Latines
Latines
Je n’ai pas murmuré ces regains d’écriture,
Ni non plus fredonné ces refrains de lecture,
Qui nous faisaient damner l’antique mirmillon.
Rosa, Rosa, Rosam… Nos chemins perdant trace,
Quand nos versions pleuraient sous le glaive du thrace,
O tempora, (O) mores, teintées de vermillon.
Suçant d’âpres galets pour singer Démosthène,
Nous déclamions nos rires en mourant pour Athènes,
Mais nous préférions Rome en jouant aux osselets.
Tonneau des Danaïdes ou Roche Tarpéienne,
Nos thèmes étaient plissés de toges citoyennes,
Nos jeux s’émancipant de rugueux bracelets.
Nous voguions de galère en songeant à Carthage,
Échangeant nos copies par funeste partage ;
En secret nous votions au forum des tricheurs.
Et les bancs du Lycée nous voyaient peu pudiques,
Ayant dissimulé sur les guerres puniques,
Nos coupables talents par sursaut dénicheur.
Dessinant des armures aux éléphants de guerre
D’un certain Hannibal que l’on maudit naguère,
Nous étions invincibles et jaloux d’illusions.
Et nous ne boudions pas le plaisir des délices
Croquant Léonidas, à son fier sacrifice,
Moquant la Macédoine en riante allusion.
Mais tous nous suffoquions, admirant les vestales,
Les vierges Amazones, amputées, si fatales,
Imaginant la mort abreuvant leurs baisers.
Nourris du chant d’Homère en nos jeunes années,
Nous provoquions la soif d’amourettes glanées
Délaissant Cicéron, sans jamais l’apaiser.
Pierre Barjonet
Mars 2015
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