La Circassienne
Toile de Merry-Joseph Blondel " La Circassienne au bain "
Yves Montand " Bella ciao "
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La Circassienne
Pour cet anniversaire en deuil du Titanic
Paul a rejoint Auguste laissant flotter ses brosses
En une concoction d’essences britanniques
Faisant poindre un reflet glacé de noir atroce.
Mademoiselle est là près de son cher José,
Maureen et des amis, tous rendus aux « Collettes ».
La Méditerranée, que berce reposé
Le chevalet d’Auguste a des airs de follette.
L’air est léger si frais, de citrons parfumés,
Bougainvilliers grimpants, grenadiers et glycines.
Le printemps qui s’en vient a chassé les fumées
Du navire englouti par viles officines.
Le cauchemar toujours, qui s’invite en regain
Assombrit l’illusion des merveilleux parterres
Du domaine couvert d’oliviers au béguin
Des passants égarés s’étant trompés d’artère.
Ruth n’a pas déserté sa terre en liberté,
Trop jeune pour venir, fragile en sa mémoire,
Que le drame a menée, blessant sa puberté
Sur le chemin furtif des larmes qui s’y moirent.
Mais elle écrit souvent des messages d’espoir
À Maureen désormais, son amie destinée.
Son frère est bien soigné, n’est plus au désespoir,
C’est elle qui répond à la Presse obstinée.
Paul ne s’est pas remis du naufrage de l’art,
Du tableau contemplé dans l’antre du navire
Qu’un survivant suédois, son voisin sur le tard,
Lui avait présenté en nymphe qui chavire.
« La Circassienne au bain » séduit Poséidon,
Excitant Aphrodite, affolant les sirènes.
Dans l’abysse s’expose en piégeant Cupidon,
Innocente noyée d’esclaves et de reines.
Fallait-il que Blondel imaginant ce bain
N’encourage un instant sa belle Circassienne
À plonger sa passion dans un gouffre thébain
Pour tromper son destin en odes horatiennes.
Pierre Barjonet
Juin 2019
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