Manège
Manège cosaque
Les florilèges de la neige
M’ont un matin d’hiver conté
Les grincements d’un vieux manège,
Repère du vent de ce Comté.
Tourne la piste à la dérive,
Chevaux furieux frôlant le ciel.
La sarabande effraie la grive,
La salamandre a goût de fiel.
Les photophores ont reflété
L’éclat des brises d’autrefois,
Quand ce décor soufflait l’été,
La nostalgie des frais minois.
Glissent patins de troïka,
Licorne en tête familière,
Trône du tsar qui abdiqua,
Porté par ceux qui le spolièrent.
Mais la rudesse du chômage
En la contrée frigorifiée,
Au manège a causé dommage
En la misère terrifiée.
Sanglote l’essieu du carrosse,
Cingle la nef aux naufragés,
Siffle la faux, refrain atroce,
De la Camarde aux outragés.
Le givre a figé le bonheur
Aveuglant la frêle vigie.
Et la glace a brisé l’honneur
De l’orgue et de son effigie.
Les sortilèges du manège
M’ont à jamais désespéré
De faire éclore cet arpège
En un désir inespéré.
Pierre Barjonet
Novembre 2014
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