La Savoyarde
La Savoyarde
Martelant du contre-ut, elle forgea sa voix
Au creuset d’Annecy fondant l’âme d’alliage
Du côté des massifs et des lacs de Savoie,
Offrant au Sacré-Cœur l’amour de son sillage.
Octobre avait plombé l’âpre chemin de croix
Menant vingt-huit chevaux tirant « la Savoyarde »,
Escaladant Montmartre en souffrance qu’accroît
L’embonpoint du bourdon loin de ses Chamoniardes.
Ce travail de titan n’est rien devant l’airain
Dont le secret Flamand, de ceux qu’on ne décroche,
A moulé dans les Alpes le son du terrain
Résonnant à Paris en colossale cloche.
« Occitan valeureux » en surnom de José
Caresse de ses yeux l’incroyable cortège.
Le Maître compagnon s’imagine doser
La masse du fardier en connaisseur stratège.
Le vacarme est partout, dégoulinant de nuit
Des cantons savoyards aux vapeurs de la gare,
Du sable que l’on jette aux pavés sous la pluie,
Des charretiers bridant les chevaux sans égards.
Mon Dieu qu’elle en impose la Dame « Paccard »,
Pesant dans les vingt tonnes en lé de dix mètres !
Elle atteindra bientôt, par ce puissant drakkar,
Les rives de la Butte en offrande à son Maître.
On la hisse en cortège en priant Saint-Denis
De protéger le bronze d’excès de la houle
En l’arrimant au mas supportant son génie,
Baptisée sans berceau puis bénie par la foule.
La Savoyarde aura l’horizon pour clocher
Sonnant loin des alpages, de son campanile
Faisant valser sa robe sans effilocher
Sa rivale d’Eiffel déjà presque sénile.
Laurine prévoyante, imagine demain
Fondre de chocolat la cloche brune opaque,
« Françoise-Marguerite » avec un parchemin
Déroulant la splendeur des délices de Pâques.
Pierre Barjonet
Mars 2019
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