale de Clairvaux" en 1842 (les enfants pouvaient être incarcérés dès l'âge de 5 ans pour délit de vagabondage et de vol) avant que de devenir une Maison centrale réservée aux "longues peines" : Exemple en 2009, de 240 places pour 160 longues peines dont 48 à perpétuité.

 

La prison enferma des détenus célèbres comme Claude Gueux qui inspira Victor Hugo en 1834 contre la peine de mort ou Auguste Blanqui détenu de 1872 à 1877, et au XXè siècle, des détenus politiques arrêtés par les nazis avant leur déportation à Auschwitz, des hommes comme Charles Maurras ou des généraux félons au moment de l'O.A.S. tels Challe ou Zeller.

 

 

 

anciennes photos du XXè siècle

 

 

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salle de discipline

 

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batteries de "cages à poules"

 

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douches

 

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Surveillants

 

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05/05/2020
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