Grâces
Le lavoir des Récollets sur le Blavet à Napoléonville (Pontivy - 56)
" Die Lorelei " (La légende du rocher de la Lorelei sur le Rhin)
sur un poème d'Heinrich Heine et une musique de Frierich Silcher
Veuillez noter qu'il n'y a pas de lexique afférent à ce poème,
car inutile, d'autant que les notes de bas de page sont détaillées.
Sinon, n'oubliez-pas de visiter :
la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé" :
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE :
Grâces
En retrouvant l’abbé1 bénissant leur retour,
Nos amis réunis lui dédièrent des larmes
Imbibant les questions, bousculant plus d’un tour
Du chapitre2 couvert par leur joyeux vacarme.
Ce ne fut que bonheur de goûter au roman
De leur périple anglais, de la gracieuse reine3
Accordant ses faveurs aux héros du moment,
Appréciant leurs vitraux en noble souveraine...
Puis se fit le silence entendant les tourments
Des moines tout d’abord, et des braves ensuite,
La rage d’Austerlitz, la gêne des amants,
La honte d’Antonin pour sa piètre conduite...
La veillée de Noël enveloppa de paix
Leurs meurtrissures d’âmes aux fièvres nuisibles,
Tempérant Austerlitz, imposant le respect
Du pardon fait d’amour en salut prévisible.
Puis l’on baptisa Perle aux joies de sa marraine,
Anne qui rendit grâce au ciel des retrouvailles,
Avant de la confier, paisible et bien sereine,
À sa sœur4 si dévouée, toujours vaille que vaille.
Antonin dit les grâces au jour de Noël,
Laissant Louis5 marmonner, ruminer sa rancune
Envers l’odieux marquis pervers et criminel,
Et boire à sa vengeance en carafons de prune.
Fort de ses argousins planqués dans chaque bourg
À la sortie de messe en pariant sur sa chance,
Le marquis espérait leur retour sans débours,
Se disant que Noël rallierait leur présence.
Et lorsqu'il aperçut Austerlitz se hâter
Vers le lavoir lugubre en parade de lune,
Oubliant la prudence à se faire appâter
Il s’attacha, blafard, à cette ombre trop brune,
Quand son pas s’aveugla des femmes du lavoir
Bruissant soudain de feux brandis à bout de torches,
Précipitant l'infâme au sinistre pouvoir
Dans l'abîme glacé du fleuve qui l'écorche.
1 L’abbé de l’abbaye Notre-Dame de Timadeuc en Bretagne.
Voir mon poème « L’abbaye » : ICI
2 Le chapitre est la pièce d’un Monastère où se réunissent quotidiennement les moines pour entendre la lecture commentée d’un « chapitre » de la règle de Saint-Benoît (Bénédictins), mais pas seulement. Elle y accueille également la profession des convers (religieux ayant fait leurs vœux) ainsi que des assemblées délibérant sur la vie de la communauté monacale comme sur l’élection du père abbé.
3 Il s’agit, bien sûr, de la reine Victoria.
4 La sœur aînée d’Anne est comme chacun le sait désormais, Sœur Elen, qui enseigne auprès des sœurs de Kermaria, filles de Jésus, au château des Rohan à Napoléonville. Ainsi, elle a élevé auprès des parents de Jean, les petits orphelins :
- Rose (17 ans en 1863), passionnée d’art, qu’Antonin et Anne viennent d’engager comme apprentie vitrailliste en leur atelier de Green House à Fordwich (Angleterre),
- Et Cédric (15 ans en 1863), retourné en son « pays » d’origine à Bayel (Aube) par les bons soins du Père Clément de Bayel, comme compagnon auprès du maréchal-ferrant Bertrand.
Voir mon poème « L’enclume » : ICI
5 Louis Weber, dit Austerlitz.
Pierre Barjonet
Novembre 2022
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