Pastorale
Ave Maria (piano) Bach / Gounod
Pastorale
En cette fin de siècle embrumée de linceuls
Le progrès vient chasser les derniers romantiques.
Bravant leurs fondations, des hommes forts en gueule
Revoient la tradition des monuments antiques.
Les temples n’y échappent en tant que bâtiments.
Le curé de Saint-Pierre rongé par l’angoisse
Sait bien que son église encourt un châtiment.
On veut la démolir, méprisant sa paroisse.
Ruinant le Sacré-Cœur par son clocher bancal,
Ils inaugureraient Saint-Jean couvert de briques.
Quel horrible destin ployant sa pastorale
Sous le nouveau béton coulant de leurs fabriques !
Las, il imagina fervente procession
Offrant au Mont-Cenis la foi du bas Montmartre.
Passant rue Gabrielle au cours de l’ascension,
Relâcherait chez Jean vieux pèlerin de Chartres.
Laurine dont on sait son goût pour le piano
Conduirait de concert les psaumes et cantiques.
Porté par la piété des pures sopranos
Saint-Pierre soutiendrait sa chapelle gothique.
Le curé commanda cierges et chandeliers
Puis il fit dessiner l’épreuve du message
Chargeant le boulanger d’en trouver l’atelier.
Laurine connaissait un peintre de passage.
De courage elle s’arma, remontant son passé,
Refusant de poser même en robe très sage,
Puis revint au dessin priant les trépassés.
De l’artiste elle obtint une bien pieuse image.
À l’office on la vit sublimer l’harmonium,
Épousant la splendeur de la Nef et des voûtes,
Déroulant une fugue digne d’un podium,
Offrant à Notre-Dame une aria qui envoûte.
Mais il était écrit que reniant la bonté
Des bigotes fanées voudraient perdre Laurine.
Sans vergogne à l’évêque en mensonge éhonté,
Ces furies ont tenté d’imposer leur doctrine.
Pierre Barjonet
Janvier 2019
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