La noce
Pierre-Auguste RENOIR " Bal du Moulin de la Galette "
Accordéon-Musette " les fiancés d'Auvergne "
La noce
C’est au Moulin que tourne l’anneau des époux.
Ils se sont engagés, Maureen et Pierre-Auguste,
Profitant des vendanges non pas de Capoue,
Mais d’ici sur Montmartre en nectar qu’ils dégustent.
Le peintre se souvient de sa toile d’alors
Croquant de « La Galette » en tourbillons de bal.
Le ciel avait déteint d’azur qui semble éclore
Sur des mésanges bleues en flonflons qui s’emballent.
Aujourd’hui les noceurs ont troqué leur façon,
Laissant le canari des canotiers de paille.
Invitant les rouquines au son du basson,
Ils se sont faits mondains le temps de ces ripailles.
Les tables sont dorées des récoltes d’amour
Des meules de passion des peintres et poètes.
Ils moquent le fléau des bourgeois sans humour,
Sifflant sous la tonnelle et chantant à tue-tête.
Les ailes du bonheur brassent les tourtereaux,
Convives et mariés, sans oublier Laurine
Que vient de décoiffer le vol d’un passereau
Soulignant l’arc-en-ciel frôlant la ballerine.
La giboulée tantôt vient mouiller le miroir
Des baigneuses honnies d’un public imbécile,
Mais d’un fougueux baiser, Maureen tait la mémoire
Du méchant souvenir des critiques séniles.
Les toilettes se gonflent sous l’effet du vent,
De la danse et du vin, des galants en goguette,
Et les cigares s’enflent brunissant l’auvent
De la place à la mode en si jolie guinguette.
N’en déplaise aux commères même les mendiants
Festoient d’aussi bon cœur près des enfants qui courent,
Que du curé surpris des chants des étudiants,
Alors que chacun rit quand ils leur font la cour !
Ah que la fête est belle en peignant l’impression
De valser en automne au printemps des palettes,
De s’enivrer coquins, de corsets sous pression,
De se gaver enfin, de désir sans galettes.
Pierre Barjonet
Février 2019
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