Truands
" Le bal des truands " par sonia Gary
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Truands
Astiquant son Salon, Laurine se morfond.
Maureen est sur les flots reflétant sa vitrine.
Mais José la surprend lui prenant ses chiffons,
La sort au boulevard ignorer la feutrine.
La nuit s’est invitée découvrant un endroit
Dont le titre offensant invite en sa taverne
Truands et malandrins, fieffés voleurs adroits.
Intriguant nos chéris, s’entrouvre la caverne…
L’espace est maniéré de stupre en l’air vicié,
D’entraîneuses grivoises, coquettes fatales
Troussant leurs jupons noirs que vous n’asservissiez
Dans l’antique décor votre blason natal.
L’effroi du Carpathia sauvant des naufragés
Tremblant, frigorifiés, abattus et lugubres
Vient encrer les journaux de récits ouvragés
Mouillant matin l’écho d’un climat insalubre.
Les témoins des canots errants si peu nombreux
Gardent pour eux l’enclume enfouissant leur supplice,
Quand demain le Sénat, les juges ténébreux
Blanchiront le reflux des écumeurs complices.
L’insubmersible sort des forbans armateurs
Prolonge l’espérance en la mer des sarcasmes
Bernant les tribunaux de propos amateurs
Et noyant à nouveau le Monde de leurs miasmes.
Quittant l’antre aux truands du boulevard joyeux
Déçus, mais éméchés, Laurine et José flânent
Se mirant au reflet de leur amour soyeux
En cette aube transie d’un froid soleil qui plane.
Un crieur de journaux cingle en croisant leurs pas
Bouscule leur quiétude, amarrant son vacarme
Au titre naufrageur imprimant le trépas
Du colosse englouti dans l’océan des larmes.
Laurine s’évanouit, grelottant de stupeur.
José blême la tient, la réchauffe et transporte,
Craignant qu’elle ne sombre en soudaines vapeurs
Si la nécrologie sur sa raison l’emporte.
Pierre Barjonet
Mai 2019
source BNF - Bibliothèque Nationale de France
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