L'assaut
L’assaut
Déjà huit heures qu’ils s’observaient
Un demi-lustre qu’ils délieraient
Ce quart de lune qu’on moissonnait
Bien triste siècle qu’on ravageait
Feux de bivouac et miches de pain
Déserteraient tôt le terrain
Pour que le crime frôle les mains
Quand les chevaux fouleront le thym
Déjà cent lieues que l’impatience
Ronge les rangs de la conscience
Pour se jeter folle inconscience
Dans ce combat près de Mayence
Cette fois l’enfer a rendez-vous
Pour l’officier qui se dévoue
En se figeant au garde-à-vous
Redoutant qu’on le mette en joue
Hurlant des blés, âmes perdues
Insulte au ciel que ces corps nus
Valse des lueurs portées aux nues
Grondant d’une clameur contenue
Ils n’iront plus au bois ma mie
Flirter avec l’anatomie
Insoumis où tout est permis
Même les baisers sauf l’infamie
Car soudain donne du clairon
Chevau-léger sabrant les troncs
Par la mitraille à l’abandon
Devant l’honneur en font le don
Rivalisant sous les armures
Étincelant de vomissures
Furieux cravachant leur monture
Enivrés jusqu’à la rupture
Se livrent fous face au canon
Crachent l’injure dans leur jargon
Disloquent et tuent sans un pardon
Et de leur vie coupent le cordon
Puis le silence avec la nuit
Parfum de mort qui partout luit
Emporte tout jusqu’au répit
Dans ce décor que l’on maudit
Pierre Barjonet
Juin 2014
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