La Tour
Tu le r'verras Paname (Lydia Mayo et Eric Breton - 1917)
La Tour
Enfer et damnation, ils ont osé le fer !
Les hommes enrageaient contre ce festival,
Envers et contre tout, bavards devant « l’affaire ».
C’est qu’elle les provoquait leur grande rivale…
Le chantier s’agitait des terribles ragots
Annonçant que la Tour serait la lavandière
De leurs pierres blanchies, oubliées sans magot.
Compagnons d’infortune à l’humeur incendiaire !
Mais Laurine et Maureen admiraient ce lointain,
Cet horizon percé d’un vaillant obélisque,
Planté dessus la brume en aiguille d’étain.
Elles tentaient en vain d’en minorer le risque.
Pourtant José souriait, mais il était bien seul,
À partager l’avis des cousines fébriles
Militant pour la Tour, réfutant son linceul.
Les autres compagnons n’y voyaient que périls.
Maintenant que Maureen aidait pour les paniers,
Les hommes redoublaient d’une danse gestuelle
Faisant valser le feu des outils bien maniés,
Bûchant de leur polka, leurs pierres habituelles.
C’était à qui ferait étalage d’effort
À les flatter, les bougres, leurs fraîches boulangères.
Mais José rougissait, et fuyant l’inconfort
De son cœur aux abois, se calait de gougères.
Une fois se lançant, il leur fit miroiter
De les conduire au bas de la Dame aux dentelles.
Puis de les hisser par l’ascenseur convoité
Jusqu’au bureau d’Eiffel que rien ne démantèle.
Il faudra se hâter de visiter la Tour
Qui sera démontée par triste dérobade
Après l’Exposition, ne laissant rien autour
Qu’un champ vide de sens et d’amour sans aubade.
Et tout en affûtant les dents de son marteau
José scrutait le ciel en soignant l’espérance.
Il conduirait ses « sœurs » au plaisant concerto
Donné devant la Tour de laque de garance.
Pierre Barjonet
Février 2019
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