Verrière
James Abbott McNeill Whistler (1834/1903) « la fille blanche »
ou « La white Lady » ou « Symphonie en blanc »
Valse n° 15 opus 39, de Johannes BRAHMS
Rappel, n'oubliez-pas de visiter la rubrique LEXIQUE
donnant des précisions indispensables de vocabulaire, sites et dates historiques :
Lexique Antonin, Saison 6, Episode 1, Verrière
ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE
Verrière
L’éclat de l’arc-en-ciel fait frissonner le thé
Qui fume en diffusant ses faiblesses câlines
À l’aplomb du désir en fragrances d’été,
Goûtant le concerto des tasses cristallines.
L’incroyable atelier teint de verre et de fer1
Prend enfin son essor de volière opaline,
Inaugurant d’audace un lieu qui n’indiffère,
Se moulant dans les verts d’un décor tourmaline.
Les ombres font le jeu de chatoyants motifs
Dessinant le pourtour du marbre2 sous les nappes
Et colorent de miel le goûter émotif
Qu’Anne a confectionné pour son ultime étape.
À ses nouveaux amis elle offre le climat
De la lady paisible en robe toute blanche3,
Laissant à ses vitraux que nul ne réprima,
Le soin de colorer son buste et puis ses hanches.
Son esprit trépidant contraste avec son cœur
Qui se fige souvent, de vapeurs chancelantes,
Quand Antonin l’approche au tourbillon vainqueur
De l’amour innocent qui fascine et s’implante.
Et la verrière bout des feux de l’atelier,
Des jupons crinoline et postures exquises,
Des voilettes qui nagent comme un batelier
Pressé par l’autre rive aux promesses acquises.
Cédant au brouhaha qui s’invite au talent
De ce Victor Hugo livrant ses Misérables4,
Dont Jean vient de brandir l’ouvrage détalant
Entre des mains pressant ce livre vénérable,
Antonin s’est glissé près du siège d’osier,
Laissant flâner son cœur par un baiser sensible
Sur la nuque attendrie cachée par un rosier,
D’Anne tétanisée par son geste ostensible.
Un murmure de soie rebondit en saveur
D’un baiser plus gourmand offert à la guerrière
Aux lèvres moins farouches goûtant la ferveur
Du firmament bruissant au front de la verrière.
1 J’ai souhaité faire allusion à l’incroyable construction voulue par le Prince Albert (1819/1861), mari de la reine Victoria, dressée au Hyde Park de Londres pour l’exposition universelle de 1851 et surnommée « le Crystal Palace » (N.B. voir mon lexique correspondant : ICI et mon autre poème « l’Adieu »). En effet, le Cristal Palace était entièrement bâti de piliers de fonte élancés supportant des voûtes de parois de verre à la manière des nervures d’une feuille...
2 Le « marbre » ici fait référence à la table d’atelier d’un souffleur de verre (comme Antonin).
3 Je fais référence à l’œuvre du peintre James Abbott McNeill Whistler (1834/1903) « la fille blanche » ou « La white Lady » ou « Symphonie en blanc » réalisée en 1861/1862 qui, après avoir été rejetée par l’Académie Royale de Londres comme au Salon de Paris, fit scandale au « Salon des refusés » à sa présentation en 1863, tout comme au même salon, Édouard Manet avec son célèbre « Déjeuner sur l’herbe » ...
4 Cette grande fresque épique et romantique de Victor Hugo « Les misérables » fut publiée en mars 1862 (pour les deux premiers tomes, les trois autres suivant la même année), mais Victor Hugo avait depuis longtemps songé à ce roman tout à la fois réaliste, politique et social depuis au moins 1845, date où il logea dans une auberge de Montfermeil en se rendant à Chelles (actuellement en Seine-et-Marne). Montfermeil qui lui inspira la fameuse scène de Cosette allant chercher de l’eau à la source du bois pour la porter dans l’auberge des Thénardiers... La sortie du livre que l’on s’arracha fut tout à la fois un immense succès populaire et une démonstration négative de critiques littéraires déchaînés et d’auteurs tels Flaubert, Lamartine, Barbey d’Aurevilly, Louis-Gaston de Ségur, Baudelaire ou... les Goncourt ! Comme quoi !
Pierre Barjonet
Avril 2022
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