Moisson
" Vierge de pitié " par le Maître de Chaource à l'église Saint-Martin de Bayel (Aube)
Andante du Trio n°2 de Franz Schubert
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Sommaire de La passion d'Antonin
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Moisson
Joséphine est en joie d’accueillir au logis
La mère d’Irena Valentine la douce,
Moissonnant quelques jours en pieuse trilogie1
Les secrets de Bayel en cet été sans mousses2.
Le parcours d’Antonin se livre en cheminant
Au rythme des murets dont le mortier fissure
Sous un soleil de plomb forçant les ruminants
À s’ancrer à l’abri des sèches meurtrissures.
La clarté du décor n’aveugle que leur joie
Quand elles percent l’ombre d’un des pans du voile
En découvrant soudain qu’un parchemin bourgeois
Rangé par les curés, pour elles se dévoile.
C’est en Bretagne, et non dans ces terres de l’Est
Que furent adoptés les orphelins fragiles
Rose et petit Cédric3, qu’un des feuillets atteste,
Placés à Pontivy4 près des Sœurs d’Évangile5.
Et que penser du mur aux ex-voto d’antan
De la petite église abritant la clémence
D’un certain Austerlitz6 aux péchés repentants ?
Lui, qui avait vendu son fils par sa démence !
Montrant à Valentine son coffret précieux,
Joséphine déroule les rubans dociles
Qui lient jalousement dans des étuis gracieux
Les gerbes de l’histoire en puzzle difficile.
Elle vide l’écrin sans une hésitation,
Baisse la suspension vers la toile cirée,
Puis étale ce plan d’un vase aux cotations
Alignant quatre vues d’animaux inspirés.
Tout est répertorié de la main d’Antonin :
La pâte et sa fusion, le soufflage et la taille,
La gravure aux motifs de drapés féminins
Et la rose des vents orientant les batailles.
Pour qui fut donc créé ce bestiaire en cristal :
Le lion, l’aigle et puis l’ours qu’ignore la colombe ?
Demeure-t-il encore en quelque piédestal ?
Face à tant de questions, le mystère surplombe...
1 Il s’agit bien évidemment d’Irena accompagnant sa mère Valentine, et de son amie Florence.
2 L’été 1976 fut marqué par une terrible sécheresse doublée d’une canicule historique dans toute la France causant de graves préjudices aux éleveurs de bétail.
3 Rappelez-vous les deux orphelins sauvés de la noyade dans l’Aube par Antonin qui les confia au Père Clément, Curé de Bayel, puis à sa servante Marie. Voir mes poèmes « L’Aube » et « Pitié ».
4 Pour plus de simplicité dans la lecture du poème, j’évoque la ville de Pontivy située dans le Morbihan, mais à l’époque de Napoléon 1er puis de Napoléon III, elle avait été rebaptisée « Napoléonville ». N.B. L’un de mes prochains poèmes en parlera.
5 La congrégation des Sœurs de Kermaria, dites des « filles de Jésus », occupa le château des Rohan de Pontivy de 1841 à 1876 et y installa une école.
6 Souvenez-vous de Jean, surnommé « Austerlitz » pour être né le 2 décembre 1805, le père d’Antonin.
Pierre Barjonet
Avril 2021
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