Lolo
Cora Vaucaire " Frédé "
Lolo
Quand son braiment surprit les clients du Salon,
Mademoiselle* en rit, sortant à sa rencontre.
Que ne ferait-il pas percevant ses talons
Contre un quignon de pain : braire en l’aimant tout contre !
Depuis la rue des Saules frappant d’un bon pas
Son chemin martelé de ses pieds de bourrique,
Chevauché par le singe juché comme appât,
Il porte son poisson de la Seine ou d’Afrique.
C’est un âne admirable du nom de Lolo
Que la Butte adopta tel un « Lapin agile »,
Donnant de la campagne au maquis des prolos,
Inséparable ami d’un « Frédé » peu fragile.
Du cabaret « Le Zut », Frédé le transforma
Poussant les anarchistes vers d’autres rivages
Donnant de l’avenir à de futurs formats
Poètes, écrivains et peintres sans clivages.
Ils sont tous à chanter sans poser de lapins
Aux buveurs assoiffés, aux acteurs sans bourgeoises,
Même aux horizontales entre deux tapins
Les hôtes de Frédé, de Lolo qui vous toise !
Pablo s’y rend souvent, s’y grime en Arlequin
Troqué contre du pain, car ce fracas qui moque
Les dandys maniérés en frileux mannequins
Émoustille son goût du cubisme qui choque.
Mais ils seraient trop sages, ces fichus enfants
Si leurs sacrées soirées n’étaient que polissonnes
Comme au foutu Moulin rougi de French-Cancan,
Alors leur vint l’idée d’un tableau qui frissonne.
Attachant une brosse à la queue de Lolo,
La trempant de peinture, ils approchent une toile,
Agencent ce manège en fieffés bricolos,
Et donnent à leur âne un devenir d’étoile.
Ainsi Bolo devint peintre « Boronali »
Exposant au « Salon », la mer Adriatique.
Se gaussant des critiques jusqu’en Italie,
Dorgelès applaudit le rire initiatique.
* En souvenir de Jean, mis à part ses amis,
C’est par Mademoiselle qu’on nomme Laurine.
Mariée, mais sans enfant, ne sera pas mamie,
Mais ancienne orpheline en la vie qui burine.
Pierre Barjonet
Avril 2019
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