Pivoine
Pivoines blanches et roses par Henri Fantin-Latour
Pivoine
Blottie par clair de lune, en bouquets la pivoine
S’offre pieuse de jour aux prières des moines.
On la dirait taillée pour affronter le temps.
Des jardins de curé, aux toiles hollandaises,
Des parterres murés, aux joutes irlandaises,
On la tiendrait cloitrée d’un amour à mi-temps.
Ses jupons nés de pourpre ont fleuri l’incunable,
Embelli de pelisse l’albâtre imprenable,
Inondé le calice aux délices envoûtants.
Mais la nuit ses parfums refusant le partage,
Ni la mort du cueilleur ni celle de Carthage,
N’auraient imaginé de sort plus redoutant.
Médecine sacrée de la fière orientale,
La fleur idolâtrée, parure ornementale
Est un bouton de Yin refermant la douleur.
D’étoffe de velours, la vestale se pare
En déployant sa toge aux vertus dont s’empare
L’antique praticien distillant sa couleur.
Arbuste déployant l’argent de son feuillage,
La pivoine séduit le lys dans son sillage,
En se moquant des roses à l’accent blasphémé.
Insidieuse en tournois au goût chevaleresque,
Elle est saveur d’amour à l’esprit romanesque,
Et courtise à l’envi le printemps bien-aimé.
Pierre Barjonet
Mai 2015
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