Brouillards
"Sur les vagues" Orgue de barbarie
Brouillards
Les brouillards de l’automne ont desséché les pleurs
Que la poudre de pierre a broyés de poussière.
L’orgue de barbarie fleurit peine et douleurs
Des passants prisonniers de l’affreuse glacière.
Le silence d’hiver laisse place au refrain
Que les marchands de rues colportent dans l’errance.
Manuel s’est rétabli, mais perdant son entrain
Repart avec Pablo brossant l’intolérance.
La douceur infinie d’Auguste pour Maureen
L’a conduite au « Château des brouillards » qu’elle caresse.
Cette ancienne « folie » fut un temps orpheline
Et son approche ouverte en fit mauvaise presse.
Le parc s’est emmuré tandis que les corbeaux
Fondent sur des pigeons piégés sous des ramilles.
La « Fontaine du But » aux vapeurs de flambeaux
Brûle du souvenir des anciennes familles.
Les cuisines résonnent d’un individu
Qui s’annonce parfois s’enivrant de sa gouaille.
Oui, « Bibi la purée » cet ivrogne assidu,
Compagnon de Verlaine, hypnotise ses ouailles !
Le château s’est épris de l’ardente Maureen
Dont les poses lascives frisent la paresse.
Calant, l’une son corps, l’autre les fleurs du Spleen,
L’atelier s’enhardit de l’éclat d’Antarès.
La cheminée s’enflamme à l’assaut des frimas
Réchauffant les tapis et blanches cantonnières.
Le bureau laisse fondre la craie qui grima
Le vilain buste antique d’une garçonnière.
Depuis qu’elle a quitté l’envers du paravent
Maureen étanche l’œil de la courbe palette.
Le carmin d’acajou vibre en son corps bravant
L’assaut de ces pinceaux dont le manège halète.
Auguste a ressenti que le temps des brouillards
Blanchis sous les gelées, garderait son modèle.
Il se fait l’impression d’être un jeune pillard
Des parfums colorés de sa muse fidèle.
Pierre Barjonet
Février 2019
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