Charité
Mozart " Requiem - Lacrimosa "
Charité
Dans un dernier sursaut, Victorine enlaça
Ce pauvre enfant ployant dans le brasier horrible,
L’étreignant dans la mort par la peur qui glaça
La foule condamnée hurlant d’un cri terrible.
Pourtant la charité célébrait au Bazar
Une fête joyeuse en tant que bienfaisance
Offerte aux miséreux sans le moindre hasard
Dans l’attrait d’un décor en présence d’aisance.
Était reconstituée la rue d’un vieux faubourg
Au pavé médiéval de tours et d’échauguettes
Et de mâchicoulis en carton qu’on rembourre
D’étoffes et papiers entre stands et guinguette…
Des comptoirs surprenants déversaient leur butin
De draps et de brocarts, de linge ou de dentelle
Et de colifichets gargouillant de lutins
Soutenant leur enseigne happant la clientèle.
Victorine était là, maternant les tissus,
Nettoyant au besoin les taches aux tentures,
Louée pour l’après-midi, comptée sans être issue
De la noble assistance offrant les devantures.
Ainsi se trouva-t-elle sans aucun souci
Dans ce Bazar béni du Nonce apostolique,
Fleuri par Son Altesse en la sœur de Sissi,
Partageant les bienfaits des pieuses catholiques.
Le cinématographe était en projection
Quand soudain s’enflamma l’éther des pellicules
Brûlant dans sa clameur toutes les directions,
Piégeant les malheureux, soudant les particules.
Prisonniers des tourments, leur sort est un enfer.
Et quand d’horribles gens piétinent le Carmel
D’autres se sacrifient laissant leur corps offert
Aux dames de leur suite, au peuple qu’elles mêlent.
Le cœur avait voulu fusionner dans l’honneur
L’héroïque Duchesse et notre blanchisseuse
Sauvant bien des enfants, leur soufflant le bonheur
De prier délivrés de la mort ravisseuse.
Pierre Barjonet
Mars 2019
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